Cet article vous présente les conséquences destructrices qu’ont les distorsions cognitives sur votre vie.
Ce sont autant de bonnes raisons de les éliminer !
Comme nous l’avons vu, les distorsions cognitives donnent lieu à des conclusions et des croyances invalides qui nous plongent dans des états désagréables.
Bien que ces conclusions ne soient qu’un tissu d’erreurs, elles nous semblent parfaitement fondées: nous ne valons rien, notre avenir est voué à l’échec, les autres doivent se comporter comme nous le désirons, etc.
Même si elles sont complètement fausses, ces croyances donnent lieu à des comportements conflictuels, sapent la motivation et multiplient les situations désagréables, bien réelles celles-là !
La première conséquence des distorsions cognitives, celle qui touche le plus de dimensions, consiste à élaborer de fausses croyances.
Puisqu’elles traitent les informations de manière défectueuse, les distorsions nous mènent à des conclusions erronées.
Bien qu’elles soient approximatives et inexactes, ces conclusions constituent le fondement de nos décisions et de nos comportements.
Voilà pourquoi il est urgent que nous comprenions ces distorsions et que nous les maîtrisions.
Le tableau suivant schématise ce fonctionnement.
Pour vous motiver à éliminer les distorsions cognitives, voici une liste de leurs horribles conséquences
L’autodénigrement
Les conclusions erronées issues de nos distorsions cognitives prennent souvent la forme de croyances, comme celle de ne pas posséder de valeur personnelle.
À la longue, ce genre de jugement nous retire l’estime et la confiance en nous-mêmes.
Il pervertit notre identité et nous porte à faire des évaluations sévères et inflexibles à notre égard, ce qui engendre autant la culpabilité que les pensées automatiques négatives.
À cette insécurité s’ajoute la peur de l’échec et du rejet de la part des autres.
Et si nous entretenons facilement ces convictions négatives à notre sujet, il est tout aussi facile de les diriger contre les personnes qui nous entourent.
Cela occasionne des conflits, de la compétition, un manque de respect et de confiance.
Les parents qui nuisent à l’estime de leurs enfants en les dépréciant fréquemment en sont un bon exemple.
La culpabilité
La culpabilité est une autre conséquence des jugements aussi erronés qu’impitoyables à notre égard.
Elle consiste à nous attribuer à tort la responsabilité d’événements négatifs, que nous y soyons liés ou non.
Ces conclusions, qui impliquent la généralisation et les fausses associations, ne reposent pas sur une grande validité.
Nous pouvons éliminer ces fausses contraintes en portant attention à la valeur de leur contenu.
Par exemple, Édouard se sent profondément coupable quand il croit ne pas avoir « suffisamment » travaillé.
Cependant sa conviction d’être paresseux est la conséquence probable d’une évaluation défectueuse.
Au lieu de voir ses activités comme des devoirs obligatoires auxquels il a surtout envie de se soustraire, il pourrait se demander si ces activités sont véritablement indispensables.
La plupart du temps, il constatera qu’elles découlent plutôt d’une décision de sa part, d’une intention personnelle de les accomplir. Aucune force universelle ne l’oblige à les réaliser.
Peu importe l’importance ou la nature de ces activités, s’il se laisse envahir par la culpabilité, il ne récoltera que des désavantages: déception, tristesse, colère contre lui-même, etc.
En ce sens, on peut dire que son comportement est inadapté puisqu’il le rend malheureux pour rien.
Bien sûr, nous devons aussi effectuer des tâches obligatoires.
Pourtant, à part celles qui sont liées à la survie, comme s’occuper d’un bébé naissant, et si nous ne pouvons supprimer la nécessité de gagner l’argent nécessaire pour vivre, l’emploi qui nous fournit cette rémunération, lui, peut être changé.
Nous oublions trop facilement que ce qui nous paraît être une obligation provient, dans la grande majorité des cas, de choix personnels.
Notre sentiment d’obligation, pour sa part, résulte de la rigidité de notre pensée.
Nous devons modifier notre façon de voir la vie si notre but est d’être heureux.
La victimisation
Cette conséquence consiste à prendre l’habitude de nous plaindre, de croire que le monde entier tourne pour nous perdre.
Nous ressemblons ainsi aux spectateurs innocents et impuissants de ce désastre.
Croire que nous ne pouvons rien faire, que nous n’avons aucune emprise sur notre vie est une conclusion fausse probablement aussi néfaste que la culpabilité que nous en retirons.
La réactivité
Au départ, il s’agit de croire que les événements ne peuvent se dérouler autrement que comme nous le désirons ou comme nous l’avons prévu.
Lorsque les choses ne se déroulent pas de la « bonne manière », cela provoque de l’agressivité que nous dirigeons contre la situation ou contre les autres.
Il en résulte parfois une perte générale de qualité de vie, puisque, pour la personne réactive, les événements sont continuellement insatisfaisants et que les conflits se multiplient.
La susceptibilité
Liée au sentiment de ne posséder aucune valeur, la susceptibilité se manifeste lorsque nous doutons de nous-mêmes (comme l’autodénigrement et la culpabilité présentés plus haut).
Elle entrave notre tolérance et nuit entrave notre capacité de réfléchir à notre comportement et d’accepter de se tromper.
En effet, la moindre critique, même à la blague, nous rend agressifs et risque d’ébranler notre édifice identitaire instable.
Notons que, couplée à la réactivité, la susceptibilité est particulièrement propice aux conflits interpersonnels.
Or, y a-t-il meilleur moyen d’être malheureux que de multiplier les situations de crise avec les autres ?
Dans cette optique, rappelez-vous aussi les exemples de distorsion cognitive utilisée pour légitimer des comportements négatifs.
Le manque de motivation
Si nous sommes convaincus de notre incapacité à accomplir quoi que ce soit d’intéressant, il y a de fortes chances que l’accablement s’empare de nous.
Cet état nous fait procrastiner.
Nous remettons tout au lendemain, nous ne mobilisons plus l’énergie ni la détermination nécessaires pour accomplir nos objectifs.
Éliminer nos fausses croyances nous aidera à sortir de ce marasme qui nous conduit parfois jusqu’au désespoir.
Le ressentiment et la rancune
Cette conséquence consiste à continuellement ressasser les événements éprouvants du passé de manière à les revivre, suscitant un flot d’émotions intenses comme la tristesse et la révolte.
Cette attitude absolument inutile nous empêche d’accepter ce que nous ne pouvons changer.
Nous gagnerions plutôt à nous concentrer sur ce que nous pouvons encore accomplir.
Le présent et l’avenir sont les seuls lieux où nous pouvons réellement nous épanouir, quels que soient les plaies et les événements passés, maintenant révolus.
De façon générale, les distorsions cognitives nous font manquer de réalisme dans la manière d’interpréter notre identité, le comportement des autres et les événements.
Cette liste de leurs conséquences n’est pas exhaustive, car il existe autant de variations néfastes qu’il y a de réactions humaines malsaines et d’événements différents pour les susciter.
Quelques conclusions sur les distorsions cognitives
Si les frontières entre les distorsions cognitives ne sont pas étanches, c’est qu’elles procèdent de plusieurs mécanismes cérébraux distincts et varient selon les situations.
La plupart des distorsions cognitives s’élaborent à partir d’un petit ensemble de croyances que nous croyons immuables.
Très jeunes, les enfants qui acquièrent leurs premières connaissances sur la vie procèdent de cette manière parce qu’ils ne se doutent pas de la complexité du monde1.
Ils sont « bornés ».
Leur univers est simple et déterminé et ils croient savoir à quoi s’attendre.
Avec l’âge, les enfants disposent de plus d’informations et commencent à en mesurer la portée.
Ils constatent l’utilité d’enrichir et de modifier leurs croyances sur le monde.
L’environnement dans lequel nous évoluons sera toujours extrêmement complexe.
Heureusement, la capacité d’évaluer le bien-fondé des principes qui fondent nos comportements (nos valeurs, nos croyances, etc.) et même de les réviser nous permet de réagir de manière à favoriser notre bonheur.
Cette flexibilité nous aide à créer un contexte de vie harmonieux.
La manière dont le désir de vengeance envenime les conflits2 illustre bien l’impossibilité de modifier nos croyances et ses conséquences destructrices.
Si nous décidons de répondre à une première agression par une autre, cette vengeance sera elle-même interprétée comme une offensive qui recevra une agression comme réponse.
Et ainsi de suite…
Chacun reste sur sa position sans se préoccuper de l’engrenage de la machine infernale.
Chacun répète inlassablement les mêmes réactions destructrices sans réviser son point de vue, sans évaluer les conséquences de ses actes.
Cet exemple peut paraître caricatural, mais il n’est pas rare de voir les conflits interpersonnels prendre cette tournure.
Chacun des « belligérants » renvoie à l’autre la complète responsabilité de la faute en croyant naïvement qu’une nouvelle agression réglera la querelle et sauvegardera sa seule intégrité.
Même si nous savons que l’escalade de la violence ne résout pas la situation, nous répétons les mêmes tentatives pour la régler, avec les mêmes conséquences désastreuses.
Pourtant, la véritable solution consisterait à identifier d’abord la source du différend et à évaluer ensuite les possibilités de trouver un terrain d’entente sans recourir à l’agressivité ni à la fermeture d’esprit.
Plusieurs facteurs sont toujours en cause dans les événements que nous vivons.
Si nous ignorons cette complexité inhérente à notre environnement, nous échafauderons des explications approximatives, fausses, voire abracadabrantes.
Le plus important outil à retenir consiste à ne pas conclure trop rapidement, sur une seule possibilité, et à se laisser la chance d’apprendre et de s’adapter.
Il faut donc rester vigilant lorsqu’on explique les événements les plus banals du quotidien.
Voici les caractéristiques fondamentales de toutes les distorsions cognitives et de leurs conséquences:
- Les distorsions cognitives sont souvent liées à l’identité.
- Elles suscitent des émotions intenses et destructrices.
- Elles occasionnent des comportements inadaptés qui nuisent de différentes manières à notre bien-être et à celui des personnes que nous côtoyons.
- Elles mènent à des conclusions invalides. C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer leur importance. Il est pour le moins ironique de fonder une part de notre vie sur des problèmes inexistants issus d’informations inexactes ou insuffisantes. Ces croyances provoquent une perte de confiance et de motivation ainsi que des crises identitaires et émotionnelles. De plus, leur combinaison engendre un profond malaise qui conduit parfois à la dépression et même au suicide.
Bien sûr, aucun être humain n’est en mesure d’éradiquer toute ses distorsions cognitives: elles sont aussi naturelles que les processus cognitifs dont elles sont issues.
Certaines sont anodines et portent peu à conséquence.
De plus, dans bien des cas, nos raisonnements restent heureusement valides et fiables.
Il n’en demeure pas moins que les distorsions que j’ai présentées dans les derniers articles sont très dommageables.
Nous pouvons heureusement améliorer la situation en les identifiant et en rectifiant nos conclusions fautives.
Et restez à l’affût, car je présente de nombreuses solutions comme le recadrage dans d’autres articles !
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Références
- COHEN, L. B., H. H. Chaput and C. H. Cashon (2002), «A constructivist model of infant cognition», in Cognitive Development, vol. 17, p. 1323-1343.
- Ces conflits peuvent être autant individuels que collectifs car, dans le cas des guerres, seule une poignée d’individus prend les décisions politiques et militaires. Ces décisions ne sont donc en rien étrangères aux limites psychologiques de ces individus. Voir P. E, Tetlock, S. Hoffmann, I. L. Janis, J. G. Stein, N. J. Kressel et B. C. Cohen (1993), « The psychology of international conflict », dans N. J. Kressel (dir.), Political psychology: classic and contemporary readings, New York, Paragon House Publishers, p. 312-416.
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