Le désespoir. Ce simple mot fait trembler. Désespérer, c’est perdre le sens à sa vie.
Nul besoin de préciser que les personnes qui en souffrent sont malheureuses… profondément.
Si le désespoir vous touche de près ou de loin, ce mini-guide a été conçu pour vous.
Non seulement il vous aidera à mieux comprendre ce qui vous arrive, mais surtout il vous fournira des solutions et des ressources pour vous aider à vous délivrer de cette souffrance.
Geneviève a perdu presque 10 kilos depuis les derniers mois.
Âgée de 33 ans, elle a récemment éprouvé de plus en plus de difficulté à trouver le sommeil la nuit.
Elle se sent vide, profondément vide.
Elle a l’impression qu’elle n’a plus de véritables raisons de vivre.
Geneviève a perdu son mari dans un accident de voiture il y a un an, et c’est à ce moment que cette sourde souffrance a commencé.
Mais ce sont ses deux enfants qui souffrent le plus.
Ils ont perdu leur père, et maintenant c’est comme s’ils perdaient leur mère aussi.
Geneviève sent qu’elle ne sert plus à rien et qu’il n’y a plus d’espoir pour elle.
La tristesse l’a envahie et la dévore de l’intérieur…
Qu’est-ce que le désespoir?
Dans les termes de la psychologie clinique, le désespoir est ce que l’on ressent lorsque l’on vit une dépression majeure (ou plus généralement une «dépression»).
Et elle possède plusieurs symptômes clairement identifiables.
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, on peut la définir comme un sentiment de solitude profonde, de tristesse et de désespoir.
On se sent tous tristes de temps à autre, mais le sentiment de la dépression est bien différent.
Quand une personne est déprimée, la tristesse et le désespoir ne la quittent jamais.
Elle se sent prise dans un profond puits de tristesse et ne voit pas les moyens de s’en échapper.
Pour qu’on diagnostique une dépression majeure à une personne, elle doit vivre cette souffrance et manquer d’intérêt pour ses activités quotidiennes depuis au moins deux semaines.
Cette humeur remplie de tristesse est très différente de l’humeur normale d’une personne.
En effet, elle dure la majeure partie de la journée et doit se manifester presque tous les jours pendant ces deux semaines, ou plus... (1)
Dans ce contexte, le désespoir est si constant et si puissant qu’il interfère avec la vie de la personne qui en souffre: ses relations interpersonnelles, ses activités, son travail, etc.
Cela la porte notamment à refuser les sorties et à rester seule, ce qui tend à augmenter ses souffrances.
Une personne peut s’apercevoir elle-même qu’elle souffre de dépression, ou ses proches peuvent s’en apercevoir.
Dans ce cas, il est fortement suggéré de consulter un(e) psychologue pour obtenir de l’aide.
Chez les jeunes, comme les adolescents, la dépression peut se manifester notamment à travers la tristesse et l’irritabilité.
Quand une personne vit du désespoir, elle cesse d’apprécier les activités qu’elle aimait auparavant, comme des activités sportives, cuisiner, aller au cinéma, etc.
Comme nous l’avons vu avec l’exemple de Geneviève au tout début de l’article, un changement relativement important de poids (gain ou perte) peut également être un indice que la dépression fait son œuvre.
De la même manière, des troubles du sommeil se manifestent souvent, qu’il s’agisse de dormir plus qu’à l’habitude (hypersomnie) ou moins (insomnie).
Dans tous les cas, en plus du sentiment de désespoir, la personne qui en souffre ressent:
- Une grande fatigue et un manque d’énergie et d’enthousiasme;
- De l’agitation et de l’anxiété;
- Un sentiment de vide profond et de culpabilité;
- Une grande difficulté à se concentrer;
- Et, malheureusement, des idées suicidaires l’accompagnent souvent aussi…
Puisque cet article porte plus spécifiquement sur le désespoir, et bien que celui-ci fasse partie de la dépression, je vais me concentrer davantage sur le sentiment de vide et la perte du sens à la vie qu’il occasionne.
Dans notre vie, le sens est ce qui nous donne envie d’avancer et de nous battre lorsque nous sommes confrontés aux vicissitudes de la vie.
Retrouver du sens à sa vie aide d’ailleurs les personnes qui souffrent de dépression à en guérir.
Le sens à la vie varie d’une personne à l’autre.
Certains trouvent du sens à travers la religion et la spiritualité, d’autres dans l’amour et la famille, ou encore le travail, les projets ambitieux ou les actions altruistes (ce que j’essaie un peu de faire à travers mon site Internet), entre autres.
Peu importe ce qui donne du sens à notre vie, c’est ce sens qui nous donne envie de vivre.
Les personnes qui souffrent de dépression veulent habituellement aller mieux.
Mais quand le désespoir se manifeste, il devient beaucoup plus difficile de trouver ce sens si important.
Et le désespoir se manifeste souvent dans les cas de dépression les plus sévères.
Dépression et désespoir…
Stephen Diamond définit le désespoir comme une crise « psychospirituelle » (2).
À certains moments de notre vie, nous avons tous déjà connu du désespoir ou, au moins, un avant-goût de ce qu’il peut être.
Nous pouvons nous sentir désespérés face à certaines situations au travail ou à ce que nous pouvons vivre dans notre vie de couple, par exemple.
Certaines personnes vivent même un certain désespoir lorsqu’elles voient comment le monde est dirigé (politique) ou comment tant d’être humains souffrent, comme les réfugiés (de la guerre, de la famine, la destruction de l'environnement, etc.)
Je suis d’ailleurs de ceux qui vivent ce genre de désespoir…
Habituellement, ce sentiment de vide et de découragement dure un certain temps, mais il passe son chemin et nous pouvons continuer à vivre normalement.
Soit que nous trouvons une solution au problème (ou sommes optimistes à l’effet d’en trouver une), soit que nous acceptons les choses telles qu’elles sont, soit que nous oublions…
Bref, le désespoir peut revenir de temps à autre, déclenché par certaines choses, mais en général, nous allons bien et nous pouvons poursuivre notre vie.
Quand le désespoir refuse de partir, quand il devient chronique, qu’il prend ses aises et fait croître ses racines en nous.
Il prend le contrôle de notre vie qui, de ce fait, devient dysfonctionnelle.
C’est à ce moment que le désespoir commence à détruire notre qualité de vie, se mêle au bon fonctionnement du quotidien et devient un obstacle pour atteindre nos objectifs.
À ce niveau, le désespoir est devenu un problème qui menace notre bien-être psychologique et s’accompagne d’un sentiment d’impuissance, de négativisme et d’une grande difficulté à prendre des initiatives et des décisions.
Ce sourd inconfort touche à la fois à ce que nous vivons au présent mais s’insinue aussi dans la manière dont nous nous projetons dans l’avenir.
La personne qui vit du désespoir est incapable de trouver comment s’épanouir dans sa vie: elle ne croit plus que rien ne soit possible.
Elle est désappointée, découragée, et ne pense pas qu’elle sera capable de façonner l’avenir qu’elle désire.
Viktor Frankl est un psychiatre qui a vécu les camps de concentration nazis pendant l’Holocauste.
Il a eu l’occasion d’étudier le sens à la vie et a même fondé une psychothérapie qui en tire profit: la logothérapie.
Frankl explique le désespoir à travers la formule suivante:
Souffrances – Sens = Désespoir
Autrement dit, le désespoir se développe lorsque nous vivons des souffrances qui outrepassent le sens que nous donnons à la vie.
C’est exactement ce qu’a vécu la Geneviève de mon exemple lorsqu’elle a perdu son mari: la souffrance est si grande qu’elle cache toutes les bonnes choses qui lui restent dans sa vie.
La formule de Frankl signifie aussi que lorsqu’une personne vit du désespoir, sa souffrance ne semble avoir aucun sens.
Au contraire, une personne qui souffre mais qui donne du sens à sa souffrance ne sera pas désespérée.
C’est la raison pour laquelle, lorsqu’on veut s’affranchir du désespoir, cultiver le sens est aussi important.
Par exemple, si une personne vit du désespoir et va consulter un(e) psychologue, lorsqu’elle apprend qu’elle souffre de dépression, cela explique ce qu’elle vit.
Sa souffrance gagne tout à coup un (certain) sens.
Elle peut se dire «Si je suis désespérée, c’est que je suis malade: la dépression est une maladie et elle peut être guérie.»
Cela l’aide à retrouver espoir car elle découvre que la souffrance vient de quelque part et qu’elle peut avoir une fin: elle peut guérir!
Les trois stades du désespoir selon Kierkegaard…
Dans son livre Traité du désespoir publié en 1849, le philosophe danois Søren Kierkegaard présente trois stades dans l’évolution du désespoir (3).
Le premier stade est celui de «l'inconscience d'avoir un soi».
C’est-à-dire que les personnes qui l’éprouvent paraissent vivre une vie normale, épanouie et équilibrée mais, à l’intérieur, elles sont profondément désespérées.
Kierkegaard appelle le second stade le «refus d'être soi-même».
Ceux qui vivent ce stade refusent de se battre et de faire les efforts pour devenir la personne heureuse et authentique qu’ils peuvent être.
Dans cette situation, il est difficile d’avancer et on tend à rester immobile. On refuse ainsi d’être soi-même, en quelque sorte.
Le troisième stade du désespoir réside dans la «volonté d'être soi-même».
Dans ce stade, la personne est désespérée d'être elle-même.
Elle est consciente de son désespoir, et ce sentiment vient de l'intérieur d'elle-même.
Mais puisqu’elle ne compte que sur elle-même, elle ne peut transcender cette absence de sens.
Selon Kierkegaard, la solution au désespoir réside dans la foi.
Au sens large, cela fait écho à ce dont parle Viktor Frankl: le désespoir vient d’un manque de sens à la vie, sens qui peut être, entre autres, spirituel.
Car tout le monde a besoin de donner un sens ou un but à sa vie pour s'élever au-dessus du désespoir.
Mais attention, je ne crois pas du tout qu’il soit nécessaire d’avoir la foi dans une religion pour ne pas désespérer.
Je suis moi-même agnostique et je m’en porte très bien.
La foi, en ce sens, réfère à ce en quoi nous pouvons croire et qui donne du sens à notre vie, que cela soit transcendant (spiritualité dans la religion ou hors de la religion) ou immanent (projet, travail, relations, altruisme, etc.)
Pourquoi devenons-nous désespérés?
Comme nous l’avons vu précédemment, le désespoir est l’une des composantes importantes de la dépression (4).
Le désespoir est une réaction émotionnelle à d’autres symptômes de la dépression, et il est beaucoup renforcé par les pensées négatives, pessimistes et autodénigrantes.
Voici deux exemples de ces pensées critiques à propos de soi:
1. « Le fait d’être déprimé me rend inintéressant(e) pour les autres. »
2. « Une personne forte et digne d’intérêt ne peut pas être déprimée… »
Un autre exemple?
Si vous croyez que, pour vivre heureux, vous devez recevoir beaucoup de reconnaissance de la part des autres, vous vous serez fixé certaines normes sans lesquelles vous croirez que le monde s'écroulera.
Et à la lumière de ces standards trop élevés, le monde s’écroulera souvent…
Dans ce cas, c’est la manière de penser absolue qui dit que « les choses doivent toujours aller comme je le souhaite » qui nourrit la souffrance du désespoir.
De plus, une personne déprimée croit que sa dépression et son désespoir sont les conséquences directes des événements négatifs qu’elle a vécus.
Cette manière de voir les choses l’empêche de prendre conscience que ce sont ses pensées qui joue le rôle le plus important, pensées sur lesquelles elle a du pouvoir pour améliorer les choses, contrairement aux événements passés.
Ses pensées négatives la démoralisent, nourrissent ses émotions négatives et lui font croire que la situation est trop lourde pour être tolérée.
Il est donc très utile pour les personnes déprimées et désespérées de séparer leurs pensées et leurs émotions négatives de la situation réelle.
Car, comme disait encore le philosophe Soren Kierkegaard:
Il existe deux manières de se tromper. La première est de croire ce qui est faux; la seconde est de refuser d’accepter ce qui est vrai.
La dépression est mère du désespoir…
Comme nous l’avons vu, la dépression est liée de très près au fait de se sentir désespéré.
Et la dépression est malheureusement assez fréquente…
Selon les pays, souvent plus de 5% de la population en souffrira durant sa vie et elle touche plus de femmes que d’hommes.
Comme les autres souffrances psychologiques, le désespoir de la dépression peut se développer à cause d’une série de facteurs, à la fois biologiques, psychologiques et sociaux.
Par exemple, des prédispositions biologiques et génétiques rendent certaines personnes plus vulnérables que d’autres.
En d’autres mots, si vous possédez ces prédispositions, vous serez plus sensible que d’autres aux situations personnelles et relationnelles qui peuvent porter au désespoir.
Un événement majeur comme la mort d’une personne chère est une épreuve très dure pour tout le monde.
Mais une personne biologiquement vulnérable, comme l’exemple de Geneviève que je donnais, risquera de la conduire à un niveau de souffrance beaucoup plus grand.
Ainsi, après une telle perte, une personne comme Geneviève aura une grande difficulté à retrouver du sens à sa vie.
D’autres facteurs nous conduisent également à la dépression et au désespoir, tels que le fait de subir des abus, vivre des conflits importants au sein de la famille, et abuser d’alcool et de drogue, entre autres.
Comprendre les causes est une chose, et je vous proposerai des ressources pour aller plus loin à la fin de cet article.
Mais une fois qu’on est aux prises avec le désespoir, il est très important de trouver comment s’en affranchir… de la bonne manière.
Les mauvaises manières de faire face au désespoir
Le désespoir est très souffrant.
Quand on en vit, on a tendance à vouloir s’en soulager, et le plus vite possible.
Malheureusement, les manières dont on procède sont souvent plus des échappatoires que de véritables solutions, et le soulagement temporaire des émotions peut finir par aggraver le problème.
Voici certaines « fausses solutions » à connaître, pour mieux les éviter.
Laisser toute la place aux émotions
Souvent, nous vivons du désespoir parce que nous nous sentons mal.
Nous vivons toutes sortes d’émotions négatives…
Nous laissons alors ces émotions prendre le contrôle et nous cessons de voir rationnellement la situation.
Nous ne nous posons même plus la question de savoir pourquoi nous nous sentons si mal et nous ne nous concentrons que sur les émotions (la souffrance).
Il s’agit d’une très mauvaise manière de faire face au désespoir.
Bien sûr, nos émotions jouent un rôle dans la situation, mais leur donner la première place nous empêche d’en reprendre le contrôle et de trouver des solutions plus efficaces et durables.
C'est le cas, par exemple, en identifiant rationnellement le rôle que jouent nos pensées négatives pour entretenir ces émotions qui nous font tant souffrir.
S’isoler des autres
Le désespoir isole celles et ceux qui en souffrent.
Quand nous avons l’impression que personne ne comprend vraiment ce que nous vivons, les difficultés que nous traversons, nous avons tendance à éviter le contact avec les autres.
Pourtant, les autres peuvent nous supporter et nous aider de multiples manières, en plus de nous faire sortir du marasme du désespoir.
Le choix de s’isoler aggrave donc lui aussi le problème au lieu d’améliorer les choses.
L’alcool et la drogue
Le sentiment de désespoir et le manque de sens à la vie portent souvent à chercher refuge dans l’alcool et/ou la drogue.
Lorsque nous n’abordons pas le problème au niveau psychologique pour trouver des solutions durables, nous sommes souvent tentés d’aller à ce qui semble le plus rapide et le plus accessible pour nous soulager des émotions négatives.
C’est à ce moment que le mauvais choix de se tourner vers l’alcool ou la drogue semble intéressant.
Pourtant, dès que leur effet est dissipé, en plus des différents problèmes qu’ils occasionnent (problèmes de santé et de dépendance, problèmes financiers, etc.), le niveau de désespoir risque d’être encore plus profond…
Multiplier les «distractions» pour éviter de se sentir mal
Comme nous venons de le voir avec l’alcool et la drogue, lorsque nous vivons de la déprime et du désespoir, nous cherchons à nous « anesthésier » des émotions négatives qu’ils engendrent.
Mais il existe de mauvaises manières plus « douces » de se soustraire à l’intensité de la souffrance.
Écouter la télévision ou passer de très nombreuses heures sur Internet en sont des exemples.
Le fait de trop manger est un autre exemple.
Dans tous les cas, il s’agit de fausses solutions qui, non seulement ne règlent rien au problème, mais tendent à l’augmenter.
Il y a quelques années, une de mes amies se sentait déprimée et elle passait de nombreuses heures chaque jour sur les médias sociaux.
Comment se sentait-elle à la fin de la journée?
Plutôt mal.
D’autant plus que les médias sociaux, dans cet exemple précis, ont tendance à nuire à l’estime de soi.
Depuis, elle a presque complètement banni l’utilisation de ces « paradis artificiels » et elle s’en porte beaucoup mieux.
Pour résumer, les distractions, quelles qu’elles soient, ne sont pas efficaces pour nous libérer de façon durable du sentiment de désespoir: en fait, elles tendent plutôt à l’augmenter avec le temps…
Comment vous libérer du désespoir?
Pour combattre le désespoir, ce dernier peut être abordé de manière psychologique, comme un problème existentiel.
Cela signifie que les causes du désespoir, même si la dépression en constitue le « terreau fertile », sont en grande partie psychologiques.
La plupart du temps, nous avons plus de contrôle et une plus grande capacité d’améliorer les choses que nous le croyons, et il existe plusieurs avenues pour s’affranchir progressivement du désespoir.
Nous allons en voir certaines ici, et je vais vous référer aux nombreuses autres ressources auxquelles vous pouvez avoir accès sur mon site.
Avant de procéder, j’aimerais cependant vous rappeler que, si vous vivez une dépression, cela peut s’accompagner de pensées suicidaires.
Dans ce cas, je vous recommande fortement de consulter l’aide de professionnels de la santé, comme votre médecin de famille ou un(e) psychologue.
Ils vous fourniront rapidement l’aide dont vous avez besoin.
Voici également plusieurs pistes et stratégies pour vous aider à améliorer les choses par vous-même, la plupart d’entre elles découlent de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
La pensée réaliste et le recadrage
Comme vous le savez peut-être, et comme je l’explique ailleurs dans les pages de mon site, les personnes désespérées et déprimées entretiennent un état d’esprit négatif à travers des « distorsions cognitives », qui sont des pensées tordues qui développent et entretiennent la souffrance émotionnelle.
Par exemple, une personne peut se concentrer sans cesse sur un événement négatif qui est survenu dans sa vie (comme des problèmes au travail).
Ce faisant, elle ne pense qu’à cet événement et elle exclut soigneusement de ses pensées toutes les choses positives de sa vie (par exemple, une vie de couple heureuse, le fait d’avoir de bons amis, etc.)
Les personnes qui vivent du désespoir sont souvent prises avec cette manière de penser destructrice.
Parmi les nombreuses distorsions cognitives qui peuvent nous faire souffrir, il y a aussi celle du « tout ou rien ».
Par exemple, «Si tout ne se passe pas parfaitement comme je le voudrais au travail, cela signifie que je n’ai rien accompli de bon dans la vie.»
Nous pouvons donc nous libérer progressivement du désespoir en prenant conscience du rôle que jouent ces pensées, les distorsions cognitives, dans notre souffrance et en acquérant de nouvelles habitudes de penser plus saines et plus réalistes.
Grâce à la technique du «recadrage cognitif» (ou « recadrage »), vous pouvez modifier la manière dont vous percevez et interprétez ce qui vous fait souffrir (les événements, les souvenir, les relations, etc.)
Le recadrage permet de modifier vos pensées pour leur donner une teneur plus positive et plus constructive.
Autrement dit, il vous aide à vous débarrasser des distorsions cognitives et à juguler les émotions négatives qu’elles génèrent, pour vous concentrer sur ce que vous pouvez vraiment faire pour améliorer les choses (5).
Voici les étapes simples pour appliquer le recadrage si vous souffrez de désespoir dans le cas où vos distorsions cognitives vous concentrent sans cesse sur un aspect négatif de votre vie:
1. Décrivez la situation qui vous fait souffrir (ex.: les problèmes à votre travail) de la manière la plus précise possible.
Concentrez-vous sur les faits pour être seulement descriptif. Et noter ce que vous décrivez peut être utile.
2. Décrivez comment vous percevez la situation.
Encore une fois, faites-le avec la plus grande précision possible.
Décrivez vos pensées et vos convictions en relation à la situation qui vous désespère, ce qui la cause, ce qu’elle vous fait ressentir, et ce que vous pensez qui devrait se produire maintenant.
3. L’étape très importante qui suit consiste à noter les pensées négatives qui vous traversent l’esprit lorsque vous songez à la situation (étape 2).
Notez aussi les émotions négatives qui s’imposent à vous lorsque vous entretenez ces pensées et la manière dont vous y réagissez.
Maintenant que la «table est mise», vient la partie du recadrage.
Le recadrage consiste ni plus ni moins à confronter vos pensées négatives qui sont issues de la manière dont vous interprétez la situation.
Vous remettez donc en question les pensées, les croyances et les interprétations négatives qui suscitent vos émotions négatives et votre désespoir.
Ce processus vous permet de neutraliser les pensées tordues (les distorsions cognitives) et de voir les choses de manière plus rationnelle, en mettant de côté les émotions négatives.
Voici la suite de l’exercice pour appliquer le recadrage cognitif:
4. Pour recadrer, posez-vous des questions comme:
- Si la situation se produisait dans la vie d’un(e) ami(e) et non dans la vôtre, est-ce qu’il/elle interpréterait les choses de la même manière que moi?
- Est-ce que cette personne penserait nécessairement comme moi et réagirait comme moi? (vous pouvez penser à plusieurs personnes différentes que vous connaissez pour poser cette question plusieurs fois: cela vous montrera qu’il existe d’autres manières d’interpréter la situation et de tirer des conclusions différentes et moins négatives).
- Est-ce que ma manière d’interpréter les choses est la seule manière possible?
- Est-ce que mes conclusions sur la situation me rendent heureux ou malheureux?
- Quels sont les effets de mes pensées sur ma vie, mes émotions, mon niveau de bonheur?
- Etc.
Le but de ces questions est de vous faire penser à des arguments à opposer à vos distorsions cognitives, pour les neutraliser.
Si vous pratiquez le recadrage efficacement, vous ressentirez ses effets bénéfiques rapidement, ce qui nous conduit à la dernière étape:
5. Notez les effets bénéfiques que vous avez ressentis en pratiquant le recadrage.
Notez vos succès, notez comment vous avez procédé, notez comment vous avez modifié votre interprétation des événements, neutralisé vos distorsions et ce que vous avez ressenti de positif.
Cette étape vous aidera à vous souvenir de vos succès et de ce qui a le mieux fonctionné pour vous.
Rappelez-vous la manière dont vous avez modéré vos émotions négatives avec le recadrage et combien vous avez pu aborder la situation de manière plus posée, rationnelle et constructive.
Notez vos nouvelles émotions, plus neutres ou même plus positives face à la situation.
Ensuite, à partir de toutes vos notes, vous pouvez préparer un véritable plan d’action pour mieux réagir (ou éviter de mal réagir) lorsque vous repenserez à la situation qui vous désespère.
Plus loin, je vous fournis d’autres références très riches dans mon site qui vous permettront de mieux comprendre et d’approfondir l’utilisation du recadrage.
Mais puisque le recadrage est un outil qui gagne à être bien compris et dont les effets bénéfiques se font sentir avec la pratique, voici une formation vidéo complète qui vous aidera à l’utiliser.
En suivant ces saines étapes pour chaque événement qui est source de désespoir, vous apprendrez à contrôler progressivement vos pensées négatives pour les remplacer par des pensées plus constructives et rationnelles qui vous libéreront de la souffrance.
En pratiquant le recadrage et en allant mieux, il sera plus facile de reprendre les activités qui vos rendaient heureux et de regagner du sens à votre vie.
La résolution de problème
Voici une autre stratégie qui peut vous aider si vous vivez du désespoir. Elle est tirée de la thérapie de résolution de problème développée par les psychologues états-uniens Arthur Nezu et Christine Maguth Nezu.
L’idée derrière ce type de thérapie (qui est aussi d’inspiration cognitivo-comportementale) est de vous aider à faire face aux situations qui vous font souffrir.
Si vous désespérez à propos de problèmes de la vie quotidienne et de leurs conséquences, la stratégie qui suit peut vous aider (6).
Le fait de la pratiquer régulièrement vous aidera à trouver des solutions à vos problèmes, ce qui diminuera la souffrance et le désespoir.
Vous pouvez appliquer cette stratégie en suivant les étapes suivantes. Bien sûr, ces étapes sont extrêmement schématiques et elles restent (trop) abstraites.
C’est la raison pour laquelle vous pouvez tirer profit de l’aide d’un(e) psychologue qui connaît cette approche pour l’appliquer concrètement à ce que vous vivez.
Sinon, je vais aussi ajouter des liens vers certains contenus que présente mon livre La croissance illimitée: Découvrez un principe étonnamment simple qui vous donnera des résultats extraordinaires, qui vous donneront beaucoup de détails pour vous aider avec certaines étapes.
Alors voici les grandes lignes de cette stratégie de résolution de problème:
1. Notez et décrivez en détail les problèmes qui vous font vivre du désespoir.
2. Notez ensuite toutes les solutions pratiques qui vous viennent à l’esprit et qui pourraient contribuer à régler ces problèmes. N’aborder cependant qu’un seul problème à la fois.
3. Pour le problème que vous jugez le plus important, sélectionnez parmi les solutions possibles que vous avez identifiées celle qui vous paraît la plus efficace pour améliorer les choses.
4. Garder clairement cette solution en tête et notez tout ce que vous avez à faire pour appliquer cette solution (notez des actions concrètes): il s’agit de votre plan d’actions.
5. Appliquez les actions de votre plan pour résoudre le problème le plus important que vous avez identifié.
6. Faites un retour sur vos actions et votre plan, et évaluez les résultats. Si vous n’avez pas obtenu les résultats escomptés, révisez votre plan d’actions pour corriger le tir.
Évidemment, on ne contrôle pas tout, et nous ne pouvons pas nécessairement trouver de solution à tous les problèmes.
Mais il est parfois surprenant de découvrir que nous avons plus de contrôle que nous le pensions sur certaines choses.
C’est ainsi que la capacité à trouver des solutions aux problèmes qui nous font la vie dure peut également beaucoup nous aider à sortir du désespoir à et améliorer notre vie.
Une autre stratégie pour améliorer les choses qui s’inscrit en continuité avec la résolution de problèmes et qui permet de donner du sens à sa vie consiste à…
…Établir des objectifs
Pour sortir du désespoir, il peut être très utile de se concentrer sur de petits objectifs progressifs qui aident à donner du sens à la vie (7).
Voici un exercice simple pour vous aider à y parvenir.
Prenez une feuille et un crayon et répondez à ces questions en fournissant le plus de détails possibles:
1. Quelles sont les choses que vous aimez et qui sont importantes dans votre vie?
2. Comment pouvez-vous ajouter plus de ce que vous aimez dans votre vie pour la rendre plus riche et plus signifiante?
En répondant à ces questions, vous trouverez naturellement des objectifs qui seront riches de sens pour vous-même.
Cependant, ne péchez pas par excès d’optimisme.
Dotez-vous de buts réalistes accompagnés de petites étapes progressives.
Trop vouloir trop rapidement est le meilleur moyen de placer ses attentes si haut qu’elles ne pourront que nous décevoir, et nourrir à leur tour le désespoir…
Et lorsque vous passez à l’action, soulignez le succès de chaque étape que vous terminerez pour atteindre un objectif.
Après quelques mois, vous serez surpris(e) des résultats que vous aurez obtenus!
Voici quelques ressources pour aller plus loin avec vos buts pour vous réaliser:
Ici se termine cet article, mais les ressources pour vous aider face au désespoir ne s’arrêtent (vraiment) pas ici!
Mon ebook le Petit traité antidéprime : Comment arracher les racines de la déprime et revivre, un petit changement à la fois a été conçu spécifiquement pour apprendre en détail à débusquer vos distorsions cognitives et à appliquer le recadrage.
Ma formation Web Libérez-vous de la déprime vous aidera:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime.
Le fait de lâcher prise sur ce que vous ne pouvez pas contrôler pourra aussi beaucoup vous aider à vous libérer de la souffrance à la source du désespoir.
Cela vous permettra de ne pas gaspiller votre énergie à vous battre inutilement et de vous concentrer plutôt sur ce qui peut faire la différence!
Voici un article détaillé pour apprendre à accepter, sans oublier mon livre sur le lâcher prise.
J’espère de tout cœur que mon article et les nombreuses autres ressources de mon site vous aideront à vous affranchir du désespoir!
Si vous avez des questions, des conseils, des témoignages ou quoi que ce soit qui pourrait contribuer à nourrir le sujet et à aider les autres, les commentaires sont là pour ça!
RÉFÉRENCES
1. Steve Bressert, Ph.D., «Depression Symptoms (Major Depressive Disorder)», PsychCentral, 2018.
2. Stephen A. Diamond Ph.D., «Clinical Despair: Science, Psychotherapy and Spirituality in the Treatment of Depression», Psychology Today, 2011.
3. Les trois étapes du désespoir de Kierkegaard présentées dans: Robert L. Moore, «Theory Matters: Analytical Psychology and the Human Experience of Despair», Jung: the e-Journal of the Jungian Society for Scholarly Studies, 2006, vol. 2, no 1, 24 p.
4. Nando Pelusi, Ph.D., «Removing Despair from Depression», Psychology Today, 2016.
5. Blaz Kos, «Cognitive reframing – it’s not about what happens to you, but how you frame it», AgileLeanLife.com.
6. «Problem-Solving Therapy for Depression», healthline.com.
7. Zawn Villines, «Effective Goal Setting Could Help People with Depression», GoodTherapy.org.
Robert dit
Merci pour ce très bel article, complet et instructif. Il se trouve que je me posais des questions au sujet du désespoir, épreuve que je vis actuellement. Votre article est une mine de ressources qui vont m’aider, je suis convaincu.
Nicolas Sarrasin dit
Merci beaucoup de votre commentaire Robert. Le désespoir est une période difficile que chacun peut vivre mais qui, heureusement, ne dure jamais éternellement. Vous pouvez donc améliorer les choses et je suis très heureux que mon article contribue à vous aider à ce sens.
Je vous souhaite le meilleur !
Cat dit
Bravo et respect pour votre article hyper intéressant et concret.
Jules Lanot dit
Très bon article qui traite en détail de cette chimère qui ne fait que nous rendre plus fort; mais il faut l’avoir vécue pour s’en rendre compte. 😉 Merci et bonne continuation !
Nicolas Sarrasin dit
Merci beaucoup ! 🙂
Maricha dit
Bonjour M. Sarrasin (amusant, étant allergique au sarrasin, la céréale !)
Je vous remercie infiniment. Votre connaissance et professionnalisme dans cet article me font ouvrir les yeux. J’ai 25 ans et voilà pas moins de 10 ans que je vis dans un état de profonde tristesse constante. Comme vous dites, ça revient sans prévenir, et ça bloque toutes envies et joies. Vide, nulle et sans mérite ni but, voici ce que je suis.
Je vais continuer de vivre en attendant la prochaine, mais un tel état de désespoir, je le vois comme un état de l’esprit, une caractéristique de notre personne: comme nous sommes programmés génétiquement pour être bruns, petits, diabétiques ou autres, pouvons-nous avoir le gène du désespoir ? Qu’en pensez-vous ?
Nicolas Sarrasin dit
Bonjour Maricha,
Je vous remercie de votre commentaire. Pour répondre à votre question, il existe bien des études qui identifient certains gènes qui peuvent peuvent favoriser la dépression. Cependant, les gènes s’expriment beaucoup en fonction de l’environnement (donc des événements). Et même si une personne souffre bel et bien de tels déterminants génétiques, elle ne doit pas les utiliser comme une raison pour se condamner à rester dans cet état et ignorer les autres déterminants importants sur lesquels elle peut agir efficacement, notamment ceux psychologiques.
Si vous ne connaissez pas encore mon blogue, sachez que je consacre de nombreuses pages (et même un livre entier et une formation Web) aux raisons psychologiques qui nous dépriment et que l’on nomme les “distorsions cognitives”.
Je vous invite à les découvrir dans les pages de mon site qui sont associées à mon livre le Petit traité antidéprime: https://www.nicolassarrasin.com/livre-petit-traite-antideprime.
Et ma formation sur le sujet: https://www.nicolassarrasin.com/formation-antideprime-rabais.
Je vous souhaite le meilleur.
Clémentine dit
Merci pour votre article que je lis “ce soir” à 3h40 du matin, prise d’angoisses et d’un sentiment de profond désespoir.
Je ne pouvais pas dormir, vos mots m’ont apaisée et ont ramené un peu la lumière dont j’avais besoin.
Nicolas Sarrasin dit
Je suis heureux que mon article vous ait été utile et je vous remercie de m’avoir partagé votre commentaire. 🙂