C’est une erreur de croire nécessairement faux ce que l’on ne comprend pas. (Gandhi)
Nous voici arrivés aux fameuses distorsions cognitives.
Je vous en ai parlé dans d’autres articles, mais celui-ci vous en propose une introduction très complète !
Si vous avez lu mes articles précédents, vous connaissez les principaux processus cognitifs de votre cerveau dont les limites sont à la source des distorsions.
Pour atteindre un état plus harmonieux, il est primordial de savoir identifier les erreurs et les conclusions néfastes qui surviennent lorsque nous interprétons les événements.
Ces erreurs et conclusions néfastes, autrement dit ces distorsions cognitives, nous les plaquons sans nous en rendre compte sur les événements quotidiens, assombrissant par la même occasion notre existence.
Dans cet article, vous apprendrez à reconnaître cette ennemie: la distorsion cognitive.
Cependant, comme je l’ai déjà mentionné, ce type d’erreur est absolument normal.
Il procède du fonctionnement naturel de nos processus cognitifs, de leurs limites.
Il ne faut donc pas se culpabiliser d’en faire, et aucune personne sur terre n’en est immunisée…
Et en avant les distorsions !
Comme nous l’avons vu dans mes articles précédents, notre cerveau a ses limites, et ce sont ces limites qui nous causent tous ces tracas.
Cette notion de limites de la rationalité provient de Herbert Simon1, un pionnier des sciences cognitives.
Daniel Kahneman et ses collègues, entre autres chercheurs, ont concentré leurs travaux dans ce domaine, plus précisément sur les manières dont l’être humain raisonne lorsqu’il n’a pas suffisamment d’informations.
De nombreuses autres recherches ont montré que l’être humain entretient une confiance exagérée dans la validité de ses croyances et dans les informations qui les appuient.
Par exemple, on relie souvent certains traits de personnalité, comme l’intelligence et l’assiduité au travail, aux résultats scolaires ou au succès professionnel alors que plusieurs autres facteurs sont également impliqués, comme le statut social et la gestion des émotions.
Pour résumer, « Il semble plus facile d’assimiler un fait nouveau à un modèle d’explication déjà existant plutôt que de réviser ce modèle à la lumière de ce fait […] »2.
Autrement dit, nous plaquons nos croyances et nos explications sur les événements, et nous les remettons rarement en question.
Ça nous fait gagner en efficacité mais ça peut aussi nous nuire énormément…
Nous sommes outillés pour traverser les aléas de notre existence, mais pas suffisamment pour éviter les erreurs.
Nous raisonnons quotidiennement sans tenir compte de nos limites puisque nous ne les connaissons pas !
Voilà pourquoi je vous aiderai à les comprendre, pour mieux les identifier et les empêcher de nuire.
Bienvenue dans le monde étrange et chaotique de la « vérité » des apparences, le monde des distorsions cognitives !
Tout d’abord, ces distorsions, en quoi consistent-elles ?
Rappelez-vous que votre cerveau utilise les informations reliées aux événements pour comprendre et réagir.
Je pourrais donc généralement définir les distorsions cognitives comme un traitement incorrect des informations dont nous disposons, traitement qui nous mène à des conclusions insuffisantes, fausses et négatives, dirigées contre nous-mêmes ou contre les autres.
De manière générale, les distorsions cognitives ressemblent à cette petite voix dans notre tête lorsqu’elle nous critique et nous dénigre.
Puisque ces conclusions forment nos croyances et puisque nos croyances fondent nos comportements, leurs conséquences néfastes se ramifient jusque dans les moindres recoins de notre existence.
Les distorsions cognitives sont faciles à commettre et sont même parfois dangereuses.
Elles se manifestent habituellement lorsque nos émotions sont sollicitées, pervertissant notre interprétation pour donner un visage faux et désagréable à nos conclusions.
Ce type d’erreur commande des comportements extrêmes, impulsifs, bref, le genre de comportements que nous risquons fort de regretter.
Notre malheur découle donc très souvent de cette manière erronée d’interpréter les événements.
Des exemples ? Les distorsions nous font parfois conclure que nous sommes justifiés d’être désagréables avec les autres ou que nous méritons leur attention et leur considération sans avoir à faire d’efforts.
Elles nous font aussi croire que nous sommes condamnés au malheur.
À cause d’elles, nous espérons que les choses changeront d’elles-mêmes sans avoir à faire quoi que ce soit.
Il est pourtant trompeur d’attendre une rétribution pour des souffrances qui, bien souvent, proviennent de notre manière de concevoir la vie !
D’où viennent les distorsions cognitives ?
Les interrogations sur la manière dont nous raisonnons ne datent pas d’hier.
Déjà, il y a plus de deux millénaires, les Grecs avaient compris qu’il était possible de donner à des informations fausses toute l’apparence de la vérité.
Certains d’entre eux ont même cherché les moyens les plus efficaces pour convaincre. On les appelait les « sophistes ».
Professeurs de l’art de bien parler, initiateurs de la rhétorique, mêlés à la politique, ils étaient spécialisés en étymologie et en grammaire, mais ils maîtrisaient surtout les différentes manières de formuler des arguments.
Même si l’apport philosophique des sophistes n’est pas négligeable, Platon leur imposera la réputation durable d’imposteurs et « d’amis des apparences ».
Pour lui, leur travail était contraire à la philosophie, une démarche toujours soucieuse de la vérité.
Toutefois, à travers les siècles, les penseurs ont poursuivi l’étude des raisonnements et de leur validité. Ils ont intéressé les philosophes, depuis Aristote, avec sa Poétique, jusqu’à Schopenhauer, avec l’Art d’avoir toujours raison.
Les rhétoriqueurs, orateurs et autres gens de politique – de Cicéron jusqu’à Calvin, Luther et même Voltaire – ont approfondi cet intérêt.
Aujourd’hui, la psychologie cognitive a beaucoup amélioré notre compréhension des raisonnements.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous savons maintenant que les erreurs de raisonnement ne se limitent pas à la manière dont nous présentons les arguments, comme avec les sophistes, mais qu’elles englobent les modes complexes d’interprétation.
Notre cerveau sait composer avec l’environnement.
Malheureusement, il y a beaucoup trop d’informations.
Alors même si ses mécanismes sont extrêmement efficaces, ils doivent néanmoins procéder à de continuelles simplifications du monde, à des approximations.
Pour observer ce processus à l’œuvre, remarquez la prochaine fois où des événements ne trouveront pas facilement d’explication.
Même si vous manquez d’informations, vous chercherez probablement quand même une signification.
Et vous continuerez tant que vous ne serez pas satisfaits, tant que votre interrogation n’aura pas trouvé une réponse, même insuffisante ou approximative.
Depuis la nuit des temps, pour survivre, l’être humain doit ainsi tenter sans cesse de comprendre le cours des événements, les causes de ce qui le menace.
C’est là que se manifestent souvent les distorsions cognitives, et c’est ce que nous allons nous efforcer de corriger.
La révolte inutile et la résignation programmée: deux exemples de distorsions cognitives
Devant des événements difficiles, lorsque nous en arrivons à conclure que nous ne pouvons rien faire, nous nous résignons. En fait, nous révolter contre la situation ne ferait qu’empirer les choses.
Cette saine réaction n’est pas toujours celle que nous adoptons et il arrive parfois que nous nous révoltions inutilement contre les événements quotidiens.
Cette attitude nous rend irritables et agressifs, poussant les gens de notre entourage à nous éviter.
À l’opposé, nous pouvons nous décourager devant des difficultés sur lesquelles nous avons un pouvoir véritable.
Cette réaction a d’ailleurs été étudiée par Martin Seligman3, qui l’a nommée la résignation acquise (learned helplessness).
Lorsque nous sommes contrariés dans la réalisation de nos désirs, la résignation acquise nous fait conclure irrationnellement que nous n’avons aucun espoir de réussir.
Cet état d’impossibilité devient très frustrant et contribue à nous déprimer.
Cette réaction est problématique puisqu’elle nous plonge dans une apathie qui retire son goût à la vie.
Depuis Seligman, d’autres recherches ont approfondi cette question4.
Ces exemples nous indiquent combien les distorsions cognitives se manifestent souvent de manière automatique, sans nous permettre de comprendre ce qui se passe.
Une personne qui ne s’estime pas risque de vivre des sentiments intensément négatifs chaque fois qu’elle met ses choix en doute.
Puisque ses propres décisions sont précaires, elle croira facilement que les autres entretiennent les mêmes incertitudes à son égard.
Ce genre d’attitude implique des distorsions cognitives qui occasionneront de fréquents recours à l’agressivité.
La situation plongera cette personne dans un profond désarroi sans qu’elle puisse jamais cerner la nature de ses problèmes ni savoir comment les régler.
Ainsi, nos croyances et nos réactions peuvent toujours être analysées par rapport au degré de bonheur ou de malheur qu’elles génèrent.
Pour savoir si des distorsions sévissent, vous devez vous demander si vos pensées et votre comportement vous plongent dans des situations plaisantes, satisfaisantes, source de confiance, etc., ou s’ils vous rendent plutôt malheureux.
Votre degré de bien-être constitue le meilleur indice qui vous indique lorsque vous pouvez faire quelque chose.
De quoi sont composées les distorsions cognitives ?
Comme nous l’avons vu, les distorsions cognitives proviennent d’un usage naturel, mais inadéquat, des processus cérébraux qui traitent les informations.
Ces erreurs se glissent au moment où nous élaborons les croyances et les conclusions à partir desquelles nous interprétons les événements.
Ces croyances nous permettent de définir des objectifs, de prendre des décisions, etc.
Les distorsions cognitives sont nuisibles parce qu’elles induisent des comportements inadaptés, fondés sur de fausses croyances sur le monde et sur nous-mêmes.
Par exemple, à la suite de quelques déceptions amoureuses, si une personne conclut que les membres du sexe opposé sont instables et immatures, elle modifiera son comportement, se fermera ou se rendra désagréable.
Cette attitude fera réagir négativement les autres à son endroit et lui donnera l’impression qu’elle a raison.
En les évitant ou en les faisant fuir, cette personne se privera de rencontrer des gens intéressants.
Elle créera ainsi son propre malheur et en sera la source sans même s’en apercevoir…
Les distorsions cognitives produisent ainsi une foule de réactions inadaptées.
Pour les éviter, vous devez être particulièrement attentifs aux deux éléments très importants: la quantité et la validité des informations que vous utilisez pour forger vos croyances et tirer vos conclusions.
Voyons voir de plus près…
1. La quantité d’informations sur lesquelles baser nos conclusions
Il est étonnant de constater à quel point on se satisfait souvent de conclusions tellement rapides et incomplètes qu’elles ne signifient rien.
C’est le cas lorsque l’on affirme, par exemple, que les habitants de tel ou tel pays étranger sont paresseux, sans pour autant que l’on connaisse un seul de ses habitants ni la culture du pays en question, outre le fait que l’on n’y a jamais mis les pieds…
Les informations présentes dans l’environnement, qu’elles prennent la forme d’une situation, des paroles d’une autre personne ou même de l’évaluation que nous faisons de nous-mêmes, sont beaucoup trop nombreuses pour que nous puissions les détailler toutes.
Puisque nous sommes exposés à un flot d’informations dont le traitement complet dépasse de loin les capacités de notre cerveau, nous devons réduire la quantité de ces informations, les sélectionner et baser nos conclusions sur une part d’incertitude.
Malgré ces limites, nous sommes toujours en mesure de faire un effort pour que nos conclusions reposent sur une quantité suffisante d’informations.
L’image que j’aime bien pour illustrer ce problème est celle de l’équation incomplète.
C’est comme si, à la question « 4 + n font combien ? », nous répondions avec assurance que cela fait 9, et ce, même si rien ne nous indique la valeur de la variable « n ».
Nous décidons pourtant, sans égard aux informations disponibles, que la réponse est « 9 ».
Imaginez à quel point il peut devenir absurde de s’obstiner à conclure sur un sujet pour lequel nous ne disposons résolument pas d’informations suffisantes.
Nous procédons néanmoins de la sorte à tous les jours…
2. La validité des informations que nous utilisons…
Si la quantité d’informations disponibles est problématique, leur pertinence l’est peut-être encore davantage.
Même si nous disposons d’une multitude d’informations sur un sujet, si elles sont inexactes ou sans rapport avec le sujet, nous aboutirons encore une fois à de fausses conclusions…
Ainsi, la validité consiste à nous assurer que les informations utilisées pour formuler nos croyances et nos conclusions sont pertinentes.
Dans ce cas, nos conclusions auront de bonnes chances d’être vraies.
Par exemple, un homme m’a déjà affirmé qu’il fallait être riche et populaire pour être heureux.
Je lui ai alors demandé ce qui l’avait amené à cette conclusion et il m’a répondu que les gens à la télévision lui semblaient heureux.
Malgré son impression, il ne disposait pas d’informations véritablement pertinentes pour évaluer le bonheur des autres.
Certes, les médias véhiculent des valeurs et montrent les gens sous un jour favorable, mais cela ne nous permet aucunement de savoir si une personne est heureuse au fond d’elle-même.
Pour reprendre un exemple arithmétique absurde, c’est comme si à la question « Que font 24 + 6 » nous répondions « Non, merci » !
Cet exemple est comique parce qu’il nous semble incohérent.
Malgré des informations suffisantes (l’équation est complète), nous concluons d’une manière qui n’a rien à voir avec les mathématiques !
La relation entre les informations et la réponse n’est pas pertinente, tout comme il est impossible de connaître le bonheur des gens à partir de leurs prestations télévisuelles…
Ces deux axes relatifs à la quantité et à la validité des informations sont présents dans toutes vos conclusions.
En leur portant attention, vous assurerez-vous une immunité complète face aux distorsions cognitives ?
Pas encore.
Vous devez ajouter un troisième élément.
3. L’organisation valide des informations
Les deux premiers axes ne concernent que les informations, le matériau à partir duquel nous raisonnons, forgeons nos croyances et tirons nos conclusions.
Cependant, il importe aussi de nous intéresser à la manière dont nous organisons ces informations pour en faire du sens.
Cette étape est extrêmement importante car, peu importe la qualité et la quantité des informations dont nous disposerons, si nous les organisons mal entre elles, nous en arriverons inévitablement à tirer des conclusions malsaines.
Je vais reprendre une dernière fois l’exemple de l’arithmétique (c’est promis).
Imaginez que l’on demande à une personne ce que font « 15 + 5 » et qu’elle répond « 10 ».
L’addition indique la manière dont nous devons organiser les nombres pour obtenir le bon résultat.
Si cette personne soustrait au lieu d’additionner, malgré la quantité suffisante d’informations dont elle dispose, les nombres, elle obtiendra un mauvais résultat.
Les distorsions cognitives concernent particulièrement cette manière de mal organiser les informations entre elles.
Voyons maintenant comment ces trois axes s’articulent pour nous mener à des conclusions
Comme je l’ai montré dans les articles précédents qui présentaient le fonctionnement des processus mentaux, notre cerveau gère les informations selon un ordre particulier:
- Tout d’abord, la perception sensorielle et l’attention nous permettent de recueillir les informations provenant de l’environnement. C’est ce qui se produit, par exemple, lorsque nous reconnaissons l’apparence, les bruits et les odeurs liés à un gros chien qui bondit bien assez près pour que nous dirigions toute notre attention sur lui.
- Vient ensuite l’étape de l’interprétation, au cours de laquelle nous organisons les diverses informations entre elles en fonction de nos connaissances et de nos expériences pour les rendre signifiantes. Ce traitement implique surtout les processus cognitifs et la mémoire. Dans l’exemple précédent, en pareille situation, nos connaissances nous rappelleront sans doute qu’un gros chien belliqueux risque d’être dangereux.
- Enfin, tout cela nous conduit à l’ultime étape de la réaction comportementale. Ce seront nos conclusions et les actions à entreprendre face aux événements. C’est ce qui nous fera prendre la poudre d’escampette avant que le chien n’ait goûté à notre postérieur…
Mon exemple du chien n’illustre évidemment pas une distorsion cognitive mais plutôt une manière efficace dont le cerveau nous tire d’un mauvais pas.
Fort heureusement, nous bénéficions souvent de réactions positives et adaptées comme celle-là.
Les résultats défectueux auxquels nous nous intéressons, les distorsions, relèvent plutôt des conclusions fausses, comme la croyance de ne posséder aucune valeur.
Lorsque nous sommes victimes de distorsions cognitives qui suscitent des émotions négatives, nous évoquons habituellement des pensées désagréables ou même dramatiques.
Par exemple: « Je n’ai pas réussi parce que je n’ai jamais été capable de réussir quoi que ce soit ! »
Les distorsions cognitives semblent tellement bien expliquer les événements que nous nous en contentons et… nous restons malheureux.
Ces explications rapides sollicitent des émotions et nous plongent dans des états particulièrement éprouvants qui nous convainquent de leur véracité.
Et elles finissent par forger plusieurs de nos croyances négatives, comme celles à la source d’une piètre estime de soi.
Toutes les distorsions cognitives conduisent à des explications fausses ou insuffisantes qui causent nos problèmes.
Nous ignorons que ce sont ces pensées qui nous rendent malheureux et que nous pouvons les corriger.
Par exemple, au lieu de nous faire adopter une attitude constructive qui nous permettrait de chercher à améliorer notre état, elles nous poussent à nous concentrer naturellement sur de petits désagréments et à les amplifier jusqu’à nous rendre malheureux.
Pire, les distorsions nous plongent dans des situations désagréables en nous faisant tenir nos conclusions pour réalistes et absolument fondées !
Où les distorsions cognitives se manifestent-elles le plus ?
Notre tendance naturelle à sélectionner les informations qui correspondent précisément à nos hypothèses constitue un obstacle majeur quand il s’agit d’obtenir des conclusions constructives.
Bien sûr, disposer d’informations toujours valides et en quantité suffisante reste un idéal, et nous n’arriverons jamais à trouver les critères ultimes pour atteindre la vérité.
Nous élaborons toujours nos distorsions cognitives à partir des trois axes précédents.
Cependant, c’est aussi grâce à eux que nous pouvons nous assurer qu’aucune erreur de raisonnement ne se glisse.
Notre bien-être découlera ainsi majoritairement d’une manière plus saine d’interpréter les événements.
Il est possible de rectifier nos distorsions cognitives à travers les trois grands domaines de la vie où elles se manifestent le plus:
- En nous-mêmes, dans la manière dont nous nous représentons actuellement, dans notre identité;
- Dans notre environnement, c’est-à-dire à travers les autres, les événements, tout ce qui constitue la vie et le monde qui nous entoure;
- Dans la manière dont nous imaginons notre avenir, ce qui nous permet d’agir, de prendre des initiatives, de nous motiver et de persévérer.
En terminant, voici une description sommaire du processus et des effets psychologiques de la distorsion cognitive:
1. Des erreurs de raisonnement nous font conclure de façon négative et erronée.
Par exemple, l’échec d’un projet qui nous tenait particulièrement à cœur nous décourage profondément et nous fait croire que nous ne pourrons plus jamais réaliser quoi que ce soit d’important.
2. Ces pensées engendrent des émotions désagréables, souvent excessives, qui détériorent notre état d’esprit.
Elles suscitent de nouvelles distorsions, ce qui prend la forme d’un cercle vicieux.
En effet, un faux raisonnement génère des émotions négatives qui, à leur tour, renforcent le contenu négatif des pensées qui font naître de nouvelles émotions.
La roue tourne et les souffrances peuvent ainsi durer (TRÈS) longtemps.
Par exemple, la conclusion voulant que l’on ne puisse rien réussir à cause de notre échec se généralise, nous déprime, et nous fait perdre progressivement confiance dans d’autres domaines d’activités et dans notre avenir.
3. À long terme, les distorsions cognitives et les émotions négatives nous retirent motivation et estime de soi.
Cet état nous pousse à nous comporter d’une manière qui semble confirmer nos croyances négatives à notre endroit.
Par exemple, si nous croyons ne rien pouvoir réussir, nous n’essaierons rien. Si nous n’essayons rien, nous ne réussirons jamais quoi que ce soit.
Cette attitude semblera confirmer notre condamnation à l’échec, une conclusion pourtant absolument fausse.
Je pourrais donner, hélas, de nombreux autres exemples…
Un mauvais traitement de l’information conduit à des conclusions erronées et à des comportements inadéquats.
À leur tour, ces comportements risquent d’altérer nos raisonnements et nuisent à notre bien-être.
Même si elles sont complètement fausses, les conclusions issues des distorsions cognitives empruntent la très nette apparence de la vérité.
Ces altérations débouchent sur des conclusions négatives qui minent notre vie et nos relations avec les autres, suscitant le désespoir, le rejet, l’autodénigrement, etc.
Pas trop déprimés avec tout ça ?
Mon but n’est évidemment pas de saper votre bonheur mais bien de vous aider à identifier ce qui, dans votre vie, peut jouer ce rôle cruel.
Restez à l’affût car je vais continuer à approfondir la question dans mes prochains articles et à vous fournir des stratégies très efficaces pour vous en libérer !
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Et n’oubliez pas que les commentaires ci-dessous sont là pour vous !
Références
- SIMON, H. A. (1969), The sciences of the artificial, Cambridge, MIT Press, 123 p.
- KAHNEMAN, D., P. Slovic and A. Tversky (1982), Judgment under uncertainty: Heuristics and biases, Cambridge, Cambridge University Press, p. 126.
- SELIGMAN, M. (1975), Helplessness: On development, depression, and death, New York, Freeman, 250 p. Voir aussi son excellent livre La force de l’optimisme.
- HENKEL, V., P. Bussfeld, H.-J Moeller and U. Hegerl (2002), «Cognitive-behavioural theories of helplessness/hopelessness: Valid models of depression ?», in European archives of psychiatry and clinical neuroscience, vol. 252, number 5, p. 240-249.
Lola says
Merci, vos articles sont très intructifs. 🙂
Nicolas Sarrasin says
Merci beaucoup Lola !
William says
Merci beaucoup pour ce livre gratuit et vraiment passionnant.
Nicolas Sarrasin says
Merci William ! 🙂
Adèle says
Merci beaucoup, ce que je viens d’apprendre en vous lisant m’aide à comprendre vraiment beaucoup de choses dans mon entourage.
Nicolas Sarrasin says
Merci Adèle. Je suis heureux que mon article ait pu vous être utile. 🙂
Aurore says
Très instructif, merci pour votre travail !
Nicolas Sarrasin says
Merci beaucoup ! 🙂
Helena says
Merci. Ça restructure un peu. Reste à nous même de composer la suite de notre vie.
Robin says
Très intéressant. Cela me fait beaucoup réfléchir sur moi même.