D’où venons-nous ?
Quelle est notre nature profonde ?
Notre cerveau constitue le cœur de notre expérience de la vie.
L’évolution nous a doté d’un organe si complexe et que nous commençons à peine à comprendre son fonctionnement.
Vous doutez peut-être que certaines personnes en ont un ?
Vous trouvez que le vôtre vous fait parfois défaut ?
Notre cerveau reste néanmoins un organe fantastique !
Au fil du temps, notre cerveau s’est développé en tendant à favoriser une meilleure adaptation en nous aidant à survivre.
Depuis des milliards d’années, certains organismes se développent sur la terre en suivant un schéma d’organisation de plus en plus complexe.
Les cellules qui les constituent se sont mises à se spécialiser dans des champs précis d’activités.
Certaines sont devenues les organes, d’autres ont formé les os et d’autres encore ont constitué le système nerveux central.
Bien comprendre pour mieux évoluer
Tout organisme évolue dans un milieu au sein duquel il s’évertue à survivre.
Pour ce faire, il doit bien « comprendre » son milieu.
Cette fonction relève du système nerveux dont les cellules se sont progressivement spécialisées pour gérer les informations provenant de l’environnement.
Plus tard, l’amélioration du traitement de ces informations a permis aux organismes de s’adapter encore plus efficacement à leur environnement.
Ainsi, au fil du temps, notre cerveau s’est développé pour favoriser une meilleure adaptation.
La psychologie évolutionnaire postule d’ailleurs que seules les facultés psychologiques qui ont prouvé leur efficacité en nous aidant à survivre ont été retenues.
Les cellules de notre système nerveux se sont donc spécialisées dans la gestion d’informations complexes, notamment dans l’évaluation des conséquences de nos actions.
Par exemple, si dans la rue je croise un gros motard habillé de cuir avec des tatouages partout (dont dans la figure) et que je le traite d’imbécile, je sais que j’ai de fortes chances de poursuivre mon chemin vers l’hôpital.
Alors je ne dis rien… vive mon cerveau !
Pour bien comprendre le fonctionnement de notre cerveau, il vaut mieux commencer par le début, soit la manière dont ses différentes parties se sont développées et le rôle que chacune d’elles a joué dans le développement de notre pensée.
Du reptile à l’être humain
Sommairement, on peut dire que le système nerveux central se divise en plusieurs zones qui correspondent aux différentes étapes de son évolution, depuis les reptiles jusqu’à l’être humain.
Si certains politiciens dont encore penser à des reptiles, ne vous méprenez pas, ce sont bien des êtres humains qui possèdent un cerveau (probablement) complet.
Le résultat de cette évolution a donné l’encéphale, soit la région du système nerveux qui se situe dans la cavité crânienne, entre nos deux oreilles.
Il importe de savoir que les zones inférieures de notre cerveau, les plus primitives, régissent les fonctions primaires, tandis que les zones supérieures, apparues plus récemment (mais pas avant-hier), sont le siège d’un traitement plus élaboré de l’information, ce que nous appelons souvent les « pensées » (nos « mauvaises pensées » en font aussi partie).
Le cerveau reptilien
Le premier cerveau, le plus primitif, est celui des reptiles.
Appelé « rhombencéphale » en neuroanatomie, il constitue la portion inférieure de notre cerveau et comprend plusieurs parties distinctes.
C’est cette zone qui contrôle et régule les comportements de base.
Elle entretient surtout les fonctions vitales les plus élémentaires comme la respiration, la déglutition, la digestion et les battements du cœur.
Ces fonctions assurent la survie de l’espèce et s’accomplissent pour la plupart de façon automatique.
Le système limbique ou « cerveau émotionnel »
La seconde phase notable du développement cérébral s’est manifestée chez les premiers mammifères.
Cela a permis la naissance du système limbique (du latin limbus, qui signifie « bord ».).
Enserré au-dessus du tronc cérébral, il constitue la partie médiane du cerveau.
Le système limbique a joué un rôle primordial au niveau de l’évolution humaine car il a permis l’élaboration de nouveaux comportements, les émotions, dont les reptiles restent toujours privés aujourd’hui.
Au fil des ans cette structure s’est développée pour nous permettre de produire et de générer des comportements plus complexes, comme la motivation et les réactions émotionnelles.
Ce « perfectionnement » du cerveau nous a gratifiés de deux nouveaux outils: la mémoire et une capacité d’apprentissage accrue.
Plus précisément, le système limbique nous permet de réagir aux expériences que nous vivons à partir des informations qui nous sont transmises par nos sens.
Il constitue ainsi la mémoire affective du cerveau en classant nos expériences selon qu’elles soient de nature positive ou négative pour notre survie.
Par exemple, quand je vois un restaurant de fast food, je me mets aussitôt à transpirer abondamment.
Mon cœur bat plus vite et ma poitrine se serre. C’est mon système limbique qui parle: il me dit quelque chose comme « Va t’en loin d’ici et ne mange surtout pas ça si tu tiens à la vie ! »
Voici ce qui se passe lors de son fonctionnement: l’amygdale reçoit les informations sensorielles (ex.: l’enseigne du restaurant de fast food, les odeurs de friture, etc.), les compare aux informations émotionnelles dont elle dispose déjà (nausée, teint verdâtre, carences nutritionnelles, etc.) et provoque ensuite une réaction comportementale (peur, transpiration, augmentation du rythme cardiaque), le tout en une fraction de seconde et de manière totalement inconsciente.
Malheureusement, la mémoire émotionnelle peut aussi produire des effets néfastes, comme dans les cas des phobies. Connaissez-vous la paraskevidékatriaphobie ?
C’est la peur du vendredi 13. Et elle existe vraiment…
Le néocortex (du grec neos « nouveau », qualifiant la plus récente étape du développement cérébral: ça n’a rien a voir avec Keanu Reeves dans La Matrice…)
La troisième et dernière partie du système nerveux central forme la portion supérieure du cerveau.
Appelée « néocortex », ou cortex cérébral, cette partie est composée d’un tissu cellulaire épais d’environ un demi-centimètre qui recouvre la surface extérieure du cerveau.
C’est ce que l’on appelle la matière grise, car la couleur des cellules est effectivement grise.
Comme c’est la dernière partie du système nerveux central à s’être développée, seuls les êtres humains en bénéficient (je comprends vos doutes à l’effet que tous les êtres humains en possèdent bien, mais je vous assure que c’est le cas).
Ce cerveau rationnel nous a permis d’accéder à un degré supérieur d’adaptation grâce à sa capacité d’analyser de manière détachée les phénomènes de l’environnement.
Autrement dit, c’est cette partie du cerveau qui nous aide à ne pas crier continuellement, à ne pas nous promener avec une passoire sur la tête ou à agir d’autres manières irrationnelles, comme exploiter les sables bitumineux en Alberta.
Siège de la pensée, le néocortex assure des fonctions de base telles que la motricité et le traitement des informations sensorielles, autant que des fonctions supérieures, comme la mémoire et le langage.
Le néocortex est d’ailleurs le siège principal des fonctions associées à la conscience.
Les lobes du néocortex sont marqués à leur surface de scissures et de profonds sillons.
Le lobe frontal est le siège des aires motrices primaires associées aux mouvements volontaires et il joue un rôle prépondérant dans la pensée, comme le raisonnement et la mémoire de travail.
De son côté, le lobe occipital s’occupe surtout du traitement de l’information visuelle.
Quant au lobe pariétal, il est lié au traitement des informations tactiles, mais il gère aussi d’autres informations sensorielles et il est impliqué dans le contrôle des gestes et le traitement des données spatiales.
Enfin, les lobes temporaux organisent l’information auditive et sont impliqués dans la reconnaissance des objets en plus de participer au traitement des informations liées au goût, à l’olfaction, au langage et à la mémoire.
Deux mythes reliés au cerveau et à son fonctionnement
J’aime bien déboulonner quelques mythes. Alors en terminant, laissez-moi sortir ma clé à molette pour m’attaquer à deux d’entre eux:
1. Cerveau gauche / cerveau droit
Depuis quelques décennies, certains médias ont popularisé l’idée que les hémisphères gauche et droit de notre cerveau possédaient des spécialités particulières.
Par exemple le « cerveau gauche » serait associé au langage et au raisonnement alors que le « cerveau droit » serait celui de la créativité, de l’émotion, de l’intuition…
Cette vision ressemble à la phrénologie, une pseudo-science qui sévissait au XIXe siècle et qui associait des traits de caractère à la forme du crâne.
C’est d’ailleurs de là que vient l’expression « avoir la bosse des maths (des langues, etc.) ».
Cette conception caricature des travaux scientifiques qui ont identifié un certain degré d’implication de travail de chaque hémisphère.
Cette simplification est à la source d’interprétations abusives du type « je suis artiste donc j’ai le cerveau droit plus développé »…
En 2013, une analyse scientifique rigoureuse d’imagerie par résonance magnétique a montré que cette théorie est fausse. Voir: Nielsen JA, Zielinski BA, Ferguson MA, Lainhart JE, Anderson JS (2013), An Evaluation of the Left-Brain vs. Right-Brain Hypothesis with Resting State Functional Connectivity Magnetic Resonance Imaging. PLoS ONE 8(8).
2. Nous n’utilisons que X% de notre cerveau (remplacez X par le pourcentage que vous voulez)… et nous pouvons augmenter ce pourcentage
Avouez que vous aimeriez que votre cerveau cache des pouvoir secrets comme la télékinésie, un QI de 8000 ou la capacité de traverser les murs (certains ont quand même la capacité d’enfoncer des portes ouvertes, il faut l’avouer).
C’est exactement ce mythe que le film Lucy de Luc Besson (avec Scarlett Johansson) présente.
Et il faut le prendre pour ce qu’il est, de la fiction. Notre cerveau ne fonctionne jamais à 100% en même temps.
Par contre, plusieurs zones différentes sont activées selon les activités cognitives que vous faites.
Nous utilisons donc 100% de notre cerveau, mais à différents moments, selon ce que nous faisons…
Mieux utiliser notre cerveau
C’est le rêve de tout le monde. Notre cerveau est un outil complexe et fantastique.
Si, idéalement, il nous aide à nous adapter et à répondre à nos besoins, il nous reste encore à mieux le comprendre pour l’utiliser d’une manière véritablement efficace.
Je vous ai parlé de ce sujet qui, même s’il semble aride et hors sujet, appartient bel et bien au développement personnel.
Car en comprenant mieux comment votre cerveau fonctionne, vous augmenterez progressivement votre capacité à l’utiliser pour le mieux.
Des commentaires sur tout ça ?
J’ai bien hâte de les lire !
Evelyne LE GOURRIEREC dit
Vraiment très intéressant… Merci beaucoup. 🙂
Nicolas Sarrasin dit
Merci beaucoup !
Liliane dit
Intéressant. Jusqu’à présent, j’avais l’impression que mon cerveau ne me jouait pas de tours.
Je poursuis pour tenter de comprendre.
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Liliane,
En effet, notre cerveau, même s’il est un miracle de complexité à travers l’évolution, nous induit souvent en erreur. Il existe de plus en plus de recherches scientifiques sur le sujet, et comprendre ces limites nous aide justement à les dépasser.
Bonne lecture pour la suite, car de nombreux autres articles de mon blogue abordent ce sujet.