Cet article fait partie de ma série sur les pensées intrusives.
Les pensées intrusives se nomment aussi les obsessions, l’un des symptômes principaux du trouble obsessionnel compulsif.
Elles prennent la forme de pensées, d’images statiques ou mouvantes, de peurs, de doutes, d’impression et même de sensations.
Les obsessions suscitent beaucoup de souffrance, notamment de l’anxiété.
Dans cet article, je vais répondre à une question que se posent plusieurs personnes qui souffrent de TOC: pourquoi vos pensées intrusives et vos peurs peuvent-elles se manifester à travers vos rêves?
J’ai déjà reçu le message suivant de la part d’un abonné à ma chaîne YouTube:
Il disait ceci:
«J'ai une idée de sujet qui pourrait être intéressant: c'est sur la manifestation des TOCS pendant que l'on dort, car je fais des rêves à propos de mon TOC qui viennent renforcer mes doutes de manière importante.»
Pour expliquer le phénomène, je dois d’abord résumer ce qui se passe quand on souffre du trouble obsessionnel-compulsif.
Le TOC se manifeste d’abord à travers des pensées intrusives, des doutes et des peurs.
Ce sont les obsessions.
Ces obsessions sont perçues comme étant hautement indésirables.
En conséquence, elles sont source d’anxiété et les personnes qui en souffrent les combattent et tentent activement de s’en débarrasser.
Cette réaction constitue l’un des pièges importants du TOC: plus vous tentez de vous débarrasser de vos pensées indésirables et plus ces dernières se font insistantes et occupent votre esprit.
Plus votre anxiété risque aussi de monter.
C’est ce contexte des symptômes du TOC qui, pour ainsi dire, met la table pour que les obsessions puissent se manifester aussi dans vos rêves.
Puisque vos pensées intrusives vous inquiètent et que le TOC a une base anxieuse, il est normal de rêver à ces pensées puisqu’elles occupent beaucoup votre esprit.
Même si la connaissance en psychologie sur le sujet a avancé, on explique encore mal les rêves.
Certaines hypothèses concerneraient le fait que les rêves reflèteraient le renforcement des réseaux de neurones reliés notamment aux nouveaux apprentissages réalisés dans la journée.
En relation à ce sujet, voici une expérience personnelle.
Quand j’étais jeune, lors de mon premier jour de travail de mon premier emploi, on m’a expliqué toutes les tâches que j’aurais à accomplir.
Cela impliquait beaucoup d’apprentissages et je vivais une certaine anxiété relativement à cette toute nouvelle expérience.
Mon esprit a donc été concentré sur ces nouvelles informations (tâches) toute la journée.
Pendant cette nuit-là, j’ai beaucoup rêvé à mon nouveau travail.
J’ai même eu l’impression d’y rêver toute la nuit.
Je me voyais réaliser encore et encore les nouvelles tâches que j’avais apprises.
Mon cerveau consolidait ainsi les nouvelles informations apprises pendant la journée.
Mais l’anxiété joue aussi un rôle dans nos rêves.
Lorsqu’un sujet nous stresse, nous y pensons beaucoup et nous avons plus de risques que ce dernier occupe nos rêves pendant notre sommeil.
Par exemple, la veille de notre départ en voyage, ma conjointe et moi avons déjà failli manquer notre avion parce que le réveille-matin n’avait pas sonné!
Depuis, la nuit précédant un départ en avion le matin, j’ai tendance à mal dormir et il m’est déjà arrivé de rêver que nous manquions l’avion.
Vos pensées intrusives peuvent aussi sembler se mélanger à vos rêves dans un état de demi-sommeil si votre anxiété vous empêche de dormir profondément.
Le TOC implique donc plusieurs phénomènes liés aux rêves.
D’abord, le fait que vous concentriez autant d’attention à vos pensées intrusives, à vos peurs et à vos doutes contribue à les encoder plus profondément dans votre mémoire.
À force d’y penser et de vous en inquiéter, votre cerveau les apprend de plus en plus, ce qui peut contribuer à en rêver à cause de la consolidation de la mémoire.
D’un autre côté, vos obsessions sont aussi interprétées à tort comme un problème important ou un danger, et elles suscitent de l’anxiété.
Cela peut aussi contribuer à les faire occuper vos rêves.
Et comme la suggestion de sujet que j’ai reçue de la part de celui dont le contenu des rêves contient ses obsessions, il précise que cela augmente ses doutes.
Alors si, comme lui, vous vous inquiétez davantage parce que vous avez rêvé à vos obsessions, cela illustre bien le piège du TOC.
Comme je l’explique en détail dans mon livre sur les pensées intrusives et obsessionnelles, ce piège consiste à vous faire accorder une grande importance à vos pensées, même quand elles occupent vos rêves.
Je vous rappelle que vos pensées intrusives et vos doutes ne sont que des obsessions.
Ces pensées ne sont donc qu’un symptôme et elles ne signifient rien sur vous, elles ne reflètent aucun problème, ni danger, et le piège est justement de leur accorder de l’attention et de vous en inquiéter.
C’est ce piège du TOC qui génère autant d’anxiété et fait revenir les pensés, les peurs et les doutes avec plus de force en les encodant profondément dans votre mémoire.
Si vous vous inquiétez du fait d’y rêver, cela signifie seulement que vous tombez dans le piège du TOC et vous cherchez probablement à vous en rassurer en cherchant sur Internet, ce qui vous a peut-être fait tomber sur cet article.
Vous êtes donc simplement pris dans les symptômes du TOC.
Je n’écris pas «simplement» pour minimiser votre souffrance mais pour mentionner qu’il ne s’agit que de symptômes, et rien de ce que vous craignez en relation à vos obsessions n’est vrai ni fondé: cela est aussi un symptôme du TOC, qui porte à confondre ce qu’on imagine avec la réalité.
En conséquence, si vous désirez regagner votre qualité de vie et vous libérer des peurs et des doutes, qu’ils se manifestent ou non dans vos rêves, vous devez faire la seule chose constructive, c'est-à-dire traiter votre TOC.
Le traitement qui est reconnu par les études en psychologie comme étant le plus efficace se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) ce traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mais il est aussi recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Mel dit
Bonjour Nicolas,
Cela fait plusieurs fois que je tombe sur votre site suite à des questionnements à ce sujet, longuement discuté avec ma psy (et dont la conclusion reste la même: c’est une obsession).
Cependant, même si j’ai déjà dû en parler en thérapie, je ne me souviens pas de la réponse ou explication car j’étais fermée dans ces angoisses et ruminations. Qu’en est-il des rêves avec des « sensations » ? Une forme d’excitation soudaine qui réveille. Elle est quasi systématique/instantanée quand je fais un rêve « homo ». Je mets entre guillemets car elle ne met pas forcément en scène des personnes qui ont des relations sexuelles, ou des scènes avec des tensions sexuelles ou d’érotisme, mais il y a toujours cette thématique sous-jacente.
Alors on me parle évidemment des rêves qui nous rapprochent de notre féminité ou masculinité, et je sais aussi que j’avais un gros problème d’estime de moi et avec ma féminité (bref tout ce qui se rapporte à la thérapie) mais ce sont ces sensations d’excitation qui m’obsèdent maintenant et que je ne comprends pas. Cela fait longtemps que je n’avais pas ruminé à ce sujet (presque 2 ans) je pensais en être débarrassé mais il a suffi d’un rêve de ce type pour que ça reparte comme en 40.
Merci d’avance pour votre réponse!
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour,
En fait, quand on souffre de TOC, il faut comprendre que toutes les questions et les inquiétudes que l’on a par rapport à ses pensées, sensations, rêves, etc. sont toutes simplement le signe que le cerveau est devenu hypersensible face à un thème duquel il a peur (obsessions) et il cherche à s’en rassurer sans cesse de toutes les manières possibles (compulsions).
Malheureusement, les compulsions, même si elles soulagent sur le coup, entretiennent et empirent la sensibilité du cerveau et nourrissent le problème. Je ne répondrai donc pas à vos “inquiétudes” face à vos rêves, puisqu’il s’agit d’une compulsion et que je ne participerai pas à vos symptômes puisque mon but est d’aider et le fait de rassurer va plutôt entretenir et empirer le problème.
Puisque vous ne semblez jamais avoir traité votre TOC correctement et que vous ne semblez pas non plus identifier vos symptômes, je vous invite plutôt fortement à vous concentrer à apprendre sur le TOC, son fonctionnement, ses pièges, et surtout comment le traiter en utilisant la thérapie TCC la plus efficace dont je parle partout sur mon site et qui se nomme l’exposition avec prévention de la réponse. J’ai d’ailleurs créé un programme web vidéo qui explique comment appliquer cette thérapie de manière autodirigée. Je vous recommande donc de traiter votre TOC si vous désirez regagner votre qualité de vie de façon durable, car le TOC essaie toujours de revenir sous un thème ou un un autre et le fait de ne pas l’identifier ni savoir le traiter vous conduit à en souffrir inutilement sans cesse.
Je vous souhaite le meilleur.
Lucille dit
Bonjour,
Je souffre de pensées intrusives depuis un an. Je suis épuisée.
Et récemment, elles apparaissent dans mes rêves, ce qui me met dans un désarroi total.
J’ai l’impression que quand je vais mieux, elles me “rattrapent” la nuit…
Ça renforce en effet la sensation qu’elles disent quelque chose de moi.
J’aimais dormir. Mais depuis, même ces moments-là sont redoutés.
Quelle lutte…
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Lucille,
Si vous désirez arrêter de souffrir, vous devez traiter votre TOC correctement.
Car tant que vous “luttez” et donnez du crédit à vos pensées à travers l’hypersensibilité de votre cerveau qui a inventé ces peurs, vous entretiendrez le problème sans le savoir et sans le vouloir.
C’est pourquoi il est aussi important d’apprendre à arrêter les TOCS de la bonne manière.
Je vous souhaite le meilleur.
Lou dit
Bonjour,
Depuis 3 ans, j’ai une phobie d’impulsion qui a été diagnostiquée sur la peur d’aimer les enfants.
Cette nuit, j’ai fait un rêve où ma thérapeute me disait, que je n’avais pas de toc, que c’était la réalité et «d’accepter qui j’étais pour mieux vivre» je me suis réveillé en sursaut et très mal.
Je me mets à douter, j’ai peur que ce soit la réalité. Ou simplement un cauchemar..
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour,
Ces peurs sont en effet la base du TOC qui les portent à occuper sans cesse votre esprit, même dans vos rêves, comme je l’explique dans mon article.
Mais le plus important est ceci: si vous désirez sortir du TOC et de ces peurs, vous devez le traiter correctement.
Je vous souhaite le meilleur.
Kam dit
Bonjour,
Je souhaite parler de mon histoire terrible avec ce TOC, accrochez vous bien.
J’ai eu ce toc homo qui m’a fais faire une énorme dépression. Avant ce TOC, mon passé anxieux se portait sur les maladies physiques et un jour les maladies mentales.
J’ai eu peur en premier lieu de la schizophrénie, et ça a doucement dévié sur le la peur des pédophiles puis celle d’être homo.
J’allais horriblement mal du fait de la dépression et sa durée et j’ai fini en hospitalisation. Et là-bas on ne veut pas écouter quand je parle que je soufre possiblement d’un TOC.
Au final, mes craintes s’étaient fortement ancrées sur les rêves, notamment j’en ressors 2 mois après avec pour diagnostic psychose ou en gros schizo, mais on sait pas encore.
C’était il y a 15 ans. J’ai pendant ces années repris ma vie normalement, j’ai réussi à me défaire de ce TOC et à ne pas trop porter d’attention à leur diagnostic affreux.
En 2022, en période sans activité, je repense à ce passé horrible et je suis honteux d’avoir vécu cela. Sentant que la dépression m’envahissait à nouveau, je retourne voir mon psychiatre qui m’avait suivi en libéral à l’époque, je lui explique mes états d’âme et boum nouveau coup de massue je reçois le diagnostic de trouble de l’humeur.
Aujourd’hui, je suis totalement piégé par des obsessions et tortures d’esprit, à savoir suis-je malade comme ils l’ont dit, et ne parvenant pas à m’en défaire. Je tiens à vous prémunir du risque de voir un psychiatre et comment je peux moi maintenant retrouver une sérénité, quelle formidable erreur de ma part d’avoir réouvert les portes fermées de mon passé.
Merci pour votre lecture.
Amicalement.
Nicolas Sarrasin dit
Je compatis avec votre situation. Le TOC est très fréquemment confondu avec autre chose et il est sujet à de mauvais diagnostics très fréquents. Il existe même des études scientifiques en psychologie sur le sujet de ces nombreux mauvais diagnostics.
En voici un exemple: Kimberly Glazier, Matt Swing et Lata K. McGinn, «Half of obsessive-compulsive disorder cases misdiagnosed: vignette-based survey of primary care physicians», dans Journal of Clinical Psychiatry, 2015 vol. 76, no 6, p. e761-e767.
C’est la raison pour laquelle je recommande toujours de consulter un psychologue d’orientation TCC qui est spécialisé dans le TOC. Ce sont les spécialistes les mieux outillés pour reconnaître efficacement ses symptômes et pour proposer un plan de traitement adapté, qui passe par la réalisation des exercices TCC d’exposition avec prévention de la réponse.
Je vous souhaite le meilleur.