Votre enfant ou votre adolescent manifeste-t-il des peurs irrationnelles?
Est-ce qu’il se comporte de certaines manières qui ressemblent à des rituels, pour diminuer son anxiété?
Peut-être est-il atteint du trouble obsessionnel-compulsif (TOC).
Cet article vous aidera à comprendre ce qui se passe et vous orientera vers les solutions les plus efficaces.
J’aborde dans cet article la façon dont le trouble obsessionnel-compulsif atteint l’enfant et l’adolescent, ce qui regroupe différentes manifestations du TOC.
Vous apprendrez donc en quoi consiste le trouble obsessionnel-compulsif mais surtout vous découvrirez les meilleures avenues pour aider votre enfant à s’en libérer.
Pour faciliter la lecture, je parlerai surtout de «l’enfant».
Néanmoins, ce que je dirai pour l’enfant s’applique aussi aux adolescents.
Autrement, cet article porte sur les spécificités du TOC tel qu’il s’exprime avant l’âge adulte.
Comprendre le TOC chez l’enfant et l’adolescent
Le TOC peut se développer à un assez jeune âge.
Mais puisque le jeune enfant est en développement, il est souvent plus difficile d’identifier les symptômes ou on peut les confondre avec autre chose.
Et pour ajouter à la complexité du sujet, le TOC est encore peu connu et mal compris.
Les jeunes enfants ont souvent des routines, que ce soit pour le repas, l’heure d’aller se coucher ou encore lorsqu’il faut se dire au revoir.
Cependant, la plupart de ces routines ne nuisent pas au quotidien de votre enfant et elles s’atténuent au fil du temps.
Mais si votre enfant a des peurs irraisonnées, ou si les routines prennent de plus en plus de place, il est possible qu’il souffre de TOC.
Et sans vous en rendre compte, vous contribuez peut-être, sans le savoir, à renforcer le problème.
Voici deux témoignages anonymes qui illustrent comment le TOC peut s’exprimer:
Témoignage 1
«Ma fille de 9 ans se lave constamment les mains.
Du réveil jusqu’au soir, elle se lave les mains, même lorsque je lui fais remarquer qu’elle n’a pas besoin de se laver les mains.
Elle trouve des excuses, que ses mains sont sales, qu’elles collent…
J’essaie de la résonner mais elle dit que c’est normal.
Je ne sais pas quoi faire.»
Témoignage 2
«J’ai un fils de 12 ans qui a peur de la saleté.
Il refuse d’ouvrir les portes avec ses mains et préfère utiliser son coude.
Il ne veut pas s’assoir sur les toilettes; il range plusieurs fois ses peluches sur son lit.
Il refait son lit plusieurs fois par jour.
Il me dit qu’il faut que ça soit rangé alors que ça l’est déjà!
Ces comportements sont épuisants pour le reste de la famille.
Nous sommes désemparés. Pour lui c’est normal et lorsque je lui dis d’arrêter, il se met en colère.»
Ces deux témoignages montrent bien l’effet que peut avoir le TOC sur un enfant et sur sa famille.
Le TOC s’exprime par des pensées intrusives répétées associées habituellement à des peurs.
Ces peurs peuvent avoir des thèmes très variés.
Ce sont les obsessions.
L’enfant et l’adolescent s’en protège en créant des rituels, des comportements répétés qui visent à diminuer l’anxiété.
Ce sont les compulsions.
Comme l’adulte qui est touché par le TOC, votre enfant peut être attaché à ces comportements car ils sont pour lui une source de soulagement.
Malheureusement, malgré le soulagement de courte durée qu’elles procurent, les compulsions entretiennent les peurs (obsessions) et les renforcent.
Comme leur nom l’indique, les obsessions et les compulsions sont les symptômes principaux qui font souffrir dans le trouble obsessionnel-compulsif.
J’y reviendrai plus en détail plus loin.
Les causes du TOC chez votre enfant ou votre adolescent
Si vous pensez que votre enfant est atteint d’un TOC, vous vous demandez sans doute quelles en sont les causes.
Vous vous posez d’ailleurs peut-être la question: pourquoi mon enfant?
Je n’aborderai pas en détail les causes du TOC dans cet article car je les présente déjà en détail ailleurs.
Voici d’ailleurs un article que je vous invite à lire pour en apprendre davantage sur le TOC en général et ses causes.
Mais laissez-moi quand même mentionner ici les causes à la fois génétiques et environnementales (reliées à la famille).
La cause génétique implique que votre enfant a une prédisposition à l’anxiété et cela peut s’exprimer très jeune.
Cela vient des gènes qu’il a hérités de ses parents et qui peuvent influencer de manière subtile le fonctionnement du cerveau.
Par exemple, un enfant de 3 ans peut souffrir de trichotillomanie (arrachage compulsif de cheveux ou de poils qui appartient au spectre du trouble obsessionnel compulsif) pendant quelque temps.
Plus tard, vers 7 ou 8 ans, la trichotillomanie aura diminué ou disparu mais il pourra commencer à exprimer un trouble obsessionnel-compulsif.
Cette manifestation précoce de symptômes reliés au TOC illustre la prédisposition biologique à en souffrir.
Il ne s’agit que d’un cas de figure et la trichotillomanie en très jeune âge ne prouve pas que l’enfant souffrira nécessairement de TOC plus tard.
Cela illustre surtout la prédisposition «innée» aux troubles anxieux.
Les parents qui sont plus anxieux que la moyenne, ou qui souffrent eux-mêmes de troubles anxieux (phobies, attaques de panique, anxiété généralisée, etc.), ont plus de risques d’avoir des enfants qui présenteront eux aussi des troubles anxieux comme le TOC.
Cela nous conduit à la cause environnementale.
Et par environnement, pour les enfants, j’entends la maison et la manière dont ils sont éduqués.
Si les parents sont plus anxieux que la moyenne, ils risquent d’exprimer cette anxiété dans leur comportement, ce qui, à son tour, portera les enfants à l’anxiété.
En effet, les parents anxieux expriment directement ou indirectement, verbalement ou par leur attitude et leurs décisions, que le monde est rempli de «dangers» dont il faut se prémunir.
Et puisque les parents sont LA référence ultime sur le monde pour les enfants, cela les porte à y voir plus facilement des «dangers» eux aussi.
Évidemment, en écrivant cela, mon but est tout sauf de vous faire sentir coupable!
Nous ne contrôlons ni ne choisissons notre biologie, et cette dernière influence notre comportement, nos réactions et nos décisions.
Alors si vous vous reconnaissez en tant que parent anxieux, cela ne sert à rien de vous culpabiliser: ce n’est pas de votre faute.
Par contre, le fait d’identifier votre propre anxiété comme un facteur susceptible d’influencer celle de votre enfant peut vous aider à prendre les mesures nécessaires pour en diminuer l’impact.
La troisième et dernière cause importante sur laquelle j’aimerais porter votre attention réside dans la manière dont s’installe de cercle vicieux du TOC:
1. Une peur s’impose sous forme de pensée intrusive (ex.: la phobie de la saleté);
2. Ces peurs sont désagréables, suscitent de l’anxiété et des comportements sont mis en place pour se soulager (les compulsions, comme se laver les mains à répétition);
3. Les compulsions renforcent les peurs au lieu de permettre de les tolérer et de les faire diminuer et le cycle obsessions/compulsions s’installe dont il est très difficile de sortir sans disposer des bons outils.
Je nomme cette troisième cause, celle sur laquelle nous avons le plus de contrôle, le «piège que nous tend notre cerveau».
Et peu importe les peurs (obsessions) et les comportements répétés pour s’en soulager (compulsions), le cycle du TOC fonctionne toujours de la même manière.
J’en parle davantage dans cet article qui présente mon livre sur la manière de se libérer des pensées obsessionnelles.
La difficulté du diagnostic
Même si le TOC est maintenant bien compris en psychologie et qu’il existe des traitements efficaces, ce trouble reste encore peu connu du grand public et même des professionnels de la psychothérapie.
En conséquence, il est souvent peu diagnostiqué, ou mal diagnostiqué, et souvent traité de manière inefficace.
Cela peut être encore plus difficile à identifier chez un enfant ou un adolescent.
Le TOC implique des peurs et des pensées dérangeantes dont on peut vouloir taire l’existence pour ne pas déplaire et décevoir, pour ne pas paraître anormal, pour ne pas être rejeté, etc.
Car bien que les comportements compulsifs soient plus évidents à constater, le TOC tire sa base dans les obsessions (pensées intrusives liées à des peurs) qui, elles, ne sont pas toujours aussi apparentes.
Pour vous aider à savoir si votre enfant peut souffrir du TOC, vous devez être à son écoute.
Il doit se sentir respecté et en confiance pour s’ouvrir sur ce qu’il ne comprend pas et qui le terrorise peut-être.
Et bien que les compulsions (rituels) de votre enfant soient plus évidentes parce que difficiles à réprimer, il peut aussi tout mettre en œuvre pour vous les cacher.
Votre enfant ne veut pas être un poids pour vous, alors il ne vous parle probablement pas de son mal-être.
Les obsessions à la base du TOC découlent de peurs, et les enfants ont de nombreuses peurs.
Il y la peur de la maladie, la peur de la mort, la peur de souffrir, et bien d’autres encore.
Cela est tout à fait normal.
Ainsi, la plupart des peurs ont un fondement réel et ne nuisent pas à la qualité de vie.
Et lorsque l’enfant grandit, les peurs s’atténuent à mesure qu’augmentent la confiance et la connaissance de soi.
Mais si votre enfant ou votre adolescent a un TOC, ses peurs sont incessantes et elles entraînent des comportements répétés qu’il a de la difficulté à réprimer.
Voyons de plus près en quoi consistent les symptômes.
Les symptômes du TOC chez l’enfant et l’adolescent
Les symptômes du TOC chez l’enfant et l’adolescent sont semblables à ceux de l’adulte.
Mais à la différence de l’adulte, votre enfant ne se rend sans doute pas compte que ses peurs et ses inquiétudes sont excessives.
Il a peut-être du mal à se contrôler et certaines situations anodines peuvent le mettre dans un état de détresse qui le rend agressif.
Voyons plus en détail les deux composantes des symptômes du TOC: les obsessions et les compulsions.
Les obsessions dans le TOC
Dans le TOC, les obsessions sont des peurs qui reviennent sous forme de pensées intrusives, d’images, de mots, etc. et qui sont source d’une grande anxiété.
Voici plusieurs exemples d’expressions du TOC selon le type de peurs (obsessions):
- Le TOC à thématique agressive qui implique par exemple la peur de mourir, la peur que des mauvaises choses se réalisent ou la peur de faire quelque chose de mal ou de faire souffrir ses proches;
- Le TOC de la peur des maladies (hypocondrie) (article sur son traitement);
- La tendance à vérifier constamment pour se rassurer par rapport à ses peurs (TOC de vérification);
- La peur de la contamination accompagnée du besoin de nettoyer sans cesse (dont les mains);
- Avoir le besoin que tout soit parfaitement rangé, à sa place;
- Etc.
Si vous désirez aller plus loin, voici un article qui présente le fonctionnement des obsessions et en fournit une liste exhaustive.
Puisqu’ils sont plus âgés, en plus des thèmes de l’exemple précédent, les adolescents peuvent être touchés par des TOC plus spécifiques aux adultes.
Mais l’adolescence est aussi une période charnière où l’on s’interroge beaucoup sur sa sexualité et sur le couple.
En effet, les jeunes adultes ont peu ou pas d’expérience amoureuse, de couple et se questionnent encore sur leur sexualité.
Voici des exemples de TOC lié au couple et à la sexualité que votre adolescent peut développer:
- Le TOC de la peur d’être homosexuel ou de ne pas avoir la bonne orientation sexuelle;
- Le TOC du couple, qui consiste à douter de son amour pour son/sa partenaire;
- La jalousie maladive qui consiste en une peur obsessionnelle que son/sa partenaire soit infidèle;
- Et la dysmorphophobie qui est le TOC de la peur des imperfections corporelles.
Si les obsessions dans le TOC peuvent se manifester en fonction de l’âge de votre enfant, les compulsions sont également communes à ce trouble.
Les compulsions dans le TOC
Votre enfant ou votre adolescent a des comportements répétitifs et, lorsqu’il les réalise, il semble plus apaisé pendant un certain temps?
Les compulsions sont communes à presque toutes les personnes atteintes de TOC.
Voici d’ailleurs un article détaillé qui présente une définition des compulsions de même qu’une liste exhaustive des plus fréquentes d’entre elles.
Ce sont des actions physiques (ex.: se laver les mains) ou mentales (ex.: chercher à se rassurer en se rappelant ne pas avoir touché à des objets «contaminés») qui visent à réduire l’anxiété provoquée par les obsessions.
Voici des exemples des comportements compulsifs que votre enfant peut avoir:
- Se laver continuellement les mains allant jusqu’à provoquer de l’irritation, ou il nettoie votre domicile, sa chambre et différents objets sans qu’ils ne soient sales.
- Avoir peur de vous toucher, de toucher ses frères et sœurs ou ses amis.
- Répéter des situations, écrire à répétition, afin que tout soit parfait, du moins, de son point de vue.
- Vous poser constamment les mêmes questions, s’excuser pour une bêtise qu’il croit avoir fait ou pour quelque chose qu’il aurait mal fait (selon sa perception de la perfection).
- Vérifier sans cesse que toutes les portes sont fermées à clé avant de sortir ou d’aller se coucher.
- Avoir un parcours spécifique pour se rendre à l’école ou à son activité extrascolaire et, si vous changez son parcours, il peut devenir agressif.
- Avoir besoin de répéter des chiffres, des nombres, des phrases pour se rassurer avant de faire une activité.
- Etc.
Les éléments de cette liste ne sont que des exemples et les compulsions du TOC peuvent être très variés et ne se limitent pas à ces exemples.
Tous ces rituels que votre enfant partage ou non avec vous ont un impact très important sur la vie quotidienne.
Certains enfants cacheront leurs compulsions à leur famille alors que d’autres pourront «obliger» les membres de leur famille à les réaliser.
Par exemple, votre enfant peut vouloir que vous nettoyiez vos mains d’une certaine façon ou bien que vous fermiez la porte à une certaine heure.
Et il ne faut pas oublier les compulsions qui sont seulement mentales et qui sont donc peu ou pas apparentes.
Par exemple, un(e) adolescent(e) qui souffre du TOC de la peur de ne plus aimer son/sa partenaire peut analyser constamment ses pensées et ses émotions pour se rassurer qu’il/elle l’aime toujours.
Ces compulsions mentales peuvent être tout aussi handicapantes et vous ne saurez pas nécessairement que votre adolescent en souffre.
Ainsi, chaque enfant ou adolescent atteint de TOC aura des compulsions particulières qui répondent à la forme que prennent ses peurs (obsessions).
Tous ces rituels sont difficiles à vivre et ont un impact négatif sur la vie personnelle, sociale et scolaire de votre enfant, et sur son développement.
Le TOC est donc un cycle sans fin qui répète ces étapes:
1. Des obsessions se manifestent et elles suscitent de l’anxiété;
2. Des compulsions sont réalisées dans le but de réduire l’anxiété causée par les obsessions;
3. Ces compulsions renforcent les obsessions, et les étapes 1 à 3 se répètent sans fin…
Et ce cercle vicieux se poursuit encore et encore…
C’est la raison pour laquelle il est aussi important de comprendre le fonctionnement du TOC pour appliquer les solutions comme celles que je présenterai plus loin.
Les autres problèmes qui coexistent avec le TOC
Le TOC peut se manifester seul, mais votre enfant ou votre adolescent est peut-être aussi atteint par d’autres maladies qui sont liées au TOC.
La difficulté du diagnostic peut donc aussi venir du fait que certains troubles peuvent être confondus avec d’autres.
Voici une liste non-exhaustive d’autres troubles qui peuvent accompagner le TOC chez l’enfant et l’adolescent:
- Anxiété et trouble anxieux généralisé (avec attaques de panique, phobies, etc.);
- Dépression (confusion, honte, faible estime de soi, culpabilité, pensées suicidaires, etc.);
- Trouble d’attention avec ou sans hyperactivité;
- Troubles alimentaires (anorexie, boulimie…);
- Troubles du spectre de l’autisme;
- Syndrome de Gilles de la Tourette;
- Troubles des habitudes et des impulsions et autres troubles du spectre du TOC (arrachage de cheveux, rongement d’ongles, attention excessive à son corps, etc.)
Le TOC n’est pas dangereux en soi, mais il peut conduire à vivre beaucoup de détresse et porter à développer des problèmes plus graves, comme la dépression.
Il faut donc le prendre au sérieux.
Les conséquences du TOC chez l’enfant et l’adolescent
Le TOC rend la vie quotidienne de votre enfant très stressante.
Les conséquences sont donc nombreuses.
Retenez d’abord évidemment que votre enfant n’est pas fautif.
Il ne fait pas cela pour attirer votre attention.
Bien au contraire: il en souffre au quotidien.
Il peut même essayer de vous le cacher.
Et il se sent différent des autres membres de sa famille et de ses amis…
Il peut même avoir honte de vivre cette détresse qu’il ne comprend pas.
L’enfance et l’adolescence sont des périodes charnières où votre enfant souhaite une chose par-dessus tout: être comme tout le monde.
Or, son TOC l’empêche de vivre normalement.
Parce qu’il ne veut pas être étiqueté ni montré du doigt, il peut vouloir tout faire pour le cacher.
Parce que ses obsessions et ses compulsions accaparent une partie de son attention et de son temps, votre enfant peut être en retard, que ce soit pour l’école ou pour d’autres activités.
Votre enfant peut aussi se sentir seul et il peut lui être plus difficile d’avoir des amis.
Il peut même s’isoler par peur d’être jugé.
En effet, à un âge où il aimerait être comme les autres, le TOC de votre enfant lui permet plus difficilement de se fondre dans la masse.
Le TOC peut nuire à son rythme et le décaler.
Il peut s’endormir tard et avoir des difficultés à se réveiller.
Et parce qu’il se sent incompris, votre enfant peut s’énerver et devenir agressif.
L’impact du TOC à l’école
Même si votre enfant cache son TOC, ce dernier peut se répercuter sur ses apprentissages et sur l’école.
Votre enfant peut avoir des difficultés de concentration puisqu’une partie de son attention est accaparée par les symptômes (obsessions et compulsions).
Il peut aussi se sentir fatigué émotionnellement car, à force de gérer son TOC et de le cacher, il perd de l’énergie et se sent démuni.
Il peut s’isoler et éviter des activités avec ses amis par peur d’être exclu.
Si vous n’êtes pas sûr si votre enfant est atteint du TOC, assurez-vous d'abord d’obtenir un diagnostic auprès d’un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC chez l’enfant.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème, notamment à travers le traitement par exposition et prévention de la réponse.
Par la suite, c’est à vous de choisir si vous souhaitez partager avec le personnel de l’école le fait que votre enfant souffre d’un TOC.
Et en général, bien que l’enfant ou l’adolescent soit souvent le seul membre de la famille atteint de TOC, ce trouble a une incidence chez les autres membres de la famille.
Tout le monde a donc un rôle à jouer pour améliorer la situation.
Le TOC de l’enfant/adolescent chamboule toute la famille
Même si vous n’êtes pas atteint personnellement, le TOC de votre enfant a un impact certain sur la sphère familiale.
Par exemple, votre enfant vous oblige peut-être à réaliser avec lui ses rituels.
Vous subissez peut-être ses peurs, ses sautes d’humeurs et son agressivité.
Vous vous sentez peut-être frustré car vous n’arrivez pas à répondre à son besoin de réduire ses obsessions.
Peut-être avez-vous peur que votre enfant devienne colérique ou agressif si vous lui demandez d’arrêter ses compulsions.
Et si les compulsions de votre enfant impliquent le besoin constant d’être rassuré, cela peut être très fatiguant pour vous aussi.
Vous ressentez peut-être de la peur, des frustrations, de la culpabilité et de la tristesse parce que vous n’arrivez pas à aider votre enfant et vous ne savez pas quoi faire.
Il est tout à fait légitime de ressentir cette détresse.
Vous vous sentez démunis, vous pensez même peut-être que vous êtes un mauvais parent.
Mais ce n’est pas le cas, alors ne vous blâmez pas.
Le simple fait de lire cet article indique que vous êtes en quête de solutions efficaces.
Et, la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez véritablement aider votre enfant à combattre le TOC.
En effet, le TOC ne disparaît pas de lui-même si aucun traitement n’est réalisé, mais il existe des méthodes très efficaces pour aider votre enfant à se libérer des obsessions, des compulsions et de l’anxiété.
C’est ce sujet important que nous allons maintenant aborder.
Comment aider votre enfant à se libérer du TOC
Vous voulez aider votre enfant ou votre adolescent par tous les moyens qui soient.
Malheureusement, puisque le TOC est peu connu et mal compris, il est normal de ne pas y réagir de la bonne manière.
Par exemple, un père qui verra sont fils passer beaucoup de temps à la salle de bain avant d’aller au lit, ce qui le portera à se coucher plus tard, pourra s’impatienter envers lui et n’y voir qu’une bravade ou un manque de discipline.
Ce père ignorera, par exemple, que si son fils passe autant de temps sous la douche, c’est parce qu’il tente de se «décontaminer» de toute la saleté à laquelle il croit avoir été exposé dans la journée, avant d’entrer dans son lit, qu’il considère comme une «zone propre» et sans danger.
Ce fils adolescent n’est pas conscient du fait qu’il souffre de quelque chose, mais il n’est pas en mesure d’en expliquer les détails à son père.
Si ce père continue à réagir en s’impatientant, il ne fera qu’ajouter une dose d’anxiété à celle dont souffre déjà son fils.
Non seulement cela ne l’aidera pas à se libérer du TOC, mais cela empirera les symptômes.
Il est donc important pour les parents qui désirent aider leurs enfants de faire preuve d’une grande empathie pour comprendre ce qu’ils vivent et éviter les comportements parentaux «standards» et «intuitifs» qui ne contribuent pas à sortir de cette impasse.
Il faut se libérer du cadre habituel, et une première manière de le faire est de bien comprendre le fonctionnement du TOC.
Je vous ai déjà fourni quelques détails sur le sujet, mais je vous invite à l'approfondir, car mieux vous comprendrez le TOC et son fonctionnement et plus vous serez en mesure d’agir de manière adaptée pour aider votre enfant.
En plus de l’article auquel je vous réfère dans le lien précédent, je vous invite à lire mes autres articles disponibles en ligne sur le TOC.
Une première manière efficace de réduire la survenue des pensées obsessionnelles est, justement, de les accepter et d’arrêter de les combattre.
En effet, c’est le fait de réagir aux peurs irrationnelles liées aux pensées intrusives qui les rend de plus en plus obsessionnelles et font augmenter le niveau d’anxiété.
Mais tolérer les pensées intrusives associées aux peurs qui rendent anxieux n’est pas chose aisée.
C’est un long travail qui permettra de réduire progressivement le retour de ces pensées et l’intensité de l’anxiété.
Pour vous aider, j’ai écrit un livre qui explique le fonctionnement de ce principe important du traitement du TOC.
Mon livre sur le TOC est très vulgarisé mais il ne s’adresse pas aux enfants. En tant que parent, le lire vous aidera à comprendre davantage ce que vit votre enfant et vous aidera à l’aider.
Le traitement du TOC chez l’enfant avec la méthode par exposition et prévention de la réponse
L’approche psychothérapeutique qui a fait ses preuves depuis longtemps et qui a été validée par de nombreuses études scientifiques se nomme la thérapie cognitivo-comportementale, ou TCC.
Mais même si cette approche est la meilleure, ce ne sont pas toutes ses stratégies qui permettent de traiter spécifiquement le trouble obsessionnel-compulsif.
Et la bonne TCC pour le TOC se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
Cette méthode permet de se libérer du TOC à travers deux composantes complémentaires.
L’exposition consiste à se confronter progressivement à ce qui fait peur (les obsessions) tout en se retenant de réaliser les compulsions (la prévention de la réponse).
Cette méthode permet de réduire progressivement la réaction d’anxiété intense associée aux obsessions, jusqu’à la faire disparaître.
Mais même si votre enfant est le premier acteur de cette thérapie, vous, votre médecin, son psychologue et ses professeurs faites partie de sa thérapie.
Le psychologue va aider votre enfant à appliquer cette méthode pour le libérer progressivement des symptômes qui le font tant souffrir.
Mais ce travail doit être assidu et, si un certain nombre de séances sont nécessaires pour réaliser l’accompagnement, le plus gros du travail de thérapie doit être réalisé chaque jour.
Si vous désirez aller plus loin pour comprendre comment fonctionne le traitement complet par exposition et prévention de la réponse, j’ai créé un programme Web avec de nombreuses vidéos et des exercices explicatifs.
Voici un article détaillé qui explique cette méthode pour arrêter les TOCS.
Et voici le beau témoignage que j'ai reçu de Karine Trudel après que son fils ait appliqué le traitement et réduit substantiellement symptômes:
Ton programme est fantastique! Il m'a permis de comprendre la technique d'exposition avec prévention de la réponse. Il m'a aussi permis de chercher un professionnel bien formé pour accompagner mon fils et de comprendre les étapes qu'il franchissait.
Étant sa maman, je ne pouvais pas être en même temps sa thérapeute et lui enseigner le traitement, mais ton programme m'a été franchement utile pour être efficace à ses côtés.
Encore merci d'avoir créé ce programme! Je suis certaine qu'il aide beaucoup de gens! Il est formidable! Sans toi, je t'avoue que je ne sais pas où on en serait...
Bravo et merci encore!
Et voici la page qui vous permet d’accéder à mon programme qui explique le fonctionnement de ce traitement du TOC.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Mon programme Web accompagné de mon livre a déjà aidé de nombreuses personnes et je reçois régulièrement des mots de remerciements, ce qui me fait chaud au cœur.
Mais j'ai aussi créé des modules qui complètent mon programme principal et permettent d'aller plus loin au sujet de certains types de TOC en particulier.
Le «TOC de la peur d'être homosexuel» touche d'ailleurs souvent les adolescents:
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
J’espère que mes ressources vous seront utiles à vous aussi car il ne faut pas perdre espoir: il faut parfois trouver le chemin pour sortir de l’apparente impasse dans laquelle nous nous trouvons, mais qui n’en est pas une!
En terminant, voici quelques derniers conseils.
Développez la communication avec votre enfant
La communication joue un rôle fondamental dans votre capacité à comprendre et à aider votre enfant.
C'est évidemment parfois difficile, surtout si vous savez que votre enfant ne veut pas en parler.
Par exemple, les adolescents sont plus matures et, quand ils souffrent de TOC, ils savent que quelque chose ne va pas.
Ils ont honte et ont peur d’en parler.
Voici une anecdote sur le sujet.
Vous savez sans doute que, contrairement aux personnes plus âgées (dont je suis, et dont vous êtes probablement), les adolescents raffolent des vidéos sur YouTube.
J’ai moi-même créé une chaîne qui présente des vidéos sur différents thèmes, dont une sur le TOC de la peur d’être homosexuel.
Or, je reçois de plus en plus souvent des commentaires sous cette vidéo de la part d’adolescents (souvent entre 13 et 17 ans) qui croient souffrir de ce type de TOC et me demandent conseil.
Par exemple, ils se demandent souvent comment faire pour reconnaître si on est gay ou lesbienne.
Vous pouvez aller lire leurs commentaires sous cette vidéo.
Puisque je ne fais pas de consultation psychologique, la première chose que je leur réponds est toujours d’en parler à leurs parents: ce sont les personnes les mieux placées pour les aider!
Pourtant, ces jeunes semblent réticents à le faire, même si leurs parents les aiment, les respectent et sont les mieux placés pour les aider à trouver une solution et à consulter un(e) psychologue.
Les parents sont donc les premiers à pouvoir s’apercevoir du TOC que vit leur enfant.
Leur attitude d’ouverture aidera leurs enfants à se sentir plus apte à leur parler de ce type de problème.
Les parents ont donc une grande responsabilité face à la souffrance de leurs enfants en ce sens qu’ils doivent souvent déceler que quelque chose ne va pas et les orienter vers les bonnes solutions.
Alors même si votre enfant ou votre adolescent peut être agressif, essayez quand même de communiquer.
Et devant l’échec, cultivez votre empathie et changez votre approche.
Vous êtes la personne qui dispose du plus de ressources face à un jeune qui découvre encore la vie et se découvre lui-même à travers elle.
C’est vous qui jouerez un rôle majeur pour l’aider dans son traitement.
Montrez-lui que vous le supportez, que vous l’écoutez, que vous l’aimez.
Et l’une des choses dont votre enfant a le plus peur est d’être jugé.
C’est d’ailleurs l’une des raisons principales de son mutisme face à son problème.
Il ne veut pas vous décevoir.
Si vous constatez qu’il souffre probablement d’un TOC et que vous ne le sentez pas réceptif, vous pouvez aussi en parler de manière indirecte pour ne pas qu’il se sente «attaqué» et se braque.
Évitez de le critiquer pour ne pas qu’il se sente jugé.
Ce serait une manière très efficace de rompre le canal de communication parfois fragile à cet âge.
Et s’il fait preuve d’ouverture, rassurez-le sur le processus de thérapie.
Expliquez-lui le rôle du psychologue, dites-lui que vous irez avec lui et que vous l’accompagnerez dans le processus jusqu’à ce qu’il aille mieux.
Et une fois le processus de traitement entamé, vous devez faire confiance à votre enfant.
Vous devez l’assister (sans insister, ce qui augmenterait la pression et son anxiété), car il doit être l’acteur principal de sa guérison.
Et vous pourrez participer au suivi de la réalisation des exercices de thérapie, sans toutefois vous substituer à l’encadrement du psychologue.
Vous pouvez par exemple réviser avec lui les exercices qu’il doit réaliser chaque jour, et le laisser les faire seul.
Assurez-vous aussi qu’il a bien compris ce qu’il doit faire pendant ses exercices.
Et s’il ne les fait pas, ne le punissez pas mais cherchez à comprendre pourquoi il éprouve ces difficultés.
Vous pouvez aussi directement consulter le psychologue sans la présence de votre enfant.
Il sera en mesure de vous conseiller et de vous aider à intervenir efficacement.
Et lorsque votre enfant fera des progrès, félicitez-le et apportez-lui votre soutien inconditionnel.
Votre amour constituera ainsi la meilleure base pour un traitement réussi.
Encore une fois, pour consulter, assurez-vous de choisir un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC chez l’enfant.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, demandez clairement quels outils il/elle utilise pour traiter le TOC.
L’exposition avec prévention de la réponse doit faire partie des méthodes centrales qu’il/elle utilise.
Si vous ne savez pas où chercher pour trouver cette aide spécifique ou si vous ne disposez pas de telles ressources à proximité de chez vous, je vous invite à lire cet article qui vous expliquera comment consulter d’excellents psychologues à distance, par Internet.
Voilà! J’espère que mon article très détaillé vous aura été utile!
Si vous aimeriez partager votre expérience ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous.
Références
- Agarwal, Vivek et al., «A study of phenomenology, psychiatric co-morbidities, social and adaptive functioning in children and adolescents with OCD», dans Asian Journal of Psychiatry, 2016, vol. 22, p. 69-73.
- Barrett, Paula M. et al., «Evidence-Based Psychosocial Treatments for Child and Adolescent Obsessive–Compulsive Disorder», dans Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, 2008, vol. 37, no 1, p. 131-155.
- Freeman, Jennifer B., et al., «Cognitive Behavioral Treatment for Young Children With Obsessive-Compulsive Disorder», dans Biological Psychiatry, 2007, vol. 61, no 3, p. 337-343.
- Geller, Daniel et al., «Developmental Aspects of Obsessive Compulsive Disorder: Findings in Children, Adolescents, and Adults», dans The Journal of Nervous and Mental Disease, 2001, vol. 189, no 7, p. 471-477.
- Glazier, Kimberly et al., «Half of Obsessive-Compulsive Disorder Cases Misdiagnosed: Vignette-Based Survey of Primary Care Physicians», dans The Journal of Clinical Psychiatry, 2015, vol. 76, no 6, p. e761-e767.
- Ivarsson, Tord et Robert Valderhaug, «Symptom patterns in children and adolescents with obsessive–compulsive disorder (OCD)», dans Behaviour Research and Therapy, 2006, vol. 44, no 8, p. 1105-1116.
- Johnco, Carly et Eric A. Storch, «Unacceptable Obsessional Thoughts in Children and Adolescents», The Wiley Handbook of Obsessive Compulsive Disorders, 2017, p. 441-456.
Valerie says
Bonjour,
J’ai tout lu et je me retrouve dans vos écrits ainsi que mon fils (il a des tocs depuis 5 ans avec beaucoup d’anxiété).
Il y a une chose dont je ne trouve pas la réponse, c’est l’agressivité que peut avoir l’adolescent envers sa famille. Que faire ?
Au quotidien, c’est vraiment dur pour notre famille qui est en train d’éclater, nous n’en pouvons plus. Il est très difficile de trouver le bon médecin pour une TCC .
Merci pour votre écoute.
Nicolas Sarrasin says
Bonjour Valérie,
Je compatis avec ce que vous vivez.
L’agressivité d’un adolescent peut prendre de multiples sources qui peuvent être liées ou non au TOC. N’étant pas en mesure d’identifier toutes ces sources possibles, ce n’est en effet pas un sujet que j’aborde.
La période de l’adolescence est en soit difficile à différents niveaux (estime de soi, confiance, changements hormonaux, découverte de soi et des autres à travers la place qu’on occupe dans la société, premières déceptions amoureuses, etc.)
La souffrance liée au TOC peut évidemment aussi amplifier les autres causes possibles d’agressivité chez les adolescents.
Dans tous les cas, consulter un psychologue TCC spécialisé dans le traitement du TOC avec votre fils reste la meilleure chose à faire. Les psychologues peuvent fournir de l’aide sur un grand nombre de sujets, incluant l’agressivité des enfants. Il est même possible de consulter par vous-même sans la présence de votre fils pour obtenir des conseils et des pistes de solutions.
Enfin, mon programme Web pourra aussi vous aider à comprendre le TOC, son fonctionnement, ses pièges, de même que son traitement, surtout si vous en souffrez vous-même, et vous aidera à comprendre ce que vit votre fils pour intervenir de manière la plus adaptée possible auprès de lui.
Je vous souhaite le meilleur.