Cet article fait partie de ma série sur les pensées intrusives.
Les pensées intrusives se nomment aussi les obsessions, l’un des symptômes principaux du trouble obsessionnel compulsif (TOC).
Elles prennent la forme de pensées, d’images statiques ou mouvantes, de peurs, de doutes, d’impression et même de sensations.
Dans cet article, je vais vous parler d’un type d’obsession qui peut sembler paradoxal: le fait de vous inquiéter de ne plus vous inquiéter de vos pensées intrusives.
Pour commencer, je vous rappelle que le trouble obsessionnel-compulsif implique un cycle de deux symptômes qui se répètent inlassablement.
Il y a d’abord les obsessions, qui se manifestent sous forme de pensées intrusives, de doutes et de peurs.
Ces obsessions sont source d’une grande anxiété, et les compulsions qui les suivent sont des comportements physiques ou mentaux répétés qui visent justement à réduire cette anxiété.
Le symptôme qui débute le bal, pour ainsi dire, est donc l’obsession.
Ces pensées intrusives, selon leurs sujets, peuvent donc être source d’une grande inquiétude.
Par exemple, la personne qui souffre du TOC de phobie d’impulsion peut avoir des pensées meurtrières, suicidaires ou pédophiles.
Dans ce contexte, elle a très peur de ses pensées même si ces dernières ne signifient rien sur elle-même et ne sont qu’un symptôme du TOC.
Un autre exemple est celui du TOC de la peur d’être homosexuel.
Les pensées intrusives des personnes qui en souffrent sont à thématiques homosexuelles, ce qui les inquiète puisque ces personnes sont hétérosexuelles et sont bien dans cette orientation.
Pour vous donner un troisième exemple, une personne qui souffre du TOC du couple a des pensées récurrentes qui portent sur le fait que son/sa partenaire n’est peut-être pas le bon ou la bonne.
Ces pensées la dérangent et la porte à se poser une foule de questions sur sa relation amoureuse.
Ce ne sont que trois exemples, mais il existe une foule d’autres expressions du TOC ou les pensées intrusives portent à s’inquiéter.
Il faut savoir que la base des symptômes du TOC implique justement de beaucoup réagir à ses propres pensées intrusives.
Les personnes qui en souffrent ne les acceptent pas et les combattent habituellement de manière intense et constante.
Pourtant, comme je l’explique dans d’autres articles et plus en détail dans mon livre sur ces fameuses pensées intrusives, c’est spécifiquement le fait de les combattre qui les fait revenir plus souvent et plus fortement.
Mais les personnes qui souffrent de TOC voient souvent le combat de leur pensées d’une manière morale en se disant que tant qu’elles ne les acceptent pas, elles ne peuvent pas les endosser ni agir selon leur contenu.
Dans certains cas, elles ont l’impression que si elles arrêtent de combattre leurs pensées, cela revient à accepter qu’elles sont un «monstre», car elles ne voient pas leurs pensées comme un simple symptôme mais comme la réalité.
Ce combat est une compulsion qui les soulage momentanément leur anxiété, même s'il entretient directement leurs symptômes, leur souffrance et fait même empirer les obsessions.
Alors si pour une raison quelconque il arrive que ces pensées dérangent moins, ou qu’elles ne dérangent même plus du tout, la personne qui en souffre risque d’interpréter cela comme un nouveau danger.
En effet, pour elle, le fait de ne plus s’inquiéter de ses pensées implique différentes possibilités toutes plus inquiétantes les unes que les autres.
Pour reprendre mes trois exemples, la personne qui souffre de phobie d’impulsion et qui ne s’inquiéterait plus de ses pensées pourrait avoir peur d’être véritablement meurtrière, suicidaire ou pédophile, et qu’elle pourrait passer à l’acte.
Celle qui souffre du TOC de la peur d’être homosexuel craint que si ses pensées ne la dérangent plus, c’est parce qu’elle commencerait finalement à accepter son homosexualité qu’elle refoulait auparavant.
Enfin, celle qui souffre du TOC du couple se dit que si elle ne m’inquiète plus de ses pensées, c’est qu’elle n’aime pas vraiment son partenaire.
Je ne sais pas si, dans mes exemples, vous voyez le TOC à l’œuvre, mais si vous apprenez à connaître son fonctionnement et ses pièges, comme je l’explique abondamment sur mon site Internet, vous constaterez clairement que ces nouvelles peurs sont justement le pur produit… du TOC.
La base du trouble obsessionnel-compulsif implique des obsessions, donc des pensées intrusives, mais aussi des peurs et des doutes.
Ces peurs et ces doutes peuvent porter sur tous les sujets possibles.
Les personnes qui s’inquiètent de ne plus s’inquiéter de leurs pensées ne font donc que tomber de nouveau dans le piège du TOC en se découvrant un nouveau motif d’inquiétude.
Il s’agit d’une nouvelle obsession qui sera sans nul doute suivie de nouvelles compulsions, comme chercher à se rassurer face à ces nouvelles peurs.
Par exemple, vous risquez de chercher à savoir s’il est «normal» de ne plus vous inquiéter de vos pensées.
Mais si vous apprenez comment fonctionne le TOC, vous verrez clairement qu’il sera encore à l’œuvre.
Car chercher à vous rassurer en essayant de savoir si votre expérience des symptômes du TOC est normale est une compulsion, et les compulsions sont sans fin et elles entretiennent elles aussi la souffrance.
Les inquiétudes sont les obsessions et chercher à vous rassurer de différentes manières est une compulsion.
Le problème vient donc de la manière d’interpréter votre propre manière de voir vos pensées.
Il est possible de donner une foule de significations différentes au fait de ne plus vous inquiéter de vos pensées.
Mais si vous croyez que cela signifie que les pensées qui vous faisaient peur auparavant sont vraies, vous tombez directement dans le piège du TOC.
Si vous vous mettez à douter de souffrir de TOC parce que vos pensées ne vous inquiètent plus, vous tombez encore dans son piège.
Si vous avez peur que cela révèle quelque chose de caché en vous ou sur vous qui serait horrible et inacceptable, vous êtes toujours dans le piège du TOC.
En d’autres mots, vous avez peur que vos pensées intrusives deviennent acceptables et que ce que vous redoutez le plus se produise finalement.
C’est comme si le fait de ne plus vous inquiéter signifiait que vous acceptiez vos pensées, voire même que vous les aimiez.
Cela n’a pourtant absolument rien à voir.
Cela signifie simplement que vous subissez toujours les symptômes du TOC puisque vous tombez dans son piège.
Encore une fois, ce piège consiste à porter une attention démesurée à vos pensées et à vous en inquiéter alors qu’elles ne sont pas importantes.
Tout le monde peut avoir ce genre de pensées. Oui, tout le monde.
La seule différence, c’est que pour vous, ces pensées sont source d’inquiétudes.
Loin de signifier quoi que ce soit de vrai ou de véritablement inquiétant, le fait de vous inquiéter de ne plus vous inquiéter de vos pensées illustre seulement le côté systématique du TOC.
Le TOC peut vous porter à vous inquiéter de tout, même de ne plus vous inquiéter de vos pensées, aussi paradoxal que cela puisse paraître...
Car si vous faites abstraction un instant du sujet de vos inquiétudes et que vous ne considérez que les principes actifs du TOC qui sont à l’œuvre, vous verrez que c’est encore lui qui vous fait souffrir sans que vous ne vous en aperceviez.
Sachez qu’il existe un grand nombre de raisons et de contextes qui peuvent vous porter à moins vous inquiéter de vos pensées.
Par exemple, les symptômes du TOC sont parfois plus intenses et parfois plus modérés.
Si vous vivez un épisode où les symptômes se font moins sentir et que vous ne vous inquiétez plus tellement de vos pensées parce qu’elles sont moins présentes, cela ne signifie pas tout à coup que vos pires craintes sont en train de se réaliser!
Croire cela revient simplement à créer une nouvelle obsession en retombant dans le piège du TOC.
Un autre exemple consiste à réaliser le traitement le plus efficace contre le TOC qui se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
Il consiste notamment à vous exposer progressivement à vos pensées pour désensibiliser votre cerveau à ses peurs et les réduire.
Si vous réalisez le traitement et que vous commencez enfin à avoir moins peur de vos pensées, ce n’est pas parce que vous les endossez ou que leur contenu est vrai.
C’est simplement parce que vous apprenez à votre cerveau à faire la différence entre les peurs qu’il imagine et la réalité.
J’aborde précisément cette question quand je présente les différentes composantes du traitement et de son fonctionnement dans mon programme Web vidéo sur le sujet.
Le traitement permet d’apprendre à voir les pensées pour ce qu’elles sont: de simples pensées qui ne sont absolument pas dangereuses ni importantes.
Vous apprendrez d’ailleurs pourquoi vous risquez de surestimer la valeur des pensées alors que tous les êtres humains sur Terre ont des pensées intrusives chaque jour et que nos pensées peuvent être sans importance, futiles et même complètement fausses.
À mesure que vous réaliserez le traitement, vous comprendre qu’il est donc normal de ne pas vous en inquiéter puisqu’elles ne reflètent pas la réalité et ne signifient rien à votre sujet.
Il ne faut donc pas faire du traitement une occasion de retomber dans le piège que le TOC vous tend et garder en tête que cette nouvelle inquiétude, celle de ne plus vous inquiéter de vos pensées, est une obsession à laquelle vous pouvez (et devez) ne pas donner de crédit.
Ainsi, plus vous consacrerez d’efforts à comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et plus vous serez capable de ne pas y retomber et de consolider vos acquis à mesure que vous vous désensibiliserez de vos peurs.
Vous devez donc apprendre à identifier ces fameux pièges, car le TOC fait flèche de tout bois et vous porte à vous inquiéter continuellement de différentes choses, et les sujets de vos inquiétudes peuvent changer.
Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web «Libérez-vous du TOC et des obsessions» qui explique le fonctionnement du TOC et comment appliquer par soi-même le traitement le plus efficace pour se libérer de ses pensées et de ses inquiétudes ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mais il est aussi recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Lola says
Super article !!! Il apporte des réponses que d’autres articles n’ont pas !
Nicolas Sarrasin says
Merci ! 🙂