Dans cet article, je répondrai à la question suivante: le passage à l’acte est-il possible dans la phobie d’impulsion.
Ou, en d’autres mots, est-ce que vos pensées intrusives liées à des actes impulsifs risquent de vous faire agir davantage que si vous n’aviez pas ces pensées.
Car vous avez probablement peur que vos pensées puissent prendre le contrôle.
La phobie d’impulsion est un type de trouble obsessionnel-compulsif qui implique le plus souvent la peur de se faire du mal ou se faire du mal aux autres sur le coup de l’impulsion.
Les personnes qui souffrent de telles peurs vivent un haut niveau d’anxiété et se posent de nombreuses questions.
Elles se demandent sans cesse «comment puis-je arrêter de penser à ceci ou à cela?»
Si vous êtes dans cette situation, c’est pour vous aider que j’ai créé la série d’articles sur la phobie d’impulsion dont celui-ci fait partie.
J’ai aussi créé un module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion qui explique comment utiliser les meilleures méthodes et exercices pour vous en libérer.
Mais lisez d’abord cet article jusqu’à la fin: il vous aidera à répondre une fois pour toutes à cette peur que vous avez de passer à l’acte.
Si vous souffrez de phobie d’impulsion, des pensées (images, etc.) horrifiantes s’introduisent probablement dans votre esprit à répétition.
Ces pensées peuvent porter sur différents sujets qui sont dérangeants et qui impliquent, par exemple, des actions impulsives à travers lesquelles vous vous voyez faire du mal aux autres ou à vous-même de manière parfois violente.
Ces pensées peuvent aller jusqu’à porter entre autres sur des actes meurtriers, suicidaires et pédophiles.
Dans ce contexte, on peut comprendre qu’une personne qui a des pensées où elle se voit agir sur le coup de l’impulsion et réaliser de telles choses peut avoir peur de passer à l’acte.
Pouvez-vous vraiment passer à l'acte?
Vos pensées ne sont pas le signe que vous perdez la tête ou qu’une personne immorale et criminelle se cache au fond de vous, mais simplement que vous souffrez du trouble obsessionnel-compulsif.
En effet, les criminels qui réalisent vraiment ce genre d'actes éprouvent du plaisir à y penser.
Si vous souffrez de phobie d’impulsion, au contraire, ces pensées, loin d’être une source de plaisir, sont une source importante de peur, d’inquiétudes et d’anxiété.
Comme je l'explique dans mon livre sur les pensées intrusives, cela signifie seulement que vous êtes tombé dans le piège du TOC qui consiste à donner du crédit à vos pensées et à vous en inquiéter.
Alors si vous avez peur de passer à l’acte, c’est que vous tombez et retombez continuellement dans ce piège que le TOC vous tend.
Vous devez savoir que les pensées que vous avez, aussi horribles qu’elles soient, ne peuvent en aucun cas vous faire commettre des actes contre votre volonté.
Vos pensées ne vous contrôlent pas et elles ne peuvent pas contrôler vos actions, même impulsivement.
Croire le contraire revient à accorder un pouvoir démesuré que les pensées auraient sur nous, ce qui ne reflète en aucun cas la réalité.
Si vous souffrez de phobie d’impulsion, vous souffrez de TOC, et le TOC est un trouble anxieux.
Les personnes très anxieuses ont fortement tendance à voir des sources de danger là où il n’y en a pas.
Elles sont constamment sur le qui-vive, prête à se protéger ou à protéger les autres d’éventuelles menaces.
C’est ce qui vous porte à vous inquiéter autant de vos pensées.
Pourtant, les études en psychologie ont démontré que tout le monde a des pensées intrusives à l’occasion et qu’une partie des ces pensées intrusives est de nature violente.
J’ai moi-même déjà eu des pensées intrusives à travers lesquelles je me voyais faire du mal aux personnes que j’aime le plus.
Mais si je n’ai pas transformé ces pensées en obsessions et si je n’ai pas développé de compulsions pour m’en soulager, c’est que je ne me suis jamais inquiété de ces pensées.
Je les ai laissé traverser mon esprit et je ne suis pas tombé dans le piège du TOC qui consiste à s’en inquiéter, à leur donner du crédit, de l’importance, et à croire qu’elles auraient pu me faire commettre les actes horribles qu'elles représentaient.
Si vous cherchez autant à répondre à cette fameuse question de savoir si vous pourriez passer à l’acte, c’est que vous tombez dans ce piège de vous inquiéter de vos pensées qui ne sont pourtant ni dangereuses ni importantes.
Ces pensées ne sont qu’une des symptômes principaux du TOC, et elles se nomment des «obsessions».
Le fait de vous concentrer sur ces pensées et de les combattre les fait coller de plus en plus à votre esprit et les fait revenir, ce qui vous inquiète encore davantage.
Face à votre anxiété et à votre inquiétude croissantes, vous cherchez à vous rassurer pour vous en soulager.
C’est d’ailleurs probablement dans le but de vous rassurer que vous avez cherché à savoir sur Internet si vos pensées pourraient vous faire passer à l’acte, et vous êtes tombé sur mon article.
Malheureusement, les compulsions, comme chercher à vous rassurer sans cesse, ne font qu’entretenir et empirer le problème et vous maintiennent dans le piège du TOC avec sont cycle incessant où les obsessions sont suivies de compulsions.
Le TOC comme la phobie d’impulsion vous porte à chercher à obtenir la certitude absolue que vous n’agirez jamais selon vos pensées.
C’est ainsi que vous cherchez autant à vous rassurer.
Mais vous devez bien comprendre que c’est cette quête de certitude elle-même qui entretient votre anxiété, votre souffrance et vous maintient dans le piège du TOC.
Répondre une fois pour toutes à la question de savoir si vous pouvez passer à l’acte revient à entretenir les symptômes du TOC.
Il est impossible de répondre à cette question puisqu’elle n’est qu’un symptôme du trouble qui vous fait tant souffrir.
Chercher à y répondre est donc la mauvaise cible, car aucune réponse absolue n’existe.
La peur est le fruit de votre sensibilité au danger et elle découle de votre imagination.
Vous n’avez pourtant pas plus de risques de passer à l’acte que quiconque parce que vous avez ce genre de pensées.
J'irai même jusqu'à vous citer le psychiatre américain Jeffrey M. Schwartz spécialisé dans le traitement du TOC (comme la phobie d'impulsion) et qui écrit: «La personnes qui souffrent de TOC ne passent jamais à l'acte» (1).
Vos pensées ne signifient pas que vous êtes désaxé, dangereux, potentiellement criminel ou quoi que ce soit d’autre de négatif à votre sujet.
Elles signifient simplement que vous souffrez de TOC.
Pourquoi cherchez à savoir si vous pouvez passer à l'acte vous maintient dans la souffrance du TOC
Dans cette section, je vais préciser pourquoi le fait d'essayer de savoir si le passage à l'acte est possible est en soi une source importante du problème en lui-même.
Voici ce qui s'est produit depuis le moment où vous avez commencé à souffrir des pensées qui vous inquiètent:
1. Des pensées intrusives à caractère violent, dérangeant, etc., ont traversé votre esprit, vous ont fait peur et vous y avez porté attention en vous inquiétant (vous êtes tombé dans le piège du TOC).
2. Cette attention a rendu ces pensées de plus en plus fréquentes et intrusives (elle les a rendu obsessionnelles).
Pourtant, tout contenu mental, quel qu'il soit, revient de plus en plus souvent à l'esprit lorsqu’on tente de s'en débarrasser.
C'est ce qu'on appelle en psychologie le «processus ironique de la pensée».
Et le même phénomène peut se produire avec n'importe quelle pensée: même un mot banal ou une chanson, par exemple, qui ne sont pas du tout effrayants.
3. Le retour de plus en plus fréquent de vos pensées vous a inquiété davantage et a augmenté votre anxiété.
4. Depuis, pour tenter de vous libérer une fois pour toutes de votre inquiétude, vous tentez de vous rassurer et d'obtenir la preuve finale et la certitude absolue que vous ne pourrez jamais passer à l'acte.
Vous croyez que le fait d'obtenir cette certitude vous guérirait de votre inquiétude et réduirait significativement votre anxiété.
Vous faites alors des analyses de vos pensées, de vos souvenirs, vous faites des vérifications, vous consultez l'internet, les autres, etc.
Ce sont des compulsions.
5. Cette recherche de certitude à travers vos compulsions ne fait qu'augmenter l'attention inutile que vous consacrez à vos pensées et vous tombez encore davantage dans le piège du TOC.
Car une telle certitude est impossible à obtenir: elle n'existe pas.
Plus vous tenterez de l'obtenir et plus vous succomberez au piège du TOC et plus vous entretiendrez la souffrance qu'il impose à votre vie sans le savoir, sans le vouloir.
Cette démonstration en 5 points a visé à vous expliquer que chercher à savoir si vous pouvez ou non passer à l'acte est une question non pertinente pour vous libérer du TOC.
Pire encore, plus vous chercherez à répondre à cette question et plus vous entretiendrez votre souffrance et les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif (les obsessions et les compulsions).
La véritable solution pour guérir le TOC de la phobie d'impulsion
Si vous désirez vous libérer durablement de la phobie d'impulsion, au lieu de continuer à faire ce que vous avez fait jusqu’à présent, vous devez changer radicalement votre approche.
Le TOC ne disparaît pas de lui-même si aucun traitement n’est réalisé mais il se traite très bien lorsque les bonnes méthodes sont utilisées.
Vous devez donc cesser de répéter les compulsions qui sont les actions intuitives que vous faites actuellement, comme vous essayer de vous rassurer ou rejeter vos pensées, et qui nourrissent le problème.
Le meilleur traitement est d’approche thérapeutique cognitivo-comportemental et il se nomme l’exposition avec prévention de la réponse, et j’explique comment l’utiliser dans mon programme Web vidéo et dans mon module complémentaire sur la phobie d’impulsion.
Si vous vous inquiétez autant et avez aussi peur du passage à l’acte, c’est aussi que vous êtes une personne très droite et morale.
Alors non seulement vos pensées ne signifient pas que vous pouvez davantage passer à l’acte, mais vous avez probablement même moins de risques que la moyenne des gens de faire quoi que ce soit que vous regretteriez.
Encore une fois, tout le monde a ce genre de pensées à l’occasion, incluant des pensées dérangeantes et même horrifiantes, et le fait de les avoir ne conduit pas davantage à passer à l’acte.
Si c’était le cas, les prisons seraient remplies de personnes souffrant de phobie d’impulsion qui seraient passées à l’acte, et ce n’est heureusement pas du tout le cas.
Mais le fait de vous inquiéter de vos pensées et de les combattre ne vous protège pas davantage de passer à l’acte.
Cette inquiétude vous porte à répéter les compulsions qui entretiennent le cycle obsessions-compulsions du trouble obsessionnel-compulsif.
Si vous désirez vous en libérer, vous devez donc apprendre à modifier progressivement les mauvaises habitudes que vous avez prises de combattre vos pensées, ce qui vous maintient dans le piège du TOC.
Vous devez apprendre à voir vos pensées pour ce qu’elles sont en réalité: de simples pensées banales, bénignes, non importantes et absolument pas dangereuses.
Alors au lieu de chercher à vous convaincre que vous ne passerez pas à l’acte pour vous rassurer, vous êtes mieux de débutez dès que possible le traitement cognitivo-comportemental d’exposition avec prévention de la réponse, le plus efficace pour traiter le TOC.
Mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» vous explique comment adapter et appliquer ce traitement à votre situation.
J'ai aussi créé un module complémentaire plus spécialisé qui vous aide à guérir de la phobie d'impulsion.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion complémentaire à mon programme principal.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
En terminant, il est toujours recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour guérir le TOC.
Si vous ne savez pas où chercher pour trouver cette aide spécifique ou si vous ne disposez pas de telles ressources à proximité de chez vous, je vous invite à lire cet article qui vous expliquera comment consulter d’excellents psychologues à distance, par Internet.
J’espère de tout cœur que cet article et mes nombreuses ressources sur le TOC en ligne vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce type de problème.
Si vous avez d'autres interrogations, vous trouverez la liste des articles à travers lesquels je fournis des réponses à la fin de mon article de référence sur la phobie d'impulsion.
Référence
1. Jeffrey M. Schwartz, MD, Brain Lock: Free Yourself from Obsessive-Compulsive Behavior, 2016, Harper Perennial, 267 p. Ma traduction de la citation.
Delphine a écrit
Merci beaucoup pour cet article et ces rappels. Je me rappelle quand j’étais anxieuse, je conduisais et j’avais eu une pensée du type “je pourrais écraser cette mère et sa fille”. La première fois, j’en avais presque fait une crise d’angoisse ! Et après avoir guéri mon anxiété, cela m’est arrivé à nouveau sauf que cette fois j’ai bien rigolé en pensant à ce que le cerveau était capable d’inventer pour nous faire peur.
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci de ce partage Delphine. 🙂
Caroline a écrit
Bonjour et merci beaucoup pour vos articles vraiment bien conçus et instructifs. J’étais sujette à ces phobies il y a 5 ans, et j’ai été aidée par un thérapeute spécialisé grâce à qui je m’en suis sortie.
Dernièrement, avec le contexte actuel un peu morose, je constate que ces angoisses refont surface. Je me suis intéressée il y a peu à la pratique Hoponopono via un bouquin que j’ai acheté, afin d’apprendre à lâcher prise. Mais ça ne m’a pas convenue du tout, ça a même contribué à relancer mes angoisses. J’ai été surprise de voir comment ce principe était assez réducteur. À un passage abordant la gestion de la peur, l’auteur écrivait «qu’à force de trop penser à nos peurs, elles allaient finir par se réaliser». À titre d’exemple, il citait un enfant à qui on va répéter «attention, tu vas tomber», et qui finit par tomber inévitablement, pour «se libérer inconsciemment de sa peur». Ne pensez-vous pas que cette notion est très réductrice, un peu absurde, voire angoissante pour les personnes souffrant de ce genre de phobies? Comment peut-on véhiculer un message de ce type, il n’y a rien de plus anxiogène pour entretenir les peurs, non?
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Caroline,
Vous avez absolument raison. Le fait de sous-entendre qu’on réalise ses peurs pour s’en libérer inconsciemment est une théorie d’inspiration psychanalytique (reliée à la théorie du «refoulement»). Les connaissances scientifiques en psychologie contemporaine ont depuis un moment déjà démontré que ces théories sont fausses et ne reflètent en rien la réalité. Malheureusement, elles continuent de circuler et elles sont encore très populaires, notamment dans les pays d’Europe francophone.
Il n’est pas surprenant que ces théories empirent les symptômes d’une personne qui souffre de TOC puisque ces dernières semblent valider les pires craintes, notamment pour les personnes qui souffrent de phobie d’impulsion. Je ne compte plus le nombre de personnes qui ont partagé des expériences négatives similaires à la vôtre et ont vu leurs peurs et leur anxiété empirer.
C’est la raison pour laquelle je travaille à faire connaître et à rendre accessibles les connaissances en psychologie cognitivo-comportementale qui sont les plus efficaces pour traiter le trouble obsessionnel-compulsif à travers le traitement par exposition avec prévention de la réponse qui, lui, répond réellement au fonctionnement du cerveau (et cela est validé scientifiquement).
Il existe même des méthodes cognitivo-comportementales très efficaces pour lâcher prise, comme je les présente dans mon livre.
Je vous souhaite le meilleur.
Cédric a écrit
Bonjour,
Je voulais savoir si la peur d’avoir fait et le besoin de se rassurer faisait partie aussi de la phobie d’impulsion?
Exemple: la peur d’avoir fait du mal et le besoin de vérifier qu’on n’a rien fait.
Nicolas Sarrasin a écrit
Absolument. Le fait de douter d’avoir fait du mal est une obsession typique de la phobie d’impulsion, et vérifier à répétition pour se rassurer est une compulsion tout aussi typique. Ce sont les deux symptômes principaux du trouble obsessionnel-compulsif.
Je vous invite d’ailleurs à lire mon article qui porte sur la peur d’avoir fait.