L’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. (Albert Camus)
Ressentez-vous une perte de motivation, de sens et d’énergie pour votre travail?
Êtes-vous stressé(e)?
Doutez-vous de vos capacités et avez-vous l’impression de perdre le contrôle de votre vie?
Prenez garde, vous êtes peut-être au seuil du burn-out.
Voici quelques astuces pour comprendre et prévenir l’épuisement professionnel.
Qu’est-ce que le burn-out ?
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, découle d’une exposition prolongée à un stress et touche toutes les professions.
Il vaut donc mieux rester à l’affût pour éviter de compter parmi ses victimes…
Quel est le processus physiologique qui mène au burn-out ?
Il faut d’abord qu’une personne se retrouve dans un contexte où le stress est constant (frustrations répétées, pression, environnement désagréable, etc.)
Le stress est naturel et vise à faire face à ces difficultés, il active l’hypothalamus, une grappe de cellules du cerveau qui régule les fonctions comme l’appétit et le sommeil.
À son tour, l’hypothalamus active l’hypophyse, qui produit une hormone nommée ACTH.
Cette hormone se retrouve dans le sang et active les glandes surrénales qui produisent à leur tour du cortisol.
Le cortisol permet au corps de bien réagir au stress.
Il mobilise globalement l’organisme et exploite son énergie pour faire face à la situation stressante qui est perçue comme une agression.
Jusque-là, tout va bien.
Alors, où se situe le problème ?
Le problème se trouve dans les limites de notre corps à tolérer une exposition prolongée au stress.
Si le stress est constant, le cerveau continue de « commander » du cortisol dont l’usage est supposé être de courte durée.
Ce dérèglement gaspille les ressources du corps et conduit progressivement à une perte de motivation, d’énergie et de bien-être.
Tout faire tout de suite: une société qui aime brûler la chandelle par les deux bouts
Il n’est pas surprenant que le burn-out aussi soit fréquent.
Notre société qui carbure à la performance nous porte à vouloir certaines choses de manière absolue, comme par exemple:
- Quoi ? TOUT;
- Et quand ? Tout de suite.
(Si vous ne les connaissez pas, découvrez d’où viennent ces distorsions cognitives)
En suivant les diktats sociaux selon lesquels nous devons tous être des prix-Nobel-humanistes-ironman-parents-de-famille-harmonieuse-grands-voyageurs-et-j’en-passe, il est difficile de se satisfaire en étant simplement nous-mêmes.
Bref, nous nous en mettons beaucoup trop sur les épaules.
Selon la coach Suzanne Peters et le neuropsychiatre Patrick Mesters, auteurs du livre Vaincre l’épuisement professionnel, les entreprises doivent porter attention au burn-out et mettre sur pied des programmes de prévention pour éviter que leurs employés ne sombrent dans cet enfer. Ainsi, tout le monde en sortirait gagnant…
Les personnes à risque de faire un burn-out
Vous vous doutez bien qu’il y a certains profils de personnes qui risquent plus que d’autres de vivre un burn-out.
Le baba-cool peinard court peut-être moins de risques…
Mais sachez que même une personne qui travaille à temps partiel à un petit boulot peut en être victime: il s’agit que son travail soit une source continue de frustration (manque de sens, etc.), que son patron ou ses collègues soient toujours sur son dos, etc. et le stress sera constant.
Voici quelques petits critères à surveiller:
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Si vous vous valorisez beaucoup par vos performances professionnelles.
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Si vous fuyez les dimensions désagréables de votre vie en vous réfugiant dans votre travail (workaholisme).
- Si vous portez peu d’attention à vous-même, à votre état et aux signaux que votre corps vous envoie. Le corps parle parfois très fort (insomnie, stress, problèmes d’appétit, etc.) et on le l’écoute pas…
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Si vos centres d’intérêt principaux concernent essentiellement votre travail et que vous avez peu de loisirs, de relations à l’extérieur du travail, etc.
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Si vous entretenez des standards élevés de réussite et de performance.
Plusieurs de ces critères peuvent être positifs, comme le dernier.
Il est bien de viser l’excellence.
L’idée est de s’assurer que nous ne péchons pas par excès… car c’est dans l’excès que le burn-out fait son nid.
Voici quelques questions pour vous aider à savoir si vous vous préparez un bon burn-out:
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Vous fatiguez-vous plus facilement qu’auparavant ?
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Travaillez-vous de plus en plus sans avoir l’impression de produire les résultats que vous désirez ?
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Ressentez-vous souvent de la tristesse sans pouvoir en expliquer la cause ?
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Êtes-vous moins motivé et plus cynique ?
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Êtes-vous plus nerveux et irritable qu’auparavant ?
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Êtes-vous trop occupé pour faire des choses agréables, comme rencontrer vos proches et vos amis ?
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La fréquence de vos problèmes physiques augmente-t-elle (maux de tête, par exemple) ?
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Éprouvez-vous une baisse globale de votre appréciation de la vie ?
Si vous avez répondu par la positive à un grand nombre de ces questions, soyez à l’écoute de votre corps et reposez-vous.
Il se peut que le burn-out vous regarde déjà de son œil carnassier et n’attende que le bon moment pour ne faire qu’une bouchée de vous !
Quelques pistes de solution pour prévenir et éviter le burn-out
Voici quelques stratégies qui vous aideront à prévenir les contextes propres à vous faire vivre un burn-out.
Entretenir de bonnes relations au travail… si possible
Les relations interpersonnelles sont essentielles au bien-être.
À cela vous m’opposerez: « Je veux bien, mais je ne contrôle pas ce que dises et font les autres, et encore moins les cons. »
Et vous aurez tout à fait raison, car comme disait Frédéric Dard, « Le con ne perd jamais son temps, il perd celui des autres. »
Alors même si on sait qu’on ne contrôle pas les autres, on peut quand même faire deux choses pour éviter le stress constant que les autres peuvent produire sur nous:
- Lâcher prise sur ce qu’on peut et ne pas laisser les vampires nous atteindre et siphonner notre énergie (éviter de porter attention – et crédit – à ceux qui essaie de nous faire tourner en bourrique);
- Influencer positivement les autres. Quelques efforts relationnels et une bonne communication laissent peu de place aux malentendus et aident à diminuer les conflits. Je vous suggère la lecture de mes clés des relations extraordinaire pour vous aider à ce chapitre.
Accepter le changement
La seule constante de la vie, c’est le changement.
Et il est parfois difficile de l’accepter. Les changements au travail sont aussi une très grande source de stress, et on ne peut pas toujours compter sur les organisations pour aider leurs employés à le traverser sans souffrir.
Le changement est stressant.
Pourtant, vous ne le contrôlez pas.
Vous ne contrôlez que votre manière d’y réagir.
À chaque fois que vous vous battez contre ce que vous ne pouvez pas changer, vous consacrez de l’énergie à ce sur quoi vous n’avez aucune prise.
À la place, concentrez-vous sur ce que vous pouvez vraiment améliorer: vos relations, vos compétences, votre manière de voir les choses, bref, tout ce que vous contrôlez vraiment…
Cela vous permettra de vous concentrer davantage sur ce qui compte et de moins laisser l’imagination vous torturer avec ce que les changements peuvent vous apporter d’atroce…
Votre style de vie et votre personnalité
Quels sont vos idéaux ?
Devez-vous absolument accomplir de très grandes choses pour vous octroyer de la valeur ?
Arrêtez-vous un instant et demandez-vous si tout ce que vous voulez est absolument important et si travailler à l’obtenir vous rend heureux.
Est-ce que vous le faites vraiment pour vous ou plutôt pour ce que vous pensez que les autres penseront (en bien) de vous.
L’orgueil nous fait souvent travailler très très fort et nous éloigne du bonheur simplement parce que nous donnons crédit à ses jérémiades.
Il est valorisant d’obtenir la reconnaissance, l’admiration et l’approbation des autres, mais si cela nous oblige à avoir une vie qui nous rend malheureux, le jeu n’en vaut assurément pas la chandelle…
Il y a quelques années, je travaillais trop fort.
Je voulais gagner le plus d’argent possible pour épargner le plus possible pour investir le plus possible et prendre ma retraite à 40 ans…
Cet objectif était trop ambitieux et m’enfonçait dans une vie qui me rendait très stressé et malheureux.
Mais je ne voyais rien et je me suis obstiné comme ça pendant quelques années, jusqu’à ce que je frise le burn-out.
J’ai heureusement compris ce qui se passait avant qu’il ne soit trop tard et j,ai révisé ma vision des choses en me disant que je préférais vivre heureux quelques années de plus sans atteindre mon objectif que de continuer à vivre malheureux encore plusieurs années pour l’atteindre plus vite.
Je n’ai jamais regretté cette décision.
Alors si vous voulez tout faire en même temps et que vous vous sentez opprimés par vos choix, il est peut-être temps de réviser votre vision des choses pour éviter de tout perdre…
Concentrez-vous sur les solutions et non sur les problèmes
Un problème est une chose désagréable qui cause beaucoup de stress.
On ne contrôle pas un problème: on le subit.
S’il est bon de savoir à quels problèmes nous faisons face pour leur trouver des solutions, le fait de se concentrer constamment sur nos problèmes ne les réglera pas par magie, et le fait de toujours y penser nous empoisonnera la vie.
Il est donc facile de vivre du stress et de gaspiller son énergie en se concentrant seulement sur les problèmes.
Vous pouvez tourner la situation en votre faveur en la prenant par l’autre bout: par la solution !
Après avoir fait le constat du problème, concentrez-vous seulement sur les solutions constructives que vous pouvez apporter.
De cette manière, vous verrez la lumière au bout du tunnel car vous vous concentrerez uniquement sur ce que vous contrôlez et qui peut faire évoluer la situation dans la bonne direction.
Pour vous aider, assurez-vous d’utiliser la méthode SMART (ou SMARTER) qui est un acrostiche mnémotechnique (première lettre de chaque mot). Votre solution doit donc être:
- Spécifique: La spécification de l’action doit être clairement établie. Rien de nébuleux ni d’abstrait ici.
- Mesurable: La solution doit être mesurable et vous permettre de savoir clairement si elle permet d’améliorer la situation.
- Accessible: Elle doit pourvoir être atteinte et réalisable pour y consacrer de l’énergie.
- Réaliste: La solution doit être suffisamment réaliste et reliée au problème pour qu’elle soit retenue.
- Temporellement définie: Elle doit s’inscrire dans le temps d’une manière qui vous permet d’évaluer si la solution améliore vraiment les choses et quand elle doit avoir réglé le problème.
- Évaluable: La solution, puisqu’elle est mesurable, réaliste et définie dans le temps, doit vous permettre d’évaluer assez rapidement son efficacité, pour savoir si elle fonctionne et si vous devez corriger le tir.
- Réévaluable: Vous devez pouvoir réévaluer la solution à tout moment pour pouvoir y apporter les correctifs nécessaires pour qu’elle fonctionne: sinon, ce n’est pas une solution…
Prévoyez votre repos et vos temps libres
Prévoyez d’avance du temps pour vous reposer et pour passer des moments de qualité avec vos proches.
Lorsque nous sommes « trop productifs », ce sont souvent ces moments importants que nous faisons sauter en premier…
Pendant ces périodes, décrochez complètement de vos autres responsabilités.
Même si vous aimez ce que vous faites, trop le faire pour finir par causer du stress.
Le fait de changer un peu d’air vous reposera et vous disposerez de meilleures ressources pour reprendre votre travail par la suite.
Deux stratégies pour éviter le burn-out
1. Le training autogène du docteur Schultz
Le but de cet exercice est de vous changer les idées et de vous reposer en peu de temps, même si vous êtes au travail.
Cette manière simple et efficace de vous relaxer consiste à suivre les étapes suivantes:
- Installez-vous confortablement sur votre chaise ou étendez-vous et fermez les yeux.
- Concentrez vos pensées à ressentir votre corps.
- Tour à tour, concentrez-vous à ressentir une partie de votre corps en vous disant intérieurement en expirant, par exemple, « Mon bras gauche est lourd », « Mon bras droit est lourd » et ainsi de suite avec chaque partie de votre corps.
- Laissez passer un moment entre chaque partie de votre corps et concentrez votre attention à ressentir surtout la partie sur laquelle vous vous concentrez.
2. Connaissez-vous l’imagerie mentale ?
Cette stratégie vise à vous aider à modifier la façon de vous percevoir ou de percevoir une situation anxiogène.
Elle consiste à remplacer les images négatives que vous entretenez vis-à-vis d’un contexte stressant par des images plus positives.
Par exemple, avant de faire une présentation lors d’une réunion d’équipe, visualisez un vaste paysage dont l’horizon est couvert de vertes landes et de montagnes.
Respirez l’air frais qui emplit vos poumons.
La pratique régulière de cette technique vous aidera à diminuer vos peurs ou vos sensations désagréables par rapport aux situations que vous considérez problématiques.
Elle peut aussi augmenter votre motivation et votre confiance.
Je vous suggère ces lectures pour aller plus loin:
Mon livre sur le lâcher prise peut sans aucun doute vous aider.
Mais aussi:
- Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Se poser les bonnes questions. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Avez-vous déjà vécu un burn-out ?
Comment vous en êtes-vous sortis ?
Comment faites-vous pour éviter d’y goûter ?
Votre contribution dans les commentaires aidera tout le monde !
Bianca Béliveau a écrit
Je suis infirmière auxiliaire depuis 9 ans et plus le temps avance, plus je sens que je dois justification à mon employeur pour tout et rien. Que le devoir de faire plus de tâches avec moins de temps est de plus en plus présent et important à mon emploi. Bref, face à ceci j’ai une future pension bien établie et bien prévisible avec mon temps plein aux soins à domicile, mais le seul problème, c’est que j’ai perdu l’amour de ma carrière.
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Bianca,
Je vous remercie de votre commentaire. Il est en effet très triste de constater combien certains employeurs arrivent à faire perdre la passion à celles et ceux qui fournissent un travail tellement important, cette flamme sans laquelle c’est l’ensemble de l’organisation et de la société qui en pâtissent… Et cela est particulièrement vrai dans le domaine essentiel dans lequel vous exercez. Bon courage !
Amitiés,
Nicolas
Joanie a écrit
Bonjour Nicolas ! J’aime bien suivre votre site ! Je suis de nature dynamique et positive dans la vie par contre depuis les dernières années je me bats contre l’anxiété… Et je ne trouve pas l’élément déclencheur.
C’est difficile et je ne veux pas me laisser dominer par cette émotion très dure surtout que mon travail fait souvent surgir ce sentiment de stress intense…
J’aimerais savoir avez vous un livre avec des trucs à mettre en pratique ou quoi faire pour m’aider car je suis beaucoup trop dans ma tête à me faire des scénarios et j’en suis vraiment fatiguée.
Merci beaucoup pour vos conseils !
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Joanie,
Je suis désolé d’apprendre cela et je compatis. J’ai moi-même des tendances anxieuses que j’arrive généralement à contrôler, mais l’anxiété est toujours désagréable…
Voici deux pistes que vous pouvez explorer:
L’environnement extérieur: il y a parfois des événements et des contextes qui sont plus anxiogènes que d’autres et qui n’ont pas de rapport avec vous personnellement. Le travail peut en être une cause… Si c’est le cas, vous pouvez voir ce que vous pouvez changer dans votre travail pour diminuer les facteurs stressants que vous pouvez contrôler (horaire, relation avec les collègues, charge de travail, quantité de responsabilités, etc.)
Dans le passé, je donnais des conférences devant des groupes, mais cela était très exigeant et stressant en plus de tout le reste de ce que je faisais. Pour éviter le burn-out, j’ai dû me résoudre à arrêter d’en donner. Ça a été une grosse perte sur le coup, mais sur le long terme, ce fut un très bon choix !
Le perfectionnisme: L’anxiété vient souvent de la peur de ne pas être à la hauteur, et cette peur peut venir de la vision que nous avons de nous-mêmes. Si vos standards sont trop élevés, ils risquent de vous créer beaucoup de pression et, de ce fait, de l’anxiété… La solution dans ce cas est simple en théorie mais difficile en pratique. Elle consiste à diminuer les standards et accepter de ne pas toujours friser la perfection. Même si cela peut paraître difficile pour une personne perfectionniste, donner la priorité à la qualité de vie en diminuant les standards pour diminuer l’anxiété finit par aller de soi.
Merci encore de votre commentaire et à très bientôt !