TOC du lavage de mains: se libérer des obsessions de propreté

Êtes-vous sans cesse en train de vous laver les mains et de nettoyer par peur d’être contaminé?

Craignez-vous de tomber malade ou de rendre malades vos proches?

Vous souffrez peut-être du TOC de propreté. 

Cet article vous expliquera non seulement en quoi consiste ce trouble particulier mais, surtout, quoi faire pour vous en libérer.

Que l’on parle de «TOC de lavage de mains», de «TOC de propreté», de «TOC de nettoyage» ou de «TOC de contamination», vous comprendrez que tous ces termes décrivent le même phénomène.

J’utiliserai d’ailleurs ces différents termes pour le dénommer dans cet article.

Il s’agit du trouble obsessionnel-compulsif, et plus particulièrement de celui qui implique la peur d’être contaminé.

Le TOC peut toucher votre vie, soudainement, occasionnellement mais aussi durablement.

Si vous en souffrez, ses symptômes peuvent faire de votre vie un enfer au quotidien. 

Les obsessions du TOC de lavage de mains

Le trouble obsessionnel-compulsif découle d’obsessions, qui elles-mêmes, impliquent des peurs.

Ces obsessions se manifestent à travers des pensées intrusives, des images, des impressions, des souvenirs, etc. qui reviennent sans cesse à l’esprit.

Ce sont d’ailleurs à partir du thème des obsessions que l’on catégorise les types de TOC.

Voici plusieurs exemples d’expressions du TOC selon le type de peurs (obsessions):

• Le TOC à thématique agressive qui implique la peur de faire du mal à soi-même ou aux autres ainsi que la peur de devenir fou et de perdre le contrôle (aussi appelé «phobie d’impulsion»);
• Le TOC de la peur que son/sa partenaire soit infidèle (jalousie maladive);
• Le TOC de la peur de ne pas aimer son/sa partenaire, aussi appelé TOC du couple;
• Le TOC de la peur d’être homosexuel (ou de ne pas avoir la bonne orientation sexuelle);
• Le TOC de la peur des maladies (hypocondrie);
• Le TOC de la peur des imperfections corporelles (dysmorphophobie).

Si vous désirez aller plus loin, voici un article qui présente en détail le fonctionnement des obsessions et en fournit une liste exhaustive.

De son côté, le «TOC de lavage des mains» que j’aborde dans cet article implique des obsessions reliées à des peurs spécifiques, celles d’être contaminé, empoisonné, infecté, etc.

Les peurs associées aux pensées obsessionnelles provoquent une réelle souffrance et beaucoup d’anxiété.

Ce TOC de propreté peut donc découler de nombreuses peurs (obsessions).

Voici une liste non-exhaustive de ce qu'il peut impliquer dans la peur d’être contaminé, infecté, intoxiqué, etc.:

• La saleté et les ordures;
• Les personnes qui apparaissent malades;
• La nourriture périmée;
• Les animaux morts (parfois aussi les animaux vivants);
• Les substances gluantes, collantes;
• Les produits chimiques, la radioactivité;
• Les maladies graves (comme le SIDA), une peur partagée par les hypocondriaques (et voici mon article sur le traitement de l'hypocondrie);
• Les excrétions et les fluides corporels (salive, transpiration, sang, sperme, mucus, urine, etc.)
• Etc.

Les peurs du TOC ne sont pas rationnelles car la personne qui en souffre surévalue l’importance du risque de souffrir des conséquences redoutées de ses peurs (être infecté, intoxiqué, etc.)

Le plus souvent, les risques d’avoir seulement été en contact avec les objets de ses peurs sont très faibles, voire inexistants.

Il va sans dire que toutes ces craintes suscitent beaucoup d’anxiété qui est très difficile à vivre.

Alors la réaction intuitive qu’adoptent les personnes qui en souffrent est de réaliser des compulsions pour tenter de diminuer l’anxiété.

Les compulsions dans ce TOC de propreté

En réaction à l’anxiété provoquée par les obsessions, la personne qui souffre du «TOC du lavage de mains» adopte des compulsions.

Ce sont des comportements répétitifs qui visent à réduire l'anxiété.

Voici des exemples de compulsions dans le TOC de contamination:

• Se laver les mains longtemps et très souvent (ou se laver en entier);
• Nettoyer de manière excessive et compulsive (ses vêtements, la maison, etc.)
• Demander aux membres de sa famille de se laver, de changer leurs vêtements, etc.;
• Jeter ou ne pas utiliser des choses que l’on pense ne pas être propres;
• Éviter de toucher à certaines choses qu’on considère «contaminées» et/ou éviter certaines personnes ou certains endroits que l’on croit potentiellement contaminés;
• Se rassurer de différentes manières (tests, consulter les autres, chercher dans ses souvenirs, etc.) pour vérifier si soi-même ou les autres ont été contaminés;
• Éviter que les autres touchent à nos choses (téléphone, ordinateur…), toujours par peur qu’ils les contaminent;
• Utiliser des gants ou d’autres manières de se protéger en touchant à des objets «contaminés»;
• Ressentir le besoin impérieux de faire du ménage et de tout ranger «parfaitement»;
• Etc.

Puisque l’on nomme les types du TOC à partir de leurs obsessions et non de leurs compulsions, on doit donc davantage parler de «TOC de la peur de la contamination».

Néanmoins, on nomme souvent intuitivement ce TOC celui du «lavage de mains» puisqu’il s’agit d’une compulsion fréquente à laquelle on l’associe.

Le TOC de vérification est un autre exemple où l’on fait l’erreur de nommer le trouble à partir d’une de ses compulsions (vérifier et se rassurer) et non à partir des obsessions qui le caractérisent.

Bien que les compulsions soulagent à court terme, elles ont malheureusement pour conséquence d’entretenir et de renforcer le cycle incessant de peurs/réactions (obsessions/compulsions) duquel les personnes qui souffrent du TOC se sentent prisonnières.

Si vous désirez aller plus loin, je vous invite à lire mon article sur les compulsions qui contient également une liste exhaustive d’exemples.

Le TOC implique donc des répétitions excessives de ces comportements compulsifs afin de réduire l’anxiété provoquée par les obsessions (la peur d’être contaminé).

Il est comme un piège dans lequel notre cerveau nous fait tomber.

La personne qui en souffre se sent dans une impasse et elle ne voit pas comment en sortir.

Si c’est votre cas, ne vous découragez pas. Il existe des solutions véritablement efficaces pour vous en libérer: nous verrons ces solutions plus loin dans cet article.

Pour le moment, ce petit test vous aidera à répondre à la question:

Pensez-vous être touché par le «TOC du lavage de mains»?

Voici un petit test qui, s’il n’a pas de prétention diagnostique (un acte médical réservé aux psychologues et psychiatres en consultation), vous aidera à savoir s’il est possible que vous souffriez de ce «TOC de propreté».

Répondez aux questions qui suivent le plus honnêtement possible:

• Avez-vous peur d’être contaminé après avoir touché à des objets ou avoir été en contact avec des personnes?
• Êtes-vous très inquiet lorsque vous pensez avoir été en contact avec un virus ou un germe?
• Évitez-vous des personnes qui vous paraissent sales ou malades?
• Faites-vous toujours attention aux objets que vous touchez par peur qu’ils vous contaminent?
• Avez-vous peur d’avoir contacté une maladie grave (cancer, SIDA…)
• Avez-vous peur d’avoir été en contact avec des radiations ou des produits chimiques sans avoir la preuve d’y avoir été en contact?
• Demandez-vous constamment à vos proches s’ils sont malades?
• Faites-vous souvent des recherches sur les sources de contaminants et/ou les produits dangereux?
• Avez-vous des endroits de la maison et/ou des objets que vous considérez «propres» et que vous gardez pour votre utilisation exclusive?
• Est-ce-que vous vous lavez les mains ou lavez vos vêtements, votre corps, votre maison à répétition et beaucoup plus souvent que la moyenne?

Si vous avez répondu positivement à plusieurs de ces questions, vous souffrez peut-être de ce TOC.

Il n'est pas rare non plus que ce TOC touche les enfants et les adolescents.

Les contextes à travers lesquels le TOC de propreté commence à se manifester

Le TOC peut apparaître à tout moment de la vie, que ce soit pendant notre enfance ou à l’âge adulte. 

Le TOC peut se manifester la première fois à la suite d’un traumatisme, d’une maladie, d’un événement incontrôlé ou qui a suscité un stress important.

Mais il peut aussi débarquer comme ça, sans raison apparente, simplement après que vous vous soyez posé une question de type «Et si…?»

Par exemple, «Et si la barre de métal à laquelle je me suis tenu dans le métro contenait des germes qui allaient me faire tomber gravement malade?»

Les événements à la suite duquel le TOC commence à se manifester peuvent aussi être très banals, comme lire un article dans le journal sur un sujet qui se met à vous inquiéter en relation avec la contamination.

Un autre exemple serait celui d’une femme qui vient d’accoucher.

Avec le stress et la nouveauté de la naissance, cette dernière développe la peur que son bébé tombe malade et commence à le laver plusieurs fois par jour pour le protéger des bactéries et virus qui pourraient lui faire du mal.

Les obsessions et l’intensité de l’anxiété sont aussi favorisées par des facteurs ou des stimuli externes comme le fait de voir des déchets, des sécrétions ou tout ce qui peut faire penser à une source de contamination.

Voici un témoignage anonyme pour illustrer cela:

Pour moi, tout ce qui a pu être en contact avec l’extérieur est contaminé.

Je peux me laver les mains plus de 60 fois par jours par peur de tomber malade.

Même mes propres affaires comme mon portable ou mes clés sont à risque. 

Je suis obligé de les nettoyer et de me laver les mains car j'ai peur des microbes. 

C’est devenu un vrai cauchemar. Même lorsque les personnes de ma famille touchent à des objets comme la télécommande de la télé, je me sens obligé de les nettoyer avec une lingette antibactérienne pour les désinfecter. 

En fait, que ce soit les clefs, les sacs, etc., tout objet doit être désinfecté.

Cette situation est source d’une grande anxiété et me fait perdre des heures chaque jour.

Ce témoignage illustre combien les conséquences de ces obsessions (peurs) nuisent à la qualité de vie quotidienne. 

Que ce soit le lavage répété des mains, le nettoyage excessif d’objets ou encore l’évitement des endroits publics, des poignées de portes, presque tout peut sembler «dangereux» pour la personne qui souffre de ce TOC.

Le TOC de propreté entraîne donc de nombreuses répercussions négative sur le quotidien, qu'elles soient sociales, familiales ou encore professionnelles.

Voici plusieurs exemples de ces conséquences désastreuses pour la qualité de vie:

Des douches à répétition:

Parce qu’elle a peur d’être contaminée, la personne qui en souffre peut prendre de nombreuses douches en une journée.

Elle peut aussi passer des heures sous la douche pour se «désinfecter correctement».

L’enfermement:

Parce que la peur d’être contaminé par des personnes, des objets ou certains endroits publics est un calvaire, l’anxiété provoquée par ces obsessions peut être très pesante au fil du temps.

Alors pour l’éviter, par honte, et pour se protéger, la personne qui en souffre peut préférer rester chez elle.

Elle reste ainsi «à l’abri» de tout ce qu’elle craint, ce qui crée de l’isolement et augmente davantage sa détresse. 

La peur de ne pas contrôler ses compulsions et d’être jugé par ses proches peut aussi être une cause de ce repli sur soi.

L’arrêt de son activité professionnelle:

Le travail peut être une source d’angoisse pour la personne qui souffre du TOC du lavage de mains.

Le transport en commun, les ascenseurs, les toilettes publiques, tout semble propice à faire augmenter l’anxiété liée à la peur de la contamination.

Dans ce contexte, le travail peut devenir un contexte anxiogène quotidien et, pour cesser de vivre cette souffrance, on peut être tenté de démissionner…

Voici un second témoignage anonyme d’une personne qui souffre de ce TOC:

Je ne supporte pas d’avoir les mains moites alors je me les lave très souvent.

J’ai du coup développé un eczéma sur les mains qui rajoute de la pénibilité à mon quotidien. 

Je fais aussi tous les jours le ménage chez moi, que ça soit les poignées de portes, les interrupteurs, les télécommandes.

Même les animaux sont devenus insupportables pour moi. Quand un chien me frôle, je me crispe et me sens directement sale. 

Je n’arrive plus à aller chez mes proches car ils ont des animaux et mon anxiété est trop élevée.

Comme vous le voyez, ce TOC de propreté et de nettoyage peut chambouler le quotidien.

Que ce soit par des lavages de mains à répétition, l’évitement de lieux, de situations ou l’enfermement, les conséquences entraînent un grand mal-être autant pour soi-même que pour ses proches.

Des rituels différents pour chacun

Chaque personne qui souffre du TOC du lavage de mains essaie de trouver une solution à ses problèmes.

Si la peur de la contamination au sens large est une obsession commune, chaque personne développe ses propres rituels pour y faire face.

Ce sont les compulsions.

Peut-être vous êtes-vous déjà obstiné à laver à répétition votre appartement ou votre corps (douches).

Ou peut-être évitez-vous de sortir, de recevoir des amis ou de la famille par peur d’être contaminé.

Le TOC de propreté handicape la vie quotidienne et celle des proches à travers différentes compulsions, parmi lesquelles:

La distinction entre un espace personnel propre et le monde «sale»

Afin de vous protéger de la contamination du monde extérieur, vous avez peut-être créé un espace personnel sécuritaire.

Vous considérez cet espace comme étant propre par rapport au reste du monde qui est sale.

Dans le monde sale, tout est contaminé.

Bien que vous ressentiez le besoin de vous laver, vous pouvez toucher n’importe quoi dans ce monde sale puisqu’il est déjà contaminé.

Vous ne pouvez donc pas éviter la contamination puisqu’elle est omniprésente.

Ce «monde sale» peut englober le monde extérieur, les endroits publics, votre lieu de travail, etc.

Dans votre espace personnel propre, vous êtes chez vous.

Il n’y a pas de virus, pas de contamination, tout est sain.

Cette création de deux espaces, de deux mondes, est une compulsion qui vous aide à contrôler vos obsessions et à réduire votre anxiété.

Cette séparation est pour vous un gage de sécurité.

Malheureusement, cette sécurité n’existe pas et les compulsions ne font que contribuer à nourrir et à empirer le TOC.

Jusqu’à présent, j’espère vous avoir aidé à comprendre l’expression spécifique du trouble obsessionnel-compulsif propre à la peur de la contamination.

Si vous en souffrez, vous vous reconnaissez probablement dans plusieurs des exemples que j’ai donnés et vous savez combien ce trouble a des conséquences négatives sur votre vie.

Il ne faut donc pas avoir peur de reconnaître de souffrir du TOC: c’est la première étape vers la libération.

En effet, le TOC ne disparaît pas de lui-même si aucun traitement n’est réalisé, mais il existe des méthodes très efficaces pour vous libérer des obsessions, des compulsions et de l’anxiété.

C’est ce que nous allons aborder maintenant.

Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:

Mes ressources ont déjà aidé de nombreuses personnes et je reçois régulièrement des mots de remerciements qui me font chaud au cœur.

J’espère qu’ils vous seront utiles à vous aussi car il ne faut pas perdre espoir!

Et si vos tentatives précédentes pour vous libérer du TOC n’ont pas fonctionné, c’est que vous n’avez probablement pas utilisé ces méthodes de thérapie cognitivo-comportementales qui ont été spécifiquement développées pour traiter ce problème et qui sont encore peu connues.

Voici d'ailleurs un article à lire si vous vous demandez s'il est possible de guérir du TOC seul, par soi-même.

Mais il est également recommandé de consulter.

Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC.

Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, demandez clairement quels outils il/elle utilise pour traiter spécifiquement le TOC.

L’exposition avec prévention de la réponse doit faire partie des méthodes qu’il/elle utilise.

Si vous ne savez pas où chercher pour trouver cette aide spécifique ou si vous ne disposez pas de telles ressources à proximité de chez vous, je vous invite à lire cet article qui vous expliquera comment consulter d’excellents psychologues à distance, par Internet.

Et voici un article qui recueille des témoignages de guérison du TOC qui vous montrent qu'aller mieux est véritablement possible.

Enfin, pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter les nombreuses autres ressources que je vous offre en ligne sur le sujet du trouble obsessionnel-compulsif.

J’espère que mon article vous a été utile!

Si vous aimeriez partager votre expérience ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous.

Références

• Brennan, B. P. et al., «A Case of Severe Intractable Contamination-Based Obsessive-Compulsive Disorder», dans JAMA Psychiatry, 2018, vol. 75, no 10, p. 1088-1089.
• Cisler, J. M. et al., «Disgust and Obsessive Beliefs in Contamination-related OCD», dans Cognitive therapy and research, 2010, vol. 34, no 5, p. 439-448.
• Mathes, B.M et al., «Review of Psychotherapeutic Approaches for OCD and Related Disorders», dans Current Treatment Options in Psychiatry, 2015, vol. 2, p. 284-296.
• Robert E. B. et al., «Disgust in contamination-based obsessive–compulsive disorder: a review and model», dans Expert Review of Neurotherapeutics, 2014, vol. 10, no 8, p. 1295-1305.