Ce texte est l’un des chapitres de ma fable de développement personnel Le crapaud et le prince qui ne se trouvait pas charmant dont le contenu est accessible sur mon site. Voici la suite du chapitre précédent.
D’aucuns croiront que le projet de vaincre un énorme dragon couvert d’épaisses écailles et qui crache le feu n’était pas réaliste.
Mais qui peut se vanter d’être un prince dans un pays enchanté ?
Les princes sont habituellement capables de vaincre des dragons, des sorcières et bien d’autres chimères, surtout lorsqu’il s’agit de tirer une princesse d’un mauvais pas.
Mais notre prince n’avait pas de princesse à sauver. Même le courage qui semblait si habituel chez les princes charmants lui faisait défaut…
Et notre prince n’avait trouvé dans la garnison du château aucun maître susceptible de lui enseigner l’art des armes à un niveau suffisamment élevé pour vaincre un dragon.
Il avait donc fait quérir un grand maître qui habitait les contrées lointaines aux frontières de l’Orient.
Ce grand maître s’appelait Li Qing et maîtrisait parfaitement les plus grands secrets des armes. Il arriva à tire d’ailes sur le dos d’une colombe géante.
Aussitôt qu’il mit pied à terre, le maître dit qu’il était prêt à commencer, ce qui n’était pas aussi pressant pour le prince.
– Cela fait si longtemps que je n’ai plus pratiqué le combat à l’épée, dit le prince au crapaud. Je t’avoue que je n’ai jamais été particulièrement attiré par le maniement des armes…
– L’une des manières les plus efficaces pour réussir un objectif ambitieux consiste à te donner des actions concrètes à poser à chaque semaine et à chaque jour. Ces actions te donnent des résultats. Et ces résultats sont propres à t’encourager et, surtout, ils te montrent si tu progresses ou non dans la bonne direction. Bien sûr, il faut que tu choisisses des actions qui correspondent à tes valeurs et aux rêves que tu désires réaliser dans tous les domaines de ta vie.
– Encore une fois, je vais suivre tes conseils, Crapaud. Puisque mon objectif est de vaincre le dragon et puisque j’ai la chance de recourir aux services d’un des plus grands professeurs de tous les temps, je vais m’y mettre sur le champ !
– Voilà une façon fort positive de voir les choses ! encouragea le crapaud.
Sans plus tarder, le prince débuta ses cours avec le maître Li Qing. Il pratiqua sans relâche, parfois jusqu’à l’épuisement. Mais ses forces ne l’abandonnaient jamais.
Il découvrait même la sensation nouvelle et merveilleuse de se sentir en pleine possession de ses moyens à mesure qu’il mobilisait ses efforts pour avancer, à mesure qu’il voyait combien il s’améliorait.
Les semaines passèrent…
Quelle ne fut pas la surprise du prince de constater qu’il avait sérieusement amélioré sa dextérité au combat et dans le maniement de l’épée.
Il réussissait enfin, malgré tous les doutes qu’il avait déjà entretenus au sujet de ses capacités.
Cette expérience lui apprit quelque chose d’étonnant, une illumination qu’il s’empressa de partager avec son ami:
– C’est merveilleux, Crapaud ! Je m’aperçois maintenant combien les pensées négatives que j’entretenais à mon sujet me limitaient. Ces pensées me faisaient croire que je ne pouvais rien réussir. Alors je n’essayais rien. C’est ce qui me faisait croire que j’avais raison… Mais depuis que j’ai commencé à réaliser un objectif véritable au lieu de me plaindre, je m’aperçois combien je me trompais à mon propre sujet et combien je me rendais moi-même malheureux !
– Tu vois que tu peux simplement faire confiance à la vie en prenant de nouvelles initiatives, répondit le crapaud. Au lieu de faire ce que tu avais toujours fait, tu t’es amélioré, tu as gagné de la confiance et tu as fait des découvertes sur toi-même. Plus tu refuses d’écouter les pensées qui te limitent, tes peurs et tes habitudes, et plus tu découvres combien tes capacités et tes possibilités sont étendues par rapport à ce que tu croyais auparavant. Nous ne nous développons vraiment que lorsque nous dépassons les limites que nous nous sommes nous-mêmes données…
La motivation n’avait pas toujours été au rendez-vous. Autrefois, le prince préférait faire la grâce matinée.
Bien sûr ! Ce qu’il faisait ne lui donnait guère envie de se lever le matin…
Mais depuis que le crapaud était venu l’aider à trouver un sens à sa vie, il se levait tôt, très tôt même.
En fait, il se levait tellement tôt qu’il allait même parfois réveiller le coq, histoire de le taquiner un peu à son tour. Ce coq avait dérangé son sommeil pendant tellement d’années…
Le crapaud ne quittait plus la couronne du prince.
Il l’encourageait dans ses efforts et l’aidait à construire le sens sur lequel reposait sa motivation.
Un matin, en faisant ses exercices d’étirement, le prince lui dit:
– C’est étrange, Crapaud. Tu sais, je te disais il y a quelques temps combien je détestais faire ce genre d’exercices. Et maintenant je me lève avant le coq pour commencer ! J’apprécie vraiment faire ces activités maintenant. C’est incroyable !
– Et sais-tu pourquoi ce changement s’est opéré en toi ? lui répondit le crapaud.
– Je t’avoue que tout cela me paraît bien obscur…
– Eh bien, lorsque tu te donnes un rêve à réaliser, tu trouves facilement l’envie de faire des activités que tu détestais auparavant. C’est ton objectif qui te porte. Tu vois maintenant le maniement des armes d’un tout autre œil: tu sais pourquoi tu fais ces exercices ! C’est la raison pour laquelle le sens que tu donnes à chacune de tes actions et de tes objectifs est aussi important.
Cette découverte fut pour le prince une véritable révélation.
Auparavant, lorsqu’il avait peur d’échouer ou de faire quelque chose de nouveau, il s’abstenait simplement d’essayer.
Maintenant, il savait que plus il essayait et plus il prenait conscience de ses capacités réelles et voyait ses rêves se réaliser.
Il se sentait de mieux en mieux dans sa peau.
Enfin, après un long apprentissage et de durs exercices, le grand maître dit au prince que son travail était terminé et il quitta le pays enchanté comme il était venu, à tire d’ailes.
Le prince avait réussi à atteindre son objectif !
– Te voilà fin prêt à affronter un horrible dragon ! s’exclama le crapaud. Félicitations !
– Oui, c’est bien possible, répondit le prince dont le doute avait quelque peu déserté la voix. Mais j’aimerais bien en avoir le cœur net. Hier, j’ai eu l’idée de convoquer tous les autres princes du pays pour les affronter dans un tournoi amical. C’est exactement le genre d’initiative que je n’aurais jamais prise auparavant. Mais je sais maintenant que je n’ai rien à perdre et tout à gagner à affronter ce qui me fait peur. C’est la manière par excellence de développer ma confiance.
– Je t’en félicite ! Encore une fois, je constate combien tu apprends vite !
Autrefois, le prince aurait attendu des jours et même des semaines avant d’entreprendre ce qu’il désirait, surtout si cela lui faisait peur, comme un tournoi !
Il faut dire qu’il avait toujours été le dernier lors de ces joutes et il avait eu sa dose d’humiliation.
Heureusement, le crapaud lui avait décrit la manière dont nous nous piégeons souvent lorsque nous orientons nos choix en fonction du passé et non en fonction du présent:
– Si tu agis seulement à partir de tes mauvais souvenirs, tu ne te donnes pas l’occasion de faire de nouvelles expériences et d’améliorer ta vie puisque tu conclus une fois pour toutes qu’une chose est désagréable ou qu’elle est impossible. La réalité n’est pas aussi simpliste. Et le fait de toujours remettre au lendemain une action importante est un très bon moyen de perdre la confiance en toi et de n’obtenir aucun résultat…
Encore une fois, le prince fut vite convaincu du bien-fondé des paroles de son ami. C’est pourquoi il n’attendit pas et envoya les convocations pour le tournoi dès le lendemain.
Les autres princes s’empressèrent d’accepter l’invitation, car ils y voyaient-là une fort belle occasion de rire de nouveau du prince qui ne savait pas tenir une épée.
Il en fut tout autrement cette fois…
Le tournoi eut lieu quelques jours plus tard dans la cour intérieure du château, et les autres princes constatèrent rapidement qu’ils n’étaient plus de taille !
Quelle que soit l’arme, à cheval ou à pied, le prince était toujours victorieux. Il avait bien changé, constataient les autres avec dépit.
Ils n’avaient plus envie de rire ! En fait, ils riaient jaune maintenant…
Non seulement la dextérité du prince au combat avait changé, mais son attitude aussi. Sa hardiesse montrait combien il croyait désormais en lui-même.
Il n’avait plus peur de perdre ou de se faire rejeter. Il avait perdu une grande partie de sa timidité et cette nouvelle attitude suscitait respect et considération.
Après que les sept jours du tournoi furent écoulés, le crapaud partagea son état d’esprit au prince:
– Il n’y a plus de doute, tu es maintenant la plus fine lame du pays !
– Ça n’a pas l’air de te surprendre, répondit le prince.
– Non, en effet. Et ce n’est pas parce que je te croyais plus fort ni plus talentueux que les autres. Ma certitude venait d’une simple constatation qui nous concerne tous: nous pouvons réaliser beaucoup plus de choses que nous nous en croyons capables. À condition d’y mettre le temps et l’énergie, bien sûr, et c’est ce que tu as fait. Comme disait le philosophe Sénèque, ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles…
Le prince était un peu déçu par cette réponse, lui qui croyait avoir un petit quelque chose d’extraordinaire de plus que les autres.
Comme s’il lisait dans ses pensées, le crapaud ajouta:
– Et ce qui est extraordinaire dans cette constatation, c’est que nous pouvons tous devenir plus grands que nous-mêmes. N’est-ce pas là une excellente nouvelle ?
Le prince opina du chef. Il avait su contenir le sursaut d’orgueil qui voulait lui faire croire qu’il valait mieux que les autres.
Il se dit plutôt qu’il était préférable que chacun puisse réaliser ce qui correspondait à ses choix et que tout le monde soit extraordinaire.
– Tu es donc prêt pour réaliser l’objectif ambitieux que tu t’es fixé et aller rendre une petite visite au dragon ? demanda le crapaud d’un ton déterminé. Il est temps de partir.
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