Le sage se demande à lui-même la cause des ses fautes, l’insensé la demande aux autres. (Proverbe chinois)
Après vous avoir expliqué en détail comment utiliser le recadrage, exemples à l’appui, et comment les notes peuvent soutenir efficacement vos efforts, je vais vous présenter ici des stratégies supplémentaires pour raffermir ce bien-être au fond de vous-mêmes, pour mieux le faire durer !
J’ai déjà abordé les attitudes et les outils psychologiques qui favorisent notre bien-être identitaire. Mais y a-t-il des conditions particulièrement favorables à l’éclosion d’une identité équilibrée ?
Sans aucun doute !
Dans cet article, j’aimerais enrichir un peu cette perspective en présentant certaines stratégies gagnantes pour votre estime de soi.
Elles vous aideront à trouver tout ce qui est susceptible d’améliorer votre authenticité et d’augmenter votre bien-être au quotidien.
Développer une vision réaliste de soi-même en contrecarrant les distorsions cognitives et autres mécanismes automatiques de la pensée
Il vous est peut-être déjà arrivé de vivre des situations difficiles et d’en souffrir encore aujourd’hui.
Ces souvenirs douloureux vous empoisonnent-ils la vie depuis des années ?
Parmi les différentes causes de la détresse identitaire, il y a les pensées négatives qui s’imposent à nous continuellement, prenant souvent la forme de commentaires dépréciatifs qui entachent notre vision de soi.
Nous pouvons nous habituer à des situations très difficiles mais, comme dans le cas des phobies, nous tentons souvent d’éviter ce qui nous est désagréable.
Mais contrairement à ce que nous faisons habituellement pour nous libérer de nos pensées négatives, dans un premier temps, il ne faut pas chercher à les éviter mais plutôt les affronter directement.
Le fait de braver une peur est un moment très désagréable, mais cette initiative est salutaire.
Vous vous souvenez peut-être d’une occasion où vous avez surmonté une peur ?
Cela a eu pour effet d’en réduire l’intensité par la suite. Il en va de même avec les pensées négatives.
C’est d’ailleurs le même principe qui nous dicte de recommencer à conduire après un accident.
Dans le cas contraire, nous nous condamnons à avoir peur de reprendre le volant.
Si nous ne réglons pas le problème à sa source, il finit par devenir automatique.
Le traumatisme s’intègre à notre identité, ce qui nuit à notre équilibre.
Devant les difficultés, bien des gens croient supprimer le problème en le contournant plutôt qu’en s’y exposant.
Il s’agit d’une réaction de défense.
Nous finissons même par empirer nos craintes à force d’éviter les situations qui nous les inspirent.
Mais nous n’affrontons pas la réalité.
Par contre, en faisant face à ce qui nous fait peur, nous nous donnons une chance de voir que ce que nous redoutons est souvent bien moins grave que nous pensons, ce qui diminue notre anxiété.
Au lieu d’accabler votre identité avec des pensées négatives, le fait de vous répéter le contraire de ce qu’elles signifient vous aide à diminuer leur portée désagréable. |
Voici quelques exemples de la manière dont vous pouvez vous opposer à vos pensées automatiques négatives (pensées intrusives):
- « Les autres n’ont pas à m’apprécier continuellement ! » (Si vous avez peur que les autres vous rejettent.)
- « Il est normal que je n’obtienne pas toujours tout ce que je désire. » (Lorsque vous avez de la difficulté à accepter les événements.)
- « Le monde est si complexe que tout ne peut pas toujours se dérouler comme je l’ai prévu ! » (Lorsque vous paniquez parce que vous perdez le contrôle de votre environnement.)
Cette stratégie vous paraît peut-être simple, mais elle a prouvé son efficacité.
Contrer les effets néfastes produits par notre cerveau
Le fait de répéter des pensées opposées aux pensées négatives qui s’imposent automatiquement à vous finit par changer votre état d’esprit.
L’effet positif de cet exercice découle du fonctionnement de la mémoire elle-même.
Plus nous sollicitons souvent les neurones qui sont associés à des pensées négatives, plus ces neurones s’activent rapidement et même automatiquement.
L’une des causes de la détresse personnelle, comme le manque d’estime de soi, provient justement de cet accès trop rapide à nos pensées négatives.
Le fait de répéter des pensées positives rend donc plus actifs les réseaux de neurones qui sont associés à des contenus agréables. À la longue, ces pensées positives suscitent des émotions agréables et améliorent l’ensemble de l’humeur. |
Comme vous l’avez vu dans l’article précédent avec les exercices de prise de notes, vous pouvez aussi trouver les raisons pour lesquelles vous êtes la personne que vous appréciez le plus.
Cet exercice constitue également un effort de connaissance de soi.
Pour améliorer une situation ou résoudre un problème, nous devons d’abord les connaître suffisamment.
Lorsque nous n’avons que des informations limitées sur un sujet, nous n’avons pas grand-chose pour interpréter la réalité, juger et prendre des décisions.
Nous risquons de nous forger une vision simpliste de la situation.
Et moins nous disposons d’informations, plus il est difficile de changer d’idée…
Et lorsque nous connaissons peu de choses sur un sujet ou sur une personne (comme nous-mêmes), nous pensons parfois que certains détails sont pertinents alors qu’ils sont futiles ou inutiles.
C’est que nous n’avons pas suffisamment d’informations pour juger !
Par exemple, imaginez que vous ne connaissez une personne que de nom et que vous entendez dire qu’elle est insupportable.
Même si ce commentaire est absolument faux, vous ne disposez que de cette information pour vous faire une idée de cette personne.
Vous la croirez donc probablement vraie !
De même, lorsque nous vivons des épreuves personnelles, et particulièrement des situations humiliantes, nous n’avons pas tendance à en parler.
Nous nous sentons isolés et nous pensons que nous sommes seuls à vivre ce genre de situation.
Cet isolement rend nos épreuves encore plus difficiles à surmonter.
Pour éviter de souffrir davantage, nous pouvons songer au fait que d’autres personnes ont probablement vécu des expériences similaires.
Nous pouvons aussi rencontrer ces personnes.
Il existe par exemple de nombreux groupes de soutien sur différents types de problèmes.
Il est toujours plus facile d’affronter nos problèmes lorsque nous ne sommes pas les seuls à les vivre…
Ainsi, je vous suggère de rester vigilants.
Vous gagnerez toujours davantage à recueillir plus d’informations pour enrichir et nuancer votre connaissance de vous-même, des autres et de chaque situation.
Réorganiser notre environnement social pour vivre dans un milieu positif (par rapport à ce que nous avons vu dans cet article)
L’un des facteurs qui influencent le plus notre identité demeure sans nul doute notre environnement social et notre sentiment d’appartenance.
Voyons comment cette influence modifie notre capacité à faire face aux événements difficiles et à développer une identité saine.
Distinguer nos besoins de nos désirs
Sous la pression des autres et de la société, des activités ou des valeurs extérieures à nous-mêmes peuvent prendre beaucoup de place.
Bien sûr, nos échanges avec nos semblables sont utiles, voire fondamentaux à notre vie.
C’est le cas de l’apprentissage, par exemple.
Mais nous allons aborder ici la part de ces influences qui n’est pas aussi constructive pour notre identité.
Par exemple, sous l’influence de la publicité, nous avons parfois de la difficulté à réprimer le désir de manger même lorsque nous n’avons pas faim.
Nous sommes bombardés d’annonces qui vantent les incroyables qualités de tel ou tel produit !
C’est ainsi qu’une irrépressible fringale s’empare insidieusement de nous.
Pourtant, ce désir soudain ne provient pas d’un besoin physiologique réel.
Nous n’avons même pas faim !
Il en va de même avec le jeu compulsif. Les casinos, entre autres lieux, fournissent les conditions idéales pour qu’une personne développe le goût du jeu.
Les influences des autres et de la société sont parfois tellement intenses qu’elles nous empêchent de découvrir ce que nous sommes.
Les stimulations extérieures sont si présentes qu’elles minent même notre recherche de nouveauté.
Nous n’apprenons plus: nous nous laissons passivement « remplir » par tout ce que nous offrent les médias.
Et ces influences contribuent aussi à définir notre vision de nous-mêmes !
Ce n’est pas un hasard si le recours à la chirurgie plastique a augmenté à ce point depuis les dernières années…
Et malheureusement, le fait de suivre aveuglément ce que nous dictent la mode et les médias ne nous aide pas à mieux nous connaître ni à améliorer notre équilibre.
Ces influences nous éloignent plutôt de nous-mêmes.
Pire, elles suscitent un sentiment d’insatisfaction chaque fois que nous n’obtenons pas ce que nous désirons.
Nous nous sentons « hors du coup » chaque fois que nous ne correspondons pas aux modèles irréalistes dont nous sommes gavés…
Car, lorsque nos désirs ne correspondent pas à ce que nous sommes, ils contribuent davantage à notre aliénation qu’à notre épanouissement.
Au lieu de nous aider à nous découvrir, ils nous « remplissent » de tout ce que nous ne sommes pas…
Et si ces influences extérieures prennent trop de place, elles ne nous donnent pas l’impression de choisir. Nous n’exerçons pas de contrôle sur nous-mêmes. Nous faisons ce que la société a décidé à notre place.
Toutes ces influences nous empêchent de nous concentrer sur nos véritables besoins.
Elles limitent même notre réflexion en proposant des modèles préétablis de valeurs et de choix.
Le fait de répondre à ces faux besoins donne une impression de vide qui, elle-même, peut engendrer de l’angoisse et du découragement.
Par exemple, si une personne vit au-dessus de ses moyens pour se procurer tout ce que la publicité lui propose, elle risque de s’endetter…
Au moment d’écrire ces lignes, le taux d’endettement individuel bat d’ailleurs des records années après années !
Et je ne crois pas qu’une faillite personnelle contribue à l’épanouissement de qui que ce soit…
Notre tendance à nous laisser manipuler ainsi ne résulte évidemment pas de mauvaises intentions de notre part.
Nos faux besoins proviennent d’influences sociales avec lesquelles nous entrons en contact très tôt au cours de notre développement.
Et selon les contextes sociaux (amis, école et médias, mais aussi nos parents, entre autres), nous assimilons une partie de ces influences sans même nous en apercevoir.
Lorsque nous étions jeunes, nous ne possédions pas suffisamment d’informations sur le monde ni sur nous-mêmes pour prendre une distance face aux influences que nous subissions.
Mais maintenant que nous sommes adultes, encore faut-il utiliser notre esprit critique pour ne pas adopter automatiquement les points de vue que l’on nous présente…
Mieux nous percevoir pour mieux interpréter
Comme vous le savez, le recadrage tire profit de notre capacité à prendre une distance face aux événements.
Cette distance favorise l’analyse et évite que des distorsions cognitives nous fassent souffrir.
La majorité de nos problèmes identitaires naissent de la manière dont nous nous évaluons.
Cela souligne encore l’importance de notre manière d’interpréter les événements.
Et la manière dont nous nous percevons influence beaucoup notre interprétation.
Elle contribue donc directement à notre bien-être.
Nos valeurs et tout ce que nous trouvons important modifient aussi la manière dont nous interprétons la réalité.
Par exemple, si vous entendez une personne dire que les enfants sont fatigants, cela vous heurtera davantage si vous avez vous-même des enfants que si les enfants sont la moindre de vos préoccupations.
L’environnement dans lequel nous évoluons nous bombarde d’informations depuis notre plus jeune âge.
Selon le hasard de nos rencontres et des événements, les informations qui composent notre identité varient.
Chaque jour, notre identité se modifie un peu et elle continuera de changer pendant le reste de notre vie.
Certaines attitudes nous permettent d’interpréter les événements plus positivement.
En voici quelques exemples:
- La capacité de nous accepter tels que nous sommes;
- La capacité de nous donner des buts constructifs (et réalistes);
- Le désir d’entretenir des relations interpersonnelles enrichissantes.
Ces attitudes nous aident à traverser les difficultés sans altérer les assises fondamentales sur lesquelles s’érige notre identité.
Ainsi, mieux nous nous percevons et plus nous interprétons les événements de manière positive.
Ce cercle vertueux est gage de bonheur et d’équilibre.
Ce contexte souligne également l’importance des personnes que nous fréquentons.
Pouvons-nous jouer un rôle actif dans le bien-être que nous retirons à fréquenter les autres chaque jour ?
C’est ce que nous allons maintenant examiner.
Bien s’entourer pour favoriser les expériences enrichissantes
Pour surmonter plus facilement les événements difficiles, nous devons nous estimer.
Et cette estime de soi découle beaucoup de l’acception ou du rejet que nous avons sentis de la part des autres.
Si vous vivez depuis longtemps dans un environnement social sain où vous vous sentez apprécié, vous ne mettrez probablement pas en doute votre valeur personnelle.
Vous aurez également plus de facilité à réussir dans la société et vous bénéficierez d’une personnalité équilibrée.
Puisque les autres influencent beaucoup la manière dont nous nous percevons, nous avons tout avantage à nous entourer de personnes enrichissantes et respectueuses.
Comme nos valeurs ou nos activités, nos fréquentations changent au cours de notre vie.
Mais même si nous n’en avons pas toujours conscience, nous recherchons habituellement à nous entourer des personnes qui partagent nos intérêts et nos opinions.
Cependant, nous nous entourons aussi de personnes qui partagent nos lacunes…
Cette tendance nuit à notre capacité de prendre conscience de nos problèmes et d’y remédier.
Par exemple, il est plus difficile de réduire notre niveau d’agressivité si nos proches sont eux-mêmes agressifs.
Pour cette raison, nous gagnons à fréquenter des personnes équilibrées qui sont sensiblement différentes de nous-mêmes.
Cela nous aide à apprendre et à vivre des expériences enrichissantes.
En effet, pour favoriser notre équilibre, nous devons rechercher le contexte qui l’engendre.
Au niveau interpersonnel, ce contexte passe par des relations agréables, du respect, de la coopération ainsi que des échanges stimulants.
Pour créer ce contexte social constructif dans votre vie, vous pouvez commencer par examiner la nature de vos relations avec les autres:
- Ces relations sont-elles conflictuelles ?
- Contiennent-elles suffisamment de marques de respect et d’affection ?
- Communiquez-vous ce que vous pensez ou réprimez-vous vos intérêts et vos opinions ?
Les réponses à ces questions vous aident à savoir si vous vivez dans un contexte social qui favorise votre épanouissement.
Et si vous constatez clairement que votre milieu social vous nuit, c’est qu’il est grand temps de faire quelque chose.
Par exemple, vous avez peut-être remarqué que certaines personnes vous manipulent et suscitent constamment des conflits.
Elles rendent vos relations lourdes et désagréables et font ressortir le pire de vous-même !
Si vous constatez que votre environnement social nuit à votre équilibre, vous gagnerez à investir le temps et l’énergie nécessaires pour faire de nouvelles rencontres.
Vous gagnerez toujours à vous entourer de personnes équilibrées, riches d’elles-mêmes et avec qui les échanges sont constructifs.
Notre identité joue aussi un rôle important dans les relations que nous forgeons avec les autres.
Lorsque nous manquons d’estime de soi, nous montrons aux autres une image négative de nous-mêmes. Implicitement, nous leur suggérons que nous sommes moins dignes d’intérêt que d’autres personnes.
Une telle attitude nous expose à ce que les autres nous trouvent moins intéressants…
Cela illustre l’importance d’utiliser le recadrage pour ne pas craindre le jugement des autres et leur présenter le meilleur de nous-mêmes.
Enfin, si vous éprouvez un malaise profond, comme la dépression, vous êtes probablement fragile du point de vue relationnel.
Dans ce contexte, certaines personnes mal intentionnées essaieront peut-être de profiter de la situation.
Cela montre combien il est important de porter attention à vous-même et surtout à vos relations avec les autres.
Je vous conseille donc de commencer dès maintenant à vous entourer des personnes qui vous aideront à grandir chaque jour.
Dynamiser les échanges
Vous savez que l’identité cumule l’ensemble des rôles que nous occupons dans la société.
Ces rôles consistent, par exemple, à être une « mère de famille » ou un « employé dans une banque ».
Pour que notre identité soit équilibrée, il faut que ces rôles s’intègrent harmonieusement à ce que nous sommes.
Cela souligne encore combien l’équilibre identitaire est source de bien-être.
Plus nos repères personnels sont clairs et plus les personnes que nous fréquentons risquent de les partager.
Cela favorise le bien-être mutuel et la fécondité des échanges.
Si vous vivez parmi des gens heureux et que votre quotidien est satisfaisant, vous aurez plus de chances d’entretenir une humeur positive et de rendre aussi les autres heureux !
Le sentiment de satisfaction se fonde beaucoup sur les informations que nous répétons le plus souvent à travers nos valeurs, nos préoccupations et nos activités quotidiennes. Un milieu social sain constitue donc une source d’informations constructives qui nourrit une vision positive de nous-mêmes. |
Ne vouloir être personne d’autre que soi-même !
Comme nous venons de le voir, nous devons nous sentir bien avec nous-mêmes pour entretenir des relations saines avec les autres.
Ce bien-être demande d’exprimer de la confiance et du respect aux autres.
Lorsque notre identité est authentique, nous n’avons pas le sentiment d’être jugés et nous n’avons peur d’être rejetés.
Avant de terminer, j’aimerais vous présenter quelques attitudes qui vous aideront à vous respecter et à vous convaincre que vous possédez une valeur que personne ne peut vous retirer:
- La possibilité de juger positivement les autres sans que ce jugement vous fasse croire que vous êtes inférieurs à eux.
- Le fait de ne pas juger négativement les autres parce que vous vous croyez supérieur à eux.
- L’assurance que les autres ne vous jugent pas positivement simplement parce qu’ils se croient inférieurs à vous.
- La capacité de refuser que les autres vous jugent négativement simplement parce qu’ils se croient supérieurs à vous.
Évidemment, ces attitudes constructives sont plus faciles à adopter si vous avez la conviction que la valeur d’une personne est intrinsèque que personne ne peut lui retirer, et qu’elle ne repose pas sur une comparaison avec les autres.
Il est donc possible de réapprendre à échanger avec les autres.
Nous pouvons nous assurer que nos relations sont autant d’occasions d’enrichir ce que nous sommes.
Mais nous pouvons aussi nous déconditionner de la manière négative de nous percevoir et de nous évaluer.
C’est la raison pour laquelle dans l’article suivant nous examinerons les outils qui nous aident chaque jour à nourrir notre identité et notre estime de soi.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Qui suis-je?
Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
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