Les êtres humains sont champions dans la construction de différentes prisons psychologiques.
En fait, il existe autant de ces «prisons» qu’il existe de personnes sur terre, et j’ai ma petite prison moi aussi.
Alors si vous souffrez, dites-vous que vous n’êtes pas seul(e).
Dans cet article, vous découvrirez des raisons importantes pour lesquelles vous avez tant de difficulté à lâcher prise.
Il s’agit de la base grâce à laquelle nous pouvons nous libérer du passé et de la souffrance.
Beaucoup de personnes souffrent, mais seules quelques-unes d’entre elles prennent le temps de comprendre ce qu’elles vivent et cherchent la clé pour se libérer.
C’est ce que je fais depuis de nombreuses années, et c’est ce que vous faites aussi en lisant cet article.
Vous faites partie de celles et ceux qui cherchent à comprendre et à changer les habitudes qui les font souffrir.
L’étape logique qui suit celle de la définition du lâcher prise consiste à voir ce qui se passe lorsque nous n’arrivons pas à accepter quelque chose d’éprouvant.
J’aimerais d’abord préciser deux choses au sujet de cette prison mentale:
1. Ses barreaux se composent de souffrances, qui peuvent être très variées.
2. Ces souffrances viennent de nous-mêmes, même si elles ont été initiées par des épreuves que nous avons vécues: c’est nous qui les entretenons, et parfois très longtemps.
Voici donc une liste (non exhaustive) des souffrances qui se manifestent lorsque nous n’arrivons pas à lâcher prise:
Les remords et la culpabilité
Nous souffrons souvent parce que nous croyons que les choses auraient dû se passer autrement.
Par exemple, nous regrettons de n’avoir rien fait alors que nous aurions pu faire quelque chose, ou encore nous regrettons ce que nous avons fait…
Cette perspective nous empêche de décrocher de l’idée que nous avions un contrôle et que nous aurions pu éviter quelque chose (et/ou faire les choses différemment).
Il en résulte une grande souffrance intérieure.
L’autodénigrement
L’autodénigrement est le petit frère de la culpabilité.
Plutôt que d’accepter la réalité et de lâcher prise, il s’agit de croire que plus nous souffrons et plus nous accordons de valeur à la situation que nous regrettons.
Alors plus nous souffrons, plus grande est notre « rédemption », en quelque sorte…
Malheureusement, cette autoflagellation ne mène absolument nulle part ailleurs que dans la prison qui nous fait souffrir…
Le stress et l’anxiété
Le fait de nous battre contre une situation sur laquelle nous n’avons aucun pouvoir occasionne du découragement.
Et ce combat peut perdurer très longtemps… sans davantage de résultats.
Malheureusement, il entraîne avec lui des conséquences néfastes, et l’anxiété est probablement la plus notable d’entre elles.
Comme je l’explique dans un article détaillé sur l’anxiété, cette dernière découle d’un stress élevé vécu pendant une longue période.
Et l’anxiété chronique est une source de souffrances non négligeable qui peut conduire à des troubles anxieux et à d’autres problèmes comme la dépression, l’épuisement, l’insomnie, etc.
La rumination de souvenirs douloureux
Le fait de ressasser les événements que nous avons peine à accepter est typique de l’incapacité à lâcher prise.
Cela a pour conséquence de nous faire revivre les émotions négatives associées à cette épreuve.
Voici quelques exemples de ces épreuves que nous avons souvent de la difficulté à accepter:
- Des frustrations et des traumatismes passés dont nous avons de la difficulté à effacer le souvenir. Par exemple, si on s’est fait battre ou mépriser pendant son enfance, notamment pas des personnes importantes comme ses parents;
- Se faire quitter ou rejeter par une personne à laquelle on était attaché;
- Se faire mettre à pied d’un emploi qu’on aurait aimé garder;
- Devoir côtoyer une ou des personnes désagréables (au travail par exemple);
- Échouer un projet important sur lequel on travaillait depuis un certain temps;
- Vivre le deuil d’une personne qui nous était chère;
- Le fait de ne pas nous accepter comme nous sommes, de vouloir être quelqu’un d’autre;
- Etc.
Comme vous vous en doutez, cette liste peut être virtuellement infinie…
Ce qu’il faut retenir, c’est que toutes les situations qui nous font souffrir seront potentiellement difficiles à accepter.
Tout le monde gagne donc à apprendre à lâcher prise, car nous serons tous confrontés un jour ou l’autre à ce genre de situations.
Une panoplie d’émotions négatives et leurs conséquences
La prison que nous nous créons est le plus souvent composée des émotions négatives qui accompagnent l’incapacité à accepter ce que nous ne pouvons changer.
Par exemple:
- Le regret;
- L’angoisse;
- La déception;
- La honte;
- La frustration;
- La révolte et la colère;
- La tristesse;
- La rancune.
Et ces émotions ont des conséquences elles aussi douloureuses, comme:
- La démotivation;
- L’anxiété;
- Le repli sur soi;
- Les difficultés sociales et relationnelles;
- Le fait de vivre dans le passé et d’être déprimé.
Maintenant que vous connaissez mieux cette prison, pour commencer à en scier les barreaux, voici un exercice intéressant. (1)
Exercice – L’apparence de la prison qui vous empêche de lâcher prise
Prenez ce qu’il faut pour noter et écrivez de la manière la plus détaillée possible:
1. Les pensées, les souvenirs, les inquiétudes, les craintes, les autocritiques et les autres pensées non constructives que vous avez en relation avec ce que vous avez de la difficulté à accepter.
2. Les émotions, les sensations, les impulsions ou les envies qui sont associées avec ce que vous avez de la difficulté à accepter et que vous tentez d’éviter et de combattre parce qu’elles vous font souffrir.
En notant les deux premières dimensions de cet exercice, vous commencez à préciser la forme des barreaux de la prison.
Vous soulignez une grande part de ce qui constitue la souffrance que vous vivez par rapport à ce que vous n’arrivez pas à lâcher prise.
Ensuite, notez les actions et les réactions contre-productives vers lesquelles ces sources de souffrances vous portent.
Que faites-vous régulièrement qui nuit à votre vie à moyen et à long terme en relation avec ce que vous n’arrivez pas à accepter?
Notez tout ce qui est contre-productif:
- Ce qui vous démotive et vous porte à rester pris(e) dans la situation;
- Ce qui draine votre énergie;
- Ce qui vous éloigne des autres et vous isole;
- Ce qui nuit à votre santé et/ou à votre travail;
- Ce qui vous fait gaspiller votre argent;
- Ce qui maintient les problèmes auxquels vous faites face (et les empire).
Gardez ensuite ces notes précieusement et relisez-les.
Il ne s’agit que d’une étape préliminaire dans la possibilité de lâcher prise, mais vous disposez maintenant d’une esquisse des barreaux de la prison dans laquelle vous vous trouvez peut-être.
C’est qu’une certaine manière de voir la réalité entretient des émotions désagréables qui peuvent durer de nombreuses années.
Voyons maintenant pourquoi il est aussi difficile de lâcher prise et dans quel «piège» notre cerveau nous fait tomber pour nous maintenir si souvent dans cette prison…
Pourquoi avons-nous tant de difficulté à lâcher prise?
Comme moi, vous vous êtes sans doute demandé pourquoi il est aussi difficile d’accepter la réalité lorsqu’elle nous dérange?
Une partie de l’explication est évidente: nous ne voulons pas souffrir, alors nous combattons les situations qui sont sources de souffrances.
Mais pourquoi continuons-nous parfois à nous battre contre ce que nous ne pouvons pas changer?
C’est que chaque situation, chaque épreuve possède sa propre charge émotionnelle, et nous n’y réagissons pas tous de la même manière.
Par exemple, si une femme se fait quitter par un partenaire violent dont elle ne savait comment se débarrasser, elle éprouvera du soulagement.
Au contraire, si celui qu’elle aimait profondément et qu’elle désignait comme «l’homme de sa vie» la quitte, elle aura beaucoup plus de difficulté à l’accepter.
De la même manière, nous accepterons plus facilement de perdre un emploi que nous détestions et que nous voulions quitter que de perdre l’emploi de rêve où nous voulions passer le reste de notre vie.
Le point commun à tout ce qui est difficile à accepter est le sens que nous y accordons.
Plus le sens est important, plus la situation/épreuve/etc. est difficile à accepter.
Par exemple, une réaction de révolte ou de découragement peut se manifester lorsque nous considérons qu’une situation est incorrecte.
C’est le jugement négatif que nous portons sur la situation qui suscite notre colère.
Certaines personnes sont plus enclines que d’autres à refuser les épreuves de leur vie même lorsqu’elles ne peuvent rien changer.
Pour comprendre d’où ce type de réaction vient, nous devons nous attarder à la notion de contrôle qui est cardinale dans la capacité, ou non, de lâcher prise.
Le psychologue Julian B. Rotter (2) a développé la notion de «lieu de contrôle» (ou encore «contrôle interne-externe» ou Locus of Control, en anglais).
Selon lui, certaines personnes se sentent plus en contrôle de leur vie.
Elles sont plus motivées, volontaires, plus confiantes et moins anxieuses.
Selon les termes de Rotter, elles ont un «contrôle interne» élevé.
Au contraire, d’autres personnes sentent qu’elles ne contrôlent pas grand-chose dans leur vie.
Ce faisant, elles sont moins dynamiques et motivées (Elles peuvent se dire, par exemple: «À quoi bon faire quelque chose si j’ai peu de chances que cela fonctionne»).
Ces personnes sont donc aussi souvent moins confiantes et plus anxieuses, car moins nous contrôlons ce qui nous entoure et plus nous considérons que des événements désagréables puissent vraisemblablement se produire.
Toujours selon les termes de Rotter, ces personnes ont un «contrôle externe» élevé.
Même s’il est sain de prendre des initiatives et de croire que nous pouvons réussir ce que nous entreprenons, la difficulté à lâcher prise survient lorsque nous surévaluons notre capacité à contrôler les choses, les autres et les événements.
À partir du moment où nous ne contrôlons pas une chose qui nous déplaît, quelle qu’elle soit (le comportement d’une autre personne, un événement passé, une épreuve, une maladie, etc.), si nous nous y accrochons quand même, c’est que nous avons l’illusion d’exercer un certain contrôle.
Malheureusement, ce contrôle n’existe pas.
Évidemment, je ne parle pas de toutes les situations où nous avons un contrôle réel et dont nous pouvons infléchir l’issue.
À ce moment, il peut valoir la peine de nous battre pour améliorer le résultat.
S’affirmer face à une personne irrespectueuse en est un exemple.
L’illusion de contrôle se manifeste lorsque nous n’avons réellement aucune prise sur la situation (par exemple parce qu’elle est passée) mais que nous réagissons comme si nous pouvions quand même la changer.
C’est ce qui nous fait souffrir, et c’est face à ce genre de contexte que le lâcher prise peut faire des merveilles!
Pour bien comprendre l’illusion de contrôle, voici une manière de bien l’illustrer.
Quand ça nous pique quelque part, nous nous grattons.
Nous exerçons donc un contrôle direct sur la démangeaison et nous pouvons la faire cesser rapidement.
Mais que se passe-t-il pour la personne qui souffre d’eczéma?
La démangeaison est forte et cette personne aura tendance à réagir comme avec n’importe quelle autre démangeaison: elle se grattera.
Malheureusement, cette «solution» ne fonctionne pas avec l’eczéma.
Elle est même contre-productive car l’action de se gratter augmente la démangeaison et l’irritation de la peau.
Ainsi, la solution qui fonctionne si bien d’habitude a un effet contraire: elle empire le problème.
Il en va exactement de même avec la tentative de contrôler ce sur quoi nous n’avons aucun pouvoir.
Mais d’où vient cette illusion de contrôle qui nous fait tant souffrir?
Une hypothèse vient de l’évolution de l’être humain depuis la nuit des temps.
Le système nerveux de nos ancêtres s’est développé pour leur permettre de survivre dans un environnement complexe, changeant et souvent hostile.
Dans ce contexte, une infinité de problèmes peuvent survenir et menacer la survie.
C’est la raison pour laquelle notre cerveau s’est développé pour faciliter la résolution de problèmes.
Ainsi, lorsque survient une épreuve, notre cerveau se met tout de suite en «mode solution», qu’une solution réelle existe, ou pas.
Ce mode est automatique et ne prend pas le temps d’analyser ce qu’il en est véritablement: notre cerveau surévalue le contrôle qu’il a sur la situation.
C’est la raison pour laquelle, si nous ne faisons pas l’effort de nous arrêter pour savoir si nous pouvons vraiment améliorer les choses, notre cerveau adoptera son «mode solution» par défaut à travers lequel il aura toujours un contrôle «imaginaire» de la situation.
Les «récompenses» de la souffrance
Le psychologue Russ Harris, qui a beaucoup contribué à faire connaître la nouvelle approche psychothérapeutique ACT, explique que nous obtenons des sortes de récompenses psychologiques à nous battre contre ce que nous ne contrôlons pas, même si cela implique aussi de souffrir...
Ces «récompenses» sont des résultats immédiats que nous obtenons à adopter des comportements contre-productifs qui, à force d’être répétés, deviennent des habitudes qui nous font souffrir et nous font du bien tout à la fois.
Harris donne plusieurs exemples de ces récompenses empoisonnées dans son livre Getting Unstuck in ACT. (3)
Elles sont ce que nous ressentons immédiatement lorsque nous nous battons au lieu de lâcher prise, même si ce combat est inutile lorsque nous ne contrôlons rien.
Par exemple:
- Avoir l’impression d’éviter ou d’échapper à une situation ou à un événement désagréable;
- Se sentir mieux (sur le coup);
- Avoir l’impression d’avoir raison et que les autres ont tort;
- Se sentir en contrôle et/ou sentir avoir plus de pouvoir;
- Obtenir l’attention des autres et/ou mieux paraître à leurs yeux.
Mais parmi les «récompenses» que nomme Harris, j’aimerais me concentrer davantage sur deux d’entre elles.
1. Avoir l’impression que nous résolvons le problème
Parce que nous consacrons beaucoup d’attention à un problème, nous avons l’impression de le résoudre.
Mais cette impression nuit énormément au lâcher prise!
Encore une fois, peu importe l’attention que nous consacrons à ce à quoi nous nous accrochons, si nous ne pouvons rien changer, nous ne résolvons rien du tout.
Et cette impression de résolution de problème implique un ensemble de processus mentaux qui ne sont pas nécessairement constructifs:
- La rumination (ressasser sans cesse la situation ou les problèmes et les faire tourner dans tous les sens dans notre esprit);
- L’inquiétude (penser sans cesse à toutes les conséquences négatives qui pourraient se produire);
- L’auto-analyse qui nous remet en question et nous porte à nous critiquer (se poser des questions comme «Pourquoi est-ce que je vis cela?» ou «Pourquoi suis-je comme ça?»);
- Songer à des représailles (qu’on ne réalisera probablement jamais de toute manière);
- S’imaginer différents scénarios qui nous soulagent. Par exemple, songer à ce que nous aurions fait de mieux (pour faire tourner une situation désagréable à notre avantage).
2. Avoir l’impression de mieux comprendre les choses et de leur donner du sens
Notre cerveau est une fantastique machine à produire du sens.
Cela est très pratique pour la création artistique, par exemple, mais cette tendance à faire «sens de tout bois» peut jouer contre nous lorsque nous avons de la difficulté à lâcher prise.
Lorsque la machine à sens de notre cerveau s’emballe à ne pas accepter ce sur quoi elle n’a aucune prise, elle suscite des comportements comme la critique et le blâme de soi.
Par exemple, le fait de nous dénigrer (se dire «je mérite ce qui m’arrive» ou «il est normal de rejeter une personne comme moi») aide à expliquer des événements désagréables que nous avons subis et que nous avons de la difficulté à accepter (échouer un projet, perdre son emploi, se faire rejeter par une personne qu’on aime, etc.)
Ce dénigrement nous fait mal, mais il soulage dans la mesure où il explique; il donne une signification à la situation.
Pourtant, cette «récompense» d’avoir l’impression d’expliquer ce qui se passe apporte avec elle sa lourde charge de souffrances.
Ces récompenses empoisonnées dont nous avons souvent pris l’habitude offrent toutes la fausse impression que nous travaillons vraiment à résoudre la situation que nous n’acceptons pas.
Il n’est donc pas surprenant que nous ayons tendance à adopter ces comportements et à les répéter même s’ils nous rendent malheureux.
Voici un exemple.
Benoît a vécu une expérience très difficile l’année précédente: un projet qui lui tenait à cœur et sur lequel il travaillait depuis deux ans a échoué.
Depuis cet échec, il n’est plus le même.
Malgré que la situation soit passée, Benoît y pense très souvent.
Il ressasse les mauvais souvenirs et en parle presque chaque jour à son épouse et à ses amis.
Plutôt que de regarder en avant, Benoît vit beaucoup de ressentiment et il a de la difficulté à décrocher de ce qu’il a vécu.
Il se dit qu’il ne méritait pas de réussir, qu’il n’avait pas ce qu’il fallait…
Malheureusement, il ne s’aperçoit pas qu’il tombe dans le piège de l’illusion de contrôle de son cerveau et qu’il a pris l’habitude d’aller chercher les «récompenses» immédiates mais empoisonnées qui le font souffrir quotidiennement.
Il fait de la rumination et de l’auto-analyse.
Il imagine des scénarios dans lesquels il aurait réussi mais, surtout, il se blâme d’avoir échoué...
Benoît agit comme s’il avait un contrôle réel sur l’échec qu’il a vécu.
Pourtant, il ne peut rien faire.
Il ne peut pas changer le passé, et il s’empoisonne la vie au présent!
Il gagnerait donc beaucoup à appliquer le lâcher prise et à ne plus perdre son temps, son énergie et sa qualité de vie à se faire souffrir ainsi.
Encore une fois, si nous pouvons vraiment changer les choses, le fait de penser à des solutions et d’essayer d’améliorer les choses est parfaitement utile et constructif.
Mais lorsque nous ne pouvons strictement rien changer, nous nous battons contre des moulins à vent, ce qui est source de souffrances.
En plus de cette illusion de contrôle dont notre cerveau est naturellement friand, voici quelques exemples d’autres facteurs qui contribuent à nous faire résister à ce que nous ne pouvons changer, qui nuisent au lâcher prise et qui nous font souffrir.
L’orgueil (ou plutôt « l’amour propre »)
L’orgueil est présent dans toutes les facettes de notre vie.
Il n’est pas toujours malsain lorsqu’il vise à défendre notre intégrité.
Dans ce contexte, je préfère utiliser le terme «amour propre» plutôt que de parler d’orgueil, qui a le plus souvent une connotation négative.
Les blessures à notre amour propre surviennent souvent en relation aux autres.
Lorsque nous nous sentons lésés, nous cherchons à nous défendre.
C’est ce qui enclenche le processus de recherche de solutions de notre cerveau, et nous retournons la situation dans tous les sens sans qu’une quelconque solution n’existe…
Le niveau d’intensité émotionnelle
Le type de situation dont nous tentons de lâcher prise a une incidence sur le niveau d’émotions que nous vivons.
Plus la situation est importante, plus nous lui donnons du sens, plus nous vivons d’émotions intenses et plus il est difficile d’en décrocher.
Par exemple, lorsque nous vivons un deuil (perte d’un être cher, séparation, etc.), les émotions sont très intenses et pendant une période d’une durée variable, il sera extrêmement difficile de lâcher prise.
Il faut laisser le temps au deuil de faire son travail.
Certaines personnes sont aussi plus sensibles que d’autres.
Pour elles, l’intensité de leurs émotions rendra moins accessible la capacité à décrocher et à constater que leur combat est vain et que les souffrances qu’elles vivent viennent de la manière dont elles perçoivent la situation.
Les personnes anxieuses, qui s’inquiètent facilement, ont aussi tendance à porter attention à tous les petits problèmes possibles, ce qui les porte à avoir plus de difficulté à lâcher prise.
La rigidité mentale
Comme la sensibilité émotionnelle varie d’une personne à l’autre, certains ont plus de difficulté que d’autres à accepter le changement et ce qui se situe en dehors de leur contrôle.
Cela dépend du degré de rigidité mentale.
La rigidité mentale, ou psychorigidité, est un manque de flexibilité au niveau des pensées qui rend plus difficile l’adaptation à des situations nouvelles et éventuellement désagréables.
Le fait de sortir de nos schémas mentaux demande des efforts et est insécurisant pour tout le monde.
Mais certaines personnes ont plus de difficultés que d’autres à sortir de leurs croyances et de leurs habitudes de pensées.
Un haut niveau d'anxiété et d’orgueil sont deux facteurs qui augmentent la rigidité mentale.
Le fait de se fermer de cette manière répond au besoin d’écarter l’incertitude et les émotions qui découlent des situations désagréables, le type de situations desquelles il est difficile de lâcher prise.
Dans ce contexte, la recherche de « solutions », même lorsque nous n’avons aucun contrôle sur ce que nous n’acceptons pas, a pour objectif de nous rassurer et de nous calmer, même si ce «combat» génère également son lot d’émotions négatives.
La rigidité mentale implique la difficulté à se remettre en question, une capacité d’introspection qui est essentielle au lâcher prise.
Une personne psychorigide aura ainsi tendance à se cantonner à sa seule vision des choses.
Autrement dit, elle n’accepte pas la réalité: elle tente plutôt d’adapter le monde à sa vision des choses.
Apprendre à accepter implique de tolérer l’incertitude.
Cela demande de prendre le temps de comprendre ce qui se passe et non de plaquer à la réalité la vision toute faite qui nous convient.
Lâcher prise n’est pas facile, et il devient parfois décourageant de ne pas savoir de quelle manière commencer.
Mais il existe heureusement un grande quantité d’outils psychologiques, de stratégies et d’exercices très efficaces pour y parvenir.
Si vous désirez découvrir enfin pour direction pour améliorer les choses de manière durable, j’ai écrit un livre sur le lâcher prise qui a déjà aidé un grand nombre de personnes.
Et pour aller plus loin, vous pouvez lire cet article qui présente une stratégie efficace pour lâcher prise.
J'espère que mon article vous a plu!
Arrivez-vous difficilement à lâcher prise?
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Références
1. Exercice adapté de « Dissecting the Problem », dans Russ Harris, ACT Made Simple: An Easy-To-Read Primer on Acceptance and Commitment Therapy, 2019, New Harbinger, 392 p.
2. Julian B. Rotter, « Generalized expectancies for internal versus external control of reinforcements », 1966, Psychological Monographs, vol. 80, numéro 609 au complet.
3. Voir « A Bit More about ‘Payoffs’ » dans Russ Harris, Getting Unstuck in ACT: A Clinician's Guide to Overcoming Common Obstacles in Acceptance and Commitment Therapy, 2013, New Harbinger, 192 p.
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