Le cercle vicieux de la compulsion de vous rassurer (TOC)

Cet article fait partie de ma série qui porte sur les compulsions du trouble obsessionnel-compulsif.

Les compulsions sont très importantes car elles font partie des symptômes principaux de ce trouble.

Je vous rappelle qu’elles sont des comportements physiques ou mentaux répétés qui visent à soulager votre anxiété et la souffrance liée à vos obsessions, donc liées à vos pensées intrusives, à vos peurs et à vos doutes.

Je vous invite à lire mes autres articles sur les compulsions pour bien comprendre leur fonctionnement car mieux vous comprendrez le TOC dont vous souffrez et plus vous serez outillé pour en sortir et ne pas tomber dans ses pièges.

Dans cet article, j’aimerais aborder un phénomène que vous avez peut-être déjà vous-même vécu et qui est lié aux compulsions.

Cela me fait toujours de la peine de savoir que des personnes vivent ce que je vais vous décrire, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai décidé d’y consacrer un article entier.

Voici comment je pourrais vous décrire ce phénomène qui est plus spécifiquement lié à la compulsion très fréquente qui consiste à chercher à se rassurer de ses peurs et de ses doutes.

Puisque les obsessions du TOC sont très souvent reliées à des peurs, à des pensées horribles et à des doutes, le reflexe le plus courant face à cela consiste à chercher à vous rassurer.

Vous risquez d’abord de chercher sur Internet (une forme fréquente que prend cette compulsion).

Mais vous pourrez aussi porter une attention particulière dans les médias à tout reportage, à la télé ou dans le journal, qui pourrait être lié de près ou de loin à vos peurs et à vos pensées obsessionnelles.

Par exemple, une personne qui souffre du TOC de la peur d’être homosexuel portera une attention particulière à tel reportage qui présenterait le cas d’une personne qui aurait fait son coming out tard dans sa vie.

Puisque la personne qui souffre de ce TOC pense à tort qu’elle vit une homosexualité refoulée, ce reportage semble confirmer que ce qu’elle craint au sujet de son orientation sexuelle est très plausible.

Ou prenons l’exemple de cette autre personne qui souffre d’un TOC de phobie d’impulsion et qui a peur de tuer les membres de sa famille qu’elle aime plus que tout.

Dans ses recherches sur Internet, elle tombe sur un article au sujet d’une personne qui a tué ses proches dans un apparent «accès de folie».

Elle se met alors à craindre, à tort encore une fois, que cet horrible scénario représente quelque chose qu’elle pourrait réellement vivre elle aussi.

Si j’insiste sur le fait que les personnes qui souffrent de TOC croient à tort que leurs obsessions représentent un risque réel par rapport à ce qui les inquiètent, c’est que cette crainte fait partie des symptômes de base du TOC et n’a rien à voir avec la possibilité réelle de changer d’orientation sexuelle ni de commettre l’irréparable.

Si vous souffrez du TOC, votre cerveau est hypersensible à toute information qui semble reliée aux obsessions que vous avez, c’est-à-dire à vos peurs et à vos doutes.

Pour cette raison, non seulement vous êtes friand de toute information sur le sujet de vos peurs pour vous rassurer, mais cette information les empire le plus souvent au lieu de vous rassurer vraiment.

En d’autres mots, le cercle vicieux de la compulsion de vous rassurer ajoute des peurs supplémentaires qui viennent nourrir votre anxiété et rend plus vives les peurs que vous avez déjà.

C’est comme si vous essayiez d’éteindre un feu en jetant de l’essence dessus!

Ainsi, comme nous l’avons vu dans mes deux exemples précédents, cette recherche d’informations pour vous rassurer, loin d’améliorer les choses, augmente en fait votre niveau d’anxiété, vos symptômes et votre souffrance.

Résultat: plus d’obsessions et plus d’anxiété, les peurs devenant plus intenses, et un plus fort besoin d’apaiser cette souffrance de la mauvaise manière, à travers de nouvelles compulsions comme en cherchant davantage à vous rassurer.

Et cela devient un cercle vicieux car plus vous cherchez à vous rassurer et plus vous vous inquiétez, et plus vous cherchez à vous rassurer encore pour soulager vos nouvelles inquiétudes...

Cela n’a pas de fin.

Vous cherchez des preuves que vos peurs et vos doutes ne présentent pas de problème/danger mais, en réalisant cette compulsion de vous rassurer, vous tombez sur des informations qui vous font douter davantage et que vous interprétez à tort comme des preuves potentielles que vos peurs sont fondées.

Par exemple, une personne qui souffrait du TOC de la peur d’être pédophile m’a contacté un jour.

Elle avait lu sur Internet qu’il existait des pédophiles abstinents qui étaient angoissés à l'idée de passer à l'acte et qui souffraient de leurs déviances, et elle se demandait si ce qu’elle avait pouvait être cela au lieu du TOC.

Cette personne me contactait donc pour réaliser la compulsion de se rassurer après s’être inquiétée davantage parce qu’elle était tombée sur l’article qu’elle venait de lire.

Puisque je ne fais pas de consultation psychologique et que je ne participe pas aux compulsions des personnes qui me contactent, car cela entretient et empire leur souffrance, j’ai référé cette personne aux meilleures ressources pour l’aider, comme je le fais aussi dans cet article.

Vous ne devez donc pas prendre à la légère votre compulsion de vous rassurer et ses conséquences, car il s’agit d’un symptôme important du TOC qui risque d’empirer votre anxiété et votre souffrance même si, au demeurant, vous croyez à tort que vous rassurer vous aidera à apaiser vos peurs.

Vos compulsions soulagent temporairement votre anxiété lorsque vos obsessions et vos peurs se manifestent.

Mais plus vous faites de compulsions et moins le soulagement dure longtemps et plus vous devez les répéter souvent et longtemps, et plus elles deviennent davantage source de souffrance que de soulagement.

Ainsi, bien qu’il soit difficile de sortir de ce cercle vicieux où vos tentatives de vous rassurer augmentent votre inquiétude, car les symptômes du TOC comme les compulsions sont souvent réalisés sans que l’on en prenne conscience, le fait, justement, de comprendre ce cercle vicieux vous aide à identifier ce piège important dans lequel vous tombez peut-être.

Cette prise de conscience des pièges du TOC est la première étape pour vous permettre d’en sortir.

Car pour aller mieux, il est important de travailler à prendre conscience de vos compulsions, même si elles sont souvent difficiles à réprimer, et à vous concentrer sur la seule chose qui peut améliorer la qualité de vie: le traitement.

Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:

• Module pour guérir la phobie d’impulsion;
• Module sur le TOC de la peur d’être homosexuel.

Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.

Mais il est aussi recommandé de consulter.

Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.

Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.

Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.

Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.

Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.

J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.

Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!