Un mot de Nic: Chères lectrices, chers lecteurs. J’ai le grand plaisir et l’immense honneur de publier ce premier texte de mon ami Jean-Guy. Il cherchait un endroit sur Internet où partager le fruit de ses réflexions, et je me suis dit que mon blogue pourrait bien l’accueillir à bras ouverts. Ses textes toucheront au développement personnel de manière parfois plus indirecte que les miens, mais ils seront toujours profonds, philosophiques, et parfois poétiques. Ils cadrent donc très bien avec ce que je veux vous offrir: une réflexion de qualité qui sort des sentiers battus. J’espère que vous apprécierez ! Alors sans plus tarder, le voici !
La place du virtuel dans nos vies
Un texte de Jean-Guy Olivier
Observez une équipe d’informaticiens au travail. Nul ne bouge. Une inertie physique qui pourrait laisser croire que personne ne travaille.
Et pourtant, ces personnes sont toutes très actives. Mais leur action porte sur quelque chose qu’on aurait eu peine à imaginer il y a tout juste cent ans: ils travaillent dans un environnement virtuel, ou pour mieux dire, ils sont plongés dans le monde virtuel.
Après des millénaires passés à retourner la terre, plier le métal ou construire des maisons, voici que l’être humain entre de plain-pied dans un monde auquel il ne semblait pas destiné.
Bien sûr que ces dernières années, un flot incessant de téléromans ou d’émissions de téléréalité nous auront habitués à demeurer assis pendant de longues heures, bien calés dans notre fauteuil.
La transformation du monde du travail avec les technologies de l’information fait en sorte qu’il semble maintenant tout naturel de travailler à la construction d’un train assis sur une chaise droite en face d’un écran. L’homo cyberneticus est né.
L’être humain moderne, après avoir passé de longues heures dans la forêt à couper des arbres, gardait ses précieuses heures de temps libre pour se reposer.
L’homo cyberneticus, une fois sa journée au bureau terminée, n’a qu’une envie: bouger un peu. Il envahit les centres de conditionnement physique et s’applique à redonner à son corps — qui n’a rien de virtuel —, un peu de vérité.
Mais le virtuel n’apporte pas que des contraintes et le monde réel, que du merveilleux.
Pour nous en convaincre, transportons-nous à la chapelle Sixtine, au Vatican, haut lieu de la culture où les touristes affluent en si grand nombre, que de contenir les hordes de visiteurs qui s’y présentent relève d’une logistique impressionnante.
Pour atteindre sa voûte, qui abrite les célèbres fresques de Michel-Ange, il vous faudra faire la file pendant quatre heures, souvent dans la chaleur suffocante de Rome.
Vous pouvez toutefois préférer un coupe-file, qu’on vous vendra à prix d’or, sauf qu’une fois parvenu à l’entrée des musées du Vatican, il vous faudra peut-être malgré tout attendre un peu pour laisser passer des groupes ou individus qui ont préséance sur les coupe-files.
Une fois à l’intérieur, il vous faudra déambuler dans d’interminables galeries, toutes remplies de trésors incomparables, certes, mais qui ne détournent guère le visiteur de son objectif: la précieuse voûte et ses célèbres fresques !
Une fois dans la salle rectangulaire de 40 par 13 mètres par où passent quotidiennement jusqu’à 20 000 personnes, on se rend compte que les lieux sont impropres à nous servir l’éblouissement attendu: dans un espace trop sombre, plusieurs centaines de spectateurs cherchent le bon angle pour admirer les peintures en tentant de s’éviter un torticolis ou de se faire marcher sur les pieds.
Ils se voient ensuite pressés vers la sortie, en se demandant pourquoi ils n’ont pu parvenir à l’extase.
Un touriste avisé aura préféré gaspiller tout ce temps à la terrasse d’un café en se remémorant le documentaire sur l’art romain et florentin qu’il a écouté la veille et dans lequel les chefs-d’œuvre de Michel-Ange, de Le Pérugin et de Botticelli lui sont apparus comme de pures merveilles.
Il a évité tous les désagréments de la visite, et qui plus est, n’a pas eu à ajouter son exhalaison au flot incessant de visiteurs qui, par leur nombre et en raison de la quantité incroyable de gaz carbonique qu’ils dégagent, risquent d’endommager irrémédiablement les magnifiques fresques qu’ils cherchent à contempler.
Et c’est sans compter l’empreinte écologique que tous les voyages associés à une telle visite laissent sur la ville éternelle…
Une vie informatiquement assistée ?
Dans le film belge Thomas est amoureux, de Pierre-Paul Renders, le personnage principal, Thomas, qui souffre d’agoraphobie, vit isolé du monde dans un appartement ultra équipé pour lui éviter d’avoir à sortir de chez lui.
Il se sert de son ordinateur et de son visiophone pour échanger avec son entourage, son psychologue, sa compagnie d’assurance (qui s’occupe de tout ce qui a trait à sa vie matérielle et affective), et Eva, une prostituée cybernétique, faite d’images de synthèse.
Il est complètement coupé du monde extérieur. Sa vie est devenue virtuelle à 100%.
Le film traite et essaie de rendre compte des effets positifs et négatifs de la présence des nouveaux médias dans nos vies et de l’influence qu’ils ont sur nos interrelations.
Quelle est la place de l’être humain face aux avancées technologiques ?
La communication de vive voix et la présence physique (en chair et en os) sont-elles appelées à disparaître ?
Mais une question plus troublante encore se pose: est-ce que le virtuel en viendra un jour à supplanter le réel, autrement dit, à devenir le seul «actuel» possible, rendant le réel pratiquement caduc ?
Mais pour répondre à cette question et en même temps tenter de clore le sujet, je vous invite à vivre l’expérience du saut à l’élastique (ou bungee).
Le virtuel: une réponse adaptée à notre environnement
Le bungee est une activité toute simple, car ne demandant aucun entrainement ni compétence particulière. On demandera au participant de se jeter dans le vide, avec, comme on le sait, une corde élastique attachée aux chevilles. Les sensations fortes provoquées par les effets du vertige, de la chute libre et des remontées et redescentes successives auront sur le participant un effet extrêmement stimulant.
Il pourra témoigner de son expérience en matière de sensations comme lui ayant procuré davantage de satisfaction que ce qu’il s’était imaginé.
Imaginer, c’est le mot. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Dans toutes ses tentatives de vaincre ses peurs et de conquérir le monde, l’imagination précède aujourd’hui son action, et devient pour l’être humain un fantastique moteur à son développement.
Le virtuel n’est peut-être finalement qu’un moyen tout simple dont nous nous sommes dotés pour à la fois contrer le non-sens écologique de certaines activités matérielles et redonner au monde matériel le souffle qui commençait à lui manquer.
Un nouvel Eldorado
Le premier être humain qui s’adonna à contempler une rose n’est-il pas le même que celui qui un jour songea à la couper et à la mettre dans un vase, à la dessiner ou à la peindre.
N’était-il pas dans l’ordre des choses de chercher par la suite à en reproduire les effluves et les enfermer dans un flacon pour pouvoir en disposer au moment souhaité.
Et le parfum de la rose ainsi recréé, n’est-il pas tout autant «réel» que «virtuel».
Dans de telles conditions, comment ne pas espérer que l’homo cyberneticus apprivoise de mieux en mieux le monde virtuel qui s’ouvre à lui. Et que son corps, qui lui a semblé pendant des millénaires une limite, lui apparaisse à l’évidence comme une chance.
Et surtout, comment ne pas être certain qu’il n’aura de cesse d’apprendre à mieux aimer la vie, qu’elle soit virtuelle ou concrète, et à la transcender, par-delà le temps ?
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