Si mon Petit traité antidéprime porte sur le bonheur, c’est un grand bonheur pour moi de vous l’avoir partagé sur mon site plutôt que de l’avoir republié avec un éditeur conventionnel, même si j’ai perdu les revenus qui venaient avec…
De cette manière, plutôt qu’il soit en librairie peu de temps et disparaisse ensuite, comme c’est le lot de la grande majorité des livres publiés, le mien continue de vivre sur Internet. 😉
Mieux encore, il est accessible à des nombreuses personnes à travers le monde et où mon livre n’aurait pas été distribué, et ce, gratuitement !
Je peux donc aider beaucoup plus de gens, ce qui est mon objectif.
Si vous avez lu mon livre, je vous remercie beaucoup de votre intérêt !
J’espère surtout qu’il vous aura été utile.
Voici maintenant sa conclusion…
Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. (Érasme)
À la fin de ce livre, grâce au recadrage, ne trouvez-vous pas que ce mot d’Érasme gagne tout à coup un sens nouveau ?
Contrairement à la majorité des gens qui subissent les limites de leurs processus mentaux, ce qui les rend aveugles, vous êtes en mesure d’utiliser votre conscience et d’en retirer d’indiscutables avantages.
Et ces avantages, ceux qui vous côtoient en bénéficieront aussi directement.
Nous avons vu que l’usage que nous faisons du sens influence fondamentalement notre existence.
C’est notre interprétation qui change notre état, que ce soit pour le pire ou pour le meilleur.
J’ai montré à quel point il est facile d’expliquer nos malheurs par les événements ou les autres plutôt que de régler consciemment nos attitudes inappropriées.
« Experts » du recadrage
Vous pouvez aujourd’hui analyser ce qui se passe en vous-mêmes pour identifier les causes de vos problèmes et surtout les régler, car vous êtes la personne sur laquelle vous exercez le plus grand pouvoir.
Je vous ai fourni les clés nécessaires pour tirer le meilleur parti de votre cerveau: le recadrage.
Ces clés sont la connaissance des processus cognitifs et surtout la connaissance de leurs distorsions, car nous ne pouvons pas agir consciemment sur quelque chose dont nous ignorons l’existence.
Les distorsions cognitives conduisent invariablement à des conclusions désastreuses.
Nous entretenons parfois très longtemps ces affirmations invalides qui touchent tous les domaines de la vie et ressemblent habituellement à ceci:
- Les autres sont chanceux, mais moi je ne suis pas né sous une bonne étoile. Perte de confiance, perte de motivation et ressentiment.
- Je n’ai aucun pouvoir sur la vie. Si je suis malheureux, c’est la faute des autres, de la société, de mon destin. Victimisation, révolte et sentiment d’impuissance.
- Je dois absolument faire ceci ou cela. Culpabilité, dépréciation de soi, enfermement dans une routine.
- Personne ne peut m’aimer. Fermeture aux autres, autodénigrement, tristesse, dépression…
- Tout ce que j’entreprendrai se soldera par un échec. Perte de confiance, perte d’initiative, perte de motivation et condamnation à un quotidien peu satisfaisant.
- Tous les gens sont comme ceci ou comme cela. Généralisation.
Le premier outil que j’ai présenté était l’acceptation.
J’ai montré que notre malheur découle souvent de l’idéalisation, de l’envie (la sélection d’informations) et de la difficulté à accepter des événements que nous ne pouvons pas changer.
Apprendre à modérer cette révolte inutile constitue un atout essentiel pour améliorer des situations aussi différentes qu’une rupture amoureuse ou un retard à l’arrêt d’autobus…
Parallèlement à la compréhension de nos processus mentaux et de leurs distorsions, la métacognition harmonise nos interprétations et nos réactions.
Elle est également bénéfique pour nos relations interpersonnelles, la confiance en soi, l’estime de soi et les émotions.
Grâce aux ressources de notre cerveau, le recadrage instaure une distance entre ce qui se passe (des événements, des paroles, des souvenirs, des interprétations ou des pensées intrusives, par exemple) et les conclusions que nous en tirons.
Voici quelques exemples des interrogations qui favorisent ce processus:
- Ai-je fait une distorsion cognitive ?
- De quel type de distorsion s’agit-il ?
- Quelles circonstances l’ont causée ?
- Quel était le contenu de mes pensées à ce moment ? Mes pensées étaient-elles dirigées contre moi ? Contre les autres ? Contre une situation particulière ?
- Pour quelles raisons s’agissait-il d’une distorsion ?
La manière dont nous nous représentons les événements influence beaucoup la perception que nous en avons.
C’est pourquoi il est si important de devenir des « experts » du recadrage.
Nous contrôlerons ainsi un maximum de situations différentes.
Si nous comprenons qu’il ne sert à rien de généraliser un échec, nous préserverons nos possibilités d’agir et de réussir sans nous condamner à l’avance.
Cette attitude favorise la connaissance de soi et nous aide à rester ouverts aux autres et aux événements.
Il s’agit de débusquer les mensonges que nous forgeons, d’examiner nos croyances afin de les rendre plus réalistes.
Le plus grand pouvoir que nous détenons sur notre vie réside dans le contrôle de notre interprétation.
Et la vie entière semblera plus simple lorsque nous vivrons en harmonie avec nous-mêmes, avec les autres et avec les événements.
Une attitude généralement positive se sera alors installée.
Cet état correspondra aux pensées et aux réactions positives dont parlent Ingram et Wisnicki1:
Notre humeur sera constante et optimiste, ce qui nous aidera à réaliser nos objectifs. Nous entretiendrons plus de confiance et d’estime de soi, notre vision de l’avenir sera positive et nos relations avec les autres seront teintées de respect et d’appréciation.
La maîtrise des distorsions cognitives éliminera progressivement les pensées néfastes pour vous faire voir les aspects positifs de toute chose.
Votre nouveau sentiment de maîtrise et votre motivation rendront exaltantes chaque possibilité que l’existence vous offrira.
Votre nouveau bonheur naissant permettra de vous apprécier complètement.
Le visage du bonheur
Le bonheur s’élabore différemment pour chacun de nous, dans les facettes les plus intimes de notre être.
Diener et Diener2 ont effectué une étude auprès de 13118 étudiants provenant de 49 universités dans 31 pays sur les 5 continents.
Leurs résultats suggèrent que la manière de définir le bien-être personnel change en fonction des valeurs, des cultures et des mœurs.
Malgré cette diversité, le bonheur tient aussi à des facteurs qui nous sont communs:
La satisfaction de nos besoins primaires, la possibilité de définir des objectifs et de se sentir utile dans la communauté, le fait de vivre des relations satisfaisantes avec les autres et d’avoir une bonne estime de soi.
Le recadrage vous déconditionne des influences qui vous ont ballottés dans votre vie et dont vous êtes souvent en partie responsables.
Il s’agit d’augmenter la maîtrise de vous-mêmes, de saisir votre existence pour la rendre absolument satisfaisante.
La conscience des problèmes reliés au fonctionnement du cerveau vous gardera désormais vigilants, augmentera votre capacité à vous adapter et affermira une identité qui ne sera plus ébranlée par la première critique venue.
Vous gagnerez ainsi une liberté qui n’aurait jamais dû vous faire défaut !
À y regarder de plus près, l’attitude de recadrage correspond généralement à la sagesse. Il s’agit de prendre l’habitude de nous arrêter à nos expériences et de tâcher de les comprendre et d’apprendre d’elles pour éviter les événements que nous ne voudrions pas voir se reproduire.
La distance du recadrage vous aidera à élaborer un système de valeurs cohérent et sain ainsi qu’à entretenir des relations interpersonnelles harmonieuses.
Car vous mettrez tout en œuvre pour vous avantager sans jamais nuire aux autres.
Puisque vous n’aurez jamais de raison d’agir contre votre intérêt (rappelez-vous l’exemple de l’automutilation), le recadrage vous rappelle qu’il ne sert strictement à rien de vous faire souffrir.
Vous y trouverez la satisfaction nécessaire pour accomplir vos activités sans vous effondrer à la moindre erreur ni au moindre échec dans vos entreprises.
Vous miserez sur l’apprentissage et la confiance en soi sans jamais vous départir d’une bonne dose d’humilité.
Nous avons tous le droit de commettre des erreurs: chacune d’elles illustre notre amélioration personnelle et le chemin parcouru vers une profonde appréciation de l’existence.
Une source importante de notre malheur vient du fait que nous ignorons les limites de notre propre cerveau.
Pourtant, chacun de nous dispose du potentiel nécessaire pour comprendre ces limites et atténuer leurs conséquences.
Dans les pages du Petit traité antidéprime sur mon site, j’ai balisé les pistes vous permettant de connaître vos processus psychologiques et d’appliquer consciemment ces connaissances au contrôle de vos distorsions cognitives.
Seule la détermination, avec ses conséquences positives, complétera ce fructueux apprentissage.
J’estime que les distorsions cognitives constituent la barrière la plus importante qui nous sépare du bien-être.
Et notre identité reste sans doute le point le plus vulnérable aux effets des distorsions cognitives.
Le bien-être touche aussi de nombreuses sphères que j’aborde également dans mon livre Qui suis-je ?.
Et je développerai beaucoup ce sujet sur mon blogue à travers de nombreuses autres facettes, comme les émotions, les relations humaines et la communication ainsi que la réalisation de nos objectifs.
Pour une humanité à tout jamais heureuse !
En terminant, j’aimerais citer l’optimisme de Richard Nisbett et de ses collègues3 qui mentionnent la possibilité d’implanter des mesures sociales pour améliorer nos manières de raisonner.
Si nos interprétations sont parfois fallacieuses, elles peuvent aussi être valides et s’enrichir !
Le comportement humain change en fonction des cultures et du développement de nouvelles connaissances.
Grâce aux sciences cognitives, il ne s’agit plus d’attendre que l’humanité devienne « mature », mais plutôt de développer diverses expertises dans les domaines que les recherches approfondissent.
Depuis quelques dizaines d’années, de nouvelles connaissances sont à notre disposition et nous n’arrivons pas très bien à mesurer l’ampleur que cette révolution prendra.
Ainsi, la connaissance de soi, la compréhension de nos émotions et la maîtrise des distorsions cognitives seront peut-être un jour des disciplines enseignées à l’école.
Des initiatives de la sorte existent déjà4 et mon souhait le plus cher serait qu’elles se généralisent.
Dans un environnement aussi complexe que le nôtre, l’incertitude demeure sans doute la limite à laquelle toute forme de vie se heurtera.
Devant cette difficulté, nous pouvons aiguiser notre conscience, nous concentrer sur ce qui ne va pas pour mieux nous connaître, comprendre et respecter l’ensemble de notre environnement en y retirant tous les avantages du bien-être.
Si le sens que nous accordons à la vie lui confère sa valeur, l’élimination des distorsions cognitives donne au monde sa saveur, réaliste et satisfaisante.
Et c’est bien le sens qui façonnera le déroulement de toute notre existence.
Cette définition du bonheur fait écho à la boutade de Dostoïevski: « Nous sommes malheureux parce que nous ne savons pas que nous sommes heureux. »
Et si le bonheur auquel nous aspirons tellement n’était qu’un idéal inexistant ?
Si, au lieu de nous escrimer à atteindre un idéal, nous nous apercevions à quel point, finalement, nous sommes vraiment heureux ?
Le fantasme qui nous attristait tellement commencerait peut-être à se dissiper ?
Si nous recherchons sans cesse un bonheur qui n’existe pas, nous nous croirons à tout jamais de pitoyables infortunés, alors qu’il n’en est rien…
Commençons plutôt à nous satisfaire de ce que nous sommes, à croire en un bonheur réaliste. Refusons les distorsions cognitives, car c’est aussi refuser de nous condamner.
Ainsi, seulement, nous cesserons d’abdiquer devant le bonheur, devant un défi que nous n’avons peut-être pas encore pris le temps de regarder en face.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Références
- INGRAM, R. E. et K. S. Wisnicki (1988), «Assessment of Positive Automatic Cognition», in Journal of Consulting and Clinical Psychology, vol. 56, number 6, p. 898-902.
- DIENER, E. et M. Diener (1995), «Cross-cultural correlates of life satisfaction and self-esteem», in Journal of Personality and Social Psychology, vol. 68, p. 653-663.
- Dans KAHNEMAN, D., P. Slovic et A. Tversky (1982), Judgment under uncertainty: Heuristics and biases, Cambridge, Cambridge University Press, 551 p., p. 456-457.
- Le CASEL (Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning), co-fondé par le psychologue Daniel Goleman, auteur du livre L’intelligence émotionnelle, en est un bon exemple (http://www.casel.org). Je vous suggère d’ailleurs la lecture de l’excellent livre de Goleman. Il m’a apporté beaucoup.
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