Plus d’une chose insignifiante a pris de l’ampleur grâce à une bonne publicité. (Mark Twain)
Dans cet article, nous verrons comment la combinaison d’erreurs de raisonnement semble prendre un malin plaisir à s’accumuler pour nous faire goûter davantage le pire que le meilleur.
Il s’agit des croyances qui s’élaborent dans l’opinion publique, de ces informations qui nous semblent véridiques parce qu’un grand nombre de personnes les partagent… et ce phénomène n’a jamais autant prospéré que depuis l’arrivée des médias sociaux comme Facebook !
Quelle est la définition de l’opinion et des rumeurs qui en découlent dans la société?
Généralement, une opinion est l’ensemble des idées que nous nous faisons sur un sujet.
Jusque-là, rien de bien surprenant.
Par contre, ces idées proviennent de sources peu fiables qui ont rarement été vérifiées de manière rigoureuse.
En effet, de grandes quantités d’informations circulent parmi les groupes de gens (à travers les conversations et dans les médias sociaux, notamment) sans qu’il soit facile d’en identifier la source ou d’en déterminer la valeur.
Parmi les manières de forger des fausses croyances dont j’ai parlé jusqu’ici (je fournis des liens vers chaque article qui en parle), l’opinion en utilise plusieurs:
- Elle généralise très facilement;
- Elle se préoccupe peu de la pertinence des informations;
- Elle véhicule de nombreux préjugés;
- Elle abuse même de l’autorité, car nous croyons l’information vraie simplement parce que plusieurs personnes y croient…
Ces croyances collectives me permettent d’aborder les problèmes qui surviennent lorsque nous communiquons des informations aux autres.
Parce que nous vivons en société, une grande partie des informations dont nous disposons ne proviennent pas de notre expérience personnelle mais de ce que les autres nous rapportent.
Pour vous en rendre compte, vous n’avez qu’à penser à toutes les personnes que vous ne « connaissez » qu’à travers ce que vous en avez entendu dire, comme les vedettes de cinéma ou les politiciens.
Nous nous représentons ainsi les gens et les situations et en concevons une opinion sans les connaître vraiment, sans savoir si notre perception est exagérée ou fidèle à la réalité.
D’autres limites découlent de ce contexte social.
La psychologie nomme faux consensus ou distorsion d’attribution égocentrique la disposition à croire qu’une majorité de personnes partage nos opinions.
Ce problème vient du fait que, puisque nous fréquentons habituellement des gens qui partagent nos valeurs et nos opinions, nous avons tendance à croire qu’une vaste proportion de la population les partage aussi.
Mais ce n’est pas nécessairement le cas…
Par exemple, les médias couvrent davantage les tremblements de terre ou les accidents d’avion que les maladies du cœur.
Pourtant, bien que les problèmes cardiaques causent beaucoup plus de mortalité, nous sous-estimons leur importance par rapport aux événements sensationnels1.
Comme j’en parlais dans mon article sur les fausses croyances, ces impressions sont fondées sur l’accès rapide de notre cerveau aux informations en mémoire, ce qui nous donne l’impression qu’elles sont vraies…
Il est facile de croire véridique une information qui est vivante et concrète.
Par exemple, nous croyons plus facilement une personne qui nous raconte l’aventure récente d’une personne qu’elle connaît.
Et même si cette aventure est une légende urbaine, même si elle vient de loin et ne date pas d’hier, nous ne pouvons pas en vérifier la source et avons tendance à la croire.
Tous ces biais constituent le riche terreau sur lequel prospère l’opinion.
Il s’agit des croyances secondaires, qui ont déjà été répétées à de très nombreuses reprises sans jamais avoir assuré leur validité.
C’est ainsi que nous accordons du crédit à une fausse anecdote, vieille de 35 ans, si elle semble récente et est racontée avec entrain.
Et dans la société, ces conditions semblent malheureusement prévaloir sur toute attestation objective !
Il en va ainsi des rumeurs dont on découvre souvent des variations dans différents pays alors qu’elles semblaient chaque fois provenir d’un événement vécu récemment par l’ami(e) d’une personne que nous connaissons…
Malgré son peu de fiabilité, l’opinion bénéficie d’une force de persuasion non négligeable.
Puisque la vie en société génère de grandes quantités de rumeurs, nous devons bien composer avec elles…
Survivre aux rumeurs…
L’opinion gagne ainsi une grande importance dans nos décisions, dans la manière dont nous « gérons » notre existence.
Une meilleure analyse de ces informations ne peut qu’améliorer notre qualité de vie car des croyances fausses ou incomplètes (opinions et rumeurs) engendrent souvent des réactions trop hâtives et inadaptées.
Le premier avantage de nos croyances est leur capacité à changer.
Parce qu’elles paraissent plausibles et sont difficiles à vérifier, les rumeurs colportées dans la société remplacent facilement certaines croyances par de nouvelles.
Par exemple, nous changeons parfois la connotation d’une information neutre simplement parce que nous l’avons associée à une opinion.
Ce changement est positif, par exemple, lorsqu’une activité qui nous laissait de glace nous intéresse soudainement après que nous en entendons parler.
Mais le résultat devient néfaste lorsque nous nous forgeons une idée négative d’une personne que nous connaissons peu à la suite des critiques, éventuellement fausses, d’une autre personne.
Voici une petite définition humoristique que j’ai écrite sur les rumeurs |
La rumeur (faussetus credulium) est un petit insecte qui vit et se reproduit grâce aux populations humaines.
Avec l’agilité de la mouche à fruits (drosophila melanogaster), la rumeur volette adroitement à travers paroles et médias pour aller se poser dans les oreilles des gens et entrer profondément dans leur tête. Elle gruge alors une partie très tendre de l’esprit que l’on nomme « crédulité ». La rumeur pond ensuite quelques oeufs qu’elle couve tout doucement. Après seulement quelques minutes d’incubation, une rumeur nouveau-née, déjà prête à prendre son envol et à se reproduire, sort par la bouche de la personne en quête de nouveaux esprits à infester et à corrompre. Certaines personnes possèdent une immunité naturelle contre ce genre de parasite: leur esprit est trop coriace pour les dents de l’insecte. On nomme cette anomalie très rare « l’esprit critique ». Malheureusement, cela n’est pas suffisant pour contrer l’efficacité avec laquelle se répandent les rumeurs. Depuis l’avènement d’Internet, la population de rumeurs et leur transmission a augmenté de façon inquiétante. Nous assistons même à une véritable pandémie. Ceux qui aimeraient identifier cet insecte doivent savoir qu’il ne s’attrape pas facilement, même avec un filet. On le reconnaît aisément à son sourire flagorneur, à son aspect souvent excessif, à ses sources plus qu’incertaines et au très grand nombre de personnes qui en parlent en commençant leurs phrases par « il paraît que… » Habituellement sans danger pour la santé, certaines rumeurs sont toutefois très nocives. Elles peuvent ruiner des mariages, des réputations et même des vies entières. Il est donc préférable de rester vigilant, car cette satanée bestiole aura bientôt infesté la terre entière ! |
Revenons à nos moutons…
Les rumeurs proviennent des sources les plus diverses, comme les médias, un souvenir réinterprété ou confondu avec un autre, une histoire souvent répétée et déformée.
Le problème de ces croyances réside toujours dans leur manque de validité.
Même quand elles sont véridiques au départ, elles se déforment à force d’être échangées.
Le phénomène est à ce point remarquable que le folklore populaire de plusieurs pays relate de multiples variantes des mêmes récits à travers leurs traditions orale et écrite.
Ces histoires ont subi tellement de variations au fil du temps que seuls certains détails généraux subsistent.
Ces contes, comme plusieurs croyances de l’opinion, sont des schémas dont certains éléments varient, comme l’identité du personnage principal ou le nombre de péripéties, et d’autres moins, comme la fin heureuse2.
Lors de leur transmission, plusieurs éléments de ces histoires changent, ce qui montre à quel point les erreurs peuvent s’y glisser facilement.
Les problèmes liés à l’opinion sont nombreux, parfois très graves, et nous les alimentons chaque fois que nous répétons des informations sans faire attention à leur validité ou que nous portons des jugements en nous basant sur elles.
Un exemple qui illustre les dégâts qu’occasionnent les rumeurs
La vie d’une jeune fille a basculé lorsque, à neuf ans, son corps a subi une puberté précoce.
À l’école primaire, le fait qu’elle paraissait plus âgée a fait croire aux élèves qui la côtoyaient qu’elle avait des relations sexuelles avec des garçons plus vieux, ce qui était faux.
Cette rumeur a poursuivi son travail funeste jusqu’à ce qu’une grande quantité d’élèves de son école et, plusieurs années plus tard, d’autres écoles, la déprécient et la rejettent systématiquement à renfort d’injures et de grossièretés.
Aujourd’hui, devenue une femme, marquée par ce mépris gratuit, elle souffre de séquelles qui meurtrissent sa manière de se percevoir.
Elle n’a pas confiance en elle et elle se déprécie; elle a de la difficulté à se lier d’amitié (surtout avec les hommes, qui ont été les premiers à vouloir profiter de la situation).
Sa vie sexuelle en souffre puisqu’elle combat continuellement les idées fausses qui l’ont tellement humiliée. Insidieusement, ces rumeurs ont gravement nui à son bien-être et au développement de son identité.
Et le pire avec cette histoire, c’est qu’elle n’est pas elle-même une rumeur.
Elle a été vécue par une de mes amies que j’apprécie beaucoup. J’aurais de loin préféré inventer cet exemple…
Vous voyez donc à quel point le fait de communiquer aux autres des rumeurs, peu importe le moyen utilisé (de la parole aux textos à l’internet), nous rend complices d’entretenir ces rumeurs qui peuvent parfois détruire des vies.
Je ne crois pas nécessaire d’illustrer plus longuement les dangers des opinions et des rumeurs.
Vous pouvez cependant faire l’effort d’évaluer davantage la validité et les conséquences de ce que vous répétez aux autres.
Pour vous aider, un petit résumé s’avère utile:
- L’opinion met des affirmations non fondées dans la bouche des gens qui ne se préoccupent pas de leurs sources;
- Elle provoque des comportements excessifs et malsains, comme le rejet, en s’appuyant sur des preuves incomplètes ou fausses qui paraissent néanmoins plausibles parce que plusieurs personnes y croient, parce qu’elles sont vivantes et semblent se dérouler près de nous. Il y a aussi les déclarations fausses auxquelles les gens croient et qui peuvent détruire des mariages, des carrières ou des réputations. C’est le cas d’un professeur au secondaire accusé à tort de harcèlement sexuel par des jeunes filles qui n’ont jamais pensé aux répercussions que leur faux grief aurait sur sa vie. Les gens croient facilement ce genre d’histoires car ils se demandent: « Comment une accusation si grave pourrait-elle être fausse ? »
- L’opinion est particulièrement instable et peut changer à tout moment pour des raisons imprévisibles: les variations de la popularité des politiciens pendant les campagnes électorales en sont un bon exemple.
Encore ces foutues distorsions cognitives…
À la base des distorsions cognitives qui nous rendent malheureux, il y a des fondements communs et normaux.
Chaque cerveau humain éprouve ces limites.
Ces processus, qui visent notre adaptation à l’environnement, impliquent cependant des problèmes.
Pour minimiser l’impact de ces erreurs sur notre bien-être, nous devons les identifier au moment où elles se manifestent et réviser nos conclusions.
La volonté de changer pour le mieux constitue la base de cette amélioration.
Mais il est également utile de se souvenir des points suivants:
- Les distorsions cognitives faussent nos conclusions en articulant mal les informations que nous utilisons pour interpréter les événements.
- Elles se basent sur des informations souvent insuffisantes qui ne représentent qu’une facette de la situation et ne peuvent valider que nos hypothèses.
- Elles nous font évaluer trop rapidement à partir de généralisations et de stéréotypes, souvent contre nous-mêmes ou contre les autres.
- Une large part des distorsions cognitives découle de l’influence des émotions négatives, qu’elles alimentent abondamment.
Constatation surprenante à propos des distorsions cognitives: ce sont les personnes qui en souffrent le plus qui sont aussi les plus déterminées à poursuivre dans leur voie destructrice.
Nos croyances et nos manières d’interpréter sont singulièrement résistantes, tenant tête même aux informations qui les réfutent3.
Cela est en partie dû au fait que nos comportements tiennent essentiellement à ce que nous sommes et à ce que nous connaissons.
Nous recherchons les informations qui sont capables de soutenir nos croyances et qui sont cohérentes avec elles.
Au cours des événements, nos manières habituelles d’expliquer sont rapidement disponibles et nous donnent l’impression de constituer une source fiable d’informations pour comprendre ce qui se passe.
Même des experts peuvent avoir une grande confiance en leur jugement sans pour autant analyser leur manière d’évaluer la situation.
Dans une étude, Fischhoff et ses collègues4 ont demandé à des mécaniciens automobiles chevronnés de faire la liste des raisons pour lesquelles une voiture ne démarre pas.
À leur grande surprise, ces mécaniciens n’ont nommé que très peu de possibilités en regard des dizaines que les expérimentateurs avaient préalablement relevées.
Ce que je veux souligner, c’est que nous négligeons de mettre à jour et de réévaluer les preuves que nous utilisons pour raisonner.
C’est pour cette raison qu’une personne déprimée continue à se déprécier même lorsque ses expériences lui prouvent sa valeur personnelle.
Nous faisons chaque jour l’effort de réfléchir afin d’expliquer les événements sans cependant fournir un équivalent pour assurer la validité de nos conclusions.
C’est un peu comme si nous nous forcions à concocter un bon petit plat en suivant religieusement la recette sans toutefois nous préoccuper de la qualité des ingrédients.
Le résultat ne serait pas nécessairement comestible !
Non seulement nous ne remettons pas en question nos croyances, mais nous utilisons nos propres réactions, ou l’issue des événements, pour les renforcer.
Par exemple, si nous nous croyons incapables de réussir quoi que ce soit, nous perdons toute motivation et ne nous risquons plus à réaliser la moindre chose.
De piètres résultats renforceront notre croyance, et tout continuera.
D’autres explications existent pourtant.
Sortir du trou…
Qu’est-ce qui peut remplacer nos croyances et nos réactions inadaptées ?
La compréhension consciente de nos problèmes et la mise en place de mesures fécondes pour contrer les distorsions cognitives.
C’est ce qui s’appelle le recadrage.
Chacun de nous possède un cerveau et est donc tributaire des mêmes processus cognitifs.
C’est la raison pour laquelle nous sommes aussi enclins à faire les mêmes types d’erreur.
Mais nous pouvons aussi tous faire cesser leur travail destructeur.
Dans la vie, peu d’entre nous choisiraient d’agir directement contre leur intérêt si on le leur proposait.
C’est pourtant ce que nous faisons chaque fois que nous entretenons des croyances fausses qui diminuent notre bien-être.
Le fait de comprendre nos processus cognitifs, leurs distorsions et leurs conséquences nous montre tout le bénéfice de modifier ces conclusions qui mènent à notre perte.
Nous avons tout avantage à modifier le contenu négatif de nos pensées, à être plus patients avec les autres, à accepter les événements que nous ne pouvons pas changer.
L’intérêt de cette démarche se résume à peu près ainsi: mieux comprendre comment nous interprétons nos expériences et leur donnons du sens, c’est mieux comprendre l’ensemble de notre vie.
Malgré son apparente évidence, j’aimerais rappeler que tout changement personnel s’appuie sur nos émotions et nos modes de raisonnement.
Notre cerveau se trouve donc à la base de toutes nos réactions.
Grâce à cette ressource, la possibilité de contrôler nos distorsions revêt une importance capitale.
Ainsi, seules nos croyances et notre interprétation des événements changent notre humeur et nos comportements.
Qu’une situation soit banale, réjouissante ou même insultante, son incidence sur notre bien-être dépend invariablement du sens que nous lui donnons.
Si vous êtes habitués à écrire, cette activité est simple et le plaisir d’écrire un texte vous paraît normal, voire banal.
Au contraire, une personne qui peine à rédiger chaque phrase vit le même résultat comme une victoire riche de satisfaction.
Une même situation, de multiples façons de la percevoir.
Les prochains articles porteront sur ce fantastique outil qu’est le recadrage, c’est-à-dire le contrôle conscient des distorsions cognitives. Voici les objectifs qu’ils vous aideront à atteindre:
- Contrôler et idéalement supprimer les distorsions cognitives et leurs fâcheuses conséquences.
- Développer les habitudes nécessaires pour prévenir et éviter ce genre de problèmes avant qu’ils ne deviennent dommageables.
Mais pour utiliser la conscience, ce fantastique outil cérébral à la base du recadrage, nous devons non seulement vouloir changer pour le mieux, mais aussi nous croire capables de le faire et fournir les efforts nécessaires pour y parvenir.
Tout un programme !
Mais ne pas essayer de peur d’échouer procéderait d’une double distorsion.
D’un côté, cette conclusion sélectionne soigneusement les informations négatives de l’échec, et ce, même si nous n’avons aucune preuve, que rien n’est encore commencé !
D’un autre côté, elle projette dans l’avenir cet échec inventé, rendant impossible toute initiative.
L’inaction est effectivement le meilleur moyen d’échouer…
L’être humain est formidablement efficace lorsqu’il s’agit de se nuire en formulant des conclusions tordues contre nous-mêmes et contre les autres.
Nous n’avons pourtant rien à perdre, surtout lorsque le but de notre quête est aussi celui de toute notre existence: le bonheur !
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Références
- LICHTENSTEIN, S., P. Slovic, B. Fischhoff, M. Layman and B. Combs (1978), «Judged frequency of lethal events», in Journal of Experimental Psychology: Human Learning and Memory, vol. 4, p. 551-578.
- À ce sujet, il sera intéressant de consulter le premier chapitre de l’ouvrage Morphologie du conte de Vladimir Propp. L’auteur y fait une rétrospective d’études qui comparent justement les différentes versions des mêmes contes dans plusieurs pays. L’ethnologue va plus loin en tentant même d’identifier une structure commune à tous les contes. Si cette généralisation est critiquable, les exemples qu’il avance illustrent bien la structure commune à ces histoires qui ont beaucoup voyagé.
- ANDERSON, C. A., M. R. Lepper and L. Ross (1980), «The perseverance of social theories: The role of explanation in the persistence of discredited information», in Journal of Personality and Social Psychology, vol. 39, p. 1037-1049.
- FISCHHOFF, B., P. Slovic and S. Lichtenstein (1978), «Fault trees: Sensitivity of estimated failure probabilities to problem representation», in Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, vol. 4, p. 330-334.
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