Ça se produit pendant une soirée à laquelle vous n’avez pas envie d’aller ou après avoir accepté de faire une tâche supplémentaire que vous avez de la difficulté à faire.
La capacité à dire non, à se désinvestir d’une situation, est très importante pour celles et ceux qui veulent survivre à la vie trépidante et aux relations exigeantes sans passer par au moins un burn-out…
Idéalement, nous acceptons les demandes des autres parce que nous en avons vraiment envie.
Mais est-ce toujours le cas ?
Trop souvent, nous disons oui pour ne pas heurter les autres, pour ne pas leur déplaire, pour leur faire plaisir…
Mais quand nous n’en pouvons plus, que nous sommes au bout du rouleau, nous nous défilons parfois de nos engagements et nous nous sentons coupables.
Dire non, un véritable supplice ?
Comment se fait-il qu’un malheureux petit mot de trois lettres nourrisse la conviction que nous sommes aussi détestables ?
Est-ce votre indéfectible disponibilité vous fait procrastiner, vous fait sentir comme des martyrs ?
C’est que le fait d’accepter sans cesse les demandes des autres nous inonde de responsabilités dont nous aurions (aussi, parfois) pu nous passer…
Marie Borrel écrit dans son livre 81 façons d’apprendre à dire non:
Oser dire non, c’est affirmer son existence et exposer ses vrais désirs. Pour certains, c’est aussi prendre le risque de ne plus être aimé. Mais au contraire ! C’est en affirmant clairement ce que l’on est que l’on a le plus de chances d’être aimés
Le fait de croire que vous perdez votre valeur personnelle lorsque vous dites non est un des symptômes du désir de plaire à tout prix.
Car nous avons tendance à mettre la barre un peu trop haut et à vouloir que tout soit parfait.
Pourtant, ce n’est pas en croulant de fatigue que l’on rend vraiment service aux autres.
Une histoire d’estime de soi… manquante
Tout ça me fait penser à une fille que j’ai connue plus jeune.
Elle est arrivée à pousser encore plus loin l’art de ne pas savoir dire non.
En fait, pour elle, mieux que de ne pas refuser les demandes, elle proposait plein de choses aux autres, comme ça, pour leur faire plaisir, par pure gentillesse…
Mais le problème, c’est qu’elle ne faisait jamais ce qu’elle proposait !
Elle voulait tant plaire aux autres qu’elle ne s’apercevait même pas qu’en ne faisant rien, elle obtenait exactement le contraire de l’appréciation qu’elle recherchait tant.
En décevant ainsi, elle déplaisait…
Cet exemple illustre à quel point la capacité à dire non est utile, car même si on peut décevoir un tantinet sur le coup, on est loin de la déception occasionnée par une personne qui accepte mais qui ne fait pas ce qu’elle a accepté de faire…
Test: Savez-vous dire non ?
Pourquoi ne pas commencer par un petit test, histoire de vous échauffer ?
Mon test n’a évidemment rien de scientifique, mais il pose certaines questions qui vous aideront à avoir une idée générale de l’enseigne à laquelle vous logez sur le sujet.
1. Est-ce que vous redoutez les critiques personnelles et les conflits au point de vouloir les éviter à tout prix ?
oui / non
2. Vous sentez-vous coupables pour un rien ?
oui / non
3. Avez-vous peur que les autres ne vous apprécient pas ou se désintéressent de vous ?
oui / non
4. Faites-vous de vos relations interpersonnelles la dimension la plus importante de votre vie, au point de vous oublier ?
oui / non
5. Devez-vous toujours réussir parfaitement tout ce que vous entreprenez ?
oui / non
Si vous avez répondu « oui » à plusieurs de ces questions, il y a de fortes chances que l’éventualité de dire « non » à quelqu’un soit pour vous un horrible cauchemar…
Dans ce cas, je vous invite ardemment à poursuivre votre lecture, car on commence la partie trucs et solutions !
4 trucs pour apprendre à dire non
Dire non n’est pas en soit très difficile.
C’est tout ce à quoi se rapporte ce petit mot dans nos pensées et dans notre vision de nous-mêmes qui le rend aussi difficile à prononcer…
1. Distorsions cognitives et recadrage
Pour apprendre à dire non, vous devez d’abord identifier la nature des pensées que vous y associez.
Vous dites-vous « Si je dis non, les autres me discréditeront et ne voudront plus me voir » ou « Je dois toujours dire oui pour que les autres m’apprécient » ?
Si tel est le cas, il est probable que ce soit ces pensées fausses et absolues qui vous fassent la vie dure.
Pour y remédier, une stratégie se nomme le recadrage.
Elle consiste à vous demander si vos conclusions sont réalistes et vous rendent vraiment service.
Le simple fait de prendre conscience de vos pensées irréalistes vous aidera à vous en libérer.
2. Rester sur les rails
Pour vous aider, vous pouvez aussi vous concentrer davantage sur ce que vous avez déjà entrepris de faire.
Cela vous donnera une raison supplémentaire de ne pas vous écarter de vos plans et d’éviter de vous perdre et de vous fatiguer.
Dire non vous permet donc de vous concentrer suffisamment sur ce que vous avez à faire pour obtenir des résultats concrets, au lieu de changer de direction sans cesse suivant les demandes des autres.
3. Bien comprendre de quoi il s’agit
Lorsqu’une personne vous demande quelque chose, soyez sûrs d’avoir bien compris la requête avant de répondre.
Si vous dites oui par pure bonne volonté à une demande (beaucoup) plus exigeante que prévu, vous vous en mordrez les doigts…
Vous pouvez attendre un peu avant d’acquiescer.
Si vous douter de pouvoir dire oui pour le moment, il pourra être encore temps de vous investir plus tard.
4. La peur du rejet et l’affirmation de soi
En somme, même si oser dire non s’apprend, cela devient plus difficile lorsque notre identité et notre estime de soi sont impliquées.
Mais il est toujours possible de sortir du cercle infernal de la peur et de la culpabilité.
Le livre S’affirmer et oser dire non de Christel Petitcollin pourra peut-être vous aider, car il propose des outils simples pour y parvenir.
Car il semble que ce soit toujours les premiers « non » qui sont les plus difficiles à dire…
Si vous adoptez l’attitude de la personne qui veut « sauver les autres », peu de temps se passera avant que les autres n’en profitent.
Ils iront vous voir d’abord et ignoreront les autres manières de régler leurs problèmes.
Rappelez-vous que tout le monde est en droit de dire non.
Dire non est normal, naturel.
Ça pousse dans les arbres, pour ainsi dire.
Vous pouvez donc éviter de conclure que les gens vous rejetteront automatiquement si vous ne consentez pas à tous leurs désirs…
Et que se passe-t-il, au travail par exemple, lorsqu’un ou une de vos collègues agit de manière intimidante et manipulatrice avec vous ?
Ce genre de situation est arrivée à des personnes que j’aime beaucoup dans mon entourage, et je peux dire que ça les mettait dans tous leurs états.
La personne déréglée du ciboulot qui menace et intimide les autres commence souvent par des tests.
Si on se laisse faire et qu’on ne s’affirme pas suffisamment, elle y voit un permis-gratuit-tout-inclus-pour-faire-la-vie-dure et n’hésite pas à l’utiliser le plus souvent possible.
À ces occasions, et surtout au début, il est très important de s’affirmer et de poser ses limites clairement pour éviter, justement, de fournir un tel permis à ces sympathiques intimidateurs.
Bien sûr, pour une personne qui manque d’aplomb, poser de telles limites est une véritable épreuve.
Mais, quand on y pense bien, payer le coût de ce stress vaudra largement la peine et vous fera économiser bien plus de souffrances que si vous laissez la bête vous dévorer…
Les 4 questions pour ne pas se faire prendre quand on dit « oui »…
Ces questions sont proposées par mon ami, le conférencier Stéphane Cordier:
- Qu’est-ce que l’autre attend précisément de moi ? (Lui poser clairement la question…)
- Ai-je l’envie, les compétences et les moyens pour intervenir correctement ?
- La personne qui me demande quelque chose est-elle prête à se prendre en charge elle-même ensuite ou va-t-elle me refiler son fardeau ?
- Quels sont les critères qui me permettront de juger quand ma mission d’aide est accomplie ?
7 manières de dire « non » dans différents contextes
1. Je ne peux pas maintenant, mais je pourrai peut-être plus tard
Vous pouvez vraiment avoir envie de dire oui mais ne pas avoir de temps libre.
Dans ce cas, vous pouvez offrir votre aide lorsque vous aurez plus de disponibilités.
Et si les autres ne peuvent pas vous attendre, ils trouveront bien quelqu’un d’autre !
- Avantage: Cela vous évitera de culpabiliser d’avoir dit non.
- Inconvénient: Il ne faut pas oublier que vous vous êtes rendus disponibles. Si vous dites que vous pouvez plus tard et que vous oubliez, on finira par croire que vous n’avez pas de parole…
2. Je n’aime pas faire ce genre de chose (de travail, etc.)
La vie n’est pas tissée que de peine, que diable !
Si vous n’aimez vraiment pas faire une tâche ou une activité particulière, pourquoi les feriez-vous si vous n’y êtes pas obligés ?
Rien ne sert d’avoir peur de montrer aux autres que vous n’appréciez pas certaines choses, vous en avez pleinement le droit.
3. Je me sens mal à l’aise
Il se peut aussi que vous vous sentiez mal à l’aise.
Il peut s’agir d’une activité qui implique certaines personnes ou qui soulèvent une problématique morale.
Vous vous respecterez davantage si vous évitez ce genre de situation.
La dernière fois qu’on m’a demandé de poser nu dans un calendrier de pompiers, j’ai refusé net.
Je considérais vraiment problématique qu’on me prenne pour un pompier alors que je n’ai jamais suivi la formation pour le devenir. C’est un bon exemple de problème moral…
4. J’ai d’autres engagements
À moins de disposer du don d’ubiquité qui permet d’être à deux endroits en même temps, vous ne pouvez pas dire oui à tout le monde.
Peu importe l’engagement que vous avez déjà pris, qu’il soit ou non important, vous avez le droit de dire non sans avoir à vous justifier.
5. Je dis oui à moi-même
Tout le monde a besoin de prendre du temps pour soi. À force de s’oublier, on finit par ne plus exister. Vous avez le droit à un peu d’égoïsme (mais pas trop, quand même 😉 ).
Vous pouvez même vous réserver un moment particulier à votre agenda. Mais ça, c’est si vous êtes vraiment trop trop tout le temps occupés. Parce que c’est un peu forcé quand même…
6. Je ne connais pas ce sujet
Les gens que vous côtoyez peuvent vous solliciter pour une foule d’activités.
Même s’il est utile de se lancer dans la nouveauté et de faire de nouveaux apprentissages, vous n’êtes pas obligés de dépasser votre seuil de compétence.
On pourra trouver une autre personne qui a les compétence ou l’expérience nécessaire.
7. Simplement dire non
Parfois, il est tout à fait correct de simplement dire NON.
Mais, dans ce cas, n’oubliez pas de le dire avec courtoisie, et sans montrer les dents, ni le majeur…
Le mini-journal de l’affirmation de soi
Voici une bonne manière d’améliorer votre capacité à dire non (lorsque cela est pertinent, bien entendu…
Le but n’est pas de dire non à tous en tout temps…)
Procurez-vous un petit calepin et photocopiez ou notez au tout début du calepin les stratégies pour dire non que nous venons de voir.
Ensuite, gardez ce calepin avec vous et notez-y le contexte, après coup, chaque fois que vous parviendrez à dire non.
Précisez aussi le type de stratégie que vous aurez utilisé.
Vous obtiendrez ainsi la preuve que vous avez été capable de dire non et vous saurez quelles stratégies vous utilisez le plus facilement.
Ce calepin deviendra également votre Journal du succès à vous affirmer, ce qui augmentera votre confiance à continuer !
Deux réflexions en terminant…
- Prenez conscience du fait que la cause la plus importante de votre incapacité à dire non est probablement la peur de déplaire aux autres. Pour vous libérer de cette peur, pensez à toutes les raisons pour lesquelles est n’est pas fondée.
- La difficulté à dire non vient aussi des exigences que vous entretenez envers vous-même. Vous en demandez-vous trop ? Si vous prenez conscience des conséquences désastreuses reliées à la surcharge de tout ce que vous avez à faire, cela vous aidera à être moins sévère envers vous-même.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Se poser les bonnes questions. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Est-ce que dire non est un véritable supplice pour vous ?
Au contraire, est-ce très facile, facile au point où cela vous crée des inimitiés ?
Vous avez des trucs pour nous aider à nous affirmer et à ne pas nous laisser brouter la laine sur le dos ?
Les commentaires sont là pour vous !
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