La compulsion de chercher sur Internet et dans les médias (TOC)

Cet article fait partie de ma série qui porte sur les compulsions dans le trouble obsessionnel-compulsif (TOC).

Les compulsions sont très importantes car elles font partie des symptômes principaux de ce trouble.

D’une part, les personnes qui souffrent du TOC ne s’aperçoivent habituellement pas lorsqu’elles font des compulsions.

D’autre part, le fait de réaliser des compulsions donne l’impression d’aller mieux alors que c’est tout le contraire: ces dernières entretiennent les peurs et l’anxiété et tendent même à les empirer.

Pour ces raisons, si vous désirez aller mieux, il est très important que vous compreniez le rôle que jouent vos compulsions dans ce que vous vivez.

Et vous aurez peut-être la surprise d’apprendre que vos compulsions passent peut-être aussi par votre utilisation de l’Internet…

L’internet est une ressource fantastique.

On peut communiquer avec les autres et on peut trouver presque tout au bout de ses doigts en quelques minutes.

Mais comme tous les outils, il peut être utile ou il peut nuire selon ce qu’on y trouve et selon la manière dont on l’utilise.

Tout d’abord, comme je l’ai abordé dans un autre article, vous utilisez peut-être l’internet pour répondre aux nombreuses questions que le TOC vous porte à vous poser et dont les réponses viseraient à vous rassurer.

Par exemple, une personne qui souffre du TOC de la peur d’être homosexuel pourra chercher sur Internet s’il est possible de changer tout à coup d’orientation sexuelle à cause de la présence de pensées intrusives ou de doutes qui sont soudainement apparus dans son esprit.

Cette personne ne sait pas que ses pensées sont en fait des obsessions, l’autre type de symptômes principal du TOC.

Et en cherchant sur Internet, son objectif est de se rassurer qu’elle n’est pas devenue homosexuelle.

Mais le fait de chercher à se rassurer est une compulsion, ce qu’elle ignore aussi.

Je vous rappelle que les compulsions sont des comportements physiques ou mentaux répétés qui visent à soulager l’anxiété et la souffrance liée aux obsessions, donc liée à vos peurs et à vos doutes.

Avec mon site Internet, ma chaîne YouTube et les réseaux sociaux comme Facebook et Instagram, je vois passer beaucoup de choses sur Internet à propos du TOC.

Et je constate malheureusement que beaucoup de personnes qui en souffrent utilisent l’Internet de la mauvaise manière: comme une compulsion.

Vous utilisez peut-être vous aussi l’Internet à travers des groupes pour échanger avec des personnes qui partagent les mêmes souffrances que vous, pour obtenir du support, des conseils, etc.

Si le support des personnes qui vivent la même chose que vous peut faire beaucoup de bien, il est aussi facile de se nuire mutuellement sans le savoir en réalisant des compulsions en groupe.

Cela vous surprend?

Il s’agit pourtant d’une dynamique que j’ai souvent observée.

Sur certains groupes Facebook sur le TOC auxquels je participe, je constate que de nombreuses personnes font des publications dans le but très spécifique de se rassurer.

Voici un exemple de compulsion sur Internet que j’ai très souvent observé.

Cela peut se produire par exemple sur un groupe Facebook.

Dans ce groupe, il y a une personne qui souffre de phobie d’impulsion, un TOC qui implique la peur de faire du mal aux autres en passant à l’acte sur le coup de l’impulsion.

Cette personne publie quelque chose comme:

«J’ai eu des pensées intrusives intenses récemment. Je m’imaginais faire du mal aux gens que j’aime plus que tout. Vous êtes sûrs que mes pensées ne me feront pas passer à l’acte?»

Aussitôt, les autres membres du groupe multiplient les réponses pour la réconforter et la rassurer: «Mais non, ce n’est que le TOC»; «Tu sais que tu ne passeras pas à l’acte», etc.

Tout cela semble anodin, voire positif.

En effet, un groupe de personnes semble en soutenir une qui ne va pas bien.

Cela implique de la gentillesse, de belles et de bonnes intentions.

Personne dans ce groupe n’est mauvais ni ne vise à nuire aux autres, bien au contraire!

Mais parce que toutes ces personnes ne connaissent pas bien le TOC, ni son fonctionnement et ses pièges, elles ne s’aperçoivent pas que la publication de la personne à laquelle elles répondent est en fait une compulsion.

Et en répondant gentiment à cette personne, pour la rassurer, les membres du groupe contribuent sans le savoir aux compulsions de cette personne.

Et cette dynamique se poursuit ainsi sans cesse.

Les échanges dans les groupes sur Internet deviennent, pour les personnes qui souffrent de TOC, un lieu où chacun contribue aux compulsions des autres.

Ces personnes n’ont pas conscience que ce qu’elles font est une compulsion et que cela empire le problème même si elles essaient d’améliorer les choses.

Ainsi, même si vos intentions sont bonnes en cherchant à vous rassurer sur Internet, ou en rassurant les autres, vous devez vous rappeler que chercher à se rassurer est une compulsion, donc un symptôme tout ce qu’il y a de plus courant dans le TOC.

J’en profite d’ailleurs pour souligner que chercher à se rassurer sur Internet donne souvent l’effet inverse: vous tombez sur des informations (articles, vidéos) qui vous inquiètent encore davantage et cela empire votre anxiété au lieu de la soulager.

J’ai même écrit un article sur ce phénomène fréquent.

Mais pourquoi cette compulsion de chercher à se rassurer est-elle si importante et si fréquente?

Tout d’abord parce que les obsessions impliquent des peurs et des doutes qui sont source d’anxiété.

Face à cela, le réflexe naturel est d'essayer de se rassurer pour faire diminuer cette anxiété.

Mais le problème, c’est que les peurs et les doutes ne disparaissent pas lorsque vous vous rassurez.

Cela, vous le savez probablement déjà, car si cela fonctionnait vraiment, vous n’auriez pas à toujours recommencer à vous rassurer.

Rappelez-vous donc cet élément capital: vous rassurer est une compulsion, et les compulsions contribuent à votre souffrance car elles empêchent votre cerveau de se désensibiliser de ses peurs en tolérant l’anxiété et en constatant que le danger redouté, aussi vivant et vivace qu’il soit dans votre esprit, n’existe pas.

Si je trouve aussi important de vous parler de ce sujet dans cet article, c’est qu’un grand nombre de personnes m’écrivent par email ou dans les commentaires de mes vidéos sur Youtube par exemple.

Mais dans la majorité des cas, les questions qu’on me pose sont des compulsions car leur objectif est de se rassurer.

Aujourd’hui même, au moment d’écrire cet article, trois personnes m’ont contacté exactement dans le but de se rassurer.

Ces personnes ne s’aperçoivent pas qu’elles entretiennent et empirent ainsi le problème et elles me demandent, sans le savoir, de contribuer à leurs symptômes.

Mais cela est sans fin puisque la soif de réassurance est inextinguible dans le TOC et que tout est toujours à recommencer.

Vous comprendrez que je ne peux pas à ces questions car je ne peux pas participer à vos symptômes et contribuer à empirer votre souffrance.

J’insiste donc sur le sujet pour que vous compreniez bien que cette quête éternelle de réassurance est tout sauf constructive.

Elle est une compulsion, un symptôme important du TOC.

Alors pour faire un bon usage de l’Internet, au lieu de chercher à vous rassurer dans des groupes, en faisant des lectures ou en contactant les autres (comme moi), la meilleure chose à faire pour aller mieux est de commencer dès maintenant à en apprendre davantage sur le fonctionnement du TOC et de ses pièges.

Vous vous outillerez ainsi de manière à identifier vos symptômes à l’œuvre et vous pourrez apprendre à appliquer le traitement qui est le plus efficace contre ce  trouble: l’exposition avec prévention de la réponse.

Mes meilleures ressources pour vous aider à réaliser ce traitement de manière autodirigée sont mon programme Web vidéo «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:

• Module pour guérir la phobie d’impulsion;
• Module sur le TOC de la peur d’être homosexuel.

Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.

Mais il est aussi recommandé de consulter.

Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.

Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.

Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.

Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.

Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.

J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.

Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!