Cet article fait partie de ma série sur le traitement du trouble obsessionnel-compulsif (TOC).
À travers cette série, j’aborde différentes facettes du traitement et je réponds à plusieurs questions que vous vous posez probablement.
Cet article aborde une dimension fondamentale pour traiter le TOC: 5 prérequis importants qui augmentent significativement vos chances de succès.
Tout d’abord, comme je l’ai mentionné dans d’autres articles, si vous souffrez du trouble obsessionnel-compulsif, le meilleur moyen d’aller mieux est, sans conteste, de le traiter (et de ne pas attendre pour le faire).
Et parmi les innombrables possibilités de traitement qui s’offrent à vous, la psychothérapie cognitivo-comportementale, et spécifiquement celle dite d’exposition avec prévention de la réponse, est reconnue scientifiquement comme étant la plus efficace.
Et la bonne nouvelle, c’est que le TOC se traite très bien lorsque la bonne approche est utilisée.
Mais une fois que cela est dit, il reste bien des idées fausses à clarifier sur le sujet et des prérequis qui aident à obtenir de bons résultats en psychothérapie.
Prérequis 1: Une idée fausse à combattre (d’abord)
L’une des idées fausses qui est sans doute la plus répandue consiste à croire que la psychothérapie a un effet «magique», pour ainsi dire, même si on ne l’exprime pas nécessairement en ces termes.
Plus particulièrement, cette idée consiste à croire que l’on ira mieux simplement en entrant dans le cabinet du psychologue, en parlant de ce qui ne va pas, et en répétant les rencontres jusqu’au moment où il vous dira «vous êtes guéri».
En d’autres mots, cette idée consiste à croire que le simple fait de consulter un psychologue permet de guérir.
Bien sûr, parfois, simplement parler fait du bien.
On peut prendre conscience de certaines choses et améliorer sa perspective.
Mais cela n’est pas suffisant quand il s’agit du TOC.
On doit traiter les pensées intrusives (obsessions) à leur source en parlant un langage que le cerveau comprend véritablement: l’exposition et la prévention de la réponse.
Et malheureusement, de nombreuses personnes qui souffrent du TOC ne savent pas qui consulter et souvent ne consultent même pas de psychologues certifiés.
Ainsi, elles n’obtiennent pas de résultats, elles se découragent et renoncent à traiter leur TOC parce qu’elles croient qu’aucune solution ne fonctionne.
C’est pourquoi corriger cette fausse croyance à l’effet que simplement «parler» en consultation permet de régler le problème est une étape fondamentale.
Non: on ne doit pas seulement parler.
On doit comprendre le TOC, son fonctionnement, ses pièges, on doit pouvoir identifier ses obsessions et ses compulsions et, surtout, on doit appliquer les exercices d’exposition avec prévention de la réponse (idéalement chaque jour).
Cette précision faite, passons aux autres «prérequis» importants pour obtenir les meilleurs résultats possibles lorsque vous consultez le bon type de thérapeute (psychologue TCC) et que vous réalisez avec lui/elle le bon type de traitement (exposition avec prévention de la réponse).
Prérequis 2: Reconnaître le problème (une évidence pas si évidente)
Cela peut sembler évident, et même inutile de le préciser: quand on consulte, c’est qu’on reconnaît qu’on souffre et qu’il y a un problème à régler.
Mais cette prise de conscience n’est pas toujours aussi facile ou «complète» qu’on le croit.
À ce titre, l’élément probablement le plus important est de ne pas se contenter d’une position passive où la seule action serait de se rendre aux séances de consultation et/ou à la prise de médicaments.
Comme je l’expliquais plus haut, l’amélioration psychothérapeutique demande de sortir de la pensée magique, de l’idée que tout ira mieux sans faire d’effort.
Reconnaître le problème est une première étape, mais la volonté de prendre la responsabilité de le régler (avec de l’aide), donc de faire des efforts et d’être patient, fait partie intégrante de la solution.
Prérequis 3: L’ouverture à changer votre perspective
Le TOC a deux causes principales:
1. La manière dont vous percevez vos pensées intrusives et y réagissez (lorsque vous les combattez, les rejetez, etc.)
2. Votre cerveau qui est biologiquement plus sensible que la moyenne à identifier (souvent à tort) des sources d’inquiétudes ou des dangers (ce qui cause de l’anxiété).
Ce troisième prérequis, celui d’ouverture à changer votre perspective, s’attaquera à la première de ces deux causes.
Les études en psychologie démontrent que tout le monde a des pensées intrusives à différents moments et une part de ces pensées ont des thèmes dérangeants, voire immoraux et même violents et meurtriers (thèmes typiques du TOC de la phobie d’impulsion).
Mais la majorité de la population ne se préoccupe pas de ces pensées, les laisse aller et, ce faisant, ne s’aperçoit même pas que de telles pensées se manifestent puisqu’aucune attention ne leur est accordée.
Au contraire, les personnes qui souffrent de TOC, parce que leur cerveau est très sensible à percevoir et imaginer des dangers (cause 2), accordent une grande attention à leurs pensées intrusives et s’en inquiètent.
Cela les porte à les combattre et à mordre à l’hameçon mental, comme je l’explique dans mon livre sur les pensées intrusives.
Ainsi, plus vous combattez vos pensées, plus vous vous en inquiétez, et plus vous les imprimez fortement dans les réseaux de neurones de votre cerveau, ce qui les fait revenir plus souvent, vous inquiète davantage et vous porte à les rejeter encore plus (compulsions).
C’est de cette manière que le cercle vicieux obsessions-compulsions du TOC se met en place (son «piège» principal).
Pour réussir à traiter votre TOC, vous devez donc prendre conscience que certaines croyances au sujet de vos propres pensées contribuent à entretenir votre souffrance.
C’est pourquoi l’ouverture est un prérequis très important à la base de toute réussite psychothérapeutique.
Car une personne qui n’a pas l’ouverture nécessaire pour réviser ses croyances au sujet de ses pensées continuera à y réagir d’une manière contre-productive et se maintiendra dans le piège du TOC.
Voici un exemple concret à travers un cas fictif. Appelons-le Philippe.
Philippe souffre du TOC de la peur d’être homosexuel.
Une des raisons qui le portent à s’inquiéter autant de ses pensées intrusives à thématiques homosexuelles réside dans le fait qu’il croit qu’elles sont le signe de son homosexualité qu’il aurait refoulée.
Cette croyance dans le refoulement de l’homosexualité le porte à donner une grande importance à ses obsessions (pensées intrusives) et à s’en inquiéter, car il a toujours été hétérosexuel et se trouve bien dans son orientation sexuelle.
Heureusement, Philippe consulte une psychologue certifiée qui a une solide formation scientifique, qui utilise l’approche cognitivo-comportementale et qui sait comment traiter le TOC.
Cette dernière lui explique que la notion de refoulement est dépassée et que cette théorie freudienne (psychanalyse) a été réfutée par la recherche en psychologie depuis un moment déjà.
Malgré ces explications, Philippe n’a pas l’ouverture nécessaire et il refuse de réviser ses croyances à l’effet que le refoulement (de l’homosexualité ou de quoi que ce soit d’autre) n’existe pas…
Ainsi, en refusant les explications et les données scientifiques, Philippe s’accroche à de fausses croyances sur la nature de ses pensées intrusives homosexuelles, ce qui le porte à continuer à les combattre et à rester pris dans le piège du TOC.
Aussi compétente et humaine que soit sa psychologue, personne d’autre que Philippe ne peut accepter de changer les croyances qui nourrissent sa souffrance et il s’empêche d’adopter la posture mentale qui lui permettrait de guérir.
De la même manière, personne d’autre que vous ne peut cultiver l’ouverture nécessaire pour remettre en question certaines croyances qui vous maintiennent dans la souffrance du TOC.
C’est pourquoi le fait d’être ouvert à changer est un prérequis capital sans lequel aucune amélioration psychothérapeutique ne sera possible.
Prérequis 4: Savoir que vous devrez changer vos habitudes face à vos pensées intrusives
Ce quatrième prérequis s’attaque à la seconde cause du TOC, probablement la plus importante, celle qui vient du cerveau.
Voici comment je pourrais en formuler le contexte:
1. Votre cerveau est plus sensible que la moyenne à s’inquiéter et à identifier des problèmes et des dangers, qu’ils soient réels ou non (cause 2 présentée plus haut);
2. Cette sensibilité vous a porté à réagir fortement à vos pensées (l’hameçon mental, principal piège du TOC dont je parle aussi plus haut), ce qui les a imprimées plus profondément dans vos réseaux de neurones et les a rendues plus accessibles.
3. La répétition de ce comportement (survenue des obsessions et réponse par des compulsions) a créé une habitude dans votre manière de vivre vos pensées intrusives, et c’est cette habitude qui entretient le cercle vicieux du TOC (cycle infini des obsessions-compulsions).
Le résultat est que les réseaux de neurones associés aux pensées qui portent sur les sujets qui vous dérangent et vous font peur sont devenus très sensibles, très «excitables».
C’est pourquoi vos pensées reviennent plus souvent.
C’est la raison pour laquelle vous êtes constamment sur le qui-vive, à surveiller vos pensées, à tenter de repérer dans votre environnement tout ce qui pourrait être problématique en relation à ce qui vous inquiète.
Vos réseaux de neurones se sont renforcés à mesure que vous avez développé l’habitude de réagir à vos pensées, de vous en inquiéter et de les combattre.
Et ces habitudes ne se changent pas toutes seules.
Si, avec le prérequis 3, vous savez que vous devez changer certaines croyances fausses qui vous portent à réagir à vos pensées, ce quatrième prérequis implique d’aller plus loin, en parlant à votre cerveau en utilisant littéralement son «langage».
Car vous aurez beau tenter de vous convaincre rationnellement que vous n’avez pas à avoir peur de vos pensées, qu’elles ne signifient rien, ce ne sera jamais suffisant.
Votre cerveau continuera à y réagir fortement et les arguments, même les plus rationnels, n’auront pas de prise sur lui.
C’est ainsi que vous devez apprendre à parler son langage, et c’est exactement ce que le traitement d’exposition avec prévention de la réponse vous permet de faire.
L’exposition vous permet de prouver à votre cerveau, en utilisant son langage, qu’il n’a pas à craindre les pensées intrusives (obsessions).
Et la prévention de la réponse vous permet d’apprendre à cesser d’y réagir par des compulsions.
C’est ainsi que, progressivement, vous développerez de nouvelles (bonnes) habitudes qui n’effaceront pas les anciennes (mauvaises), mais qui prendront progressivement leur place jusqu’à ce que les anciennes habitudes se relâchent progressivement à mesure que vous n’y recourrez plus.
Mais ce traitement ne doit pas s’improviser et il nécessite un cadre clair, comme nous le verrons dans la dernière section de cet article.
Prérequis 5: Passer à l’action (pour vrai)
Enfin, le dernier prérequis, qui fait écho à l’idée fausse dont je parlais au prérequis 1 associée à une certaine «pensée magique», consiste à être prêt à passer à l’action pour traiter son TOC.
En effet, le traitement d’exposition avec prévention de la réponse, en plus des apprentissages importants qu’il permet de faire sur le fonctionnement du TOC et sur ses pièges, demande d’être actif et de faire les exercices du traitement (idéalement) chaque jour, donc le plus souvent hors des consultations avec votre psychologue.
Ces efforts demandent une dose de motivation, le désir réel d’aller mieux et de développer de nouvelles bonnes habitudes face à vos pensées intrusives.
Sans action de votre part, aucune amélioration durable ne pourra se produire, et c’est la raison pour laquelle il s’agit également d’un prérequis incontournable.
Mais j’espère ne pas vous décourager en vous présentant ces prérequis.
En fait, la plupart des personnes qui choisissent de consulter et de traiter leur TOC souffrent suffisamment pour avoir pris la décision de faire ce qu’il faut pour améliorer les choses.
Elles ont donc déjà intégré la plupart de ces prérequis.
Les connaître vous aidera à obtenir les beaux succès que vous méritez.
Comment mon travail et mes ressources peuvent vous aider à réussir
Puisqu’une grande part du succès du traitement découle de votre compréhension du TOC et du fonctionnement de l’exposition avec prévention de la réponse, il est important que la personne que vous consulterez ait de bonnes capacités à expliquer le TOC, ses symptômes, ses pièges et son traitement.
Pour vous aider dans vos démarches et pour compléter ce que vous fournira votre psychologue, j’ai conçu plusieurs formations vidéo qui contiennent également du texte explicatif et des exercices (ainsi que des fichiers pdf à télécharger).
Ces formations vous fourniront un cadre clair et des explications qui vous aideront à avancer, et qui aident un nombre croissant de personnes à travers toute la francophonie.
Ces ressources pour vous aider sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Et je répète qu’il est important de consulter, notamment pour obtenir un diagnostic.
Pour le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Laisser un commentaire