Salut tout le monde, c’est Nic. Il y a peu de temps, je me suis fait contacter par Quentin. Il m’a proposé de publier dans mon blogue un article invité sur un sujet qui le touche beaucoup: la phobie sociale. Il en a souffert et cela a gravement nui à sa qualité de vie. Mais il en est sorti victorieux! J’ai donc accepté avec enthousiasme. Voici donc son témoignage inspirant et porteur d’espoir.
Bonjour à vous, je m’appelle Quentin.
Lorsque j’ai appris que j’étais victime de phobie sociale, j’ai presque poussé un ouf de soulagement.
Quoi? Vous pensez que je suis fou?
Au premier abord, je vous comprends. Mais attendez de lire ce qui suit.
Si vous en souffrez, vous vous reconnaîtrez sans doute si je vous dis que les personnes victimes d’anxiété sociale ont le plus grand mal à parler de leur maladie.
À tel point que même leur entourage le plus proche l’ignore totalement.
Peut-être que ce récit vous éclairera, et vous incitera à prendre les devants.
Du moins, je l’espère!
Voici mon histoire, celle d’un phobique social qui, après des années de souffrance, a décidé de s’en libérer une bonne fois pour toutes. Et j’ai réussi!
À moitié témoignage, à moitié guide pratique, mon témoignage vous dévoile comment j’ai fait pour vaincre ma phobie.
Quand tout allait bien
Avant de vous parler de ma phobie sociale, revenons en arrière. Revenons au temps où tout allait pour le mieux.
Je m’épanouissais à l’école, j’étais plutôt en tête de classe.
J’avais de nombreux copains, je plaisais plus ou moins aux filles et je faisais quelques bêtises comme tout enfant qui se respecte...
Je me souviens des parties de foot le soir après l’école. Je me souviens des anniversaires entre amis, ou bien des rares devoirs à faire le week-end.
En bref, j’étais un enfant heureux, souriant, pour qui le monde n’était qu’un terrain de jeu à conquérir.
Mais bientôt, les anniversaires se transformèrent en soirées, et les parties de foot endiablées laissèrent leur place aux nombreux devoirs après les cours.
C’était un tournant dans ma vie, et je ne le savais pas encore…
Les premiers signes inaperçus de la phobie sociale
J’entrais alors dans la période compliquée de l’adolescence.
Vinrent avec elle mes premiers complexes, mes premières angoisses et mes premières rencontres amoureuses.
J’étais un ado tout ce qu’il y avait de plus basique.
Je complexais sur certains traits de mon apparence physique, je me menais la vie dure pour plaire à ces demoiselles et je faisais le pitre en classe, où j’avais des notes moyennes.
Comme la plupart des élèves, je commençais bien l’année, et la finissais de manière moins conforme, car j’avais moins de motivation…
Cette époque marquait le début de troubles que j’ignorais alors complètement.
C’était l’époque de mes premières soirées, l’époque de ma première copine et l’époque de mes premières expériences avec l’alcool et le cannabis.
Finalement, rien de vraiment anormal pour un jeune, n’est-ce pas?
De la réussite à la chute
Mais d’année en année, certains événements s’intensifièrent.
J’ai redoublé une classe, car les cours ne m’intéressaient pas. Ma «crise d’ado» a fait des siennes.
Mais un souci majeur fit son apparition.
Comme toujours, je commençais l’année scolaire plein d’énergie. J’étais, sans aucune prétention, dans les trois premiers de ma classe.
Mais lors des derniers mois de l’année scolaire, je commençais à me détacher complètement des cours.
La perte de motivation était telle que je séchais l’école.
Au début, c’était une fois par semaine. Puis deux. Puis trois. Jusqu’à louper des jours entiers.
J’ai pourtant réussi mon examen de fin d’études sans trop de problèmes, bien que j’aie manqué des semaines de cours.
Et c’est le même scénario qui s’est répété lorsque j’ai continué mes études pendant deux ans.
Les professeurs n’en revenaient pas: je passais du trio de tête à la fin de classe en quelques mois.
Plusieurs rendez-vous avec le directeur n’ont pas suffi à éclairer la situation.
Et j’étais le premier à me poser cette question: pourquoi?
Pourquoi tout foutre en l’air à chaque fois que j’arrivais si près du but?
J’obtins malgré tout mon diplôme sans trop de problèmes.
Je décidai alors de tenter un concours pour entrer dans les meilleures business school de France.
Mes parents avaient eu la gentillesse de me payer une préparation de plusieurs semaines afin de mettre le maximum de chances de mon côté.
Mais devinez quoi?
Je n’y suis pas allé une seule fois.
Mais encore une fois, je m’en tirai merveilleusement bien. J’étais admis dans toutes les écoles! Il ne me restait qu’à passer les oraux.
Et c’est à ce moment que les premières interrogations sur ma stabilité mentale firent leur apparition.
Les prémisses d’une triste découverte
J’ai passé les oraux des écoles sans trop de difficultés. En fait, j’étais plutôt à l’aise avec cet exercice.
Mais il y avait UNE école particulièrement difficile, presque inatteignable. Mes chances d’admission étaient de l’ordre des 10%.
Et je me souviendrai de ce jour toute ma vie.
C’était un mardi après-midi.
J’étais tranquillement assis dans le canapé en train de regarder Roland-Garros à la télévision lorsque ma mère fit irruption dans le salon:
− Quentin, tu n’avais pas ton entretien aujourd’hui?
Temps de latence.
Impossible que j’aie pu oublier ce jour si important. Impossible.
Je sors mon téléphone. Si, c’était aujourd’hui!
− Si…
C’est tout ce que j’ai trouvé à répondre.
Vous imaginez sans doute la scène qui suivit. Ma mère en colère et moi dépité, ne comprenant pas comment j’ai pu oublier cette date si importante.
Soudain, une idée me titilla l’esprit.
Et si… et si j’avais fait exprès?
Et si j’avais loupé volontairement cet oral?
Oui, mais pourquoi?
Je n’ai pas trouvé la réponse à cette question. Tout du moins le jour même.
Mais cette expérience désastreuse me trotta dans la tête pendant un moment.
Le jour où j’ai craqué
Finalement, j’ai entamé mon cursus dans une grande école de commerce, certes moins grande que celle dont j’avais manqué l’entretien, mais honorable tout de même.
Mais cette fois-ci, il n’a pas fallu attendre la fin de l’année pour que je commence à sécher les cours.
Dès le premier mois, j’ai loupé plusieurs jours de cours. Parfois, je partais même en plein milieu.
Jusqu’au jour où je n’y suis jamais retourné.
Bien étendu, mes parents n’étaient au courant de rien.
J’ai tenu un mois et demi.
Un mois et demi en mentant à ma famille, en faisant semblant d’aller en cours.
Certains jours, je pouvais rester à la maison, car il n’y avait personne. Mais d’autres, je devais faire «comme si», en sortant et en rentrant aux mêmes horaires habituels.
Vous vous demandez sûrement ce que je faisais alors pendant mes sorties?
Tout et rien.
J’allais lire un livre au parc à côté de chez moi. Je me promenais. J’allais voir des amis. Mais même pour eux, je sortais de moins en moins les voir…
Puis un beau jour, j’ai craqué.
Je n’en pouvais plus.
Je n’en pouvais plus de gâcher ma vie comme cela, à chaque fois, de m’autosaboter.
Je n’en pouvais plus de mentir à mes parents tous les jours, en leur faisant croire que «Oui, j’ai eu une bonne note aujourd’hui» ou «Non, je n’ai pas eu cours cet après-midi».
Alors un mercredi matin, je suis sorti de ma chambre, et j’ai retrouvé mon père dans le salon.
J’ai eu le temps de m’asseoir dans un fauteuil et de dire «Papa, il faut que je te parle...», avant d’éclater en sanglots.
Pour vous dire, je ne pleure jamais.
Mon père a tout de suite compris que je n’allais vraiment pas bien.
Je lui ai tout déballé. De A à Z.
Mon Dieu, je me rappelle encore le sentiment (trop court cependant) de soulagement après m’être confessé.
Mon père a fait preuve d’une grande compassion, et nous avons pris rendez-vous chez un psychiatre.
Un mot sur mes symptômes de phobie sociale: enfin!
J’attendais avec tellement d’impatience ce rendez-vous.
J’avais déjà vu au cours de ces dernières années plusieurs psychologues afin de partager mon anxiété permanente. Mais aucun ne m’avait vraiment aidé.
Finalement, le jour J arriva.
J’ai passé plus d’une heure et demie à déballer tous mes symptômes, à répondre aux questions et à passer divers tests.
Le résultat était catégorique: je souffrais d’une phobie sociale généralisée.
C’est quoi docteur?
Voici l’explication qu’il m’a donnée:
«Une phobie sociale, c'est la peur intense et persistante de se retrouver dans une situation où l'on doit parler, donner son avis ou faire quelque chose sous le regard d'une ou de plusieurs personnes.
Vous vivez cette situation comme un danger, car vous vous sentez mis à l'épreuve, jugé, observé, et vous redoutez d'être critiqué, humilié, de transpirer, de rougir.
Vous avez peur de ne pas savoir gérer, de perdre vos moyens, que ce que vous dites soit estimé inintéressant, inapproprié, bête.
Vous pensez que vous ne savez pas faire les choses ni vous exprimer correctement et qu'en raison de cela on va vous tourner en ridicule puis rire de votre malaise.
Maintenant, la phobie sociale se guérit tout à fait. Vous allez commencer une thérapie de groupe, avec d’autres personnes victimes de la même maladie que vous.
En plus de ça, vous aurez une séance par semaine avec une psychologue afin d’apprendre à mieux connaître vos émotions.
Et enfin, je vous fais commencer un traitement avec des antidépresseurs.
Ça vous convient?»
Bien sûr que ça me convenait!
À cet instant, j’étais prêt à tout pour vaincre cette fichue phobie sociale et retrouver une vie normale.
Le psychiatre m’arrêta également l’école pour une durée d’un an, jusqu’à ce que j’aille mieux.
Remonter la pente… pour mieux glisser
Je commençais alors tranquillement ma thérapie de groupe.
Parallèlement à cette activité, je prenais des antidépresseurs afin de soulager mes symptômes d’anxiété, que je ressentais toute la journée.
Oppression dans la poitrine, souffle court, mains moites… enfin je pense que vous voyez très bien de quoi je parle.
Bien que mon avis sur les antidépresseurs ne soit pas très positif, encore moins aujourd’hui, je ne peux pas nier une chose: depuis que j’ai commencé le traitement de ma phobie sociale, mes crises de paralysie du sommeil ont totalement disparu.
Moi qui en faisais presque quotidiennement en m’endormant, j’étais libéré de cette horrible expérience.
Mais bon, c’était bien le seul effet positif que j’ai ressenti en prenant ce type de médicament.
Au bout de quelques semaines, je ne voyais aucune amélioration digne de ce nom.
J’avançais à pas de fourmi…
Et ma motivation baissait au fur et à mesure que les semaines passaient.
J’en ai donc parlé avec le psychiatre. Celui-ci prit la décision de m’admettre à l’hôpital de jour, où je ferais diverses activités, plusieurs fois par semaine.
Quelques semaines plus tard, je ne voyais toujours aucun changement significatif.
Pourtant, entre les rendez-vous avec le psychiatre, une psychologue, la thérapie de groupe et l’hôpital de jour, j’étais entouré.
Et mon portefeuille en prenait un sévère coup, bien que mes parents m’aidaient un petit peu.
Face à cette situation qui ne s’arrangeait pas, mon moral tomba à zéro.
Je fus déclaré dépressif par les médecins, et on augmenta mes doses de médicaments.
Ainsi que j’ai nommé cette partie de mon histoire, j’avais remonté un peu la pente, pour mieux glisser…
La renaissance
Puis un jour, j’ai de nouveau craqué.
J’en avais par-dessus la tête de ces thérapies de groupe, de cet hôpital aux activités bizarres et de ces rendez-vous où je passais mon temps à raconter mes journées monotones.
Alors j’ai décidé d’arrêter.
Du jour au lendemain, j’ai appelé, appelé pour dire que j’en avais marre et que j’allais me prendre en main tout seul.
Dans un premier temps, je voulais absolument me débarrasser des symptômes trop handicapants de mon anxiété.
Et plus question de compter sur les médicaments!
Alors, j’ai expérimenté.
Pendant plusieurs semaines, j’ai testé.
En achetant des dizaines de livres, j’ai essayé un grand nombre de solutions pour calmer mes angoisses.
Bien que je sache que les causes profondes de mon anxiété étaient dues à ma phobie sociale, je devais, dans un premier temps, essayer de gérer mon anxiété, et la faire diminuer.
Techniques de respiration, méditation, hypnose, changement de mes habitudes alimentaires, activités physiques, plantes, j’ai essayé une vaste panoplie pour, au final, ne retenir que ce qui fonctionnait le mieux pour moi.
Et vous savez quoi?
En l’espace de quelques semaines, je voyais déjà quelques changements positifs, sans que cela m’ait coûté des milliers d’euros comme auparavant.
Une fois capable de gérer au mieux mon anxiété, de prévenir une crise d’angoisse et de maîtriser mon corps, j’ai entrepris de vaincre ma phobie sociale.
Comment j’ai fait?
J’ai utilisé les diverses choses que j’avais apprises lors de mes thérapies précédentes, j’ai ajouté les connaissances tirées de mes lectures et de mes expériences personnelles pour, au final, me faire un programme progressif sur plusieurs semaines.
J’allais guérir petit à petit, et chaque pas me rapprocherait de la guérison.
Au fur et à mesure, mon état s’améliorait.
Je recommençais à voir mes amis, à sortir boire un verre avec une fille, parfois même, à faire quelques courses au centre commercial.
Tous les jours, je pratiquais des exercices d’exposition, une stratégie issue de la psychothérapie cognitivo-comportementale reconnue pour son efficacité contre les phobies, et je notais mes résultats dans un tableau spécifique.
Quand j’avais un petit coup de mou, je me référais au tableau, et je regardais d’où j’étais parti.
De manière certaine, je progressais.
Je suis phobique social, mais j’allais bientôt connaître la renaissance. Il n’en pouvait être autrement.
La fin du calvaire, le début d’une nouvelle vie
J’aurais aimé vous dire qu’un beau jour, je me suis réveillé en me disant que ça y est, que je n’étais plus phobique social.
Mais ça ne se passe pas vraiment comme ça.
Le changement se fait sur la durée.
On ne se rend pas compte instantanément de nos progrès.
C’est seulement après plusieurs semaines de recul qu’on se dit: «Tiens, il y a quelques mois, c’était simplement impossible que je fasse ça!»
J’ai repris les cours l’année suivante, complètement épanoui.
Je sors de nouveau normalement. J’ai même trouvé une copine les quelques mois qui ont suivi.
Finalement, je suis ressorti grandi de cette épreuve!
Alors si vous ne devez retenir qu’une chose de mon histoire, c’est que vous pouvez vous faire accompagner par les meilleurs spécialistes du monde, la seule personne qui pourra vous guérir, c’est vous-même.
Car toute thérapie vise à apporter les changements nécessaires à notre guérison, et ces changements, nous sommes les seuls à être en mesure de les apporter (bien que se faire guider par les meilleures ressources soit aussi hyper-important).
Une fois que vous aurez compris cela, alors vous pourrez commencer vous aussi le chemin vers votre renaissance.
Alors je vous recommande de suivre une psychothérapie avec un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale, pour bien comprendre le chemin à parcourir, éviter les erreurs et enfin aller mieux.
Vous avez vous aussi un témoignage à partager?
Vous avez obtenu vous aussi des résultats pour traiter votre phobie sociale?
Vous avez des questions?
Les commentaires sont là pour vous!
À propos
Quentin
Haguet
Je m’appelle Quentin et j’étais en dernière année dans une école de commerce à Lyon. Il y a un an, j’ai dû arrêter mes études à cause d’une maladie: la phobie sociale. J’ai traversé une période très difficile où j’ai mis énormément de temps et épuisé beaucoup d’énergie à comprendre ce qui m’arrivait. J’ai tout essayé pour m’en sortir: les psychiatres, les psychologues, les médicaments, rien n’y faisait complètement. L’anxiété et la dépression m’empêchaient encore de vivre. Mais aujourd’hui, grâce à un gros travail personnel, je vais beaucoup mieux.
YOUSSEF a écrit
Bonjour, je m’appelle Youssef.
j’ai 25 ans, je suis phobique social. Je viens de consulter un psychiatre et il m’a prescrit des antidépresseurs mais j’hésite à les prendre parce que ça réduit les symptômes mais ça ne résoudre pas le problème. Que me conseillez-vous?
Merci.
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Youssef,
Je suis désolé pour ce que vous vivez. Heureusement, il existe de nombreuses ressources pour vous aider. Les antidépresseurs sont un excellent complément à une thérapie avec un psychologue (d’orientation cognitivo-comportementale, ou TCC). Plusieurs études ont démontré que ce duo (psychothérapie et antidépresseurs) donne d’excellents résultats.
Si vous n’arrivez pas à trouver de psychologues TCC près de chez vous, voici un article qui vous explique comment vous pouvez profiter en consulter en ligne, donc à distance.
Enfin, sur mon site, vous pouvez aussi lire cet article qui explique comment fonctionne la base du traitement de la phobie sociale.
Je vous souhaite le meilleur.
Tarel a écrit
Bonjour, je souffre d’anxiété sociale depuis longtemps par intermittence selon des environnements stressants et agressifs, particulièrement au niveau professionnel… C’est une grosse souffrance.
Les anxiolytiques m’aident beaucoup mais j’aimerais trouver la source de ce mal qui me ronge.
Avez-vous des conseils ?
Merci.
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Tarel,
Je compatis avec ce que vous vivez. Si vous désirez en apprendre davantage sur le sujet, je vous invite à lire cet article qui présente une perspective détaillée sur la phobie sociale, de même que cet article qui présente des pistes de solutions complémentaires pour traiter cette anxiété particulière.
Je vous souhaite le meilleur.
Mara a écrit
Bravo à Quentin pour son parcours. J’ai décidé de me mettre au travail moi aussi. J’ai l’impression de subir énormément cette phobie et que plus je la subis, plus elle me ronge, mais maintenant j’en ai assez. Je vais me retrousser les manches et petit à petit, affronter mes peurs… avec détermination et bienveillance. Courage à tous ceux qui vivent dans cette situation, vous n’êtes pas seuls, et nous avons le pouvoir de changer ! Grosses bises à tous !
Rosine a écrit
Bonjour Quentin,
Que je suis heureuse de vous lire et de me retrouver… Tout a commencé sans crier gare… avec des épisodes distincts: ne pas arriver à conduire seule, démissionner de ma fonction de sapeur pompier volontaire (le combat de toute une vie, j’ai aujourd’hui 50 ans, car j’ai trop peur de rater mes gestes devant mes collègues ou le SAMU, ne plus arriver à aller à des soirées par peur de ne rien avoir à dire tellement je me sens nulle).
À cet instant précis où je vous écris, j’étais censée être à un repas pour le départ à la retraite d’une collègue de mon mari. Peur de ne pas être à ma place, de n’avoir rien à dire. Et dans une semaine, je devrais être au mariage d’un ami de très longue date. J’ai acheté puis renvoyé ma tenue. A quoi bon me faire belle ? je n’irai pas en ayant évidemment un bon prétexte comme une migraine ou une gastro… Lorsque mon mari se préparait, seul, il y a quelques jours, je faisais bonne figure: “je suis crevée, et puis ce sont tes collègues. C’est bien de ne pas faire tout ensemble.” Mais une fois la voiture loin, la colère m’a prise car je voudrais y aller mais une force m’en empêche.
Ensuite, les larmes… Et cela se répète de plus en plus, et si je regarde dans le passé, c’est loin d’être nouveau. En janvier, j’ai fait demi-tour à 3 stations de métro. Est-ce que ma tenue était correcte ? Qu’allais-je dire aux inconnus ? C’était une pendaison de crémaillère.
Bref, je me suis retrouvée assise dans le métro pour rentrer chez moi. Le texto, qui n’aura évidemment eu aucune réponse était le suivant “souffrant d’une migraine qui ne veut pas passer, je rentre chez moi pour dormir. Passez une belle soirée, tu me raconteras”. J’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre. Car plus l’événement a d’importance à mes yeux et représente du bonheur, moins j’arrive à y aller. J’ai consulté pour la conduite mais je réalise maintenant qu’il y a autre chose. Je me suis mise à faire des recherches découvrant ce soir cette notion de phobie sociale.
Merci beaucoup pour votre témoignage qui commence à mettre le doigt sur une problématique récurrente dans ma vie.
Rosine
Sania a écrit
Bonjour,
Rosine, vous avez raconté ma vie. On dirait que c’est moi qui a tout raconté.
Courage à nous.
Sania