La première clé de la grandeur est d’être en réalité ce que nous semblons être. (Socrate)
Cet article est tout entier consacré aux stratégies qui aident à nous déconditionner de la manière négative de nous percevoir et de nous évaluer.
Les outils que je vais vous présenter vous permettront de nourrir votre identité et votre estime de soi !
Il y a plus de 2000 ans, attachée au flanc sud du mont Parnasse, la cité de Delphes était considérée comme l’une des plus anciennes à ce jour.
Les Grecs croyaient même que Delphes était le centre du monde, d’où son sobriquet de « nombril du monde » !
Dans cette ville se trouvait l’un des sanctuaires les plus révérés, celui d’Apollon.
Ce temple était très important à cause de son oracle.
Un oracle, c’était la réponse qu’un dieu (Apollon, dans ce cas) donnait à qui le consultait, habituellement au sujet de son avenir, mais c’était aussi le nom de la personne qui transmettait la prédiction.
Ainsi, pendant plus d’un millénaire, la pythie, prophétesse d’Apollon, a joué le rôle d’intermédiaire entre le dieu et les mortels qui le consultaient.
Sur les murs de ce vénérable sanctuaire étaient écrits les préceptes des sept sages.
L’un de ces préceptes invitait particulièrement à l’examen de soi et à la modération: « Connais-toi toi-même. »
Le philosophe Socrate en a même fait sa maxime personnelle.
Le titre de cet article fait donc référence à ce précepte.
J’en ai cependant modifié la formulation pour évoquer une question non moins fondamentale que la connaissance de soi: l’estime de soi.
En effet, comment pouvons-nous développer une identité équilibrée si nous ne désirons pas profondément être nous-mêmes ?
Comme nous l’avons vu, cependant, l’estime de soi n’est pas une panacée; il ne suffit pas de s’apprécier pour être heureux.
Encore faut-il s’accorder une valeur intrinsèque, fondamentale, sans se juger durement ni déprécier les autres.
Nous devons construire progressivement cette estime de soi à partir de ce que nous sommes.
Il serait futile de vouloir nous aimer d’un seul coup, artificiellement, en ne recherchant que les compliments, par exemple.
Pour compléter la perspective identitaire que je présente dans mon livre, voici quelques stratégies qui vous aideront à obtenir de bons résultats en matière d’estime de vous-même.
Ces stratégies s’inspirent en partie de la thérapie cognitive1 dont j’ai parlé précédemment.
Simplifiez tout ce qui est inutilement compliqué
Le comportement humain est extrêmement complexe et la science n’est pas encore prête à percer tous les mystères de notre cerveau.
Devant cette complexité, nous développons parfois des théories très élaborées pour expliquer notre état et éclairer ses sources obscures…
Malheureusement, au lieu de clarifier la situation, ces explications la rendent souvent encore plus confuse.
Une stratégie consiste donc à simplifier nos interprétations ainsi que les problèmes sur lesquels nous portons notre attention.
Cela évite de nous concentrer sur des détails inutiles… et souvent futiles.
Par exemple, à force de nous poser des questions sur nous-mêmes, nous finissons parfois par « trouver » des problèmes qui n’existent pas…
Actualisez votre vision de soi
Lorsque nous étions enfants, nous avions des peurs.
Nous avons aussi vécu des événements qui étaient traumatisants pour nous, à ce moment, dans notre peau d’enfant.
Le problème, c’est que plusieurs d’entre nous continuent d’entretenir des craintes et une vision de soi totalement irréalistes.
Pourquoi cela ?
Simplement parce qu’ils n’ont jamais révisé la validité ni la pertinence des informations qui soutiennent leurs croyances.
Par exemple, si vous avez vécu du rejet pendant votre jeunesse, cela vous a probablement blessé(e).
Cela a peut-être même mis en doute votre valeur personnelle.
Pourtant, aujourd’hui, vous savez très bien que les adolescents qui vous ont fait cette peine n’étaient pas conscients de leurs paroles ni de leurs actes.
Et vous savez surtout qu’ils ne disposaient d’aucun critère valide pour vous juger et encore moins pour vous rejeter.
Le processus d’actualisation de la vision soi consiste à faire une liste des croyances négatives et des craintes qui prennent leur source dans le passé. |
Vous pouvez ensuite recadrer ces croyances une à une pour savoir s’il vaut vraiment la peine de vous en préoccuper encore.
Dans la plupart des cas, la réponse sera un « NON » retentissant. 😉
Autrement dit, pour vous actualiser, vous devez passer au crible vos mauvais souvenirs.
Grâce à cet exercice, vous constaterez rapidement que les fausses conclusions que vous avez pu tirer il y a bien longtemps ne justifient pas que vous vous empoisonniez l’existence aujourd’hui !
Traitez la rumination: se concentrer non pas sur le passé, mais sur le présent et le futur
Comme nous venons de le voir, il n’est pas rare que nous accordions une très grande importance au passé.
Cette tendance constitue une autre source de confusion lorsque nous nous retrouvons face à nous-mêmes.
Parfois, nous nous concentrons presque obsessionnellement sur les événements négatifs de notre passé.
Nous maintenons ainsi notre identité dans un cycle destructeur.
Les personnes qui ruminent leur passé sont d’ailleurs celles dont l’identité est la plus incertaine.
Elles possèdent moins de repères sur elles-mêmes et leur rumination leur fait entretenir des doutes à leur égard.
Pourtant, nous ne pouvons pas changer les événements qui sont révolus !
Voici d’ailleurs le conseil que nous prodigue le neuropsychologue Daniel Schacter, un éminent spécialiste de la mémoire:
Le meilleur moyen [de remédier à la rumination] consiste peut-être à reconnaître combien nos connaissances, nos croyances et nos sentiments modifient nos souvenirs du passé et façonnent nos impressions des gens et des choses au présent.2
Autrement dit, seuls comptent les problèmes que vous vivez aujourd’hui !
Vous gagnez bien plus à corriger vos distorsions identitaires au présent, même si ce sont des événements passés qui en sont la cause.
La possibilité de vous concentrer sur le présent est la seule prise solide dont vous disposez.
Et seul le présent vous fournira la clarté et le pouvoir nécessaires pour améliorer votre avenir.
Soyez créatifs pour trouver de nouvelles solutions aux anciens problèmes !
Lorsque vous vous heurtez à un problème depuis longtemps, il est probable que vous finissiez par croire que ce problème est insoluble.
Est-ce si sûr ?
Il est peu probable que vous ayez essayé toutes les possibilités !
Nous n’essayons habituellement qu’un nombre limité de possibilités avant de conclure à l’échec.
Pourtant, il est toujours possible de trouver de nouvelles avenues !
Pour résoudre un problème, nous devons disposer des bonnes informations qui conduisent à la solution.
Tant que nous ne disposons pas de ces informations, nous ne parvenons à aucune solution, même si nous réfléchissons pendant des années !
La somme de ces informations de base se nomme « l’espace de réflexion » (ce article vous explique en détail ce fonctionnement).
Il s’agit de l’ensemble des possibilités que nous envisageons pour résoudre un problème.
Nous nous créons donc toujours un espace de réflexion lorsque nous interprétons les événements.
Malheureusement, nous n’avons jamais de consignes précises pour comprendre une situation problématique.
Chaque fois, nous devons construire un nouvel espace de réflexion à partir des informations dont nous disposons.
L’impasse surgit lorsque notre espace de réflexion ne permet pas d’obtenir de solution valable.
Et c’est là que nous pensons avoir tout essayé, alors que ce n’est pas le cas…
L’usage que nous faisons de l’espace de réflexion, une limite naturelle de notre cerveau, montre à quel point il est utile de rechercher de nouvelles possibilités.
Je vous suggère donc d’être créatifs dans la résolution de vos problèmes.
Par exemple, essayez de vous surprendre en empruntant un chemin diamétralement opposé à celui que vous avez toujours emprunté !
Être patient et persévérant
Rome ne s’est pas construite en un jour, dit-on.
Et comme cette pensée le suggère, votre vie ne s’améliorera pas instantanément… malheureusement.
Paradoxalement, il faut beaucoup de détermination pour être bien avec soi-même.
C’est la raison pour laquelle vous pouvez faire de votre équilibre (et de votre bonheur) un objectif quotidien.
Car vous n’obtiendrez aucun résultat si vous ne continuez pas chaque jour à combattre vos distorsions identitaires.
Vous serez heureux lorsque, grâce au recadrage, vous aurez pris de bonnes habitudes face à vous-même.
À ce moment, vous cultiverez patiemment une identité harmonieuse qui sera garante d’un insatiable goût pour la vie.
Et un jour, sans vous y attendre, vous constaterez que l’équilibre est devenu un état naturel !
Être tout ce que vous êtes et vous estimer pour vous-mêmes !
Vous n’existez pas seulement parce que les autres vous reconnaissent.
Au contraire, vous pouvez toujours augmenter votre autonomie et prendre conscience de vos manières d’interpréter la réalité et de réagir pour obtenir le meilleur de la vie.
Toutes les stratégies que je viens de vous présenter montrent que votre identité se compose des informations auxquelles vous croyez le plus.
Assurez-vous donc que ces informations sont valides, qu’elles garantissent votre équilibre et qu’elles vous rendent heureux.
Une identité saine et cohérente améliorera votre capacité d’introspection.
Elle vous aidera à mieux comprendre les événements et à harmoniser vos relations avec les autres.
Une telle identité vous permettra même d’éliminer l’orgueil et la susceptibilité lorsque ces attitudes se dressent contre votre bien-être et celui de vos proches.
Comme je le mentionnais au début de ce livre, notre identité constitue les fondations à partir desquelles nous pouvons assurer pour toujours les conditions de notre bien-être.
Et voici quelques-uns des visages que peut prendre ce bonheur:
- Être fiers de ce que nous sommes.
- Accepter la valeur réelle de nos accomplissements.
- Ne pas utiliser des critères injustes et invalides pour nous dénigrer.
- Reconnaître nos qualités et nos capacités.
- Être motivés dans tout ce que nous entreprenons.
- Avoir la certitude que nous pouvons atteindre nos objectifs et…
…Rester en paix avec nous-mêmes
L’identité est un ensemble complexe d’informations qui fonde notre personnalité, elle peut être la source de notre bien-être le plus intime.
Grâce au recadrage, nous avons vu qu’il est possible de maîtriser nos distorsions identitaires.
Mais il ne s’agit pas de nous durcir le cœur ni de réprimer nos émotions.
La distance de l’analyse que permet le recadrage régularise le contenu de notre identité et nous permet de rester solides face aux événements difficiles.
Mais nous avons aussi constaté les ravages que peuvent causer les distorsions identitaires…
De votre côté, le plus beau défi reste peut-être à accomplir.
Vous pouvez appliquer à votre profit les nombreuses stratégies que je vous ai proposées.
Grâce à vos efforts, vous apprendrez beaucoup sur ce que vous pensez de vous-même et sur la manière dont vous vous jugez.
Le recadrage vous aidera à trouver des manières plus constructives de vous percevoir.
Vous entretiendrez ainsi des croyances et des réactions qui ne nuisent ni à votre bien-être ni à celui des autres.
Vous veillerez aussi à ce que chaque nouvelle information soit pertinente et valide avant de lui donner du crédit et de l’intégrer à votre identité.
Mais surtout, vous ne conclurez plus contre vous-même lorsque vous n’avez aucune raison de le faire !
Contrairement aux réactions de défense, le recadrage est un processus conscient et actif qui met l’accent sur les causes actuelles de vos problèmes et sur la compréhension de vos émotions.
Vous dirigez votre attention sur vos manières d’interpréter les événements et vous savez comment ne pas vous rendre vous-mêmes malheureux.
Le contenu de votre identité s’améliorera ainsi au profit de votre bien-être, et vous en goûterez chaque jour les agréables conséquences:
- Vous vous connaîtrez mieux.
- Vous vous accorderez de la valeur et vous vous
- Vous voudrez réaliser des objectifs qui favoriseront votre succès, votre satisfaction et votre confiance.
- Vous évoluerez dans un contexte de vie sain, autant à travers vos occupations que vos relations interpersonnelles.
- Vous contrôlerez vos distorsions cognitives et identitaires.
- Vous vous évaluerez le moins possible et vous entretiendrez une opinion favorable de vous-même.
- Vous ne vous comparerez aux autres que pour vous améliorer et vous fréquenterez davantage de personnes constructives.
- Vous viserez généralement à vous améliorer.
- Et, surtout, vous resterez en paix avec vous-même !
Avec le temps, grâce à vos efforts, vous mettrez des ressources insoupçonnées à votre disposition, comme la confiance, l’estime de soi et la motivation.
Les personnes dont l’identité est équilibrée ont souvent une personnalité flamboyante, ce qui plaît aux autres et favorise des relations interpersonnelles enrichissantes.
Une telle identité vous aidera à développer votre sentiment d’appartenance et facilitera les échanges constructifs avec les autres.
Vous serez convaincus que votre valeur ne réside ni dans vos réalisations, ni dans votre apparence physique, ni dans votre position sociale, ni dans ce que les autres pensent de vous.
Une identité saine, solide, harmonieuse fera de vous une personne digne et libre !
Avant de terminer cet article, j’aimerais rappeler quelques valeurs fondamentales susceptibles d’enrichir votre quotidien.
Ces valeurs vous aideront à mettre en place les stratégies nécessaires pour maintenir votre bien-être identitaire.
Adopter une attitude active en cherchant à identifier les problèmes et à les régler
Au lieu de nous plaindre et de rester abattus, convaincus de ne pas pouvoir faire face aux différentes situations, il est plus constructif de voir toutes les possibilités dont nous disposons.
Le désir de changer les choses et le fait de croire en notre capacité fondamentale à nous améliorer sont les conditions fondamentales de la construction d’une identité équilibrée.
Devenir des experts de l’usage du recadrage
Sans le recadrage, la compréhension des événements et la maîtrise de nos comportements seraient extrêmement réduites.
Cette habileté nous permet de prendre une distance lucide par rapport à nos propres interprétations.
Ainsi, au lieu de seulement réagir, nous pouvons comprendre nos réactions pour apprendre à nous connaître et à corriger les pensées et les comportements qui nous rendent malheureux.
Cette maîtrise de soi fait de notre existence non pas un chemin tortueux pavé d’épreuves, mais plutôt une succession d’étapes constructives garantes de bien-être.
Rester suffisamment humbles pour admettre nos erreurs
Lorsque nous avons de l’estime pour nous-mêmes, nous avons la certitude de posséder une valeur intrinsèque. Nous nous acceptons complètement.
Il ne s’agit donc pas de fausse humilité ni du seul désir que les autres nous perçoivent favorablement.
L’humilité est le signe d’un profond équilibre identitaire.
En effet, lorsque notre identité est équilibrée, lorsque nous nous estimons réellement, nous savons que nous n’avons rien à perdre si nous nous trompons.
L’orgueil destructeur ne se manifeste pas…
Nous espérons parfois que les autres se souviennent longtemps de nous.
Mais notre réputation ne signifie rien dans la mesure où elle ne se situe que dans ce que les autres pensent de nous.
Or, le plus important, c’est ce que nous pensons de nous-mêmes.
Car l’estime de soi ne peut provenir que de nous-mêmes.
Une identité authentique reconnaît donc notre valeur universelle pour nous-mêmes et par nous-mêmes.
De ce fait, nous n’avons plus à nous préoccuper du jugement des autres, de nous tromper et de ne pas être parfaits…
Toujours respecter les autres et leur accorder suffisamment d’attention
Les personnes que nous fréquentons occupent une place privilégiée dans notre vie.
Le fait de bien nous entourer relève de notre responsabilité.
Nous pouvons donc adopter des attitudes constructives, ce qui nous aide à nous faire apprécier des autres.
Contrairement à ce que commande l’égocentrisme, nous gagnons toujours à rester ouverts aux autres et à leur manière de voir le monde.
Les autres sont aussi de merveilleuses occasions d’apprendre sur une foule de sujets.
Pour vivre en communauté, nous devons être capables de faire des compromis sans toutefois nier notre identité !
Ainsi, contrairement à Jean-Paul Sartre qui écrivait « L’enfer, c’est les autres » dans sa pièce de théâtre Huis clos, nous pouvons faire de nos relations le contexte privilégié dans lequel éclora notre bonheur.
En résumé, moins nous adoptons de croyances absolues et plus il est facile d’apporter des changements constructifs à notre identité au gré de nos contacts avec nos semblables.
Ici se termine notre fabuleux voyage au cœur de notre identité.
Avec le temps, si vous intégrez à votre quotidien les valeurs et les attitudes que nous avons abordées, vous constaterez (peut-être avec surprise ?) que votre vision de vous-même se sera améliorée autant que votre vie.
Vous aurez ainsi relevé le défi ambitieux qui consiste à vivre en paix avec vous-même. C’est ce que je vous souhaite de tout cœur !
Existe-t-il un bien-être plus profond que de se savoir maître de sa destinée ?
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Qui suis-je? Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Références
- Voir BECK, A. T.; Emery, G.; Greenberg, R. L. (1985), Anxiety disorders and phobias. A cognitive perspective, New York, Basic Books, 343 p.
- SCHACTER, D. L. (2001), The seven sins of memory: How the mind forgets and remembers, Boston, Houghton Mifflin, p. 160. Ma traduction.
Béatrice a écrit
Merci Nicolas et bravo !
J’ai passé un cap difficile et vos articles détaillés m’ont beaucoup aidée.
C’est merveilleux de pouvoir vous lire et d’avoir accès à toute cette littérature (!) psychologique simplifiée gratuitement !
Vous êtes utile aux autres… sachez-le !
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci beaucoup de vos bons mots !
Cela me fait toujours plaisir de savoir que mon travail est apprécié et utile ! 🙂