J’ai écrit mon Petit traité antidéprime d’une manière très complète, en fournissant une introduction très importante au fonctionnement du cerveau et de nos processus mentaux.
Car le fait de mieux comprendre ce fonctionnement vous aidera par la suite à voir beaucoup plus clairement où les problèmes apparaissent pour éviter qu’ils vous rendent malheureux.
Cet article est également tiré de ce livre, avec quelques surprises de mon cru que j’ai ajoutées.
Si vous avez survécu à la lecture de mon article qui parlait des processus cognitifs, et que vous n’y tenez plus de lire la suite, eh bien la voilà !
Mais si vous ne l’avez pas déjà lu, je vous suggère de lire mon autre article avant celui-ci: il vous aidera à bien tout comprendre.
Si le ciel est bleu et que ma chemise est bleue, alors ma chemise est un ciel…
Pour comprendre les événements et le monde qui nous entourent, nous bénéficions du raisonnement, qui découle du fonctionnement des processus cognitifs de notre cerveau.
Grâce au raisonnement, nous pouvons partir de certaines informations de base, des prémisses, et, au bout du compte, obtenir de nouvelles informations, des conclusions.
Chaque jour, notre raisonnement se manifeste en de très nombreuses occasions sans que nous n’en ayons toujours conscience.
Cela se produit, par exemple, lorsque nous comprenons que l’embouteillage sur l’autoroute, en dehors de la période de pointe, est dû, encore une fois, à des travaux d’entretien qui n’en finissent plus…
Pour mieux comprendre la nature du raisonnement, je vais vous présenter ses différentes composantes.
Développer une expertise: « automatiser » ses connaissances
Si une personne trouve sans peine son chemin dans le petit village où elle est née mais où elle n’a pas mis les pieds depuis 20 ans, c’est parce son cerveau active des informations spatiales déjà apprises.
Ainsi, nul besoin de réfléchir, elle est experte pour s’orienter dans le dédale de ces rues où plusieurs touristes s’égarent.
Le même processus est à l’œuvre lorsqu’un enfant apprend à lire.
À mesure qu’il reconnaît la prononciation de chaque syllabe, qu’il comprend l’ordre des mots dans les phrases, il libère son attention pour la concentrer sur le sens du texte.
C’est la raison pour laquelle la compréhension des phrases ne s’effectue qu’à la fin de l’apprentissage: l’enfant doit d’abord maîtriser le véhicule du sens, les lettres, les mots et leur organisation, avant d’accéder au sens lui-même.
Les pages de cette section de mon blogue vous proposent également un apprentissage.
La maîtrise des distorsions cognitives nécessitera une certaine automatisation de vos réactions, de manière à ce que vous puissiez réagir rapidement et de façon la plus positive possible. Il s’agira de passer de la théorie à la pratique.
Toutefois, bien qu’il soit avantageux de disposer de réponses rapides à certaines situations, l’automatisation que je vous aiderai à développer concernera le diagnostic efficace des distorsions cognitives et leur recadrage.
L’espace de réflexion: le carré de sable de la raison…
Dans la première partie de cet article, j’ai présenté les unités de sens que nous catégorisons pour former les représentations qui forment nos connaissances du monde.
À chaque fois que nous raisonnons ou tentons de résoudre un problème, ces processus recueillent un ensemble d’informations dans notre mémoire.
Il s’agit de l’espace de recherche ou « espace de réflexion »1.
En effet, avant de tirer chacune de nos conclusions, nous commençons toujours par recueillir et activer des informations relatives à la nature et au sujet de notre raisonnement.
Par exemple, lorsqu’une personne se fâche, nous cherchons tous les indices qui peuvent avoir suscité son courroux.
L’espace de réflexion correspond à l’ensemble des possibilités que nous envisageons pour interpréter les événements.
Malheureusement, nous ne disposons pas de consignes précises pour comprendre les situations nouvelles.
À chaque fois, nous élaborons un nouvel espace de réflexion à partir des informations disponibles.
De nombreuses erreurs risquent alors de survenir pour les deux raisons suivantes:
- Nos processus cognitifs (les limites de la mémoire, de l’attention, etc.) et les informations dont nous disposons limitent la construction de notre espace de réflexion;
- La complexité des événements rend envisageables plusieurs interprétations différentes sans que nous puissions connaître avec certitude la meilleure, si seulement elle existe…
Lorsque nous élaborons un espace de réflexion, nous évaluons la situation, la comparons avec ce que nous connaissons et retenons ce que nous croyons être les meilleures possibilités.
Nous ignorons les informations qui ne semblent pas pertinentes, comme la couleur des vêtements ou les nuages du ciel.
Mais jugeons souvent trop rapidement.
Par exemple, si quelqu’un nous ignore, il se peut que nous réagissions automatiquement par de la honte ou de la colère.
La rapidité de nos « explications » et nos émotions négatives nous induisent fréquemment en erreur et nous rendent malheureux.
Pourtant, les questions suivantes, ridiculement simples, peuvent vous aider à améliorer votre interprétation et vous éviter de tirer des conclusions trop hâtives:
- Mon explication est-elle valide ?
- D’autres conclusions seraient-elles également satisfaisantes ?
C’est tout ! La valeur de ces questions ne réside pas tant dans leur contenu que dans la distance qu’elles vous permettront de prendre face aux gens et aux événements.
Ce recul vous aidera à chercher de nouvelles possibilités pour expliquer les événements et les comportements des autres.
Par exemple, la personne qui semble nous avoir ignoré est peut être fatiguée; elle a pu essuyer une grave déception plus tôt dans la journée et être prise dans ses émotions; un malentendu a pu survenir.
Nous veillerons alors à enrichir notre interprétation afin de choisir les informations les plus plausibles.
Un grand nombre d’espaces de réflexion existent donc pour chaque situation. Comprendre cette première étape du raisonnement est particulièrement utile, car nous tendons à ne retenir qu’une seule possibilité pour expliquer un fait quelconque.
Pour reprendre l’exemple précédent, il serait simpliste de croire que parce qu’une personne semble nous ignorer, cela signifie assurément qu’elle ne nous apprécie pas.
L’espace de réflexion est très important pour forger nos explications.
Pourtant, selon les informations que nous choisissons pour l’élaborer, cet « espace » peut autant nous aider que nous nuire.
D’un côté, il nous rend service en diminuant le temps nécessaire à l’interprétation, puisque nous envisageons seulement les avenues les plus plausibles et négligeons les autres.
Cependant, il nous mène à une impasse lorsque ces avenues sont fausses et ne permettent pas de comprendre la situation.
C’est ce qui se produit lorsque nous tentons de résoudre un problème à partir d’un espace de réflexion inapproprié.
Nous avons beau réfléchir, nous n’arrivons à aucune solution, et ce, tout simplement parce que les informations dont nous disposons ne nous le permettent pas.
Par exemple, demandez à un enfant le résultat de la soustraction 2 – 8. S’il ignore l’existence des nombres relatifs négatifs, il ne construira jamais l’espace de réflexion nécessaire pour trouver la réponse (- 6).
Pour vous amuser et illustrer le fonctionnement de l’espace de réflexion, essayez de résoudre ce problème:
Instructions: À l’aide de 4 lignes droites, reliez tous les points de cette image:
Si vous ne réussissez pas, ne vous en faites pas, ce n’est que votre espace de réflexion qui pose problème. Et la plupart des gens font la même erreur (moi le premier)…
Lisez la suite et vous trouverez la solution à ce jeu. 🙂
L’espace de réflexion représente donc un outil cognitif fondamental qui nous permet de raisonner et d’interpréter, et nous y recourons très fréquemment pour alimenter nos explications courantes.
Ce faisant, par contre, nous risquons de nous heurter à un problème de taille: mal identifier les informations qui mènent à des explications adéquates !
Nous verrons plus loin d’autres solutions à ce problème.
L’inférence: la base des différentes sortes de raisonnement
L’inférence constitue le mode de raisonnement le plus répandu et le plus utile pour nous au quotidien.
Elle consiste à réorganiser les unités de sens et leurs catégories de manière à obtenir des informations nouvelles.
En voici un exemple. À la question « Voulez-vous boire du café ? », une personne peut très bien répondre « Non merci, je vais bientôt aller me coucher ». Pour comprendre cette réponse, l’interlocuteur devra faire une inférence.
En puisant dans sa mémoire, il identifiera la propriété excitante du café et comprendra ainsi pourquoi son interlocuteur n’en veut pas, pour ne pas nuire à son sommeil.
Cet nous indique combien cette forme de raisonnement est habituelle, rapide, et même banale.
Plus généralement, les inférences nous permettent de « créer » de nouvelles connaissances.
Nous les utilisons pour comprendre.
Elles activent en mémoire les informations issues d’expériences antérieures et les relient aux situations nouvelles dans le but de les expliquer.
Les inférences dites « pragmatiques » nous aident également à réagir « en contexte », à partir des informations fournies par une situation particulière.
Ce type d’inférence active les étapes d’une action pour en optimiser la réalisation.
C’est ce qui se produit lorsque nous activons le schéma « aller au restaurant ».
Nous inférons ainsi chaque étape de l’activité.
Par exemple, nous devrons consulter le menu avant de manger, et nous devons manger et boire avant d’aller aux toilettes !
L’inférence englobe plusieurs types de raisonnements, et je vais vous présenter les trois principaux: l’induction, la déduction et l’analogie.
L’induction
Ce mode de raisonnement identifie une ou plusieurs unités de sens pour en généraliser les caractéristiques à une catégorie entière.
Il nous permet de passer d’un cas particulier à une ou plusieurs règles générales, ce qui enrichit notre connaissance du monde.
Par exemple, si les corneilles que nous avons rencontrées possédaient toujours des plumes noires (cas particuliers), nous induirons que toutes les corneilles de la terre sont noires (conclusion générale).
Cette induction généralise l’unité de sens observée, c’est-à-dire le « noir » des plumes.
Au cours de l’évolution, ce raisonnement nous a permis d’adopter des comportements très utiles à notre survie. Il nous fournit les connaissances nécessaires pour ne pas répéter nos erreurs indéfiniment.
Lorsque nous nous brûlons pour la première fois (à supposer que nous soyons entourés de personnes sadiques qui ne nous ont jamais avertis du danger), la généralisation du douloureux souvenir de notre brûlure nous aidera à ne pas répéter l’expérience (à moins d’être masochiste, auquel cas le fait de se trouver entouré de sadiques ne posera probablement pas de problème).
Nous saurons que le feu brûle toujours, peu importe sa forme, son intensité, sa couleur, le moment de la journée, etc. et nous trouverions pour le moins cocasse l’idée que le feu brûle le matin, mais pas le soir !
Malheureusement, l’induction n’est pas infaillible.
Pour reprendre l’exemple des corneilles, il faudrait avoir vérifié la noirceur du plumage de toutes les corneilles de la terre pour assurer la véracité absolue de notre conclusion.
D’ailleurs, la généralisation nous fait souvent conclure à partir d’informations insuffisantes, ce qui nous cause parfois bien des soucis…
La déduction: élémentaire mon cher Watson…
Aussi appelé syllogisme, ce type d’inférence est mieux connue grâce à l’ineffable détective imaginé par Conan Doyle: Sherlock Holmes.
Ce raisonnement met en relation des informations générales de manière à obtenir une conclusion particulière, ce qui s’avère très utile pendant l’apprentissage.
Il renforce les liens entre nos catégories d’informations et génère, comme l’induction, de nouvelles connaissances.
Celles-ci, plus précises, sont très utiles puisque nous les appliquons à des situations courantes pour les expliquer et y réagir adéquatement.
Par exemple, imaginez une personne née de la dernière pluie qui ne connaît pas grand-chose et qu’elle formule les prémisses suivantes: le nez est une partie de la tête et la tête est une partie du corps.
Elle déduira que le nez est une partie du corps.
Il s’agit d’une information nouvelle et véridique sur le monde dont elle ne disposait pas auparavant.
Nous pouvons transposer cet exemple sous la forme de catégories et de sous-catégories.
Si le corps contient la tête, et si le sous-ensemble constitué par la tête comporte un nez, entre autres choses, tout ce que la tête contient se trouvera nécessairement dans le corps, l’ensemble plus général.
Cette démonstration illustre comment, grâce à nos connaissances et au raisonnement, nous obtenons des informations nouvelles.
La déduction peut aussi prendre la forme suivante: lorsque nous nous trouvons dans la situation X, nous faisons l’action Y et nous anticipons le résultat Z.
Par exemple, sur la route, dans un sens unique, il n’est permis de rouler que dans une seule direction.
Si nous appliquons cette règle aux nouveaux sens uniques que nous rencontrerons, nous éviterons d’horribles accidents.
Malgré ces avantages évidents, la déduction, telle que nous l’utilisons habituellement, relève de la logique.
Or, cette discipline mathématique a défini certaines règles qui ignorent la vraisemblance d’un raisonnement.
Par exemple, si les prémisses « toutes les licornes sont de couleur bleue » et « quelques licornes peuvent voler » sont considérées comme vraies (en logique !), la conclusion « quelques licornes bleues peuvent voler » sera également vraie, même si ces bestioles ne courent pas les rues…
En outre, des recherches comme celles de Philip N. Johnson-Laird2 sur les modèles mentaux montrent combien les règles logiques ne correspondent pas au raisonnement humain.
Une personne confrontée à un problème de type déductif ne raisonne pas selon les règles de la logique mais plutôt à partir de ses croyances, des informations issues de la situation (la manière dont le problème est présenté, par exemple) et de ses émotions.
Des recherches en neuropsychologie ont apporté des preuves supplémentaires en identifiant les parties du cerveau qui sont à l’œuvre pendant la déduction3.
Ainsi, il semble que nos conclusions s’imposent au détriment des règles de la logique si ces règles contredisent nos croyances.
Autrement dit, nous préférons les conclusions illogiques mais vraisemblables aux conclusions logiques invraisemblables.
Cela me semble rassurant…
Selon la forme du raisonnement, le cerveau sollicite des zones différentes.
Si les prémisses correspondent à des croyances, comme « les pommes sont rouges », ce sont les lobes frontal et temporal gauche, tous deux liés au langage, qui s’activent.
Par contre, si le raisonnement reste abstrait en utilisant des variables comme X ou Y, le lobe pariétal s’activera bilatéralement, c’est-à-dire des deux côtés des hémisphères.
Le sens des mots, directement relié à nos connaissances sur le monde, nous aide également à raisonner.
Cheng et Holyoak4 ont d’ailleurs démontré que les gens résolvent plus efficacement un problème logique lorsque son contenu est plausible.
Nous sommes donc loin des licornes…
Pour raisonner, au lieu de règles, nous considérons bien davantage la vraisemblance d’un événement et la probabilité qu’il se produise.
L’analogie: ceci égal cela…
Comme les unités de sens et la catégorisation, l’analogie est une manière générale de désigner différentes activités cognitives présentes dans l’apprentissage, la compréhension, la résolution de problème et même la métaphore5.
Si l’unité de sens relie un concept (une idée) à un stimulus, comme l’expérience visuelle de la couleur jaune est liée au mot « jaune », l’analogie met en relation deux ou plusieurs catégories d’informations.
Par exemple, grâce à l’analogie, nous comparerons deux problèmes pour récupérer les éléments du premier qui aideront à résoudre le second.
Et comment ça fonctionne sous le capot ?
Lorsqu’une expérience sollicite des neurones qui ont déjà encodé une expérience similaire, notre cerveau associe cette nouvelle expérience à l’expérience antérieure6. C’est ainsi que l’analogie, comme manière de raisonner, devient possible.
Voici les deux grands types d’analogie.
Le mimétisme: l’analogie pour apprendre
Essentiellement, l’analogie associe des éléments entre eux.
Relier une notion inconnue à une autre bien maîtrisée nous permet de mémoriser plus facilement la première. Cet apprentissage est particulièrement évident chez les jeunes enfants.
Grâce à l’analogie, ces derniers répètent des mots, imitent des attitudes, ce qui leur permettra de réaliser un jour les activités des adultes.
L’imitation s’observe d’ailleurs à toutes les étapes de notre développement de même que chez d’autres espèces animales.
Cette sorte de raisonnement enrichit nos connaissances.
L’analogie nourrit l’apprentissage grâce à la répétition des informations nouvelles issues de nos expériences.
Elle transfère l’expertise déjà acquise à des idées et à des activités nouvelles.
Par exemple, de nombreuses inventions s’inspirent de la nature: les oiseaux ont inspiré les ailes des avions et leur forme fuselée.
Et quand on dit « Il mange comme un porc », on comprend habituellement bien de quoi il s’agit, et ce n’est pas tellement à l’avantage de celui qu’on désigne par cette analogie…
L’analogie pour comprendre et expliquer
Nos expériences nous ont fourni des connaissances liées à certaines situations, à la manière de résoudre des problèmes particuliers, etc.
C’est dans ce bagage de connaissances que nous puisons lorsque nous voulons résoudre un nouveau problème ou lorsque sommes confrontés à une situation inédite.
Grâce à l’analogie, nous transposons les informations dont nous disposons déjà à une situation inconnue pour la comprendre.
Par exemple, pour expliquer le fonctionnement de l’électricité, nous pouvons la comparer au courant de l’eau dans des tuyaux.
Idéalement, ce raisonnement nous permet de reproduire ce qui fonctionne: nous choisirons la meilleure solution que nous connaissons pour résoudre un nouveau problème ou dénouer une situation désagréable.
Mais comme avec l’espace de réflexion, nos analogies ne sont pas toujours pertinentes et nous empêchent même parfois d’obtenir une conclusion valide.
Que ce soit pour apprendre ou pour expliquer, l’analogie fait appel à des informations importantes sur des événements connus.
Si la nouvelle situation y ressemble suffisamment, il est possible que notre cerveau active un schéma approprié.
Par exemple, imaginez un homme qui voyage dans un pays dont la culture varie substantiellement de la sienne.
Au moment de prendre le repas, ce touriste entre dans ce qui lui semble être un restaurant.
Son schéma d’activité « aller au restaurant » s’active en mémoire.
Mais si ce restaurant se trouve dans une tribu aborigène cannibale, notre touriste ne se doutera pas qu’il servira lui-même de repas !
Nous utilisons ainsi l’analogie dans les situations les plus quotidiennes.
En y prêtant attention, vous constaterez à quel point vous transposez vos valeurs et vos connaissances aux gens et aux situations pour les expliquer et les évaluer.
S’il est souvent judicieux de transposer à un problème une solution qui a déjà fonctionné, c’est aussi ce qui nous fait prêter aux autres nos valeurs et nos pensées, ce qui provoque bien des malentendus et des conflits.
Nous nous disons parfois: Comment peut-il penser cela ?
Moi, je ne pense pas de cette manière ! Il a tort !
Pourtant, ce n’est pas parce que les gens pensent ou agissent différemment de nous qu’ils se trompent.
Le problème avec tous nos processus cognitifs…
Comme nous venons de le voir dans cet article et celui qui l’a précédé, nos processus cognitifs sont indispensables pour vivre au quotidien et comprendre ce qui nous arrive.
Mais le problème, avec ces fameux processus, c’est que même s’ils sont indispensables, l’évolution en a fait des outils très approximatifs qui ne garantissent pas que nos conclusions soient valides.
Et ce sont ces erreurs, les distorsions cognitives, qui nous causent autant de souffrances.
C’est la raison pour laquelle, dans bien d’autres articles, je vous aiderai à ne pas subir leurs assauts !
Si vous vous êtes rendus jusqu’au bout, je vous remercie infiniment de votre intérêt !
J’espère vous avoir été utile, et je poursuivrai mes efforts pour vous fournir du contenu de développement personnel de grande qualité qui ne verse pas dans la complaisance et le gnangnan…
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
En terminant, voici la solution au problème des 9 points présenté plus haut: La plupart des gens ne réussissent pas ce problème pour la simple et bonne raison qu’ils ajoutent une condition à leur espace de réflexion qui n’est absolument pas demandée dans les instructions, celle que chaque ligne ne dépasse pas les points. Dès qu’on se donne la possibilité de dépasser les points, il devient très facile de tous les relier avec 4 lignes droites…
Références
- NEWELL, A. and H. A. Simon (1972), Human Problem Solving, New York, Prentice Hall, 920 p.
- Johnson-Laird, P. N. (1989), «Mental models», in Michael Posner (dir.), Foundations of Cognitive Science, Boston, MIT Press, p. 469-499.
- GOEL, V. and R. J. Dolan (2003), «Explaining modulation of reasoning by belief», in Cognition, vol. 87, p. B11-B22.
- CHENG, P. W. and K. J. Holyoak (1985), «Pragmatic Reasoning Schemas», in Cognitive Psychology, vol. 17, p. 391-416.
- GENTNER D. and C. Toupin (1986), «Systematicity and surface similarity in the development of analogy», in Cognitive Science, vol. 10, p. 277-300.
- HIGGINS, E. T. (1989), «Knowledge accessibility and activation: Subjectivity and suffering from unconscious sources”, in J. S. Uleman and J. A. Bargh (dir.), Unintended thought, New York, Gilford, p. 75-123.
Valérie dit
“À l’aide de 4 lignes droites, reliez tous les points de cette image.”
Adepte des jeux de points à relier 🙂 j’ai forcément tenté de relier tous les points – et bien sûr sans y parvenir. Certes, dans ce cas, il n’est pas mentionné qu’on peut dépasser les points et donc cela signifierait que c’est autorisé (oui, vu la solution).
D’un autre côté, en dépassant les points, j’aurai réussi mais on m’aurait dit qu’il était indiqué de relier les points et rien de plus 🙂
Ça embrouille le cerveau 😉
Suis-je la seule à avoir lu cet article ?
Merci Nicolas. Un sujet à donner des maux de crâne mais fort intéressant et important pour comprendre comment fonctionne notre cerveau.
Nicolas Sarrasin dit
J’ai moi aussi échoué à ce jeu quand je l’ai tenté la première fois. Il illustre vraiment bien l’espace cognitif de problème, je trouve. La manière dont nous ajoutons des contraintes sans que ce soit nécessaire, ce qui nous condamne à une impasse. Car nulle part il est mentionné de ne pas dépasser les lignes. C’est bien nous qui ajoutons cette contrainte, sans même le savoir.
Combien de fois n’adoptons-nous pas ce comportement devant des situations que l’on croit sans issue mais qui, en fait, trouveraient des solutions si on voyait les choses “hors du cadre” que nous nous créons ?
Je lisais même récemment que ce “bug cognitif” aurait pu contribuer à enflammer les poudres de la Première Guerre mondiale. Les généraux, à l’époque, croyaient qu’il valait mieux attaquer rapidement, et que cela augmentait significativement les chances de victoire. Alors tout le monde s’est mis à attaquer tout le monde rapidement, ce qui a fait dégénérer la situation… Il semble que ça s’appelle le “culte de l’offensive”: https://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_l'offensive.
D’où l’intérêt à ne pas toujours faire comme les autres et d’être créatif !
À bientôt Valérie, et merci encore une fois de ton beau commentaire !
Marcel dit
Très instructif et je peux dire épatant, car je ne connaissais pas cet aspect à notre cerveau ! Et j’ai aussi raté le jeu des points, j’imagine comme tant d’autre. Et “chapeau à vous” pour cet article aussi bien instructif et je m’y hâte au prochain !!!
Nicolas Sarrasin dit
Merci beaucoup Marcel !