Dans notre société, on dit que quelqu’un a du caractère lorsqu’il accorde plus d’importance à ses propres opinions qu’à celles d’autrui. (Philippe Bouvard)
Dans cet article, je vais vous présenter de quelle manière nos déséquilibres identitaires suscitent de l’égocentrisme qui agit contre les autres et contre nous-mêmes.
Cette attitude contribue à faire le vide autour de nous, ce qui cause de la détresse, de la déprime et rend encore plus malheureux…
Pouvons-nous sortir de ce cercle vicieux ?
Narcisse était un jeune homme d’une très grande beauté, mais les sentiments d’amour dont il était l’objet le laissaient insensible.
Il dédaigna même la nymphe Écho qui lui vouait une profonde admiration.
Portant sa chance encore plus loin, le devin Tirésias avait prédit que Narcisse vivrait très vieux, à condition qu’il ne voie jamais sa propre image.
Au cours d’un épisode de chasse en forêt, Narcisse s’arrêta un moment pour se désaltérer à un ruisseau.
Il se pencha sur la surface de l’eau qui était sans aucune ride.
Cette dernière lui renvoya son propre reflet, dont il tomba éperdument amoureux.
Incapable de détacher son regard de sa propre image, Narcisse cessa progressivement de boire et de manger jusqu’à ce qu’il meure doucement.
On dit qu’il se transforma en une fleur qui porte désormais son nom.
Comme dans la légende de Narcisse, nous pouvons beaucoup souffrir lorsque nous ne portons d’attention qu’à nous-mêmes.
Et quel est le rapport de l’égocentrisme et de l’orgueil avec l’autodénigrement?
C’est que les personnes qui expriment une grande confiance adoptent habituellement une attitude opposée à celle des personnes qui se dénigrent.
Contrairement aux personnes timides, elles prennent beaucoup de place.
Pourtant, malgré l’apparente contradiction, les personnes égocentriques manquent parfois d’estime de soi.
Ainsi, l’affirmation de soi, lorsqu’elle implique l’orgueil, cache souvent une difficulté à s’attribuer de la valeur.
L’estime de soi « superficielle »…
Pour développer une estime de soi solide, nous devons commencer par accepter tout ce que nous sommes.
Cette reconnaissance de nous-mêmes nous demande à la fois d’accepter nos erreurs et de reconnaître la valeur des autres.
Autrement dit, pour nous estimer vraiment, nous devons accepter nos faiblesses et accepter les forces des autres.
C’est la raison pour laquelle les personnes qui ne s’apprécient que superficiellement adoptent souvent une attitude agressive, croyant que les autres menacent leur valeur personnelle.
Et pourquoi nous arrive-t-il de penser ainsi ?
Lorsque nous doutons de nous-mêmes, mais que nous croyons suffisamment en nos capacités, nous essayons parfois de nous convaincre de notre valeur.
Par exemple, si je veux avoir raison dans une discussion lorsque je sais que j’ai tort, c’est mon identité que je défends et non pas seulement mon point de vue.
Pourtant, le fait d’avoir raison (surtout si j’ai tort) ne prouve pas que je vaux plus que mes interlocuteurs !
Mon estime de soi reste à la case départ.
Au moment où vous lisez ces lignes, vous vous souvenez peut-être d’une personne qui a agi de cette manière avec vous dans le passé, car ce genre d’attitude incisive laisse rarement indifférent…
Il n’est pas rare qu’une personne égocentrique s’affirme avec force et affiche les signes d’une grande assurance.
Il nous arrive parfois d’agir aussi de cette manière.
Dans ce cas, nous devons nous souvenir que le fait d’avoir le dessus sur les autres ne confirmera jamais que nous avons de la valeur personnelle.
Au contraire, cette attitude est plutôt source de souffrances.
Une estime de soi superficielle se fonde ainsi sur des critères simplistes et extérieurs à nous-mêmes pour nous attribuer de la valeur.
Cette attitude encourage beaucoup les pensées inflexibles et elle nuit à l’humilité et à l’apprentissage.
Par exemple, si vous croyez que le fait de vous tromper prouve que vous ne possédez pas de valeur, vous vous obstinerez probablement pour avoir raison.
L’objectif ne sera plus d’apprendre de la discussion ou d’échanger agréablement avec les autres, mais « de ne pas perdre la face », même si vous avez absolument tort.
Cette attitude ne vous permettra pas d’enrichir vos connaissances, car vous ne tiendrez pas compte de ce que les autres peuvent vous apporter.
De plus, si vous attribuez seulement aux autres la responsabilité de vos peines et de vos conflits interpersonnels, vous vous empêcherez d’améliorer la situation.
À la longue, votre attitude entravera profondément votre développement personnel.
Comme l’autodénigrement, sa contrepartie, l’affirmation de soi contre les autres provient parfois de réactions de défenses et de conditionnements.
Par exemple, nous avons pu développer la crainte de nous tromper parce que nous avons déjà essuyé des critiques personnelles particulièrement humiliantes.
Le comportement agressif vise alors à ne pas revivre de telles expériences désagréables.
Malheureusement, ces « mauvais plis » engendrent dans notre personnalité toute une gamme d’attitudes désagréables pour les autres, comme de l’orgueil, de la susceptibilité, de l’égocentrisme et de l’agressivité.
Pour y voir plus clair, nous allons explorer chacune de ces attitudes.
L’orgueil, racine de l’arrogance et du mépris
« Au plus élevé trône du monde, nous sommes assis que sur notre cul », a écrit Montaigne.
L’orgueil est un terme bien connu qui plonge ses racines dans l’histoire et la religion.
Il est tantôt péjoratif, synonyme de fatuité et d’arrogance, et tantôt mélioratif lorsqu’il désigne le sentiment de la justesse et de la confiance en notre mérite.
J’aborderai ici l’orgueil dans sa connotation négative… et je vais risquer une définition.
Nous sommes orgueilleux chaque fois que nous voulons prouver aux autres que nous leur sommes supérieurs.
Cette attitude de mépris envers les autres découle souvent d’un sentiment d’insécurité et d’une impression d’inaptitude.
Nous pouvons donc reconnaître l’orgueil à certains de ses traits caractéristiques:
- Il se fonde sur la mise en doute de notre valeur personnelle (puisque nous devons « prouver » cette valeur).
- Il s’exprime habituellement contre les autres, à travers l’agressivité et le mépris par exemple.
- Il nous pousse à nous comparer continuellement aux autres afin de nous accorder de la valeur.
Mais pourquoi consacrons-nous tant d’efforts à affirmer notre valeur personnelle ?
Et comment cette valeur peut-elle être mise en péril ?
En fait, nous sommes les seuls à pouvoir mettre vraiment en doute notre valeur personnelle.
Même si les autres nous déprécient, nous nous dévaluons seulement si nous croyons que les autres ont raison à notre sujet.
Nous gardons donc le plein pouvoir sur ce que nous pensons de nous-mêmes !
Comme nous l’avons vu dans un autre article, nous nous définissons souvent en nous comparant aux autres.
Mais il existe des comparaisons plus constructives que d’autres.
Comparaison constructive: Je peux, par exemple, me comparer à un auteur que j’admire dans le but de me dépasser.
Cette comparaison demeure respectueuse de l’autre et elle est constructive pour moi car elle me donne des pistes pour m’améliorer.
Comparaison destructrice: Il n’en va pas de même si je dénigre l’œuvre d’un auteur dans le but de rehausser mon propre travail.
Dans sa dynamique comparative, l’orgueil vise ainsi à « prouver » notre valeur personnelle.
C’est pourquoi il s’exprime plus facilement contre les personnes de notre entourage direct, qui sont plus accessibles à la comparaison et aux attaques personnelles.
Cette constatation me permet d’étoffer un peu la définition de cette triste attitude:
L’orgueil implique la difficulté, voire l’impossibilité, d’admettre que nous sommes absolument estimables. Il ne provient donc pas tant du désir de convaincre les autres de notre valeur, mais plutôt du besoin de nous en convaincre nous-mêmes… |
Malgré ce doute de soi, l’orgueil se manifeste beaucoup au contact des autres.
Ce que les autres pensent de vous et ce que vous imaginez qu’ils pensent de vous influencent beaucoup le développement de votre identité.
Cette attitude devient problématique lorsqu’une évaluation négative de vous-même vous fait craindre d’être inférieur à ceux que vous côtoyez.
Notons que, comme dans le cas des autres distorsions cognitives identitaires, l’orgueil provient d’interprétations et de pensées tordues.
Voici quelques exemples de ces distorsions:
- Si les autres ont raison et que j’ai tort, c’est qu’ils possèdent plus de valeur que moi.
- Les autres doivent m’admirer.
- Je dois être supérieur aux autres pour posséder de la valeur personnelle.
- Les autres doivent toujours avoir une opinion favorable de moi.
- Si je ne possède pas de valeur personnelle et qu’une autre personne m’en accorde, cette dernière se trompe ! Et je ne peux pas respecter une personne qui se trompe à mon sujet.
Le fait de prendre conscience de ces pensées extrêmes, absolues, négatives (et absurdes) peut aider à nous en détacher, pour nous soulager du poids qu’elles mettent sur nos épaules…
Exagérer ce que nous sommes
Soyons honnêtes.
Nous avons probablement tous déjà au moins un peu exagéré ce que nous étions pour susciter une opinion positive de la part des autres.
L’esbroufe est du domaine des êtres humains, pour certains plus que pour d’autres.
Cette attitude est tout à fait normale et elle fait partie intégrante de la vie en société.
Mais une personne orgueilleuse qui doute de sa valeur exagérera beaucoup plus souvent ce qu’elle est.
Les pires vantards sont parfois ceux qui doutent le plus d’eux-mêmes…
Sommes-nous en mesure d’évaluer l’ensemble de nos qualités et de nos possibilités ?
Connaissons-nous assez les autres pour nous permettre de les juger ?
Non, et non.
Il existe un nombre infini de personnalités et de valeurs.
Mais plus nous sommes orgueilleux, plus nous risquons d’entretenir des pensées absolues.
C’est ce qui nous fera croire, par exemple, que les autres doivent toujours être d’accord avec nous.
L’orgueil joue un rôle très important dans nos déséquilibres identitaires puisqu’il découle directement de la manière dont nous nous percevons.
Si nous évaluons la réalité à partir de critères restreints (en croyant que seul notre point de vue est le bon, par exemple), nous freinons formidablement notre développement personnel.
Les personnes orgueilleuses ont souvent des idées bien arrêtées sur la vie, les relations humaines et la nature de leurs problèmes personnels.
Elles nient en bloc toute responsabilité dans leurs souffrances et ne les expliquent qu’à travers des causes extérieures à elles-mêmes.
Cette attitude les condamne à ne jamais s’instruire de leurs erreurs et à les répéter inlassablement.
Une image de soi destructrice avec ça ?
L’orgueil exprime avec force une image de soi inadaptée qui vise à contrebalancer le manque d’estime de soi.
Malheureusement, le résultat est rarement à la hauteur de ce que nous espérons…
L’orgueil nous couvre même de ridicule si nous affirmons des bêtises par peur de nous tromper, ce dont les gens s’aperçoivent.
Si nous nous comparons négativement aux autres, nous nous croyons inférieurs.
Dans certains cas, cette évaluation suscite de la jalousie et de l’agressivité face aux personnes que nous admirons.
Pourtant, même si une attitude agressive peut donner l’impression d’avoir le dessus sur l’autre, ce n’est qu’une illusion.
Nous n’avons RIEN à gagner à rabaisser les autres.
Il est dommage que ce soit souvent la peur que les autres aient une mauvaise opinion de nous-mêmes qui occasionne des attitudes aussi désagréables.
Ce sont surtout ces attitudes qui donnent aux autres une perception négative de ce que nous sommes.
Rien de tout cela n’arriverait si nous reconnaissions notre valeur et restions nous-mêmes.
L’orgueil nourrit la compétition, l’envie et le manque de collaboration.
Et cette force destructrice se dynamise elle-même de la comparaison aux autres, faisant perdre à nos relations leur dimension essentielle de respect puisque autrui devient l’ennemi à abattre…
Et cette navrante « victoire » sur les autres nous fait un peu croire en notre valeur… mais pas pour longtemps.
Non seulement le fait de nous attaquer aux autres ne constitue pas une preuve de notre valeur, mais cette attitude entretient une piètre estime de soi.
En effet, l’agressivité finit par faire fuir les gens.
Et ce rejet n’est guère une source de dévalorisation !
De cette manière, le piège se referme (encore).
L’identité entretient son propre déséquilibre et tout est toujours à recommencer.
À la longue, le désir d’avoir le dessus sur les autres ne procure que des inconvénients.
Le fait de nous définir par comparaison nous condamne à entrer en compétition avec eux.
Et c’est une médaille à deux faces.
En effet, si vous vous accordez de la valeur lorsque vous avez le dessus sur les autres, vous vous en retirez chaque fois que vous avez le dessous…
Personnellement, je ne crois pas que nous puissions définir la valeur humaine à partir de ce genre de comparaison.
Par exemple, si je me compare à l’astronaute Julie Payette de l’Agence spatiale canadienne, j’ai quelques raisons de pleurer !
En plus d’être allée dans l’espace, elle est ingénieure, titulaire de plusieurs doctorats honorifiques, a été membre du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et de l’Académie canadienne de génie.
Elle parle cinq langues, elle est également pianiste, soprano soliste, elle excelle dans plusieurs sports et, de surcroît, elle a été nommée Gouverneure générale du Canada.
À la suite d’une telle énumération, je devrais me dire que je ne vaux pas grand-chose n’est-ce pas ?
Pourtant, il n’en est rien.
Pourquoi cela ? Serais-je orgueilleux à ce point !
Sans dénigrer les innombrables qualités et les compétences de cette astronaute, malgré ses impressionnantes réalisations, je ne vois aucune raison de croire qu’elle est plus estimable que moi.
Je n’utilise simplement pas ces critères (réalisations, compétences, etc.) pour me définir ni pour me valoriser.
Je prends un point d’ancrage plus vaste: face à l’absolu, personne ne possède ni plus ni moins de valeur que n’importe quel autre être humain.
Bien sûr, je vais continuer à croire que le travail de Julie Payette dans la société et son impact est fondamentalement plus important et bénéfique que les actions d’un criminel, par exemple.
C’est de l’ordre de l’évidence !
Ce que je veux dire, c’est que du point de vue de la définition de notre valeur personnelle, nous n’avons simplement pas nous comparer aux autres.
C’est le meilleur moyen de supporter une estime de soi saine et durable tout en respectant et en reconnaissant toute la valeur des autres.
Car leur valeur ne fait pas ombrage à la nôtre.
Nous défendre un peu trop…
Prenons un autre exemple.
Patrick et Marcel sont tous deux orgueilleux et débattent d’un sujet à propos duquel ils ont une opinion opposée.
Puisqu’ils croient tous deux avoir raison, ils sont fermés aux arguments de l’autre et aucun d’eux n’écoute vraiment ce que l’autre lui dit.
Pire encore, ils trouvent tous les deux que c’est l’autre qui est borné !
Cet exemple vous donne-t-il une impression de « déjà vu » ?
Comme dans le cas de Marcel et Patrick, il nous arrive de croire que les autres sont bornés lorsqu’ils ne pensent pas comme nous.
Pourtant, lorsque cela se produit, nous oublions habituellement que nous n’acceptons pas davantage leur point de vue…
Sinon, il n’y aurait simplement pas de différend !
Il faut être deux pour danser une valse…
Pour remédier à ce problème, nous pouvons toujours accepter une part de responsabilité dans nos relations interpersonnelles.
Et le point de vue des autres peut être intéressant même s’il s’éloigne du nôtre !
La difficulté à remettre en question nos opinions vient de notre tendance à défendre notre identité.
Puisque nous jugeons à partir des croyances qui prennent leur source en nous-mêmes, nous surévaluons souvent leur validité.
Et plus nous sommes orgueilleux, plus cette attitude s’exprime avec intensité.
C’est ainsi que des pensées inflexibles nous conduisent à ne pas respecter les autres et à refuser de voir ce qu’ils peuvent nous apporter.
Mais nous pouvons maîtriser cette tendance naturelle et, au contraire, faire l’effort de rester suffisamment ouverts aux autres.
Une stratégie consiste à cesser de nous évaluer continuellement.
Nous pouvons accepter davantage nos erreurs, nos faiblesses et nos défauts sans mettre en péril notre identité.
Car une attitude arrogante ne garantira jamais notre valeur ni notre bonheur…
Bien sûr, nous devons apprendre à nous connaître et à respecter nos valeurs.
Mais l’affirmation de ce que nous sommes ne doit jamais s’exprimer aux dépens des autres.
Lorsque vous croirez en votre valeur fondamentale, celle que personne ne peut vous retirer, vous n’aurez plus rien à prouver aux autres ni à vous-même, et l’orgueil se retirera.
Et l’égocentrisme dans tout ça ?
L’égocentrisme est un autre déséquilibre identitaire qui nuit beaucoup aux autres.
Comme nous l’avons vu dans un autre article, l’égocentrisme se caractérise par la tendance à n’accorder d’attention qu’à soi-même.
Les personnes égocentriques croient habituellement qu’elles possèdent plus de valeur que les autres.
Elles s’attendent même à recevoir des traitements de faveur !
Comme l’orgueil, l’égocentrisme implique l’incapacité à adopter le point de vue d’autrui.
Il exprime donc indirectement un manque de respect aux autres.
Au niveau relationnel, l’égocentrisme s’oppose même à l’empathie, qui consiste à faire l’effort de comprendre la situation telle que l’autre l’interprète et la vit.
En effet, lorsqu’on ne pense qu’à soi, on ne tient pas compte des sentiments et des pensées des autres.
L’égocentrisme provient de différentes sources, mais je ne m’attarderai qu’à la plus fondamentale d’entre elles: le manque d’estime de soi.
Il est malheureusement possible de consacrer beaucoup d’attention à soi-même sans s’accorder tellement de valeur personnelle.
Le fait de nous définir de façon négative engendre d’ailleurs un profond sentiment de vide.
Dans ce contexte, le désir d’augmenter notre estime de soi nous oblige à nous concentrer sur nous-mêmes.
Cette attitude se rapproche de l’égocentrisme.
Nous réagissons même parfois de façon détestable parce que cela nous permet de nous affirmer.
Par exemple, Lucie critique vertement les autres chaque fois qu’ils ne partagent pas son opinion.
Cette réaction vise à affirmer une intégrité qu’elle sent menacée.
Malheureusement, cette réaction lui cause bien des problèmes…
Manque d’estime de soi et égocentrisme…
L’égocentrisme provoque souvent du rejet et il est associé à l’instabilité de l’estime de soi.
Le processus est simple: nous affirmons maladroitement notre identité, ce qui est désagréable aux autres et les porte à nous rejeter.
Peu importe l’option négative que nous choisissons (se nier soi-même ou nier les autres), nous sommes perdants et nous souffrons.
Les assises de notre identité ne sont pas solides; notre estime de soi reste instable et fluctue au gré des événements.
Il peut nous être grandement utile de savoir si certaines parties de notre identité se sont développées en réaction à des événements difficiles, car nous y avons peut-être intégré des distorsions cognitives que nous répétons constamment sans le savoir…
Par ailleurs, si nous souffrons de ce déséquilibre identitaire que constitue l’égocentrisme, il se peut que nous cherchions constamment à ce que les autres nous perçoivent de la manière la plus favorable possible.
Ce faisant, comme avec l’orgueil, nous essayons d’augmenter notre valeur personnelle pour nous convaincre de notre supériorité.
Mais nous pouvons aussi utiliser la stratégie inverse qui consiste à critiquer les autres et à tout faire pour diminuer leur valeur personnelle…
Ces stratégies sont évidemment très nuisibles pour les personnes qui les utilisent autant que pour celles qui en paient les frais.
Elles illustrent combien l’orgueil et l’égocentrisme sont néfastes !
Ces deux attitudes nous ferment aux autres et nous font refuser les critiques constructives.
Elles tuent l’humilité et nuisent à notre développement personnel, car elles nous poussent à n’admettre que notre « vérité » et à la défendre âprement.
Enfin, une personne égocentrique ne fera jamais l’unanimité puisque son comportement agresse très souvent les autres.
Et les personnes qui en souffrent développent elles aussi des réactions de défense…
Au lieu de soutenir la prise de conscience et le désir de changer, l’égocentrisme, formidable cercle vicieux, entretient la détresse et la solitude.
Nous avons donc d’excellentes raisons de ne pas nous fermer aux autres ni d’invoquer de fausses explications pour justifier nos attitudes malsaines.
Tant que nous n’accepterons pas notre part de responsabilité dans nos problèmes personnels, nous continuerons de souffrir.
La susceptibilité (référez-vous aussi à cet article, dans la section intitulée « Être réactif et défensif »)
Le manque d’estime de soi est également associé à un autre déséquilibre identitaire: la susceptibilité.
Nous connaissons tous des personnes qui réagissent mal aux paroles des autres et aux événements et qui s’emportent facilement.
Comme nous l’avons vu, nous avons naturellement tendance à protéger notre identité et à l’affirmer même lorsque nous sommes dans l’erreur.
Une faible estime de soi augmente beaucoup cette réaction normale, ce qui fait voir des attaques personnelles là où il n’y en a pas.
L’insécurité est aussi la raison pour laquelle les personnes susceptibles essaient de contrôler leur environnement.
La susceptibilité augmente notre sensibilité à tout ce qui nous contrarie.
Elle nous porte à défendre notre amour-propre lorsque nous nous sentons lésés.
Mais encore faut-il que nous soyons vraiment menacés !
La tolérance de certaines personnes est si faible qu’elles réagissent même lorsqu’il n’y a pas d’agression !
Par exemple, elles confondent facilement une blague faite de bonne foi avec une critique personnelle.
La susceptibilité est une attitude réactive qui nous fait vivre des expériences éprouvantes telles que de l’agressivité, de l’anxiété, et même de la tristesse et du désespoir.
Toutes ces émotions découlent d’une vision négative de soi.
Cette vision de soi rend l’échec pratiquement intolérable et favorise les comportements agressifs.
Pierre, pour qui un petit rien devient une situation à fuir ou à combattrePierre a tellement de difficulté à croire en sa propre valeur qu’il pense que les autres en doutent avec autant de sévérité. C’est la raison pour laquelle il défend son identité avec une vigueur… inutile. Pourtant, les commentaires des autres ne mettent aucunement sa valeur en danger ! Son identité et sa valeur personnelle existent indépendamment des autres et des événements. Pierre agit également de manière égocentrique puisqu’il n’accorde de crédit qu’à sa propre interprétation des événements. Lorsqu’il croit qu’on l’attaque, il s’agit toujours de la réalité, selon lui ! Pour qu’il se calme, ses proches doivent lui expliquer longuement qu’ils ne voulaient pas lui nuire… Et il suscite souvent des conflits. Le problème avec Pierre, c’est qu’il donne aux autres la désagréable impression de manquer de compréhension et de respect. C’est aussi la raison pour laquelle Pierre dépend de ce que les autres pensent de lui. Il utilise surtout des critères extérieurs à lui-même pour se définir. La susceptibilité est un grave problème, car elle l’empêche de mesurer les conséquences néfastes de ses réactions. Il est très difficile à Pierre de résoudre ses problèmes puisqu’il se contente habituellement de « contre-attaquer ». Il se concentre sur des agressions qui n’existent que dans son esprit et qui suscitent des émotions négatives. Un jour, Judith, l’amie de Pierre, lui demande d’abréger l’anecdote qu’il lui raconte parce qu’elle la connaît déjà. Pierre interprète alors les paroles de Judith comme un manque d’intérêt envers lui et il réagit avec agressivité. Par la suite, Judith lui explique qu’il ne s’agissait pas de rejet, qu’elle savait tout simplement déjà ce qu’il lui racontait ! Mais le « mal » est fait et Pierre ne veut rien entendre aux explications de Judith… |
Les émotions négatives que la susceptibilité engendre nous empêchent de clarifier nos interprétations tordues.
Le meilleur remède consiste malgré tout à réviser notre façon de voir les choses.
Le fait de recadrer nos conclusions coupe les émotions négatives à leur source avant qu’elles n’aient fait des dégâts.
Comme nous l’avons vu avec Pierre, c’est sa susceptibilité qui l’empêche de réviser sa manière de comprendre les paroles de Judith.
Il se condamne ainsi à vivre des conflits alors qu’il pourrait interpréter et comprendre chaque situation autrement.
En elle-même, la susceptibilité renferme un grand paradoxe.
Le fait de nous défendre de ce que les autres nous disent leur donne d’abord raison !
Comment prétendre que nous ne croyons pas ce qu’ils affirment alors que nous faisons tout pour leur montrer qu’ils ont tort ?
Le but consiste donc à s’aimer soi-même de façon authentique.
Lorsque nous avons une identité équilibrée, tout ce que les autres pensent de nous peut être vrai ou faux: nous ne nous en préoccupons plus que pour nous améliorer, jamais pour douter de nous-mêmes !
Aimer les autres pour mieux s’aimer soi-même
Dans cet article, nous avons vu comment certains de nos déséquilibres identitaires nuisent aux personnes de notre entourage en plus de nous faire souffrir.
Pourtant, nous aimons notre famille et nos amis, et nous avons besoin de relations saines et respectueuses pour nous épanouir.
L’orgueil, l’égocentrisme et la susceptibilité sont tous liés à un manque d’estime de soi.
Ils entretiennent notre détresse en nourrissant nos distorsions cognitives, nos émotions et nos réactions négatives.
Une initiative constructive consiste à essayer de comprendre ce que les autres nous disent avant de les clouer au pilori !
Pour avoir de l’estime de soi et une identité authentique, nous devons apprendre à nous connaître.
Nous devons accepter à la fois nos limites et nos imperfections, et les qualités et les forces des autres.
Le fait de nier un commentaire pertinent ou d’y réagir agressivement sans chercher ce qu’il peut nous apporter nous empêchera toujours de nous améliorer et d’exprimer du respect aux autres.
Lorsque vous serez convaincus de votre valeur personnelle, vous n’aurez plus aucune raison de vous défendre.
Vous saurez que votre valeur intrinsèque ne dépend pas de ce que les autres pensent et disent de vous.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Qui suis-je? Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Vous avez des idées ou des questions ?
Les commentaires sont là pour vous !
ACHY dit
Merci c’est tout moi, et j’ai un gros travail à faire sur moi. Mais d’où vient le manque d’estime de soi?
Merci encore
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour,
Merci de votre commentaire ! Répondre à la question d’où vient le manque d’estime de soi prendrait trop de place par rapport à ce que permet les commentaires. Et c’est une très bonne et très importante question. Je vous invite à lire mon livre Qui suis-je ? (https://www.nicolassarrasin.com/livre-qui-suis-je) et mon guide sur la confiance en soi (https://www.nicolassarrasin.com/comment-avoir-confiance-en-soi-guide) qui portent tous deux sur ce sujet. Vous y trouverez, je l’espère, bien plus que la réponse à cette question !
À bientôt,
Nic
Robyne dit
Je vous remercie…
Vous m’éclairer vraiment…
Ma vie a été une véritable torture de bout en bout…
J’arrive à la fin de la quarantaine et je ne peux plus supporter tout ce qu’a engendré le comportement orgueilleux et égoïste de ma sœur et, c’est triste à dire, de ma mère. Que Dieu ait son âme…
Beaucoup de négligence, de déni et d’agressivité (Un manque de respect passif)… On n’a jamais cherché à m’écouter et je suis partie chercher cette écoute ailleurs. Ça n’a fait qu’aggraver les choses, parce que ailleurs, on trouve de tout…
J’ai erré dans le Vide, je me suis perdue de plus en plus…
J’ai quitté la maison à 2h, 3h du matin, bien souvent…
J’ai laissé passer des chances professionnelles…
J’ai perdu joie et lucidité…
Oui, je vous remercie d’avoir posé des mots à ma souffrance.
Écrivez moi quelque chose, si vous pouvez…
Merci
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Robyne,
Je suis désolé que vous ayez souffert à travers les situations que vous partagez dans votre commentaire. L’orgueil des autres peut en effet être très difficile à vivre, surtout quand il vient de personnes proches comme les membres de la famille.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de partager votre commentaire et je suis heureux que mon article vous ait aidé à mieux préciser ce qui se déroulait.
Lorsque la source de la souffrance vient des autres, puisque nous n’avons pas de contrôle sur eux, la meilleure stratégie est souvent de nous concentrer sur ce que nous pouvons changer: nous-mêmes, nos attentes, nos émotions, etc. J’ai moi-même eu de beaux résultats dans des contextes qui impliquaient les autres.
Pour ce faire, je vous invite à poursuivre la lecture de mon blogue. Il contient de nombreuses ressources qui vous aideront à améliorer les choses en ce sens.
Merci encore et à bientôt !
Nic
Jlynn dit
Bonjour Robyne,
Je viens de lire cet article bien développé et votre commentaire.
Je partage tout à fait votre souffrance, comme ayant vécu cette situation désastreuse au sein de ma famille. Une famille (mère et sœurs) vivant dans le déni et le mensonge, dans la recherche exclusive de la survalorisation au détriment des autres.
Il est très difficile de s’épanouir et de grandir sainement dans ce milieu.
J’ai dû, pendant des années, chercher à comprendre la psychologie de ma famille, la vérité, rechercher mon identité, connaître mes valeurs, mes goûts, mes émotions, ma personnalité, ce que j’aime… pour trouver mon véritable ancrage. J’ai également dû entreprendre un régime alimentaire accompagné de sport, parce j’étais atteinte de boulimie et d’obésité.
Comme disait Nicolas, la meilleure chose est de se concentrer sur ce que nous pouvons changer, de se comparer à soi pour s’évaluer et progresser. C’est ainsi que j’ai acquis une belle personnalité, plus belle, rajeunie et être une vie précieuse aux yeux de Dieu.
C’est un monde illusoire de vivre dans l’orgueil ou dans le déni, car il existe toujours un moment dans la vie où la vérité rattrape celui qui l’occulte. Il y a toujours une justice, comme un effet de boomerang.
Excellente continuation! 😉
Jlynn dit
Bonjour,
Je me permets de revenir sur mes pensées précédentes pour approfondir, apporter mon expérience, soutenir les personnes en détresse.
Merci pour l’existence de votre site qui apporte des réponses à nos questionnements.
L’orgueil est le fait de s’attribuer des qualités qu’il n’a pas, de tout rapporter à soi. L’orgueilleux se croit supérieur et plus méritant que les autres qu’il méprise.
L’orgueil est la négation du moi véritable au profit d’un autre que l’on invente pour se rendre acceptable. Il doit constamment défendre le personnage dont il tire sa crédibilité.
Par exemple, au sein de ma famille:
– Une de mes sœurs va croire que le fait d’acheter des produits chers va faire d’elle une personne de valeur et nier mes qualités pour se l’attribuer.
– Une autre va pointer les failles des autres ou critiquer pour se sentir rehaussée.
– Ma mère, qui est une excellente cuisinière, va penser que, par cette qualité, elle est une excellente mère. Si je cuisine aussi bien qu’elle, elle va se sentir vexée (sans le dire mais par son expression du visage).
L’orgueil est un défaut dangereux et la mère de tous les vices. Toute la vie de l’orgueilleux n’est qu’un tissu de mensonge, et il risque un jour de connaitre la désillusion à cause de son moi fragile.
L’humilité est la véritable qualité. Elle permet de réussir sa vie, avoir une juste perception de soi, de ses capacités, de ses forces et faiblesses. L’humble n’est pas conditionné à s’occuper à se défendre car le fait d’être lui-même lui procure une assurance dans la vie.
Robyne, si vous lisez encore, continuez à travailler avec hardiesse ! Traquez au quotidien tous vos monologues négatifs ou culpabilisants. Au bout de votre chemin se trouve votre bonheur qui vous attend. 😉
Nicolas Sarrasin dit
Merci pour votre commentaire. 🙂
Vous contribuez ainsi à nourrir la réflexion sur le sujet et à partager votre expérience, ce qui peut être d’une grande aide pour les autres !
Mina dit
Bonsoir,
Votre article est très instructif, merci beaucoup. Je viens d’une famille très orgueilleuse par manque d’estime de soi de ses membres, et malheureusement j’ai pris cette mauvaise habitude. J’ai beaucoup de mal à transformer cela, et en même temps je me demande si cela ne me donne pas de l’énergie, dans une période où je me sens déprimée. Une haute énergie négative, en fait.
Belle soirée
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Mina,
Je vous remercie beaucoup de votre commentaire. C’est drôle, je pensais justement récemment que l’orgueil pouvait être une formidable source de motivation personnelle pour accomplir différentes choses et donner un certain sens à la vie (se comparer aux autres et vouloir être meilleur, par exemple). Évidemment, comme vous le dites, cette énergie est négative, car elle occulte souvent ce que nous avons de meilleur en nous-même. Je crois que nous pouvons trouver de grandes sources de motivation et d’énergie positives et constructives en nous, mais cela prend plus de temps et nécessite des efforts, notamment celui de se connaître et d’ancrer ses références d’estime de soi et de sens au creux de nous-même, en laissant de côté la comparaison (pour éviter de se déprécier ou de s’apprécier globalement par rapport aux autres plutôt que de s’accorder par et pour soi toute la valeur que nous méritons).
Wanda dit
Très intéressant. Je viens de faire la connaissance d’une personne (il y a 3 semaines) et je me suis aperçue de son orgueil il y a quelques jours suite à un malentendu/quiproquo entre nous. Au lieu de pouvoir désamorcer cette situation assez anecdotique et courante entre les gens, ça a pris des proportions inimaginables. J’ai vu l’expression de son visage complètement fermée. Il était glacial, il fuyait mon regard. Il avait l’air d’être à des années lumière. Je lui ai dit “La tronche que tu fais” ou “Waowww je te sens super loin là”. Ce malentendu pour lui c’était comme un crime contre l’Humanité. En fait, j’ai pas pu prendre le truc sérieusement. J’ai pas pigé tout de suite qu’il avait un problème d’orgueil à ce moment-là. Bref, il a disparu depuis. Plus de réponse à mes messages. Silence Radio. C’est dommage, j’aimais bien le début de notre histoire mais son orgueil a tout emporté.
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Wanda,
Oui, c’est malheureusement le genre de réaction que les personnes (très) orgueilleuses ont assez souvent. Je vous remercie de votre partage !
À bientôt 🙂
Bambi dit
Bonjour Nicolas,
Merci pour votre article!
J’ai été diagnostiquée sensitive de Kretschmer en 2013 et le parcours a été long et continue encore. En 5 ans j’ai arrêté mon traitement a peu près 6 fois! Et depuis juillet je l’ai encore arrêté…
J’ai fait beaucoup de progrès en 5 ans, enfin je crois, mais après avoir lu cet article, je m’aperçois que j’ai encore beaucoup de travail a faire…
Par quoi commencer ? Que me conseillez-vous pour arrêter de penser que le monde tourne autour de moi, être plus humble, ne plus avoir peur de regarder les gens dans les yeux, arrêter de voir des attaques personnelles un peu partout, savoir s’aimer, savoir écouter les autres…
J’aurais mille questions à vous poser mais juste, par quoi commencer ?
Et j’aurais voulu vous dire aussi un très grand merci pour votre article qui m’a vraiment donné beaucoup de claques! mais qui au final me donne envie d’avancer.
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour,
Tout d’abord, je vous remercie beaucoup de votre commentaire et je suis très heureux que mon article vous ait été utile.
L’être humain est très complexe et il est difficile de répondre à votre question « Par où commencer ». Dites-vous que peu importe par où vous débutez votre cheminement d’amélioration personnelle, tous les chemins vous mènent au bon endroit: vers le mieux.
À partir du moment où vous adoptez la posture d’ouverture et d’humilité qui permet l’apprentissage, vous vous donnez l’occasion d’avancer.
Si la lecture de cet article vous a été profitable, je peux vous suggérer la lecture de mon livre en entier, Qui suis-je ?, dont cet article est tiré: https://www.nicolassarrasin.com/qui-suis-je-ebook-rabais.
Puisqu’il aborde la question de la connaissance de soi, de l’identité et des distorsions cognitives qui s’y attaquent, il vous fournira des outils bénéfiques dans la poursuite de vos démarches.
Je vous souhaite le meilleur,
Nicolas
Bambi dit
Merci d’avoir lu mon message et d’y avoir répondu. Merci pour vos encouragements.
Je lirai votre livre “Qui suis je” avec détermination pour essayer de sortir de cette déprime et de cette solitude que je me crée chaque jour.
Je vous souhaite également le meilleur et une bonne continuation dans tout ce que vous entreprendrez.
Quelle chance d’avoir pu tomber sur votre site!!!
Merci encore!
Bambi
Nicolas Sarrasin dit
Je fais ce travail sur mon site d’abord pour aider les autres, et votre commentaire me fait chaud au cœur car il me montre que je le fais pour de bonnes raisons, et que j’aide vraiment.
Je vous en suis très reconnaissant !
À bientôt,
Nicolas
Isabelle dit
Bonjour,
je me rends compte que j’ai trop d’orgueil, mais uniquement dans les relations amoureuses. Je ne veux pas montrer que je souffre d’une blessure (même légère) que l’autre m’inflige. Avec les personnes dont je ne suis pas amoureuses, je n’ai aucune difficulté à admettre mes faiblesses. Mais je sais que j’ai une peur terrible d’être rejetée. Et j’ai une piètre estime de moi-même… Par où commencer pour m’améliorer? Je fais foirer toutes mes relations amoureuses depuis les traumatismes qu’ont été pour moi l’infidélité et l’abandon par mon mari, il y a dix ans… Merci de me donner une piste…
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Isabelle,
Les questions que vous évoquez sont complexes et je ne fais pas de consultation dans les commentaires. Je peux cependant vous référer à mon ebook Qui suis-je ? qui aborde en profondeur plusieurs des questions que vous évoquez et qui pourra sans aucun doute vous aider: https://www.nicolassarrasin.com/qui-suis-je-ebook-rabais.
Je vous souhaite le meilleur !
Adrien dit
Bonsoir,
J’aimerais votre avis sur ma situation et savoir s’il s’agit réellement d’une forme d’orgueil. Je ne sais pas où trouver de réponse…
Étant plus jeune, j’ai sans cesse été dévalorisé, rabaissé, etc. En grandissant et en m’écartant de cette source de malheur, j’ai réussi à évoluer et me rendre compte de mes capacités, de ce que je valais et surtout que tout ce que j’avais traversé m’avait rendu beaucoup plus fort que les autres. Je sais que «les autres» est un terme qui veux dire beaucoup et qui n’est pas vraiment approprié à mes propos. Mais je parle de la plupart des personnes (bien que je suis absolument conscient qu’on est tous différent, qu’on a tous un vécu), et je juge cela de par mon vécu et mes capacités intellectuelles que je «compare» avec les gens qui m’entourent. Je les trouve faibles pour la plupart. Je ne cherche pas à les rabaisser, c’est juste que j’en ai conscience.
Mais le plus dur est de me rendre compte que ma famille qui m’a vu évoluer, n’est pas capable de m’accorder de crédit. Pour eux, ils sont plus âgés et ont forcément raison car ils ont vécu plus de choses (je ne suis pas d’accord avec ça, l’âge n’a rien à voir avec le vécu). Je sais ce que je vaux mais on ne veut pas le voir…
Je ne sais pas si vous allez le lire, ou si vous daignerez me répondre, mais je ne sais pas quoi faire. Je n’ai personne avec qui aborder un tel sujet. J’ai appris à ne pas beaucoup m’entourer afin de privilégier la qualité à la quantité.
Nicolas Sarrasin dit
Bonsoir Adrien,
Votre commentaire ne me fournit malheureusement pas d’informations suffisantes pour pouvoir répondre à votre question. L’orgueil est une notion complexe qui s’exprime dans de multiples situations, ce qui dépasse de loin l’horizon des commentaires.
Retenez qu’aucun critère n’est universel pour permettre d’évaluer la valeur d’une personne. Se comparer aux autres est possible si cela est fait “objectivement”, sur des faits, et de manière constructive. Par exemple, même si je joue de la batterie à un bon niveau, je suis beaucoup moins bon que Dave Weckl sur mon instrument. Cela ni signifie cependant pas que Dave Weckl a plus de valeur que moi fondamentalement, en tant qu’être humain. Le problème vient lorsque nous accompagnons la comparaison de mépris global pour soi-même (autodéngirement relié au manque d’estime de soi) ou pour les autres (orgueil).
Sur cette base, je suis d’accord avec vous à l’effet que les membres de votre famille ne peuvent pas avoir raison sur la base de l’âge. Cela n’a rien à voir avec la valeur d’une personne, par exemple. Et je compatis car cela doit être très sur s’il ne vous donnent pas le crédit que vous méritez.
Il est cependant aussi difficile de mesurer quelque chose d’aussi complexe que l’intelligence. Le fait de vous croire plus intelligent que les autres peut susciter des comportements arrogants qui sont en effet reliés à l’orgueil. Mais je répète que je ne suis pas en mesure de tirer quelle que conclusion que ce soit à votre sujet puisque je ne vous connais pas.
En terminant, si vous désirez améliorer la situation, la lecture de mon livre Qui suis-je ? pourra beaucoup vous aider à vous connaître et à comprendre ce que vous vivez: https://www.nicolassarrasin.com/qui-suis-je-ebook-rabais.
N’hésitez pas non plus à consulter si vous en ressentez le besoin. Il n’y a pas de mal à voir un(e) psychologue sur tous les sujets qui nous touchent personnellement et nous font souffrir. Cette page de ressources pourra vous être utile: https://www.nicolassarrasin.com/trouver-aide-psychologique.
Je vous souhaite le meilleur.
Lillou dit
Bonjour,
Un grand merci pour votre article. J’ai beaucoup lu sur le sujet et c’est la première fois qu’on a une vue globale du problème.
Comme dans beaucoup de familles, il y a une personne qui remplit toutes les cases de votre description.
J’ai essayé d’avoir une conversation normale, mais en vain. Impossible de terminer une phrase ou de contredire une idée. Elle a la science infuse et nous dénigre avec le sourire.
J’ai senti qu’il y avait un problème lorsqu’en parlant avec mon conjoint, il me dit qu’il n’a rien de spécial, que c’est comme d’habitude. Vu qu’il s’agit de sa sœur, il a tellement l’habitude qu’il n’a rien ressenti.
J’ai commencé à observer toutes les réunions de famille. Et c’est la même soirée en boucle: ma belle-sœur qui parle, qui dit des inepties, et personne ne réagit, tout le monde est d’accord.
Il y a aussi le trait de caractère qui consiste à concurrencer tout ce qu’on fait, que ce soit des réalisations ou des projet.
Comme je n’aime pas trop être singée, j’ai commencé un petit jeu avec elle.
A force de me couper pour terminer mes phrases avec ses idées, j’ai décidé de lancer un sujet et de me taire car c’est sûr qu’elle va prendre la parole pour étaler ses connaissances en me regardant dans les yeux pour que je confirme qu’elle dit juste. Et je m’amuse à lui poser plein de questions jusqu’à ce qu’elle ne sache plus répondre.
Quand je peux contredire, je le fais et elle, là, elle se sent pas bien et fait tout pour changer de conversation.
Je sais que c’est pas bien mais c’est tellement fatiguant de passer les soirées en sa compagnie. Et c’est aussi pour qu’elle prenne conscience, mais ça n’a fait qu’empirer son attitude à mon égard. Elle copie tout, jusqu’à s’endetter pour réaliser la même chose.
Est ce qu’elle va finir par se calmer ou bien je vais subir cette concurrence malsaine à vie.
Il faut savoir que c’est une famille très liée et que je ne désire pas la faire éclater.
Merci pour votre retour
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour,
Le propre des personnes orgueilleuses est de ne pas se remettre en question.
À mon humble avis, tenter de faire prendre conscience à une personne orgueilleuse de son problème de la manière que vous décrivez est voué à l’échec et, comme vous le soulignez, risque de faire empirer les choses et de pourrir les relations au sein de votre belle-famille.
Lorsque nous sommes confrontés à des personnes désagréables dans un contexte “obligatoire/imposé” (famille ou travail, par exemple), si ces personnes ne sont pas ouvertes à accepter leurs torts et à s’améliorer (personnes orgueilleuses ou manipulatrices, par exemple), l’option la plus constructive consiste à se concentrer sur la seule chose sur laquelle nous avons un réel contrôle: nous-même (puisque nous ne contrôlons pas les autres).
Et ce contrôle, nous pouvons l’exercer à accepter ces situations que nous ne pouvons changer, même si elles sont frustrantes, notamment en “lâchant prise”. Voici un article sur ce sujet pour aller plus loin: https://www.nicolassarrasin.com/comment-lacher-prise.
Je vous souhaite le meilleur.
Ethel dit
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article clairvoyant et très enrichissant.
J’ai retrouvé dans vos descriptions plusieurs personnes de mon entourage et je me suis retrouvée également. J’ai longtemps été très égocentrique, toujours à la recherche d’approbation des autres. Je suis parvenue à dépasser cette tendance en travaillant sur moi et, comme vous le soulignez dans votre article, sur l’estime que j’avais de moi-même qui était proche du néant et liée à une profonde blessure de l’enfance.
L’égocentrisme agit comme un poison et dès que vous cessez de vous mettre au centre de tout et que vous intéressez profondément à l’autre, quelle libération !
Aujourd’hui, je m’interroge sur mon petit garçon de 5 ans.
il a un besoin très prononcé de se mesurer aux autres. Il a beaucoup de mal à supporter que l’on complimente un autre enfant que lui et il est blessé face à l’échec.
Cette attitude me surprend car j’ai le sentiment que son père et moi l’encourageons et le valorisons. Mais peut-être pas comme il le faudrait. Avez-vous des pistes qui pourraient m’aider à l’aider ?
merci beaucoup !
Bonne journée
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Ethel,
Je vous remercie de votre témoignage et je vous félicite d’avoir progressé dans la bonne direction.
Je ne peux malheureusement vous conseiller en regard de votre garçon de 5 ans, car la psychologie de l’enfant n’est pas du tout mon domaine.
Pour répondre à vos questions et obtenir de l’aide particulière en regard de la situation, je vous invite à consulter un psychologue. Ce sont les meilleurs professionnels pour vous conseiller à ce niveau.
Je vous souhaite le meilleur.
Marcel dit
Merci pour cet article,
Je suis en train de foutre en l’air 30 ans de couple pour les causes que vous citez dans votre article…
Trop tard, et si j’avais pu réagir avant…
Mais nous sommes parfaits, n’est-ce pas… Penser aux autres avant soi-même, cela devrait être ma devise maintenant…
Nicolas Sarrasin dit
En effet, dans les relations, surtout amoureuses, le fait de penser à l’autre au moins autant qu’à soi est primordial à long terme.
Je vous remercie de votre commentaire et je vous souhaite le meilleur.
Rebecca dit
Bonjour,
Merci pour votre article qui aide à mieux comprendre certaines choses. Je partage ma vie avec un homme qui se trouve dans cette situation et “prison”. J’aimerais savoir comment l’amener à voir lui-même qu’il pourrait être plus libre et tranquille s’il il pouvait penser autrement? J’ai énormément de patience et je présente des choses petit à petit, mais il fuit chaque fois. Aidez-moi si vous pouvez. Comment l’amener à considérer qu’il peut travailler sur lui-même pour ne plus en souffrir?
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Rebecca,
Malheureusement, il n’est pas possible de changer une personne si elle ne veut pas changer elle-même. En effet, l’orgueil est un formidable frein au changement personnel. L’espace des commentaires n’est donc pas l’endroit où je pourrais fournir une telle aide, et même si j’écrivais un livre entier sur le sujet et que vous le lisiez, cela ne changerait rien tant que la personne nie ses problèmes et refuse votre aide, car nous n’avons aucun pouvoir direct sur les autres. Et même si nous tentons de les influencer positivement, s’ils sont orgueilleux et croient ne rien pouvoir apprendre d’autres personnes, ils resteront fermés à toutes les suggestions, comme cela semble d’ailleurs ce que vous vivez lorsque vous dites “il fuit chaque fois”. J’en suis désolé.
Au mieux, mon livre Qui suis-je? pourra vous aider à comprendre le fonctionnement de l’identité et de certains des mécanismes de défense qui sont mis en place pour empêcher de progresser.
Je vous souhaite le meilleur.
Dominique dit
Bonjour,
Cet article m’a littéralement scotché. J’y retrouve la situation que je vis actuellement.
Père de trois garçons, divorcé en début d’année, ma belle fille s’est rapprochée de moi et je l’ai adoptée comme ma fille que je n’avais pas eue.
Lors de la vente de notre maison, elle m’a proposé (en accord avec mon fils) de m’héberger, le temps de finaliser un projet immobilier commun (à plusieurs, on est plus fort financièrement) où je profiterais d’un coin personnel sans interférence avec eux. J’ai essayé de me faire discret mais l’ambiance s’est alourdie progressivement jusqu’au soir où ma belle fille m’a viré comme un malpropre.
Depuis, je suis hébergé chez un ami et je conclus le projet immobilier.
Je dois avouer que j’ai un immense défaut: je suis un abrutis complet. Quand j’aime quelqu’un, j’ouvre les vannes à fond, sans regarder, femme, famille, enfants, amis. Et dans son cas, j’ai tout fait pour l’aider (financier, procédure, etc.), sans doute trop.
Récemment, elle m’a rappelé par sms après plus de 2 mois pour « reprendre contact ». Je n’ai pas été à l’aise dès le départ de l’échange. Au final, elle s’excuse de la façon dont elle m’a traité comme pire que tout. Quand je lui ai proposé de parler pour purger le différend, elle me demande des excuses pour une phrase qu’elle a mal comprise ou mal interprétée. C’est une personne qui a souffert dans son enfance, viol, violences, négation de sa personne, ce qui m’a créé de l’empathie vis à vis d’elle. En plus, elle était gentille, et je l’ai aidée comme j’ai pu malgré mes propres soucis de santé et de situation. Mais elle est arque boutée sur sa fierté, son manque de confiance, sa lâcheté aussi comme son comportement a procrastiner.
Je n’attends pas vraiment de réponse, ça m’a juste fait du bien d’écrire ce que je vis. Votre analyse est fine.
Nicolas Sarrasin dit
Je vous remercie pour le partage de votre témoignage Dominique.