Dans cet article, je répondrai à la question suivante: est-il possible d’être ou de devenir schizophrène et de commettre l’irréparable si vous souffrez de phobie d’impulsion?
Autrement dit, la phobie d’impulsion peut-elle correspondre à la possibilité de perdre le contact avec la réalité et d’agir selon vos pensées agressives et meurtrières?
La phobie d’impulsion est un type de trouble obsessionnel-compulsif qui implique le plus souvent la peur de se faire du mal ou de faire du mal aux autres sur le coup de l’impulsion.
Les personnes qui souffrent de telles peurs vivent un haut niveau d’anxiété et se posent de nombreuses questions.
Si vous êtes dans cette situation, c’est pour vous aider que j’ai créé la série d’articles sur la phobie d’impulsion dont celui-ci fait partie.
J’ai aussi créé un module Web vidéo sur le traitement de la phobie d’impulsion qui explique comment utiliser les meilleures méthodes et exercices pour vous en libérer.
Mais lisez d’abord cet article jusqu’à la fin: il vous aidera à comprendre ce que vous vivez et il vous référera aux meilleures méthodes pour vous libérer une fois pour toutes à cette peur d’avoir fait quelque chose de grave.
D’où vient cette peur que votre phobie d’impulsion cache en fait la schizophrénie
Vous me direz si je me trompe, mais si vous lisez cet article, cela est probablement dû au contexte suivant.
Tout d’abord, vous souffrez de pensées intrusives dont le contenu est agressif, violent, voire meurtrier.
Et ces pensées vous font très peur.
Alors, pour vous rassurer, vous cherchez sur Internet pour savoir si vos pensées pourraient vous faire perdre le contrôle.
Vous avez peur de perdre la tête et de commettre les actes de vos pensées et qui vous effraient.
Et le malheur, c’est qu’au cours de vos recherches pour vous rassurer, vous êtes tombé sur des articles et/ou des vidéos qui racontent des histoires de personnes qui ont vraiment perdu le contrôle et qui ont commis l’irréparable.
Ces histoires impliquent probablement des personnes qui souffrent de schizophrénie, qui ont perdu le contact avec la réalité et qui ont réalisé des meurtres, par exemple.
En lisant de telles histoires, plutôt que d’être rassuré, vous vous inquiétez davantage.
Vous vous êtes mis à avoir peur de devenir schizophrène.
En fait, votre anxiété est montée en flèche et vous cherchez maintenant de nouveau à vous rassurer pour savoir si vous pourriez être schizophrène et commettre de tels actes vous aussi.
Si ce scénario ressemble à ce que vous vivez, ce n’est pas une surprise, car chercher à se rassurer quand on souffre de phobie d’impulsion est très courant, et s’inquiéter de ce que l’on trouve est tout aussi fréquent.
Ce sur quoi vous tombez lorsque vous faites de telles recherches a donc tendance à vous inquiéter davantage plutôt que de calmer votre angoisse.
Bien sûr, peut-être connaissez-vous déjà la phobie d’impulsion et n’êtes pas tombé sur mon article de cette manière.
Mais ce scénario est néanmoins fréquent pour un grand nombre de personnes dans la même situation que la vôtre.
Si je suis capable de résumer les grandes lignes de ce que vous vivez, ce n’est parce que je suis devin.
C’est que ce comportement est typique du trouble obsessionnel-compulsif.
Et si vous ne le saviez pas, la phobie d’impulsion est un TOC tout ce qu’il y a de plus authentique.
Les pensées qui vous effraient sont vos obsessions, et les tentatives de vous rassurer sont des compulsions.
Je dois donc aussi vous dire que les compulsions ne vous permettent en aucun cas de régler le problème.
Mais cela, vous le savez déjà puisque vos tentatives de vous rassurer non seulement n’ont pas fait disparaître vos peurs, mais elles en ont ajouté à mesure que vous tombiez sur de nouvelles informations qui vous inquiétaient.
Les histoires de schizophrènes qui ont réalisé le pire sont rares.
Si vous êtes tombé sur de telles histoires, c’est qu’elles font les choux gras des médias et c’est ce qui donne l’impression que ces situations peuvent se produire fréquemment.
Il s’agit pourtant d’exceptions.
Les schizophrènes agissent très rarement de cette manière et sont le plus souvent absolument pacifiques.
Il s’agit donc de rares cas et particuliers qu’il ne faut pas généraliser.
Et surtout, la phobie d’impulsion est différente de la schizophrénie.
Comprendre la différence entre la phobie d’impulsion et la schizophrénie
Comme le définit l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en France, la schizophrénie est une pathologie psychiatrique chronique complexe qui implique une perte de contact avec la réalité (distincte de l'impression de ne plus être dans son corps due à la dépersonnalisation/déréalisation que vivent les personnes très anxieuses).
Elle se manifeste par trois types de symptômes distincts.
1. Il y a d’abord les délires et les hallucinations qui peuvent passer par la paranoïa, la mégalomanie et les hallucinations sensorielles.
2. Il y a ensuite un appauvrissement affectif et émotionnel.
Cela peut impliquer de se retirer de la société et de cesser les relations, la communication et exprimer peu d’émotions.
Dans les pires cas, il y a de la catatonie, donc plus aucun contact avec le monde extérieur.
3. Enfin, le troisième type de symptômes implique la désorganisation dans le comportement.
Cela signifie que la personne qui en souffre est incohérente dans sa pensée, ses paroles, ses actes.
Il y a une perte de logique, de concentration, et cela peut nuire à la réalisation des activités du quotidien, même les plus simples.
Vous voyez donc les nombreux symptômes possibles de la schizophrénie.
De son côté, la phobie d’impulsion est un trouble obsessionnel-compulsif, donc un trouble anxieux, et elle n’implique pas de perte de contact avec la réalité.
Encore une fois, la dépersonnalisation/déréalisation que peuvent vivre les personnes très anxieuses qui souffrent de TOC ne correspond pas à la perte de contact avec la réalité présente dans une psychose.
Le TOC est une maladie des peurs et des doutes, et c’est pourquoi vous vous inquiétez de tant de choses, comme le fait de croire à tort que votre phobie d’impulsion pourrait en fait être de la schizophrénie qui vous ferait passer à l'acte.
Comme les personnes hypocondriaques, un autre type de TOC qui implique la peur constante de tomber malade, vous êtes toujours à l’affût du danger de ce que pourraient représenter vos pensées.
Vous imaginez donc quantité de situations et de scénarios où le pire se réaliserait.
C’est pourquoi, en songeant à ces histoires où des personnes schizophrènes sont passées à l’acte, vous vous effrayez de savoir si cela pourrait vous arriver à vous aussi.
La schizophrénie et le trouble obsessionnel-compulsif sont deux troubles distincts.
Cela ne signifie donc pas que vous avez davantage de risques de passer à l’acte à cause de vos pensées: vos peurs sont justement la base des symptômes de la phobie d’impulsion qui est un TOC.
Les pensées qui vous font si peur ne sont pas dangereuses, ne signifient rien et elles ne peuvent pas vous faire agir contre votre volonté.
Un schizophrène en crise ne sait pas ce qui le touche.
Au contraire, vous avez bien conscience de vos pensées, de vos peurs, de votre angoisse.
En fait, vous avez même «trop» conscience de vos pensées car vous ne voudriez en aucun cas faire du mal.
Vous êtes donc très loin de vivre une perte de contact avec vous-même et avec la réalité.
Ce que vous ressentez d’étrange, même à travers des sensations physiques, est lié à un haut niveau d’anxiété et non pas à une crise psychotique.
La psychose implique des symptômes très différents de ceux du TOC.
Vous ne devez pas mélanger les choses et craindre d’agir de façon impulsive.
Encore une fois, cela n’a rien à voir avec le TOC.
Mais certaines personnes qui souffrent de phobie d’impulsion éprouvent un niveau de stress si élevé qu’elles vivent ce que l’on appelle de la dépersonnalisation/déréalisation.
La dépersonnalisation/déréalisation implique entre autres de se sentir détaché de son corps.
Les personnes qui en souffrent peuvent donc croire, à tort, qu’il s’agit d’une perte de contact avec la réalité qui correspond à de la schizophrénie.
Encore une fois, il ne faut pas mélanger les choses.
La dépersonnalisation/déréalisation est due à l’anxiété élevée et ne correspond pas à la perte de contact avec la réalité de la psychose.
Croire le contraire ne fait que nourrir vos peurs et votre anxiété tout à fait inutilement.
Comment vous libérer des peurs de votre phobie d'impulsion de manière durable
Si vous désirez vous libérer de vos pensées et de l’angoisse qu’elles vous font vivre, vous devez changer complètement d’approche.
Au lieu de chercher continuellement à vous rassurer, ce qui est une compulsion, vous devez réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse qui est le plus efficace pour traiter le TOC.
Mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» vous explique comment adapter et appliquer ce traitement à votre situation.
J'ai aussi créé un module complémentaire plus spécialisé qui vous aide à guérir de ce TOC de la phobie d'impulsion.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
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Mini-ebooks sur le TOC
Série de mini-ebooks introductifs pour vous aider à comprendre les différentes dimensions du TOC.
Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Mais avant de terminer, j’aimerais ajouter quelques nuances.
Je sais bien comment les personnes qui souffrent du TOC comme la phobie d’impulsion réagissent face à ce qui leur fait peur: elles sont très sensibles et s’inquiètent énormément au moindre doute sur leur situation.
Cette facilité à s’inquiéter provient des obsessions, un symptôme important du TOC.
C’est la raison pour laquelle j’insiste toujours pour que mes lecteurs évitent de confondre des risques réels avec des risques imaginés, une confusion qui constitue un autre symptôme important du trouble obsessionnel-compulsif.
Cela dit, même si les personnes qui souffrent de TOC n’ont pas plus de risques de souffrir de schizophrénie que la population en général, l’inverse n’est pas vrai.
Comme l’explique la International OCD Foundation (IOCDF) (1), si le trouble obsessionnel-compulsif touche de 1% à 3% de la population, de 12% à 25% des personnes qui souffrent de schizophrénie souffrent également de symptômes plus ou moins sévères du TOC (2).
Mais avant de prendre cette information pour vous inquiéter, comme vous avez probablement tendance à faire, lisez bien ce qui suit.
J’ai insisté sur le fait que les symptômes de la schizophrénie sont importants et évidents.
Ils impliquent notamment des délires, des hallucinations et de la désorganisation dans les paroles et le comportement.
Ces symptômes sont différents de ceux du TOC, bien que certaines obsessions (ex.: croire que compter à répétition un certain nombre de fois empêche une catastrophe de se produire) soient parfois confondues avec des idées délirantes de la schizophrénie, ce qui peut causer des erreurs de diagnostic.
Comme le mentionne le docteur Hudak de l’IOCDF, il arrive que des médicaments antipsychotiques soient prescrits à des personnes souffrant de TOC, et ces derniers ne sont pas efficaces pour elles (1).
En effet, il existe une distinction importante entre les obsessions du TOC et les délires de la schizophrénie.
Cette distinction est la suivante:
1. Les délires de la personne schizophrène sont cohérents avec l’image qu’elle se fait d’elle-même et avec ses valeurs.
Elle considère ses pensées délirantes comme étant correctes, normales même, et elle les accepte.
Elle n'est donc pas consciente de ce qu'elle vit.
On qualifie cela d'égosyntonique en psychologie.
2. Au contraire, les obsessions de la personne qui souffre de TOC ne correspondent pas à son identité ni à ses valeurs.
En conséquence, ses pensées sont hautement désagréables et elles sont source d’anxiété et d’angoisse, et elle est très consciente de ce qu'elle vit.
On qualifie cela d'égodystonique en psychologie.
J’espère que vous comprenez bien cette différence. Si ce n’est pas le cas, je vous invite à relire les paragraphes précédents.
Je me devais d’apporter ces nuances car il arrive assez souvent que des personnes schizophrènes souffrent aussi de TOC, même si l’inverse n’est pas vrai.
Car si mon objectif est d’aider les personnes qui souffrent de TOC, je dois aussi rester rigoureux dans ma démarche et ne pas donner l’impression que je veux simplement rassurer.
J’ai néanmoins fourni des précisions pour éviter que les personnes anxieuses qui souffrent de TOC ne s’inquiètent davantage.
J’espère donc que mes dernières précisions vous éviteront de vous inquiéter.
D’ailleurs, il faut aussi préciser que la schizophrénie se déclare habituellement à l’adolescence ou au jeune âge adulte (3).
Alors si vous souffrez de TOC et qu’on ne vous a jamais diagnostiqué de schizophrénie, c’est fort probablement parce que, justement, vous ne souffrez pas de schizophrénie.
Pour toutes les personnes qui souffrent de TOC, le docteur Hudak recommande d’ailleurs également de réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse, ce que mon programme Web vidéo autodirigé vous permet de faire.
En terminant, il est toujours recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour guérir le TOC.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
J’espère de tout cœur que cet article et mes ressources sur le TOC en ligne vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous avez d'autres interrogations, vous trouverez à la fin de mon article de référence sur la phobie d'impulsion la liste des articles à travers lesquels je fournis des réponses.
Si vous avez des questions ou aimeriez partager votre témoignage, les commentaires ci-dessous sont là pour vous.
Références
1. Robert Hudak, «Schizophrenia and OCD: A Consideration of Schizo-Obsessive Disorder», dans le site de l’International OCD Foundation.
2. Estêvão Scotti-Muzz et Osvaldo Luis Saide, «Schizo-obsessive spectrum disorders: an update», dans CNS Spectrums, 2017, vol. 22, p. 258-272.
3. Nitin Gogtay et al., «Age of Onset of Schizophrenia: Perspectives From Structural Neuroimaging Studies», dans Schizophrenia Bulletin, 2011, vol. 37, no 3, p. 504-513.
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