Cet article fait partie de ma série sur le traitement du traitement du trouble obsessionnel-compulsif.
Il aborde un sujet important sur lequel les personnes qui souffrent de TOC peuvent avoir des doutes.
Je vais donc répondre à la question que vous vous posez peut-être: est-ce que la psychothérapie pour traiter le TOC fonctionne vraiment?
D’entrée de jeu, si vous souffrez de TOC, il ne fait aucun doute que la meilleure initiative que vous pourrez prendre sera de le traiter.
En effet, même si les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif se font parfois très tranquilles au point de ne (presque) plus vous déranger, ce dernier peut revenir en force à tout moment et ne disparaîtra pas de lui-même si vous ne le traitez jamais.
Douter des bienfaits du traitement à cause du TOC lui-même
Que se passe-t-il lorsque le TOC s’attaque à votre intention de le traiter?
Les symptômes principaux du TOC sont les obsessions, et les obsessions prennent souvent la forme de doutes.
Puisque le TOC implique toutes sortes de craintes et d’inquiétudes, une personne qui en souffre sera donc encline à douter que le traitement pourra vraiment fonctionner (donc craindre qu’il ne fonctionnera pas).
Par exemple, voici le type de publication que j’ai souvent lu sur les médias sociaux dans les groupes qui réunissent des personnes qui souffrent de TOC:
Y a-t-il des gens qui peuvent me certifier que la TCC fonctionne vraiment? Car je n'arrive pas à me décider à prendre rendez-vous. Je me dis que ça ne marchera sûrement pas…
Sans s’en apercevoir, cette personne exprime une obsession dans le groupe (doutes et craintes au sujet du fait que le traitement ne fonctionnera pas) et elle cherche à ce que les autres membres la rassurent, ce qui est une compulsion courante.
J’ai d’ailleurs abordé le sujet de la manière dont les personnes qui souffrent de TOC utilisent l’Internet et les médias sociaux pour réaliser des compulsions comme celle de se rassurer.
Et je le répète souvent: le TOC est insidieux.
Ses symptômes peuvent donc s’immiscer même dans votre quête d’un traitement adéquat et vous retenir de le traiter, par peur que cela ne fonctionne pas.
La différence entre la psychothérapie et la médication
Le traitement lui-même peut aussi porter à confusion.
Par exemple, il arrive que des personnes traitent leur TOC en prenant seulement des médicaments, le plus souvent des antidépresseurs.
Elles ressentent habituellement une amélioration de leur qualité de vie, mais elles sentent que le TOC ne les quitte pas pour autant.
Voici donc un petit commentaire sur les médicaments.
Je ne suis ni médecin ni psychiatre, je ne suis donc absolument pas en mesure de commenter les médicaments en général ni leur utilisation en particulier.
Je me contenterai de vous partager ce que les recherches en psychologie qui font des suivis sur ce sujet disent (1):
Les médicaments sont utiles et peuvent soulager les symptômes. Il est donc bénéfique et important de consulter votre médecin et éventuellement un psychiatre, et il n’y a pas de mal à prendre des médicaments pour améliorer les choses.
Mais les meilleurs résultats sont obtenus chez les personnes qui suivent une psychothérapie adaptée au TOC (en plus des médicaments, au besoin, s’ils sont prescrits).
Quand on souffre de TOC de manière intense, les médicaments peuvent faire la différence.
Ils sont comme la bouée de sauvetage qui empêche de se noyer.
Mais pris seuls, sans psychothérapie, ils réduisent (soulagent) les symptômes.
Traiter le TOC à sa source est l’objectif de la psychothérapie (mais pas n’importe quelle psychothérapie, comme nous le verrons plus bas).
Si les médicaments sont l’équivalent de la bouée, la psychothérapie revient à nager vers le rivage pour sortir de l'eau.
Sans elle, on se contente de flotter.
On ne se noie pas, mais on ne sort pas de l’eau non plus.
Douter des bienfaits du traitement à cause de mauvaises expériences passées en thérapie
Mais tous les doutes et les craintes sur le traitement ne viennent pas nécessairement du TOC ni du fait de ne prendre que des médicaments.
Il se peut que vous ayez déjà tenté de le traiter, plusieurs fois même, sans succès.
Vous avez peut-être déjà consulté de nombreux thérapeutes, mais vous sentiez que vous n’avanciez pas.
Pire, peut-être que certaines expériences ont empiré vos symptômes et que cela vous a découragé.
Le fait est que ce ne sont pas tous les psychothérapeutes qui sont outillés pour reconnaître le TOC et le traiter efficacement.
Plusieurs études (2) font état d’un très haut taux d’erreur lors du diagnostic.
Cela porte non seulement à ne pas traiter le TOC efficacement, mais parfois même à empirer ses symptômes.
Par exemple, la base des symptômes du TOC sont les obsessions: des pensées intrusives, des images, etc. qui sont inquiétantes, voire carrément effrayantes.
Ces pensées ne sont que du «bruit», elles ne sont pas importantes et elles ne signifient rien, mais elles empirent justement parce que les personnes qui en souffrent tombent dans un des pièges du TOC qui consiste à leur donner de l’importance et à croire qu’elles ont un sens.
Lors des séances, certains thérapeutes qui ne connaissent pas ces caractéristiques fondamentales du TOC peuvent se mettre à «creuser» le «sens profond» de ces pensées intrusives (obsessions) et, ce faisant, leur donner de l’importance.
Cela fait monter en flèche l’anxiété des personnes qui en souffrent et cela les découragent de poursuivre la thérapie.
J’ai malheureusement lu de nombreux témoignages de personnes à qui cela était arrivé.
Le psychologue Didier Havé a d’ailleurs réalisé une vidéo très intéressante sur ce sujet:
Et si le TOC est déjà difficile à connaître et à diagnostiquer pour les médecins et les psychologues, imaginez ce qui se produira si vous consultez des «thérapeutes» qui n’ont aucune compétence pour vous aider.
Au Québec où j’habite, la pratique de la psychothérapie est très bien encadrée par l’Ordre des psychologues, notamment depuis une loi promulguée en 2012 pour protéger la population.
Mais en Europe, comme en France, d’après ce que j’ai pu constater, la psychothérapie n’est pas aussi encadrée et j’ai lu des témoignages de personnes qui consultaient des «thérapeutes» aux compétences douteuses, quand il ne s’agissait pas carrément de charlatans!
Par exemple, plusieurs personnes consultent des magnétiseurs contre le TOC, et j’ai récemment lu le témoignage d’une femme qui rêvait de ses obsessions et son «thérapeute» lui disait qu’il s’agissait peut-être de rêves prémonitoires!
Imaginez comment s’est sentie cette pauvre dame dont les rêves portaient sur des obsessions violentes (phobie d’impulsion) qui se fait dire par son «thérapeute» que cela risque de se produire!
Ce type d’intervention a tout pour empirer les symptômes et la souffrance du TOC et non pour le traiter.
Les interventions des magnétiseurs relèvent de la pseudo-médecine et les rêves prémonitoires sont du registre de la superstition et n’ont aucun pendant dans la réalité.
Dans ces deux exemples (et il en existe hélas de nombreux autres), des pratiques douteuses et sans aucun fondement scientifique sont utilisées pour «traiter» le TOC.
Il n’est donc pas surprenant que les personnes qui recourent à de telles pratiques n’obtiennent aucun résultat et se mettent à douter de la possibilité même de réaliser un traitement véritablement efficace un jour.
Mais cet état de fait n’est pas de la faute des personnes qui souffrent de TOC: elles ne savent pas nécessairement qui consulter.
Si vous êtes dans cette situation, la première étape est donc de consulter des spécialistes certifiés: les psychologues.
Vous vous assurerez ainsi de consulter des personnes compétentes qui ont une formation scientifique adéquate et vous éviterez de tomber sur des thérapeutes autoproclamés incompétents ou même des charlatans.
Mais en psychologie, il existe aussi une grande quantité d’orientations psychothérapeutiques et il peut être difficile de s’y retrouver quand tout ce qu’on veut, c’est aller mieux.
L’orientation psychothérapeutique à choisir pour votre psychologue, en regard du TOC, est la thérapie cognitivo-comportementale, ou TCC.
Mais encore une fois, parmi les nombreux outils dont disposent les psychologues TCC, ce ne sont pas tous qui permettent de traiter spécifiquement le TOC avec efficacité.
Autrement dit, vous pouvez tomber sur un très bon psychologue TCC qui n'aura malgré tout pas tous les outils pour traiter votre TOC.
Assurez-vous donc qu'il a de l'expérience spécifiquement dans le traitement du TOC et qu'il peut appliquer avec vous le meilleur traitement TCC contre le TOC qui se nomme l'exposition avec prévention de la réponse.
Vous pouvez confirmer tout cela avant de débuter les séances.
Ne pas traiter votre TOC parce que vous voulez avoir la certitude de réussir avant de commencer
Pour boucler la boucle, je reviens à mon exemple du début de la personne dans un groupe Internet sur le TOC qui cherche à obtenir la certitude absolue que le traitement fonctionnera bien pour elle avant même de le débuter.
Après tout ce que j’ai dit, j’espère que vous savez maintenant que chercher la certitude absolue que ce que vous redoutez ne se produira pas se trouve à la base des symptômes du TOC.
Alors si vous cherchez la certitude que le traitement fonctionnera avant même de le débuter, sachez qu’il s’agit probablement d’une expression même des symptômes du TOC.
Écouter ces craintes et ces doutes ne vous permettra pas d’avancer pour aller mieux.
Dans ce contexte, la première étape est sans doute de prendre le temps d’apprendre le plus possible au sujet de ce trouble, de son fonctionnement, de ses symptômes, de ses pièges et de son traitement.
Mes très nombreux articles sur le TOC vous aideront en ce sens.
Ensuite, dites-vous que si vous ne traitez pas votre TOC, vous n’obtiendrez qu’une seule certitude: il continuera à vous faire souffrir.
En effet, comme je l’expliquais plus haut, le TOC, même s’il a des moments d’accalmie, ne disparaît pas de lui-même s’il n’est pas traité.
Si vous utilisez le bon traitement TCC d'exposition avec prévention de la réponse, les études démontrent un taux de succès élevé, même si le succès n’est jamais garanti à 100%.
Et l'échec peut être dû à un grand nombre de facteurs.
Bien sûr, il y a la qualité des thérapeutes consultés et des outils utilisés, comme je le mentionnais plus haut.
Mais la peur de la personne qui suit la thérapie joue aussi un rôle important si elle croit que le traitement ne l'aidera pas.
Cela peut la conduire à ne pas faire ses exercices thérapeutiques régulièrement, à arrêter trop vite, etc.
Pour réussir une thérapie, beaucoup d'éléments incombent au thérapeute, comme avoir les bonnes méthodes, les connaissances adéquates du sujet, les capacités humaines comme l’empathie, etc.
Mais une fois que ces prérequis sont réunis, une grande part de la réussite repose aussi entre les mains de la personne qui réalise la thérapie: sa motivation, son ouverture à adopter d’autres points de vue que le sien, sa constance à appliquer les exercices du traitement, etc.
Comme je l'explique dans mon programme Web, il existe plusieurs peurs et réserves par-dessus lesquelles on peut avoir à passer pour bien appliquer la thérapie et la réussir.
Il faut aussi connaître les écueils qui peuvent nuire à l’application de l’exposition avec prévention de la réponse, comme je l'explique aussi dans mon programme.
J'espère que les conseils de cet article vous seront utiles pour outrepasser vos peurs et débuter dès maintenant la seule chose qui vous aidera vraiment à arrêter le TOC et regagner votre qualité de vie: débuter le traitement en choisissant un(e) psychologue TCC pour vous aider.
De manière complémentaire, mes meilleures ressources pour vous aider aussi en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Références
1. Cuijpers P., Sijbrandij M., Koole S.L., Andersson G., Beekman A.T., Reynolds C.F., «The efficacy of psychotherapy and pharmacotherapy in treating depressive and anxiety disorders: a meta-analysis of direct comparisons», dans World Psychiatry, 2013, vol. 12, no 2, p. 137-48.
Commentaire sur cette étude:
Cuijpers et ses collègues ont réuni 67 études qui comparaient directement la prise de médication à la psychothérapie pour traiter la dépression et différents troubles anxieux.
Ce type d’étude se nomme une méta-analyse, car elle réunit, compare et synthétise les résultats de plusieurs études relativement à un sujet donné.
Les méta-analyses convertissent les données de nombreuses études séparées et permettent leur comparaison sur des points spécifiques.
Les résultats de cette méta-analyse démontrent que, pour le traitement du trouble obsessionnel-compulsif, la psychothérapie a un niveau d’efficacité significativement supérieur à la prise de médicaments (comme les antidépresseurs).
Et plus spécifiquement, comme je vous en parlais plus haut dans mon article, l’étude ne réfère pas à n’importe quelle psychothérapie pour traiter le TOC efficacement: elle réfère à l’exposition avec prévention de la réponse.
2. Par exemple: Glazier, K., Swing, M., et McGinn, L. K., «Half of obsessive-compulsive disorder cases misdiagnosed: vignette-based survey of primary care physicians», dans The Journal of clinical psychiatry, 2015, vol. 76, no 6, p. e761-e767.
Et surtout: Brittany Stahnke, «A systematic review of misdiagnosis in those with obsessive-compulsive disorder», dans Journal of Affective Disorders Reports, vol. 6, 2021.
Coralie dit
Bonjour monsieur Sarrasin. J’avais lu qu’il était impossible de guérir du TOC. Au mieux on soulage les symptômes. Est-ce que cela est vrai ?
Bien à vous
Nicolas Sarrasin dit
Cet article répond à votre question: https://www.nicolassarrasin.com/peut-on-guerir-du-toc-pour-de-bon