On dépense davantage de temps et d’énergie en vivant dans la crainte d’une tâche à accomplir qu’en l’accomplissant tout bonnement. (Rita Emmett, Ces gens qui remettent tout à demain)
Que ce soit au travail, à la maison, auprès de ses proches, certaines personnes ont la réputation de toujours tout remettre à plus tard ce qu’elles doivent faire maintenant.
Si cela vous dit quelque chose, voici quelques stratégies pour soulager votre vie de la méchante procrastination !
Attendre à demain… et ne rien faire la semaine suivante…
Le mot « procrastination » est assez curieux, ne trouvez-vous pas ?
Il est composé des termes latins pro- et cratinus qui signifient « du lendemain ».
Il désigne la tendance générale à remettre à plus tard ce qui doit être fait.
Quelques conséquences de cette malheureuse et mauvaise habitude ?
Le travail bâclé (ou simplement pas fait), les rendez-vous qui ne sont pas honorés, le manque de motivation, la perte de satisfaction au travail et dans la vie, la perte de confiance en soi, etc.
Au lieu de nous enfermer dans cette prison et de nous inventer des raisons pour ne rien faire, il vaut mieux comprendre les raisons qui nous poussent à ne pas agir et adopter des attitudes propres à nous motiver.
Comment la procrastination agit: Qu’est-ce qui nous démotive et nous retient de passer à l’action ?
À la base de la procrastination se retrouve habituellement un problème de motivation et de vision de soi.
Qu’est-ce qui nous pousse à faire une chose plutôt qu’une autre ?
C’est que la procrastination dispose d’une artillerie lourde pour nous empêcher d’agir. En voici quelques exemples.
1. Les pensées et l’imagination
Nous nous concentrons sur les inconvénients de ce que nous avons à faire.
C’est ennuyant, c’est difficile, c’est long… Pouark !
Et si nous imaginons d’un coup tout ce que nous avons à faire, les choses semblent s’accumuler et dépasser en hauteur les plus hauts sommets de l’Himalaya…
2. Le manque d’autonomie
Agir consiste à prendre des initiatives.
Or, il est souvent plus confortable de se complaire au sein d’un groupe et de laisser aux autres le soin de diriger, de décider et d’agir.
On n’est jamais si bien servi que par… les autres.
Agir implique de se poser des questions, d’adopter une posture active face à la vie.
Si vous voulez que quelque chose se produise de bien et de beau dans votre vie, vous êtes la personne la mieux placée pour y parvenir.
Les autres peuvent vous aider, bien sûr, mais vous devez d’abord vous réserver de belles initiatives bien enivrantes !
3. La peur d’échouer
La peur de l’échec est parfois si grande que nous retardons l’action jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour réussir, tout simplement…
Nous disposons alors du prétexte idéal pour ne rien faire: ce n’est pas notre faute…
Mais pensez un instant à tout ce que cette peur vous apporte d’atroce.
Elle commande l’inaction, l’inaction suscite de la frustration et le doute de soi puisque l’on obtient rien.
À son tour, ce contexte mine l’estime de soi et la confiance.
On se sent mal dans sa peau, on a honte de soi et on augmente encore plus sa peur (et avec moins de confiance, l’impression de ne pas être capable augmente).
Vous ne trouvez pas que c’est très cher payé pour écouter une simple peur, une pure vue de l’esprit tout droit sortie d’une imagination débordante mais trop occupée au sabotage ?
Si vous faites quelques chose, vous ne réussirez peut-être pas (du premier coup), mais vous obtiendrez des informations concrètes et des expériences pour vous améliorer.
Vous aurez aussi la fierté d’avoir fait quelque chose, et vous risquez aussi de réussir !
4. La peur de réussir
Eh oui, l’être humain n’est pas à un paradoxe près…
On peut imaginer pourquoi on aurait peur d’échouer, mais peur de réussir ? Vraiment ?
Oui.
Mais comment pouvons-nous avoir peur de réussir ?
En fait, ce n’est pas tant la réussite qui fait peur, mais tout ce que réussir implique.
- Cela peut susciter de la jalousie de la part des autres, de notre famille.
- Cela peut nous obliger à honorer de nouvelles responsabilités.
- Cela peut augmenter nos attentes ou celles des autres au point d’avoir peur de décevoir.
- Nous avons peur de pas être capables de faire face à la suite des événements.
Alors, pas de réussite, pas de problème !
Que peut-on faire pour remédier à toutes ces peurs qui nous retiennent ? Voici quelques pistes.
Les plaisirs de l’action (vraiment ?)
Si vous lisez ce blogue depuis un certain temps, vous aurez peut-être constaté sur d’autres pages combien je valorise l’action et la discipline.
Plaisir et discipline.
Bon.
Ces deux mots font généralement grincer des dents…
On peut bien aimer réaliser les actions (les activités) qu’on aime.
Mais vous savez qu’il ne s’agit pas de ça.
Je parle ici des actions qui nous font procrastiner.
Et peut-on vraiment aimer la discipline ?
Je vous dirais que mon histoire d’amour avec la discipline n’a pas débuté rapidement, et la flamme ne s’est pas embrasée très vite non plus.
Pourtant, quand on essaie la discipline appliquée à une action aussi désagréable qu’utile, quelque chose de flamboyant se produit.
C’est comme partir un feu avec la méthode de l’ère paléolithique (et je ne parle pas du régime paléo 😉 )
Frotter deux bouts de bois ensemble pour faire du feu, ça peu prendre pas mal de temps.
Mais quand la branche est enflammée, le feu se propage sans plus que nous n’ayons à fournir d’efforts.
C’est ça la discipline qui nous fait aimer ce que nous détestons d’abord mais qui nous apporte beaucoup (apprendre à bien écrire, obtenir un diplôme, apprendre à programmer, à développer une entreprise, à investir, à soigner sa santé, à parler une nouvelle langue, etc.).
Mais attention, si la discipline s’applique pour maîtriser n’importe quelle compétence, elle sera plus difficile à utiliser pour faire des choses, disons, encore moins agréable (comme faire du ménage, se priver de manger la malbouffe adorée, etc.)
Il faut dans ce cas employer une médecine plus forte…
Cette médecine est un thème connexe qui m’est cher: la vision à long terme.
Pour nous motiver et obtenir beaucoup de l’action et de la discipline, il faut avoir une idée concrète de ce que nous désirons.
Si je n’avais pas voulu devenir un bon batteur (d’œufs passe encore…), je n’aurais jamais atteint le niveau que j’ai aujourd’hui et mon plaisir à jouer serait très peu élevé.
En fait, je ne jouerais même plus… C’est ce qui se produit souvent lorsque nous n’avons pas de vision: nous perdons notre motivation en cours de route.
Pourtant, à chaque fois que je pratiquais (dieu que c’était ennuyant au début !), je gardais en tête mon objectif jusqu’à ce que je l’atteigne, et cela pendant des années…
La vision est donc une arme redoutable pour faire fuir la procrastination.
Si vous y regardez de plus près, la plupart des succès qui sont arrivés du jour au lendemain ont pris beaucoup de temps. (Steve Jobs)
Différentes manières de contrer la procrastination
1. Passer à l’action: une porte qui conduit à de nombreux avantages
Une autre stratégie pour enfin passer à l’action est de cesser de réfléchir, de tergiverser, et de simplement commencer ce que nous devons faire.
De cette manière, nous coupons court aux manœuvres de sabotage de notre imagination débridée et nous nous précipitons dans l’action que nous devons accomplir.
Plus vous avancerez et plus vous serez capables de faire face à des événements impressionnants sans vous laisser démonter. Autrement dit, faites tout de suite ce que vous aimez le moins.
Vous constaterez rapidement que les activités étaient bien moins désagréables que vous ne le croyiez…
2. Enrichissez les raisons pour lesquelles vous devez passer à l’action
Il est toujours « souffrant » de commencer à faire un effort.
Nous préférons le confort et les résultats immédiats… Nous n’avons souvent pas développé la satisfaction liée à l’effort et au fait de savourer les résultats qui découlent de ces efforts.
Une fois que nous nous sommes assis confortablement dans un fauteuil et que nous avons allumé la télé, il est bien difficile de passer à l’action.
C’est la force d’inertie qui s’empare de nous…
Nous procrastinons souvent parce que nous croyons que l’action va nous apporter plus de souffrances que l’inaction.
Or, il est possible d’associer plus de plaisir à ce que vous comptez faire.
Pensez aux résultats et à la satisfaction que vous obtiendrez.
Pensez aussi aux malaises que vous ressentirez si vous ne faites rien, aux résultats perdus, etc.
C’est le meilleur moyen de prendre conscience de tout ce que le fait de combattre votre procrastination vous apporte.
3. Divisez vos grands projets en sous-projets
Nous avons souvent tendance à remettre à plus tard car nous voyons la tâche à effectuer comme une montagne, le fait de la diviser nous permet d’atteindre des petits objectifs au quotidien.
Ces résultats sont très motivants et nous donnent envie de continuer !
4. Rendez vos engagements publics
Cette stratégie est basée sur le fait que l’on s’emploie souvent à bien faire les choses si on sait que l’on sera jugé ou évalué par autrui.
C’est pourquoi le fait de clamer haut et fort votre engagement constituera pour vous une source de motivation supplémentaire.
Des pistes pour approfondir le sujet
Êtes-vous capables de vous regarder dans le miroir et d’affirmer que vous ne procrastinez jamais ?
Sinon, pensez à tout ce que la procrastination vous empêche de réaliser dans votre vie, cela vous motivera à la faire diminuer.
Essayez de trouver les raisons profondes pour lesquelles vous remettez des choses au lendemain.
Je ne suis pas le type de personne à remettre les choses au lendemain.
Pourtant, il y a plusieurs années, avant de commencer à faire des conférences, le fait de prendre la parole en public m’effrayait littéralement.
Mais je voulais vraiment faire des présentations publiques et faire connaître le contenu de mes livres pour aider les gens.
Alors, après plusieurs mois de procrastination, je me suis avoué que ma peur m’empêchait d’avancer.
Qu’ai-je fait ?
Je me suis mis au pied du mur: où je renonce à cet objectif excitant, ou je commence dès maintenant à faire ce qu’il faut pour réussir.
Devinez quel fut mon choix ?
Et je ne l’ai jamais regretté !
Les dimensions essentielles pour réaliser une activité difficile (qui tend à nous faire procrastiner)
Je travaille maintenant depuis plusieurs années dans les contextes où les gens réalisent leurs activités, tant dans leur vie personnelle que professionnelle.
Voici donc des dimensions essentielles que j’ai observées et qui aident à laisser de côté la procrastination.
Si ces dimensions sont importantes pour les autres, pourquoi ne pas les considérer vous aussi ?
1. Faites la différence entre un souhait et une décision réelle
Un souhait est vague et laisse le soin au hasard (ou au destin, selon ce que vous préférez) de le réaliser.
Au contraire, une décision réelle implique votre volonté et votre responsabilité.
Si vous prenez la décision de faire quelque chose, vous êtes la seule personne en mesure de réussir: il en va de votre volonté !
2. Quelle est l’importance de l’objectif (ou de l’activité) pour vous ?
Est-ce que ce que vous choisissez de faire correspond vraiment à vos choix, vos goûts, vos valeurs, à ce que vous êtes ?
Même les activités les plus triviales et répétitives, celles que vous avez le moins envie de réaliser, peuvent s’enrichir d’un sens nouveau si vous vous les appropriez, si vous voyez en quoi elles vous permettent de devenir davantage ce que vous voulez.
Cette appropriation presque « identitaire » de vos activités nourrira votre motivation.
Si vous décidez d’apprendre à jouer un instrument de musique simplement pour impressionner les autres, il se peut fort bien que la procrastination soit au rendez-vous…
3. Apprenez à vous connaître dans l’effort
Beaucoup de choses nous semblent difficiles à réaliser avant qu’elles ne deviennent faciles.
Si vous prenez le temps de vous connaître à travers vos efforts, si vous vous rappelez les succès qui ont suivi les moments de doutes et de difficultés, vous vous convaincrez davantage que vous pouvez réussir si vous vous en donnez la peine.
Plus vous apprenez à vous connaître dans ce contexte et plus vous pourrez utiliser ces expériences comme des références pour persévérer dans l’avenir.
Vous pouvez aussi vous inspirer en lisant des biographies de personnes qui ont réalisé de grandes choses malgré les nombreuses difficultés auxquelles elles se sont heurtées.
En terminant, voici trois bonne raisons de passer à l’action chaque jour:
- Vous découvrez tout ce que vous pouvez faire: vous multipliez ainsi les découvertes, les passions, les possibilités.
- Vous savez quelles erreurs éviter parce que vous les commettez: vous apprenez de vos échecs et vous les utilisez comme un levier pour vos prochaines actions qui seront garantes de meilleures résultats. Vous apprenez aussi à mieux vous connaître au passage, ce qui n’est pas peu de choses…
- Vous obtenez des résultats et vous vous condamnez à réussir: vous ne réussissez peut-être pas du premier coup, mais si vous apprenez de vos erreurs et que vous persévérez, vous finirez par obtenir ce que vous désirez.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Se poser les bonnes questions. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Est-ce que la procrastination vous touche de près dans votre vie ?
Quels trucs utilisez-vous pour la faire fuir ?
Il me fera plaisir d’échanger avec vous dans les commentaires !
Michèle says
Bonjour Nicolas,
J’ai bien hâte de voir la vidéo de votre performance au drum pour que l’on puisse apprécier le fruit de votre persévérance. La lecture de votre article me permet de croire que je pourrais exceller dans autre chose que de remettre mes projets au lendemain. Merci !
Nicolas Sarrasin says
Merci beaucoup de vos encouragements ! J’espère que ma vidéo ne vous décevra pas, et je suis sûr que vous finirez pas trouver le moyen de vous motiver dans des projets personnels qui seront fructueux et rempliront votre vie de sens.
Nicolas
v-arno says
Bonjour Nicolas,
Eh bien… personne ici qui se sent concerné par le sujet ? Et pourtant… C’est l’affaire de tous.
Je viens de relire ton article, excellent soi-dit en passant, et qui remet bien les pendules à l’heure.
Tu as raison (évidemment ! sinon quel intérêt ? 🙂 ) et je vais me reprendre en main.
Dans un premier temps ce sera du forcing mais il faut que ça devienne de bonnes habitudes. Sinon je vais rester une chiffe molle le restant de mes jours. J’ai beaucoup de mal à respecter mes décisions/objectifs, à m’y tenir. Un jour je décide quelque chose et le lendemain ça me semble trop difficile de m’y tenir et je recommence la même routine. Il faut que ça s’arrête. Et pour ça, me secouer un peu. Merci Nicolas ! Continue à nous remonter les bretelles. On va y arriver !
Et bravo à toi pour ta persévérance.
Valérie
Nicolas Sarrasin says
Bonjour Valérie,
Merci de ton commentaire et de tes bons mots pour mon article ! Tu m’encourages toujours autant, et je t’en suis très reconnaissant !
Je suis convaincu que tu finiras par trouver le moyen de tenir tes décisions et d’avancer dans la direction de tes objectifs. Le fait de développer ta vision peut être particulièrement utile à cet effet: https://www.nicolassarrasin.com/precisez-votre-vision-personnelle.
Il faut parfois serrer les dents jusqu’à ce que nous développions de nouvelles (bonnes) habitudes qui deviennent ensuite naturelles et qui nous font avancer sans que nous n’ayons autant à fournir d’efforts.
À bientôt !
Nicolas